Le MorvandiauPat | Vie et traditions du Morvan et du Nivernais entre le XVIIe et le XXe siècle |
Un père très riche, voulait enseigner à son enfant la signification du mot "pauvreté". Il lui proposa d'aller passer une journée dans une famille à la campagne...
De retour en ville, le père lui demanda: Alors, qu'as tu pensé de cette expérience ? As-tu appris quelque chose ?
L'enfant lui répondit :
Le père resta très impressionné par tous ces propos...
L'enfant termina en disant ceci : "Merci papa pour m'avoir montré au combien nous sommes très pauvres"
L'Assemblée constituante, à l'automne 1789, décida de faire table rase de toute l'organisation administrative du royaume. Provinces, baillages, sénéchaussées. furent supprimées et remplacés par un nouveau système. La France fut découpée en départements, districts et communes. Cette réorganisation fut rendue possible par l'abolition des privilèges des provinces le 4 août 1789. La création des départements reposa sur trois éléments principaux, le territoire, la population et la richesse, auxquels vinrent s'en ajouter des locaux : les axes de circulation, le réseau hydrologique et le rayonnement économique. Il fut également décidé que les députés et les villes concernées seraient consultés, avant tout découpage définitif. Le projet global fut assez complexe et provoqua des discussions très âpres.
La ville d'Autun mesurant vite l'intérêt qu'elle pouvait tirer de la suppression de la province de Bourgogne, manoeuvra pour obtenir la création d'un département du Morvan regroupant les pays de Saulieu, Arnay-le-Duc, Château-Chinon, Luzy, Montcenis, Avallon, Vézelay, dont le chef-lieu ne pouvait échapper à Autun.
La ville dont la vie économique était précaire, voyait son salut dans cette bataille et comptait sur son réseau des foires, son patrimoine antique, son prestige épiscopal. Les Autunois reçurent le soutien de Talleyrand, de Le Peletier de St-Fargeau et du député Repoux.
Mais par lettre du 21 novembre 1789, ils apprirent que le projet d'un département du Morvan avec Autun comme chef-lieu n'était pas retenu. Château-Chinon avait rejoint les offres de Nevers. Saulieu et Arnay étaient tournées vers Dijon. Seule Luzy resta solidaire de ce département du Morvan. La consternation fut totale. On crut à l'anéantissement de la ville. Une mission de députés, de notables locaux et de chanoines, s'engagea à convaincre. Mais ils échouèrent.
Les décrets des 15 janvier 1790 et suivants, pris avec l'accord des députés, divisaient l'ancienne généralité de Bourgogne en quatre départements, dont deux purement bourguignons (Bourgogne des Etats). Il y eut des difficultés avec Autun qui aspirait à devenir chef-lieu d'un département du Morvan, en comptant sur l'appui de son évêque. Finalement, la Bourgogne du Sud devint le « département du Mâconnais, Chalonnais, Charolais (sans l'Autunois provisoirement) », qui prit en mars le nom de « Saône-et-Loire », et qui comprenait : les deux bailliages principaux d'Autun et Chalon, les deux « pays » du Charolais et du Maçonnais, avec les bailliages secondaires de Montcenis, Bourbon-Lancy et Brionnais. Les limites du Mâconnais vers le Beaujolais et vers la Bresse (Saint-Laurent) furent fixées dès mars 1790, mettant provisoirement un terme à un long contentieux de limites.
Histoire d'antan - Autun - Claude Chermain
Le Morvandeau a peut-être quelques gouttes de sang du peuple autochtone qui tailla la pierre, inventa le bronze, fit les premiers défrichements. Il tient peut-être aussi une certaine hérédité des Ligures bruns et agiles dont Bruhnes croit reconnaitre quelques caractères chez les bûcherons de nos forêts. Cet apport fut certainement insignifiant, car l'ancienne population fut chassée ou absorbée par la massive invasion celte.
Quoi qu'en pensent Bogros et Simon, les Germains, les Burgondes pas plus que les autres ne purent prendre possession d'un pays alors surpeuplé.
Il n'est plus permis d'en douter après les recherches ethnologiques sur le Morvan des professeurs Hervé et Hovelaque, publiées en 1894 dans les Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris.
Le Morvandeau est un Celte. Non pas un Kymris, Gaulois du Nord, géant blond aux yeux bleus, au crâne allongé (dolichocéphale). Mais un vrai Celte de taille moyenne, châtain, aux yeux gris ou marron clair, au crâne court (brachycéphale), au nez droit, à la bouche petite.
Un Celte, frère de race des Écossais, des Irlandais, des Allemands du sud, des Bretons, des Auvergnats, des Savoyards. Un Celte avec les qualités et les défauts de cette race.
* * * * *
Les tumulus ou tombeaux de pierres amoncelées ne sont pas rares sur la lisière du Morvan, pas plus que sur les bords du Danube, pas plus qu'en Allemagne, en Suède, en Irlande, chemin de passage ou stations définitives de la race Aryenne, sortie de l'Inde, et dont les Celtes et les Gaulois sont les fils et petits-fils. Châtel-Censoir, Brosses, Coutarnoux,
Guillon, le Châtillonnais (Côte-d'Or), constituent une chaine de tumulus, gaulois surtout (On qualifie généralement de gaulois les tumulus datant de 600 ans avant à 400 après Jésus-Christ, et de celtiques ceux de six à douze siècles avant notre ère). Ces tumulus se trouvent moins fréquents en Morvan, par suite du manque de densité de l'ancienne population, portée à choisir d'abord les sols plus cultivables et les climats plus doux, par suite aussi de la difficulté de l'extraction du granit. Cependant il ne faut pas les croire introuvables, comme le veut le docteur Bogros, surtout dans le bas Morvan. Nos pays si beaux à nos yeux, si riches mème, ne devaient point sembler indifférents aux peuples anciens. Fontaines intarissahles sur tous les points ; profusion de pâturages spontanés, forêts de chênes dont les glands constituaient une précieuse ressource pour les troupeaux de porcs, réserve ordinaire des Celtes ; terres se prêtant volontiers à la culture du seigle et de l'avoine ; sites agréables, aux charmes desquels les tribus celtiques n'étaient point insensibles, ne furent pas sans les captiver de bonne heure. Sur notre sol, encore peu bouleversé, de Saint-Germain, surgissent nombreuses les preuves matérielles d'habitations gallo-romaines, disséminées un peu partout sur le territoire, à l'instar de nos fermes et de nos hameaux isolés. On voit que ces Gaulois aimaient être chacun chez eux, contents de leurs humbles bà timents d'exploitation agricole, de leur cour fermée de haies ou de palissades, et autant que possible à proximité
d'une fontaine. Des races plus reculées ou celtiques habitèrent également nos régions, succédant à des tribus primitives ou préhistoriques, venues elles-mêmes de l'Orient.
Nous avons, pour témoignage de la présence des Celtes, le vaste et beau tumulus découvert en l'année 1904, à deux kilomètres au Sud-Est de Saint-Germain-des-Champs. C'est tout un cimetière remontant à l'à ge de bronze. Nous l'avons exploré
pour ainsi dire en entier, lentement, minutieusement, avec autant de curiosité et de plaisir qu'on avait apporté de soin et de respect à l'édifier.
Ce monceau de pierres dont, en 1874 seulement, on a enlevé plus de cent tombereaux, lors de l'empierrement de la route de Saint-Germain à Auxon, s'étale à 80 mètres de cette dernière, à 80 mètres également de l'ancien chemin qui coupe cette route d'Auxon pour aller de Lautreville au Meix, et à 200 mètres de la route de Saint-Germain à Quarré, dans un bois à gauche. Ce bois, appelé bois des Chênies ou des Chagnis, appartient à M. le capitaine Henri d'Etaules, d'Avallon, propriétaire des fermes de Vaupitre, et n'était qu'une friche ou plutôt une terre labourable voilà 125 ans. Le tertre funèbre occupe le sommet d'une colline de 410 mètres d'altitude et dont le prolongement, aux Boulats, atteint 416 mètres, point culminant de la commune. De l'emplacement du tumulus on jouit d'une vue superbe sur Rouyray, la forêt d'Hervaux, Montmarte, Vézelay, Bazoches, Quarré, Saint-Léger, et certes, avant la plantation du taillis, l'amoncellement de pierres grisâtres, haut alors de près de 3 mètres et large de 25, offrait même de loin aux regards une masse quelque peu imposante et pleine de souvenirs. Vraiment les Celtes s'entendaient au choix des beaux sites pour l'érection de leurs mausolées.
L'érection de ce tertre funèbre révèle l'application de certaines règles fixes et d'un certain art chez les Celtes.
Ainsi, pour plus de salubrité, on l'avait construit au point culminant du plateau, juste à la formation de deux versants, l'un à pente douce, du côté du Nord, l'autre à pente plus raide, du côté du Midi. Impossible à l'eau d'y séjourner. Combien cet emplacement était préférable à tous les vallons marécageux des alentours ! Pour une nouvelle garantie contre l'humidité, plus de deux cents mètres cubes de terre, mêlée de pierrailles, avaient été rapportés ou relevés en forme de motte, tandis que tout autour le sol demeurait creusé jusqu'à la roche. Ce monticule de terre, malgré le tassement séculaire, conserve encore actuellement une hauLeur de 0m50, du côté de la pente légère, et un mètre du côté plus en contre-bas. C'est sur cette butte nivelée, battue comme une aire de grange, que le monument funèbre s'était élevé. Finalement on avait disposé, au-dessus du talus de la butte, un entourage circulaire de grosses pierres granitiques sèches, brutes, éclatées, inclinées les unes contee les autres, d'un poids moyen de 200 à 300 kilos. C'était le kromlech ou mur sacré d'une enceinte sacrée. A un mètre du kromlech, après un espace libre comme celui d'un étroit chemin de ronde, une seconde rangée circulaire de gros moellons formait la base du tumulus de pierres, lequel, au dire des anciens témoins, s'é1evait au moins à 2,50 m au-dessus du tertre de terre. Maintenant ce meurger se trouve réduit à moins d'un mètre au-dessus de l'aire décrite plus haut. L'enceinLe sacrée formée par le kromlech, c'est-à-dire la terrasse et le tumulus, s'appelle caïrn ou tombeau celtique, généralement collectif. C'est le cas du nôtre.
Tissier, Curé de Saint-Germain-des-Champs
Sur cette terre en dons avare,
Sur ce granit déshérité,
Croit une fleur qui devient rare,
Elle a nom : l'hospitalité !
J'aimais surtout le Morvand parce que c'est un pays qui ne ressemble à aucun autre ; les limites en sont profondément empreintes sur le sol ; aussitôt que vous y avez fait un pas, vous ne pouvez le méconnaitre; vous le distinguez des autres parties de la France aussi facilement que vous distinguez un prêtre d'un bourgeois ; il est à la surface du royaume comme une ile au milieu de l'Océan , comme un clos entouré de murs sur le sol ras d'une vaste plaine.
Si vous venez de Clamecy, à peine avez-vous dépassé la petite ville de Tannay et franchi l'Yonne, que déjà vous n'êtes plus en France ; le milieu qui vous environnait a changé comme une décoration de théâtre. La transition est aussi brusque que si du rivage vous mettiez le pied dans un fleuve ; la physionomie du sol, les moeurs des habitants, leur langage, leurs habitudes, leur costume, n'ont rien de pareil à ce que vous laissez derrière vous; en quelques minutes vous avez fait deux cents lieues.
* * * * *
- Ardouin-Dumazet (1852-1940)Il semble que les habitants du Morvan, dans les parties du massif avoisinant les plaines d'Autun et les coteaux calcaires de l'Auxois aient tenu à bien affirmer l'individualité de leur région.
Nulle part plus que dans cette contrée, l'expression en Morvan ne se rencontre à la suite des noms de lieu. La limite politique d'autrefois, Nivernais ou Bourgogne, les limites départementales d'aujourd'hui, Nièvre, Saône-et-Loire, Côte- d'Or et Yonne, n'ont pu avoir raison de cette sorte de nationalité celtique. Le Morvan demeure moralement autonome dans l'esprit de ses enfants, comme la Bretagne ou la Provence pour les leurs. Si l'émigration des femmes en qualité de nourrices à Paris a grandement modifié les moeurs, l'empreinte celte est restée puissante, on retrouve plus d'un trait de l'existence antique.
* * * * *
- Lucien Hérard (1898-1993)Enfant du Morvan.
Je ne suis pas né dans le Morvan, mais je suis arrivé à Château-Chinon avec mes parents à un âge si tendre que mes premiers souvenirs datent de ce moment. Or ce qui a précédé, ma mémoire n'a gardé nulle image, nulle trace même fugitive. Tout se passe donc comme si j'avais ouvert les yeux dans la capitale morvandelle. Sinon pour l'état-civil, du moins pour ma vie affective, elle est mon pays natal.
Je ne suis Français que par le Morvan. La notion "France" ne me serait qu'une entité, une abstraction, si ces deux syllabes ne faisaient lever en moi les traits du paysage morvandiau et parmi ceux-ci, entre tous, le panorama que l'on découvre du sommet du "Château" ou du "Calvaire", la butte sur le flanc de laquelle s'étagent les maisons de Château-Chinon. Oui vraiment m'interdire d'être "enfant du Morvan" ferait de moi un apatride.Je me revois, c'était il y a bien longtemps, en juin 1918. Après une permission de convalescence, tout jeune sergent d'infanterie je repartais pour le front. Je descendais à la gare, seul comme je l'avais voulu. Je faisais sonner mes gros souliers sur le gravier de la chaussée. Je m'arrêtai à l'endroit où la route de Cormes et celle de Nevers se séparent près de la Maison Letourneur, et j'emplis mes yeux du paysage qui s'offrait à moi : les prés, les bois, les deux étangs qui scintillaient au soleil, la ligne de collines à l'horizon, celle qui domine Saint-Pereuse avec son bouquet d'arbres en couronne. Je photographiai tout cela d'un long regard appuyé et ému me disant que probablement je ne le reverrais jamais (on mourait beaucoup en 1918 !). Je l'ai fixé dans ma mémoire plus sûrement que sur une pellicule. Indélébile à jamais, jusqu'à mon dernier jour. A mon gré, en un quart de seconde, je fais surgir cette image devenue pour moi le symbole de mon cher Morvan.
A celui-ci je dois beaucoup. La rudesse de son climat et de la vie qu'on y menait m'a endurci le corps et l'âme. Il m'a appris la patience tenace. Et aussi la pauvreté et ses soucis car j'ai eu la chance inestimable - je pèse mes mots - d'une enfance pauvre et rustique. Pauvre (pas indigente, mais "serrée", peu à l'aise) j'ai ensuite goûté pleinement ce que m'offrit la vie. Nous étions heureux de si peu ! un petit-beurre, une tartine de crème, un gâteau, de la galette aux griaudes, de la tarte aux pruneaux, du pain d'anis, trois bonbons poisseux. J'ai humé l'odeur des foins, celle des feuilles mortes et des champignons, celle - aux effluves de menthe - des bords de ruisseaux et tout au long des années je me suis senti les pieds sur la terre, associé au rythme des saisons, homme d'ici et non d'ailleurs, bourré de dictons champêtres, de réminiscences patoises, de formules paysannes. Je reconnais un Morvandiau à la seule manière dont il prononce pointu le « un » de lundi ! C'est tout dire !
Mais si l'on me demandait en quoi, surtout, le Morvan m'aura marqué, je dirais que c'est en me donnant le goût, mieux : le besoin de vastes horizons.Je n'ai jamais oublié l'impression, presque douloureuse physiquement, que je ressentis quand, à seize ans, je vins habiter Dijon. Habitué que j'étais, à Château-Chinon, à lancer au loin mon regard sans qu'il trouvât d'obstacles, je souffrais de me cogner contre les maisons de l'autre côté de la rue. Quelques mètres au lieu des dix, vingt, trente kilomètres des profonds panoramas qui reflétaient jusqu'alors mes yeux d'enfant, puis d'adolescent. Je ne pouvais m'y faire. J'aimais monter à Talant pour de là-haut, découvrir Dijon. Dans toutes les villes où je passe, je grimpe au clocher, à la tour, au plus haut building pour voir le pays se déployer. J'ai éprouvé une joie intense à regarder, seul entre tous les passagers, du hublot de l'avion l'Amérique défiler sous mes yeux de New-York à San-Francisco et de San-Francisco à New-York. C'est mon vieux Morvan qui m'avait commandé de jouir de ce spectacle. Regarder loin, comme le marin ou le montagnard.
Aujourd'hui encore, au soir de ma vie, j'éprouve ce besoin impérieux, venu de mon enfance morvandelle, d'avoir de l'espace devant moi, d'ouvrir ma fenêtre sur des jardins et des arbres, sur la cavalcade des nuages dans le ciel... A défaut, eh bien, quelque mansarde haut perchée offrant en spectacle les vagues d'une mer de toits. Surtout ne pas se sentir, serré, comprimé, oppressé, enfermé une vraie phobie !
Qu'à ce besoin de "panorama" si j'ose ainsi m'exprimer, correspondent certaines dispositions d'esprit par lui suscitées, audace, indépendance, je le crois, je m'en persuade.
Mais quoi ! je ne vais tout de même pas me psychanalyser devant les compatriotes, lecteurs de ce Bulletin !
N'ai-je pas déjà assez abusé de leur patience ? Un mot encore, cependant.Je suis si imprégné du Morvan que je le retrouve où il ne saurait être. Par exemple une profonde émotion m'étreint quand, allant en Bretagne, dès les environs du Mans, je vois apparaitre les haies vives. Puis ce sont les genêts, les ajoncs, des ruisseaux que je devine à écrevisses ; dans des creux de terrains, de basses maisons de granit couvertes d'ardoise. Cette Bretagne de l'intérieur, je l'aime parce que, vraiment, elle est le Morvan... Aussi m'a-t-elle conquis.
Et il y a également cet autre critère. J'ai vu bien des pays, j'ai visité des sites célèbres soit par leur inégalable beauté, soit par la richesse de leur passé historique. Mais nul ne parle à mon coeur comme tel coin de paysage morvandiau : un pré au bord de l'Yonne avec des vernes sur la rive ; une petite route un peu encaissée qui coupe la forêt : elle est ourlée de fougères, de mousse, de bruyères, de touffes de "balais"...
Rien qui désigne ces lieux à l'attention du touriste. Banal, sans intérêt lui semble-t-il.
Et pourtant une douce chaleur gonfle ma poitrine quand je les revois... L'amour, quoi !
Le blason du Morvan est une composition héraldique de M. Gautron du Coudray (1868 - 1957), qui fut Rédacteur en Chef du journal « Le Morvandiau de Paris », et qui eut l'idée d'obtenir une rue du Morvan, à Paris.
Signification de la composition héraldique communiquée à « La Morvandelle » par M. Gautron du Coudray.
« D'azur à la chaine de sable (noir, mor ven, Morvan), noires montagnes ? Soutenu d'une champagne de sinoplé (vert, prairies du Bazois), au chef cousu de Bourgogne ancien, qui est bandé d'or et d'azur, à la bordure de gueules (rouge). L'écu sommé du sanglier de bronze, d'une enseigne éduenne trouvée sur la montagne de Thouleurs, portant sur son socle l'inscription Aedvi et entouré d'une branche de genêt fleurie d'or et d'une branche de houx fruitée de gueules, arbrisseaux symboliques celtiques. Le tout surmonté d'une liste portant la légende Morvennus Pagus. »
Dès la fin de la guerre, avec l'approbation de M. Gautron du Coudray, « La Morvandelle » a ajouté un filet d'or au contour des montagnes. « Je n'y avais pas pensé à bien voulu me déclarer M. Gautron du Coudray qui avait consacré une partie de sa vie à rechercher l'or du Morvan, et il en avait trouvé... (On sait que les Eduens tiraient leur or du Morvan).
- Joseph Bruley - « Le Morvandiau de Paris » de février 1993
Le blason du Morvan est devenu avec l'autorisation de M. Gautron du Coudray, l'insigne de « La Morvandelle », mais il est aussi le signe de « ralliement » de tous les compatriotes où qu'ils soient.
La classification traditionnelle distingue Bas, Moyen et Haut-Morvan :
Le premier, tourné vers l'Avallonnais, se soude aux pentes bas bourguignonnes de la Terre-Plaine.
Le deuxième, plus caractéristique, comprend toute la région des Huys, minuscules agglomérations prouvant l'éparpillement de l'habitat partout où la terre pouvait se cultiver.
Le troisième, plus aride, est aussi le plus élevé avec les sommets individualisés que sont le Mont Beuvray (810 m), le Prénelay (850 m), le Grand Montarnu (847 m) et le Bois-du-Roi (902 m)
En 1953, les responsables du Comité d'Etude et d'Aménagement du Morvan écrivaient à la page 3 de leur première publication :
(En italique les plus de Jean DROUILLET)
Au Morvan proprement dit, ont été intéressées les plaines prémorvandelles voisines de l'Ouest et du Nord et, en finitive, l'étude s'inscrit dans le cadre administratif suivant :
Dans le département de l'Yonne : cantons de Vézelay (Dornecy et Pierre Perthuis) , Avallon (Island et Magny), Quarré-les-Tombes, Guillon.
Dans le département de la Nièvre : cantons de Tannay, Lormes, Corbigny (partie Est), Montsauche, Moulins-Engilbert (partie Est), Châtillon-en-Bazois (Dun-sur-Grandry), Luzy.
Dans le département de la Côte-d'Or : cantons de Semur-en-Auxois (Toutry et Vieux-Château), Arnay-le-Duc (Voudenay), Précy-sous-Thil (La moitié Sud du canton), Saulieu, Liernais (La majeure partie Ouest du canton).
Dans le département de la Saône-et-Loire : cantons de Lucenay-l'Evêque (moins la vallée de l'Arroux),Autun (Monthelon et Tavernay), Saint-Léger-sous-Beuvray, Issy-l'Evêque, Gueugnon.
Ce massif représente une superficie de 2 700 kilomètres carrés environ, c'est-à dire à peu près la deux centième partie de la France. Voici ce qu'écrit à ce sujet Onésime Reclus :
Un deux centième seulement ; pourtant si quelque cyclone de puissance mondiale le déracinait et l'emportait, si quelque gouffre l'avalait, si de gigantesques érosions le diluaient à la minute - certes, il se dilue, mais à l'infinitésimale - il y aurait du grabuge en France ; petit de taille, mince d'épaules, il vaut plus que sa stature, car il appelle, il dévie beaucoup de vents, il dispense beaucoup de pluies, et ses rivières, recours contre la sécheresse, importent à la Loire, comme à la Seine.
* * * * *
Le décret n°2004-69 du 16 janvier 2004 ((modifié par le décret n°2005-1333 du 28 octobre 2005) relatif à la délimitation des massifs inclut les cantons du Morvan dans le Massif Central.
Ainsi, le massif du Morvan couvre administrativement une superficie de 513 442 hectares et comprend les 19 cantons suivants :
Région Bourgogne
Département de la Côte-d'Or : cantons de Liernais, Précy-sous-Thil, Saulieu.
Département de la Nièvre : cantons de Château-Chinon, Châtillon-en-Bazois, Corbigny, Fours, Lormes, Luzy, Montsauche-les-Settons, Moulins-Engilbert.
Département de Saône-et-Loire : cantons de Bourbon-Lancy, Issy-l'Evêque, Lucenay-l'Evêque, Mesvres, Saint-Léger-sous-Beuvray.
Département de l'Yonne : cantons d'Avallon, Quarré-les-Tombes, Vézelay.
Cantons du massif du Morvan dans le Massif Central | Parc Naturel Régional du Morvan |
Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, par une société de savants et de gens de lettres. Tome 13 / sous la direction de M. W. Duckett - Date d'édition : 1853-1860
MORVAN / MORVANT ou MORVENT, contrée montagneuse située entre la Bourgogne et le Nivernais, et comprise aujourd'hui dans les départements de la Nièvre et de l'Yonne. Vézelay en était la capitale. Les habitants se nomment eux-mêmes du nom peu harmonieux de Morvandiaux.
* * * * *
- Eugène De Chambure - 1878
MORVAN.
Quelques auteurs contemporains, infidèles en cela à la tradition, écrivent Morvan avec un d. C'est une innovation qui ne s'appuie sur rien et que rien ne justifie. Elle a le grave inconvénient d'isoler le mot de ses similaires gaëliques. Nulle part, en effet, on ne voit paraitre ce d parasite dans la terminaison. Le Morven écossais, que la poésie a particulièrement rendu célèbre, appartient évidemment au même groupe étymologique que notre Morvan français et que tous les Morvans bretons. Le Roch-Morvan, près de Landerneau, dans le Finistère, et la Roche-Morvan qu'on voit sur la lande de Penclen, dans l'arrondissement de Ploermel, se dressent encore comme des témoins de granit pour protester contre la nouvelle orthographe inconsidérément adoptée par l'administration des postes. Et si les pierres ne parlaient pas assez haut, Morvan, le vicomte de Léon, le descendant de Konan, premier chef couronné des Bretons armoricains, se lèverait à son tour et nous crierait dans son dialecte de Cornouaille : Morvan, ap Konan, eo va hano, Morvan, fils de Konan, est mon nom. (Voy. le Barzaz-breiz de M. de la Villemarqué, I, p. 139.) Tenons-nous en donc à la vénérable forme que se sont transmise de siècle en siècle les historiens, les géographes, les écrivains du temps passé, et quelle que soit d'ailleurs l'origine du mot Morvan, maintenons avec Guy-Goquille et Vauban les droits des antiquités celtique, latine et française, toutes trois d'accord pour rejeter la barbare intrusion du d.
* * * * *
- M. F. Lennel - 1896
Dans les derniers ouvrages parus, celte orthographe du mot Morvan est la seule usitée. Peut-être cependant serait-il plus juste de garder la vieille orthographe « Morvand ». Les formes latines les plus anciennes sont : Murvinnus, Morvinnus, Morvennus. Cet u et cet i désignent seulement un o et un e fermés. Du reste le bas-latin confondait régulièrement l'u bref, avec l'o fermé et l'i bref avec l'e fermé. De plus le groupe -nn- ainsi placé a pu se transformer en français en nd. C'est ainsi que Normannus a donné Normand (d'où Normandie). Donc Morvennus produisait d'abord Morvend. Mais cette forme subissait encore un autre changement. Un d final en vieux français se prononce et s'écrit régulièrement t. Ex. : grant (Molt grant eschac en ont sui chevalier) Chanson de Roland, extait de G. Paris, vers IV (c'est-à -dire les chevaliers en ont très grand buttin). Il en résultait la forme Morvent. Mais -en- devient une voyelle nasalisée écrite souvent -an-. Donc Morvent peut s'écrire Morvant. C'est ce que les vieux textes nous offrent. Ainsi dans un partage de 1318 on trouve : « Au lieu que l'on appelle publicmant Morvant », dans un acte d'affranchissement, des habitants d'Anost et de Cussy en 1555, « Cussy en Morvant ». Mais les composés comme Morvandeau, Morvandelle conservaient régulièrement leur d, et quand l'habitude de changer d en t, à la finale eut disparu, on rétablit le d, conservé par les composés. Ainsi grant s'écrivit grand, et comme en écrit normand avec un d, il serait bien d'écrire Morvand. Nous trouvons cette orthographe dès le XVIIIe siècle. Quant à la ferme latine (1230) elle est une preuve de notre démonstration. C'est un mot fabriqué sur la prononciation française du temps qui était donc vent.
* * * * *
- Onésime RECLUS - 1905
Le d final de Morvand a valu aux habitants leur nom de Morvandeaux ou Morvandiots; mais il est de trop, si, comme il semble raisonnable de le croire, Morvan, c'est Morven ou le Mont Noir, terme purement celtique, ainsi que le montre, chez les Celtes de la côte occidentale d'Ecosse, la péninsule de Morven ou Morvern, ile montagneuse que des alluvions ont cousue au continent voisin.
Le Mont Noir, cela sans doute voulait dire le Mont Sombre. Ni de près, ni de loin, le Morvan n'est de couleur funèbre; ses gneiss, granits, granulites, porphyres n'ont point noirceur de schiste ou fuliginositè rougeâtre de tuf volcanique ; par ses forêts, par ses prairies, cette montagne arbore plutôt la teinte verte ; les unes et les autres laissent rarement apercevoir la substance même du bloc qui, dans le détail, se compose : au sud, de granits et de tufs porphyriques; au nord, de gneiss; et de granits, granulites et porphyres au centre, en sa masse éminente.
* * * * *
- COMMENT S'ÉCRIT MORVAND - Armand BILLAUD
Morvand ne s'écrit pas avec un D ! Voilà vingt fois que je vous le dis€¦ C'est agaçant d'avoir toujours à répéter la même chose€¦ !
- Oh ! oh ! on se fâche ici, dis-je en entrant dans les bureaux de Monsieur X, juste au moment où, sur un ton peu gracieux, il apostrophait en ces termes un de ses commis, jeune indigène de Brassy, en train de clore une enveloppe à l'adresse de Saint-André en Morvand.
- Mais figurez-vous, s'écria Monsieur X en me tendant là main, que je ne puis lui mettre en tête que Morvand ne prend pas de D.
- Il écrit d'instinct€¦, il faut lui pardonner, à ce pauvre petit Morvanneau.
- Morvan€¦nneau... comment morvanneau ! Morvandeau, Morvandeau voulez-vous dire.
- J'ai dit morvanneau : Pourquoi diable voulez-vous dire morvandeau, puisque vous voulez supprimer le D à Morvand ?
- Ah! ce n'est pas une raison, cela !
- Ce n'est pas une raison péremptoire, j'en conviens, mais c'est une raison tout au moins plausible, et certainement logique.
- Mais enfin, on ne met jamais de D à Morvan !
- On , qui on ? Au surplus, d'où vient ce mot ? Savant étymologiste, dites le moi ?
- Ah certes, les origines présumées ne manquent pas. Certains auteurs prétendent que Morvand vient de Morvinus, nom d'un lieutenant de César, à qui une partie du pays aurait été donnée après la conquête. - Adrien de Valois rapporte, d'après un ancien manuscrit, du monastère de Musci, que Saint Heptad, évêque d'Auxerre, qui vivait vers 530, étant obligé de fuir, se cacha dans les bois du Mor-vent. Adrien de Valois, qui écrit Mor-vent, prétend que ce nom avait été donné au pays, parce qu'il y fait souvent du vent, parce que le vent y mord !
- Ce ne sont point, je suppose, ces belles raisons là qui vous font défendre à votre employé d'écrire Morvand avec un D ?
- Non, assurément. Je ne rapporte tout cela que pour mémoire, et je ne donne ces étymologies que pour ce qu'elles valent ; mais il en est d'autres : Fortunatus, dans sa vie de Saint-Germain; évêque de Paris, vers 496, parle d'un village appelé Morvennum situé dans les environs de Cervon. Adilon, qui écrivait vers la onzième année du règne de Clotaire, en parle également, et le place dans la campagne où se trouve aujourd'hui Cuzy, entre Cuzy et Cervon.
- Dans son annuaire de la Nièvre de 1806, Gillet, juge suppléant en la cour de justice criminelle, qui rapporte ces dires, prétend que le nom de Morvand vient probablement de ce village de Morvennum, qui devait se trouver à peu près dans la ligne de démarcation entre le sol argileux et l'arénacé. On serait tenté de croire, ajoute-t-il, que Morvennum est Lormes, parce que cette petite ville parait ancienne et que les autorités que l'on vient de citer n'en parlent aucunement, mais il faudrait plus que des conjectures pour s'arrêter à cette idée.
- C'est aussi mon avis.
- D'autres auteurs, Gruter, Pictet, de Belloguet, plus judicieux à mon avis, ont recherché dans la langue celtique l'origine du nom de ce pays habité jadis par les Celtes, et prétendent que ce nom vient de Mawr ou Mor, qui veut dire grand, haut ; et Pen, tête, cime, qui, avec la permutation du p en v, a donné Monven, hautes cimes.
- Hautes cimes allons donc cher ami, c'est beaucoup trop prétentieux pour nos pauvres petites montagnes morvandelles, dont la plus élevée n'atteint pas même mille mètres ! J'admettrais cette étymologie si ce nom avait été donné aux cimes alpestres ou aux pics pyrénéens€¦mais à nos jolies petites taupinières qui, sur la surface du globe, doivent faire l'effet des aspérités d'une écorce d'orange!..... jamais ! Combien je préfère l'explication de dom Bullet€¦.
- Ah les écrits de dom Bullet corpus ineptiarum !
- Eh ! oui, dom Bullet ; je sais qu'il est aujourd'hui complètement discrédité, mais il n'en est pas moins vrai que, dans le cas particulier, l'étymologie qu'il donne me semble préférable à toutes les autres. L'altitude de nos montagnes morvandelles n'est pas assez élevée pour avoir des glaciers ou des neiges éternelles, et le manteau blanc, dont chaque hiver les couvre, fond et disparait rapidement aux premiers rayons du soleil de printemps. Aussi, de quelque côté qu'on regarde leurs crêtes boisées, on les aperçoit se détachant sombres et noires sur l'horizon. C'est pourquoi dom Bullet prétend, non sans raison, que Morvand veut dire Montagnes noires et vient de deux mots celtiques mor, qui veut dire noir et ven ou vand, - avec un D, cher ami, - qui veut dire montagne. La même étymologie est attribuée au Morven écossais, montagne du comté de Caithness célèbre dans les poésies d'Ossian.
- Hum !... Peut-être dom Bullet a-t-il raison. Oh je ne suis pas convaincu ; mais enfin, je suis comme Montaigne : je doute. Petit ajouta M. X, en se tournant vers son commis, écris, si cela te plait, Morvand avec un D.
- Oh ! M'sieu, c'est déjà fait, riposta le gamin.
* * * * *
- Joseph PASQUET -Dans son histoire de Château-Chinon, publiée en 1864, Bogros écrit Morvand. Dans la seconde édition de son livre à‚¬ Travers le Morvan, le d a disparu.
MorIon utilise le d dans son Excursion» de 1872, il le supprime dans ses Promenades, de 1921. Lennel, professeur au collège d'Avallon, dans son étude de géographie, choisit Morvan, mais il se demande s'il ne serait pas aussi juste d'employer Morvand.
Le Grand Larousse écrit Morvan et Alligny-en-Morvand. L'annuaire du téléphone de 1957 : Planchez-en-Morvan et Saint-Hilaire-en-Morvand.
La carte d'état-major, selon les éditions, porte Morvan ou Morvand. Les Ponts et Chaussées, eux aussi, varient.
Il y a donc incertitude entre deux graphies. Chacune d'elles, d'ailleurs, a ses partisans, parfois passionnés.Baudiau, l'historien de notre pays, tient pour Morvand. Voici les raisons qu'il donne pour justifier son choix. Nous avons cru devoir l'admettre comme plus conforme à la source celtique et se prêtant mieux à la formation du nom Morvandeaux. En écrivant Morvan, on devrait, il nous semble dire Morvanneau.
L'album du Nivernais emboite le pas à Baudiau, ainsi que Charmasse, de la Société Eduenne, et Duvivier, le poète d'Une Voix du Morvand.
Les dictionnaires géographiques de de Soultrait, de Faye, de Vallière emploient également le d. Le partisan le plus acharné de cette graphie est certainement Armand Billaud. Un chapitre entier de son intéressant Un Coin du Morvand est consacré à la défense du d. à‚¬ vrai dire, il ne fait qu'appuyer les arguments de Baudiau.
Il faudrait une page entière du journal pour publier la liste de tous les auteurs ayant préféré l'autre graphie. Citons, au hasard, quelques noms Vauban, Guy Coquille, Courtépée, Née de la Rochelle, Dupin, Amédée Julien, Achille Millien, de Courmont, Roupnel, Levainville, Drouillet.
Littré, les guides, les publications officielles, en général, suivent leur exemple.
Dans son glossaire, de Chambure a défendu cette forme avec la plus grande énergie. Il regrette ce qu'il appelle la barbare intrusion du d. C'est, dit-il, une innovation qui ne s'appuie sur rien et que rien ne justifie.Que faut-il penser de cette controverse ?
Laissant de côté, aujourd'hui, la question étymologie, il nous faut rechercher les formes les plus anciennes du mot Morvan.
La plus antique, à notre connaissance, est trouvée sur une inscription romaine, datant du IIIe siècle : Morvinnus. En 388 et 696, nous retrouvons également Morvinnus. En 887, apparait Morvennum. Ce n'est que plusieurs siècles plus tard que nous voyons écrire Morvinto et Morvant. En 1155, Cussy-en-Morvant ; en 1296, Marigny-en-Morvant ; en 1477, Montigny-en-Morvant.La graphie Morvand, avec le fameux d, ne se trouve pas avant le XVIIIe siècle. Elle est probablement le résultat de la transformation du t du Moyen Age, en d.
Les formes les plus anciennes sont donc favorables à Morvan. Morvinnus a naturellement abouti à Morvan. C'est d'ailleurs l'avis, bien des fois répété, de l'abbé Meunier, ancien directeur du laboratoire de phonétique expérimentale du Collège de France. Pour lui, de Morvinnus, il ne peut sortir que Morvan. Il prétend que c'est un enfantillage de vouloir orthographier Morvan avec un d postiche. Que diriez-vous, ajoute-t-il, d'un instituteur qui obligerait ses élèves à écrire avec un t clou et bijou, parce qu'on dit cloutier et bijoutier ?.
Le problème est probablement plus complexe qu'il en a l'air. Là encore, nous demandons l'avis de notre éminent confrère Claude Régnier.
Est-il bien utile de rappeler que les humoristes ont adopté l'orthographe mord-vent» ? Evidemment, ils ont été inspirés par le fameux vent du Morvan, que nos amis bourguignons appellent Morvange. Avec un g, qui semble bien postiche, lui aussi.
Du celte Mar : noir et Vand : montagne, le Morvan est un massif montagneux français situé en Bourgogne, aux confins des départements de l'Yonne, de la Nièvre, de la Côte-d'Or et de Saône-et-Loire. Le point culminant du massif du Morvan est le Haut Folin (901 mètres).
* * * * *
- Comte de Damas d'Anlezy -C'est à tort que la plupart des géographes écrivent Morvan, car l'étymologie la plus probable de ce nom est Mor et Vand, mots celtiques qui signifient Noires-Montagnes. L'habitant du Morvand s'appelle Morvandeau, qui se prononce Morvandiau et qui a pour féminin Morvandelle.
* * * * *
- Joseph BRULEY -Dom Bullet prétend que Morvan veut dire montagnes noires et vient de deux mots celtiques: mor, qui veut dire noir, et yen ou vand, qui signifie montagne. La même étymologie est attribuée au Morcen écossais, montagne du comté de Cathness, célèbre dans les poésies d'Ossian.
De nos jours, c'est la proposition de Dom Bullet, bien que ses compétences en celtologie aient été discutées, qui semble prévaloir. Bogros (A travers le Morvan) la trouve parfaite, du moins comme image.
Morvan étant un nom de famille très répandu dans tous les départements bretons, j'ai cherché à savoir sur le lieu même, quelle signification donnait-on au nom Morvan. Presque toutes les personnes interrogées n'avaient aucune connaissance que mor pouvait signifier noir, qui se traduit en breton par du. (Pen-du = tête noire, par exemple). Du peut être pris également dans le sens d'obscur, ténébreux, et il est hors de doute que le français deuil dérive de ce mot celtique.
Le radical van se retrouve dans ar vanten = la montagne, ou ar vonten (Finistère), suivant prononciations locales (colline se traduisant en breton par miner).
Pour les Bretons, mor ne peut signifier que mer: Morbihan = petite mer, par exemple (voyez également ar-mor-ique, larmor, etc.).
Les rivages de la mer ne bordant pas notre vieux massif, pour mes interlocuteurs bretons, une seule étymologie est apparue possible : Mor-van = mer de montagnes.
La première idée qui vient à un homme doué d'un peu d'esprit d'observation, me déclarèrent-ils en substance, c'est de comparer une grande étendue plissée à peu près régulièrement a la mer, à condition bien entendu d'avoir vu la mer...
* * * * *
- M. Saint-Elme Leduc, dit Cluni de Maltèse -Le nom de Morvand vient, ou d'un village appelé autrefois Morvennum, dont il ne reste aucun vestige, et qu'on suppose avoir existé entre Corbigny et Lormes, près de Cervon et de Cuzy, ou de deux mots celtique mor, mer, et man, en construction van, apparence, figure par allusion à l'immensité de bois dont ce pays montueux est couvert.
Morvan est aussi un nom d'homme, c'est la traduction du français Maurice (1).
Note de Joseph BRULEY - (1) En ce qui concerne cette note (le nom ou prénom MORVAN = Maurice) je n'ai pu lire, à mon grand regret, dans le manuscrit de M. Cluni de Maltèse, le nom de l'étymologiste. (Je crois qu'il s'agit de Legonidec, mais je ne suis pas certain). Quoi qu'il en soit, je suis persuadé que nous devrons abandonner l'étymologie MORVAN = NOIRES MONTAGNES (ou Montagnes noires) et qu'il faudra adopter MORVAN = mer de montagnes ou de collines ou MORVAN = apparence ou ressemblance à la mer, en raison de l'opulente toison forestière qui couvre ses sommets et ses pentes, et qui donne, sous la brise, la parfaite apparence de la mer.
* * * * *
- Michel HORTIGUE -Une thèse sur le Morvan, déjà ancienne mais non dénuée d'intérêt, donnait au nom la signification celte de montagne noire. Maurice Constantin-Weyer l'indiquait dès 1929 dans En Morvand. Les érudits celtisants consultés n'ont jamais confirmé cette affirmation hasardeuse et il a fallu les enrésinements de la fin du XXème siècle pour sérieusement assombrir nos paysages. Ne pas oublier cependant que les pollens de résineux retrouvés dans nos tourbières laissent à penser que ces essences n'avaient pas attendu Napoléon III puis l'ONF pour occuper le terrain... Le Petit Larousse consacrait d'ailleurs cette étymologie fantaisiste.
Si de nombreux toponymes du Morvan sont bien d'origine gauloise ou celtique (Dun. Huis. Glenne), il semble que le nom même du pays soit encore orphelin d'ascendants étymologiques sérieux même si l'interprétation montagne noire est souvent reprise ici ou là sans fondement. Dans son travail (1978) sur les noms de lieux de Bourgogne, Gérard Taverdet est prudemment discret sur la question.
Bien que l'on s'accorde sur le sens global de la syllabe Mor, plus ou moins rattaché au relief dans des racines prégauloises, rien ne permet d'attribuer au nom Morvan ces origines-là . Et si cela était, Vind ou Vand y signifie ... blanc (cf. breton et gallois gwen ou gaélique ban dans lequel le b devient bh et se prononce v) tandis que noir relève de la syllabe Du.
Pour les Bretons, Morvan est un prénom masculin (avec un féminin Morvana) fêté le 22 septembre. Un chef breton du IXe siècle. Morvan, fut l'adversaire de l'empereur carolingien Louis II le Pieux et trouva la mort en 818 contre les troupes franques.
Grand spécialiste de l'étymologie celtique, Albert Deshayes précise que ce nom se compose des termes mor grand et de van qui serait l'adouci de man et à rapprocher du latin manus au sens de pouvoir, autorité plutôt que du sens bienveillant.
Un site breton, Saint-Maurice sur Laïta, près du Pouldu, était appelé Morvan par quelques vieux saumoniers cornouaillais rencontrés dans les années soixante. Certains en feraient d'ailleurs l'équivalent celtique de Maurice bien que le prénom Maoriss existe et soit celui d'un saint Maurice né en 1113 et mort en 1191 après avoir été abbé d'un monastère de la forêt de Carnoët fondé par le duc Conan IV. Cette forêt borde d'ailleurs la Laïta... Le prénom, fêté le 5 octobre, vient du latin Mauritius et le saint breton était invoqué pour les rhumatismes.
Enfin, une interprétation toute scandinave ferait de Morvann la mère des eaux ; nos rivières ne coulent-elles pas vers les trois bassins de la Seine, de la Loire et de la Saône (la Dheune a des eaux morvandelles) ?
On peut rêver...
L'imaginaire occupe donc pour l'instant la place laissée vacante par les gens sérieux. Nous en avons rajouté. Lecteurs, à vous!
* * * * *
- Noëlle PERRUCHOT -L'histoire écrite n'ayant pris contact avec la Gaule qu'à partir de la conquête romaine, ce décalage nous prive très certainement de la clé de cette énigme, du moins de sa preuve formelle. Nous possédons, néanmoins, deux jalons attestant l'utilisation de ce nom durant l'empire romain :
- 2ème ou 3ème siècle de notre ère : MORVINNICO, inscription trouvée à Rome sur une stèle funéraire dédié à DM - AEMILIO M0RVINNICO AEDUO (Soc. Eduenne - communication de M. MOWAT - séance du 6-10-1880) ;
- 696 - MORVINNUS PAGUS (cartulaire de l'évêché d'Autun).
Ces termes prouvent que ce nom devait être employé couramment aussi bien par les individus que par l'administration ecclésiastique héritière de sa devancière romaine qui désigna par Morvan une division territoriale à l'intérieur de l'Eduie. Nous sommes alors tentés d'envisager un lien, autre que purement géographique, entre ce nom et notre vieux massif.... Remarquons, au passage, sur la carte du Haut Morvan, tout au long de la ligne sommitale aboutissant à Bibracte, les innombrables noms de lieux constitués à partir de noms de famille : les Diolots, les Doridots, les Courreaux et même les Morvans (le Moulin des Morvans). Si leur formation fut beaucoup plus tardive, cette pratique put néanmoins être le résidu d'une tradition antérieure, s'attachant à désigner les différentes familles constitutives de la tribu MORVAN !
Ainsi ce nom de Morvan pourrait être celui d'un ancêtre commun, d'un chef mythisé d'une famille qui vint s'installer sur notre sol lors d'une vague celtique et qui choisit peut-être ces montagnes, considérées comme inhospitalières, parce qu'elles lui rappelaient le sol qu'il avait quitté, justifiant par une démarche sentimentale une implantation dans une région économiquement défavorable. Encore que vivant de chasse et d'élevage et rendant leur culte dans des sites naturels, forêts, montagnes, sources, notre région dut leur paraitre particulièrement riche !
... Sous les bannières du régionalisme, de l'écologie, du retour aux sources, nous tentons enfin de nous extirper de l'hypnose romaine. Alors nous redeviendrons peut-être capables de retrouver les messages occultés et ce nom Morvan pourrait constituer une main tendue par dessus 2000 ans de servitude. Ne serait-il pas réconfortant de retrouver sous ce nom, non seulement de belles montagnes mais aussi un peuple vivant, une origine humaine et commune à cette grande famille de morvandiaux qui résiste encore dans ses particularités ethnologiques les plus profondes au grand brassage un peu trop banalisant de notre époque.
* * * * *
Antony Duvivier - Nevers, 24 Décembre 1839
Là , vit une race d'hommes âpres et rudes comme la nature du sol, à la physionomie pleine d'expression, tranchée comme elle; des hommes à la taille moyenne, trapus et bien proportionnés, à l'allure libre et alerte, à l'air vif et rusé, au caractère ouvert et entreprenant, à l'instinct prompt et hardi, à l'imagination forte et ardente; des hommes à la vie de fatigues et de tranquillité, lacs endormis que n'ont pas même ridés nos grands orages politiques.
Le Morvandeau n'a rien de commun avec l'habitant des autres contrées du Nivernais, mais il a quelque analogie, quelque linéaments de ressemblance avec l'highlander de l'Écosse : il est attaché, comme lui, à ses montagnes, à son clan ; il est prompt et vindicatif, comme lui; comme lui encore, il est généreux et hospitalier. A travers bien des siècles et bien des révolutions, il est arrivé jusqu'à nous, avec ses moeurs presque primitives, ses coutumes si bizarres et si intéressantes. Il a son langage à lui, doux et véhément, semé d'images, de comparaisons, toujours fortement accentué et hérissé parfois d'énergiques interjections.
Il ne quitte pas le coin du monde où il est né : il meurt où a vécu son père, où mourront ses enfants; le même toit les abrite tous, le même champ les nourrit, le même gazon les couvrira. Il vante, il aime, il chérit son endroit, son clocher, sa mayon (maison). C'est tout pour lui : rien n'attire ses voeux au-delà de ce petit horizon. Pauvre, économe, riche seulement de l'aurea paupertas du poète, il se contente de peu ; il mesure ses désirs à ses besoins. Sobre, laborieux, actif, il parvient assez généralement à un âge très-avancé, avec la force physique et la vigueur morale qu'on laisse aux bornes ordinaires de la vie, quand on les dépasse.
Dans le Morvand, fleurissent les vertus domestiques, la piété filiale surtout. Les vieillards y sont environnés des respects, des prévenances, des soins les plus assidus, les plus empressés de la famille. Rien ne s'agite, rien ne s'entreprend, rien ne se fait, sans qu'au préalable, on ait pris l'avis du patriarche de la maison. On a recours à lui dans les moindres circonstances ; ses décisions sont des arrêts. L'aïeul a parlé, dit-on ; et toute la communauté obéit à sa voix. L'aïeul, c'est le chef, c'est le roi de cette petite tribu.
Les habitants du Morvand sont hommes de bonne heure, et, de bonne heure, ils se marient. De là ces nombreuses générations qui, vivant sous la paternelle administration du plus âgé de la famille, occupent quelquefois un hameau tout entier, auquel elles ont donné leur nom. Le Morvandeau n'abandonne le toit héréditaire que lorsque, la communauté devenue trop nombreuse, le domaine ne suffit plus pour l'occuper et la nourrir. Alors, partent des colonies qui vont se fixer ailleurs, ou bien, comme les enfants de Savoie et d'Auvergne, quelques hommes se condamnent à des migrations temporaires. Les galvachers, avec une ou plusieurs voitures, d'une forme toute particulière et attelées de deux bœufs seulement, descendent, au printemps, de leurs montagnes et vont amasser, au loin, la petite fortune qui doit aider la famille à vivre pendant l'hiver.
Dans cette saison de l'année, ils s'occupent à tisser la toile ou à charonner les instruments propres au labourage. Puis, le soir venu, la famille au complet se range en cercle autour du vaste foyer, placé dans le milieu de la chambre et dans lequel se tordent les branches vertes des genêts. Les galvachers racontent leurs impressions de voyage, les vieillards séculaires, leurs souvenirs de jeunesse ou les traditions qu'ils tiennent eux-mêmes de leurs aïeuls, les légendes fantastiques ou les chroniques féodales du hameau, les prouesses surhumaines des sorciers ou les cures miraculeuses des gougneurs (paysan médecin et vétérinaire).
Mais, peu à peu, la physionomie du Morvand s'efface. De nouvelles routes s'ouvrent qui doivent répandre partout notre uniforme civilisation. Encore quelques années, et l'individualité morvandelle aura entièrement disparu. Déjà , chassée des lieux que traversent ces routes, elle semble, comme autrefois la nationalité gauloise, se concentrer au Mont-Beuvray, qui n'a vu jusqu'ici grimper à son sommet que ses vieilles voies romaines et serpenter à ses pieds que des chemins vicinaux de date immémoriale. Oui, encore quelques années, et les moeurs du Morvand, ses coutumes, son langage, tout aura péri, submergé par nos modernes institutions.
* * * * *
Jacques-Félix BAUDIAU écrit en 1854 :
Vivant jadis comme leurs aïeux au fond des bois, sans communication avec ses voisins, ne quittant presque jamais le coin du monde où il était né, ne connaissant, n'aimant, ne chérissant que soun endret, son cliocher, sai maïon, il se faisait alors remarquer par sa nature âpre et rude, par ses manières brusques et peu polies. Un tempérament sanguin, disposé aux phlegmasies, une circulation active du sang, une peau ferme et colorée, une sensibilité exaltée, conséquences de l'air vif qu'il respire, annoncent ordinairement l'homme énergique et capable de grandes actions, mais aussi l'homme ardent, colère et passionné.
...Livré à lui-même, et lorsqu'il n'est pas sous l'influence des passions, le Morvandeau est doux, généreux, hospitalier. Son secours et ses bons offices sont acquis à l'étranger qui parcourt le pays; il partagera même volontiers avec lui son maigre repas sans espoir de rétribution. Mais vif comme l'air qu'il respire, naturellement peu endurant envers ses voisins, il s'emporte, se fâche, se querelle pour des motifs souvent futiles.
Processif et chicaneur, un léger délit, un arbre mitoyen, un cours d'eau, les limites d'un champ ou d'un pré, une injure échappée dans le feu d'une dispute, deviennent presque toujours une cause de procédure et une source de malheurs pour les familles. En effet, un premier procès, par suite de l'esprit de vengeance naturel au Morvandeau comme à l'Écossais, auquel il ressemble, en engendre beaucoup d'autres qui, la plupart du temps, ne finissent que par la ruine de l'une et quelquefois des deux parties... Très-défiant en matière d'intérêt, l'habitant de nos montagnes se montre, en fait de chicane, extrêmement crédule et facile à exploiter. Aussi, malheur à lui lorsque, poursuivant quelque acte de vengeance, il tombe entre les mains de personnes peu délicates; son avoir est sacrifié.
Généralement sobre et économe, néanmoins, ainsi qu'Ammien Marcellin le rapporte des anciens Celtes, il se passionne aisément pour le vin, et, lorsqu'il s'est laissé subjuguer par la funeste habitude de la boisson, il ne connait plus de bornes.
...Habile dans l'art de feindre, il s'est fait reprocher la duplicité et le mensonge. Curieux et avide de nouvelles, il s'insinue doucement, interroge indirectement, va, revient, tourne sans cesse jusqu'à ce qu'il sache ce qui pique sa curiosité.
Ami du merveilleux autant qu'irréfléchi, il admet comme vrais des contes souvent ridicules, quelquefois absurdes, et les propage, a son tour, avec une étonnante rapidité.
Doué d'une imagination vive et ardente, il s'exprime avec facilité, aime la conversation, et, dans sa grande démangeaison de parler, s'il ne sait autre chose, il s'entretient de son voisin, mais avec plus de légèreté que de méchanceté.
...Néanmoins, ils jouissent généralement d'une santé robuste, vivent long-temps, et toujours avec un teint frais et vermeil. Il n'est pas rare de trouver des nonagénaires et même des centenaires conservant encore toutes leurs facultés intellectuelles. Ces avantages sont dus à leur frugalité habituelle, à la vie calme et tranquille qu'ils ont menée jusqu'â nos jours, à la limpidité de l'eau, leur boisson ordinaire, et surtout à la pureté de l'air qu'ils respirent.
...Les Morvandeaux, en général, sont industrieux, intelligents et adroits. Leurs occupations ordinaires sont : l'élève des bestiaux, l'exploitation et le flottage des bois, le charroi dans les forêts et l'agriculture, pour laquelle ils montrent aujourd'hui du goût et du zèle.
* * * * *
E. Colin et C. Charleuf - 1865 :
Le morvandeau vigoureusement constitué, patient au travail, mais prompt à la colère, est toujours prêt à roucher (frapper). De sang-froid il sondera longuement son adversaire et au besoin rusera avant de conclure la plus minime affaire; si le vin s'enmêle il se lancera tête baissée dans les entreprises les plus téméraires.
Son pain est au premier passant; il entamera avec un voisin d'interminables disputes pour une poignée de pommes sauvages; c'est ce qu'il appelle: rester fort dans sa loi.
Braconnier avec délices, la nuit, sa cognée à la main, il bravera une condamnation sévère, voire un coup de fusil, pour voler une branche d'arbre; donnez lui une bourse à porter, elle sera fidèlement rendue, sauf qu'un lièvre ou une belette ait croisé son sentier, auquel cas vous le décideriez difficilement à se mettre en chemin.
Charles Bigarne, au temps de la vendange, quitte à négliger la surveillance de ses propres récoltes, était à l'affut tout le jour, peut-on dire, épiant à travers vignes, les voix des " Beuquins " de l'Arrière-Côte et de l'Auxois, les voix des " Laillots " du Morvan, de tous ces vendangeurs qui s'abattaient en essaim sur la Côte et mêlaient leurs chansons à celles de nos vignerons.
Beuquins. Habitants de l'arrière-côte et de tout le pays d'Auxois. Les cultivateurs du pays de Beaune se servent exclusivement de chevaux : ils ont donné le nom de Beuquins à leurs confrères de la montagne qui emploient les bœufs.
Laillots. Nom donné aux Morvandeaux par les vignerons de la côte. A l'époque des vendanges, les Beuquins envoient dans nos vignobles des essaims de travailleurs, mais il en vient encore de plus loin. Le pays granitique des environs d'Autun et de Saulieu renferme la population des Laillots.
Cette population est antipathique à la race des Beuquins et à celle de notre côte, car ces Morvandeaux ont le caractère taciturne et froid comme leurs montagnes :
Conseils
Paysan qui cherche femme,
Prends-la, plus tôt que plus tard,
Au coeur simple, au doux regard ;
Si ses yeux ont trop de flamme..
Crois-moi, paysan, crois-moi !
Ne la prends pas, jarnigoi !
Ces yeux-là ne sont pas nôtres,
C'est le paradis des autres,
Ce sera l'enfer pour toi.
Prends-la de grandeur moyenne,
Et d'esprit à l'unisson.
Si sa taille et sa raison
Dépassent par trop la tienne.
Crois-moi, paysan, crois-moi !
Ne la prends pas, jarnigoi !
Forte taille et forte tête,
Pour les tiens c'est la tempête,
Et c'est la grêle pour toi.
Prends-la d'aplomb sur ses hanches,
De corps sain, d'aspect nerveux,
Belle même si tu veux ;
Mais si ses mains sont trop blanches.
Crois-moi, paysan, crois-moi !
Ne la prends pas, jarnigoi !
Ces mains ne savent rien faire,
C'est du travail pour ta mère
Et c'est du souci pour toi.
Chants du paysan - Paul Déroulède - 1894
La famille comprend les deux époux et quatre enfants, savoir :
Louis, chef de la famille, marié depuis 13 ans, né à Château-Chinon - 36 ans, Claudine, sa femme, née à Saint-Léger de Fougerette 33 ans, Gilbert 12 ans, Henriette 10 ans, Claire 8 ans et Marie 5 ans.
N'ayant fait l'apprentissage d'aucune profession, exerçant seulement les travaux qui n'exigent qu'un simple déploiement de force brute, dépourvu d'ailleurs d'énergie et d'esprit d'initiative, le manœuvre décrit dans la présente monographie appartient à l'une des catégories inférieures d'ouvriers français.
Le travail principal du manœuvre a pour objet les opérations d'une métairie de 50 hectares environ, qui, pendant toute l'année, est exploitée par un métayer assisté de trois domestiques à engagement annuel. Il exécute, en outre, divers travaux pour le compte des propriétaires, des fermiers et des métayers du voisinage.
Le travail principal a pour objet les travaux de ménage, y compris les soins donnés à un nourrisson confié à prix d'argent par l'hospice des enfants trouvés. Les travaux secondaires sont très-variés : en effet, la femme cultive le jardin et le champ à pommes de terre qu'exploite la famille; elle soigne les animaux domestiques; elle prépare (teille) le chanvre; elle file le chanvre peigné ; elle tricote des bas de laine; elle confectionne pour la famille des vêtements de toile et de coton; enfin elle glane du blé et récolte du bois de chauffage.
Le fils ainé est déjà placé comme domestique chez un métayer, et s'initie peu à peu, dans cette situation, à l'exercice des travaux très-simples confiés dans ce district au manœuvre-agriculteur.
Ces deux enfants fréquentent régulièrement l'école dirigée par les sœurs religieuses attachées à la commune ; elles donnent quelque assistance à la mère dans les travaux que comporte leur âge.
La nourriture de la famille est peu substantielle : elle se compose principalement de pain et de pommes de terre assaisonnées de lait, de sel et d'une petite quantité de corps gras (lard et huile de navette ou de chènevis). La famille fait ordinairement 3 repas, savoir :
Pendant l'époque des grands travaux, les ouvriers font 4 repas : à 6 h., 11 h., 4 h. et 9 h. En hiver, la soupe est quelquefois remplacée par une bouillie d'avoine ou de farine de sarrasin assaisonnée avec du lait. On ne mange de la viande que le jour de la fête patronale de la commune.Déjeuner (7 h.) : soupe composée de pain, de légumes, de sel avec un peu de lard, d'huile ou de lait ; puis un morceau de pain sans aucun assaisonnement.
Diner (midi) : pommes de terre cuites à l'eau et au sel, ou assaisonnées avec un peu de lard, et mangées avec du pain. Les pommes de terre sont quelquefois remplacées par de la salade. Quelquefois le repas se compose exclusivement de crêpes préparées avec la farine de sarrasin et cuites sur une poêle enduite de lard ou d'huile.
Souper (7 h.) : composé comme le déjeuner.
La chaumière qu'habite la famille est très-exiguë. Elle ne comprend qu'un rez-de-chaussée avec deux pièces : l'une pour la cuisine et les repas; l'autre pour le coucher, et dans laquelle les trois lits des parents, du garçon et des filles, sont presque contigus.
Un petit appentis reçoit la chèvre, le porc et la provision de bois. Le jardin-verger est attenant à la maison. Le mobilier et les vêtements, mal tenus, indiquent une situation voisine de l'indigence; ils comprennent :
Mal entretenus 134f 00
- 1° Lits. - 1 lit en bois pour les deux époux, 12f 00; - 1 matelas en plume, 20f 00; - 1 traversin, 3f 00; - 1 couverture de laine, 15f 00; - 2 lits des enfants, 36f 00. - Total : 86f 00.
- 2° Mobilier. - 1 table, 6f 00; - 4 chaises, 3f 00; - 1 armoire, 30f 00; - 1 coffre, 8f 00; - 1 corbeille pour le pain, 1f 00. - Total : 48f 00.
Strictement appropriés aux besoins. 38f 00
1 chaudière, 3f 00; - 2 marmites, 6f 50; - 1 tourtière, 2f 00; - 1 poêle, 2f 00; - écuelles, fourchettes et cuillers en fer, 5f 00; - 1 pétrin pour faire le pain, 10f 00; - 2 sacs en grosse toile, 4f 00; - 1 crémaillère, 1f 50; - 1 pelle, 1f 00; - 1 rouet à filer le chanvre, 3f 00.
Insuffisant et en mauvais état. 36f 00 - 3 paires de draps en toile de chanvre, 36f 00.
inférieurs par la qualité et la forme. 153f 00
Aller à la page : "Vêtements"
La famille décrite est celle d'un ouvrier-journalier, attaché à son patron dans le système des engagements volontaires permanents. Il est en voie de devenir ouvrier-propriétaire.
La famille se compose des deux époux et de leurs trois enfants. Le père, né à Châtillon, marié depuis 11 ans, est âgé de 36 ans. Sa femme, née à Vandenesse, est âgée de 32 ans. Ils ont trois enfants, nés à Vandenesse, âgés de 10, 9 et 6 ans. L'ainé est un garçon.
Ces enfants fréquentent l'école communale sous le contrôle de la mère dès que leur concours n'est plus utile à la garde du cochon, dont l'élevage est un des principaux moyens de bien-être de la famille.
L'ouvrier habite la commune de Vandenesse, près de Moulins-Engilbert, arrondissement de Château-Chinon (Nièvre).
Le travail principal se rattache au service d'un haut fourneau dans lequel on fond, au moyen du charbon de bois, des minerais pour en obtenir de la fonte de fer. L'ouvrier, sous les ordres d'un maitre fondeur, est spécialement chargé des manipulations concernant la projection de l'air nécessaire à la combustion, l'enlèvement des laitiers et la coulée de la fonte. Il travaille 12 heures chaque jour, en prenant alternativement, de semaine en semaine, les postes de jour ou de nuit.
Le travail principal a pour objet les travaux de ménage. Elle les accomplit avec intelligence et avec un esprit d'ordre remarquable. Ses travaux secondaires comprennent tout ce qui concerne l'exploitation agricole et l'entretien des animaux domestiques de la famille, l'élaboration du chanvre, et la confection des vêtements de chanvre, de coton et de laine. Ici, comme dans beaucoup d'autres localités où l'ouvrier doit consacrer presque tout son temps à l'exercice de sa profession, le bien-être de la famille est dû essentiellement à l'activité et au dévouement de la femme.
Les enfants donnent quelque assistance à la mère dans les travaux du ménage. L'ainé l'aide principalement dans les travaux qui se rattachent à la garde et à la nourriture du cochon.
5 paires de draps en toile, 50f00.
ils sont simples mais soigneusement entretenus.
Ici, comme il arrive ordinairement, ce trait de la vie domestique peint parfaitement les habitudes d'ordre et d'économie qui règnent dans la famille.
Aller à la page : "Vêtements"
Chant scolaire : La Morvandelle (Sur l'air du : Galant de la Nannette) - BOUCHOR et TIERSOT - Chants populaires pour les écoles, 3è série, p. 30 (Librairie Hachette).
Le 31 octobre 1903, l'Amicale des Instituteurs et des Institutrices de la Nièvre avait invité à la fête et à son banquet annuels M. Dessez, inspecteur d'Académie dans le département depuis 1900, et le poète Maurice Bouchor qui avait déjà publié ses deux premiers recueils de Chants populaires pour les Ecoles. Au dessert, M. Dessez se leva et, dans un charmant discours, prit aimablement le poète à partie : il avait chanté toutes les provinces françaises, mais n'avait rien dit de cette petite Suisse française qu'est le Morvan, rien de cette partie si riante de la plaine de la Loire qu'est le Nivernais... L'omission est grave, elle nous est douloureuse, il faut la réparer, dit M. Dessez. Et il pria l'Amicale de la Nièvre de se joindre à lui pour demander à l'ami des instituteurs la composition d'une Nivernaise. - D'une Morvandelle ! cria une voix dans la salle. - Soit ! répliqua M. Dessez. Et, pour renseigner le poète, il esquissa à grands traits le passé du Morvan, le suprême effort des Gaulois au sommet du Beuvray à Bibracte ; la IIe Croisade, cette héroïque folie, et le mouvement communal, nés au pied de la basilique de Vézelay ; le travail de Vauban, notre compatriote ; le soulèvement du 5 décembre 1851 pour résister au coup d'Etat. Il décrivit les rivières morvandelles et le flottage, évoqua le départ des nourrices pour Paris.
M. Dessez m'ayant soufflé tout ce qu'il fallait dire, écrit le poète, un instituteur de la Nièvre ( C'était M. Méténier, instituteur à Avril-sur-Loire qui, sous le pseudonyme de Jean Stramoy, venait de publier le recueil où figurait Le Galant de la Nannette ) m'offrit un bouquet de mélodies morvandelles. J'en cueillis une qui sentait bien le terroir ; elle aussi me parla du Morvan à sa façon ; et je n'eus pas grand chose à faire, comme vous voyez, pour rimer la chanson que vous allez entendre.
Chanteuse : Maryse Martin - « Petite géographie de France en 158 chansons »
Chanteur : Zipp (Henri Morineau) - Disque : Vielles danses du Morvan - Les maitres sonneurs du Morvan sous la direction de Marc Chevrier - 1963
Marcel Corneloup et son ensemble vocal - La chanson populaire en Morvan - 25 juin 1988
CD - "Chansons du Morvan" - Chanteurs et musiciens de l'U.G.M.M. - Juin 2003
1 - Allons, les Morvandiaux, 2 - Il souffle un âpre vent 3 - On veut la liberté 4 - Jadis - on nous l'a dit - 5 - Pourtant nous subissons 6 - Allons, les Morvandiaux, | Aillons las Morvandiaux Y souffle un âpre vent On veut lai liberté Jadis, on nós l'ai dit, Pórtant in' subissons Aillons las Morvandiaux Lai Morvandélle - Traduite de Maurice Bouchor par Roger Dron - 2004 |
Les Morvandiaux de Paris, ayant cette chanson comme hymne, ont rajouté un 7ème couplet que voici :
7 - Chantons les Morvandiaux,
Vive la "Morvandelle"
Et crions tous très haut
Not' Société est belle,
Not' Société est belle et la seule à Paris
Où tous les Morvandiaux sont reçus en amis...
Rêveurs de coups d'État, Césars de quatre sous,
Les braves Morvandiaux se moquent bien de vous.
Ces deux vers goguenards se comprennent bien si on se rend compte que Louis-Napoléon, tout comme son oncle, a voulu être empereur (donc César).
Pour souligner le désir de liberté des Morvandiaux, Maurice Bouchor parle du coup d'État commis par Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. à‚¬ Paris, Louis-Napoléon veut chasser l'Assemblée législative pour être le seul maitre. Les chefs républicains, qui s'opposent à lui, essaient d'organiser des insurrections. Comme l'armée lui est restée fidèle, Louis-Napoléon peut aisément réprimer la rébellion.
La propagande démocratique des républicains a eu beaucoup de succès dans le Morvan. La région de Clamecy résista avec une rare énergie à ce coups d'Etat. Les républicains, après avoir tenu du 4 au 8 décembre, furent écrasés par les forces armées dont le préfet investit la ville. Plus de 500 insurgés furent arrêtés ; 6 furent condamnés à mort, 344 emmenés à Cherbourg et déportés.
Ils firent bien danser les moines leurs seigneurs,
Repus de leur misère et gras de leur sueur
Ces deux vers ne sont pas faits pour enthousiasmer les cléricaux. La Morvandelle est interdite dans les écoles.
L'abbaye bénédictine de Vézelay fut fondée au IXème siècle par Girard de Roussillon. Les reliques de Marie-Madeleine ayant été transportées de Provence à l'église de l'abbaye, les pèlerins affluèrent, enrichissant le monastère et la ville. Mais le pouvoir absolu des moines, les lourds impôts qui grevaient les propriétés et le commerce, les vexations de toutes sortes poussèrent les habitants à chercher leur affranchissement...
Les deux vers renvoient à la révolte qu'il y a eu en 1167 au pied de la basilique de Vézelay. Grâce à cette révolte, les habitants de la commune de Vézelay obtiennent des moines une charte écrite qui leur garantit des libertés tant souhaitées dans la région.
Bouchor a composé La Morvandelle en 1903. Est-ce que la révolte de 1167 n'est pas un peu très éloignée dans l'histoire ? Tout devient clair quand on se rend compte que la France, au début du vingtième siècle, est déchirée par des dissensions profondes entre les Républicains et l'Église catholique. Le bloc des gauches étant majoritaire à l'Assemblée, il réussit à faire voter contre les congrégations religieuses la loi sur les Associations en 1901. En 1904 il y a la rupture avec le Saint-Siège suivie en 1905 de la fameuse loi de séparation entre l'État et l'Église. En d'autres termes, la présence de la strophe 4 de La Morvandelle s'explique aisément.
Pour sauvegarder l'hymne régional, on trouve un compromis : la suppression du quatrième quatrain. Dorénavant les écoliers apprendront un texte tronqué. (Ecouter la version de 1963 - Pas de quatrième couplet...)
Wim Kruize - Vents du Morvan N°56
1 - Allons les morvandiaux ! 2 - Pourtant dans nos pays 3 - De St André à Glux 4 - Paysans morvandiaux |
5 - Et ces messieurs de la ville 6 - Pourquoi les gars les filles 7 - Le parc et son château 8 - Mais nous les Morvandiaux |
Chanté pour la première fois à Dun-les-Places en juillet 1977 par son auteur Philippe Berte-Langereau
L’almanach du Morvan – 1979 – Lai Pouèlée
Souvenir des fêtes des anciens "P. G." de Château-Chinon
Fête du retour : 4 novembre 1945
Fête anniversaire des "Premiers retours" : 16 mars 1947
Air : La Morvandelle - Paroles de Louis PERCEAU (1 B 54.361)
I - Voici les Morvandeaux, gloire à « La Morvandelle », II - Ils sont depuis cinq ans des prisonniers de guerre, III - Mais le gars, fier et fort parmi la solitude, IV - A ceux qui prétendaient gouverner tout sur terre, V - Aujourd'hui, ses enfants sur terre hospitalière, VI - Allons les Morvandeaux que la fête soit belle, |
Deuxième partie composée pour la « Fête du retour » VII - C'est ce que nous chantions, le coeur plein d'espérance VIII - Nous voici revenus au lieu de notre enfance ; IX - Pour des remerciements, si quelqu'un de nous plaide, X - D'autres auront aussi la part de gratitude XI - Vous nous voyez joyeux, c'est vraiment une fête XII - Allons les Morvandeaux, allons les Morvandelles, |
CD - "Chansons du Morvan" - Version Madison chantée par le groupe "Les Ragouts" - UGMM Juin 2008
Maryse Martin :
Née à Paris le 14 décembre 1906, Marie Bourintein passe ses jeunes années dans une petite commune du Morvan, Amazy, non loin de Clamecy. Ses parents, Victor et Amandine, entourent d'affection cette fillette qui, pendant la fatale maladie de sa maman, va se transformer en ménagère, infirmière et consolatrice de son père ; cette douloureuse épreuve marquera son caractère de façon indélébile. Avec une dispense, à 12 ans, elle décroche le certificat d'études, et obtient une bourse pour ses études secondaires, envisageant l'entrée à l'Ecole Normale des Instituteurs. En pension à Clamecy, elle fait rire toutes les élèves, racontant de son accent morvandiau noces, battages et foires qui ont bercé son enfance.
Lors d'un retour au pays, au cours d'une fête, elle danse avec Henri Bromont, « le plus beau gars du bal », ébéniste de métier. Henri deviendra son mari et le père de leurs deux enfants, Monique et Pierre. Le couple s'installe à Paris, où Marie s'est fait muter et loge au dessus du café « Les Batifols » où, le soir elle chante de manière amusante des succès de Maurice Chevalier et Lucienne Boyer. Sur les conseils de ses partenaires, elle décide alors de devenir Maryse Max.
En 1937, Maryse décroche son premier passage à la radio. Roger Ferral lui conseille de garder son accent du terroir et de renoncer à ce nom de Max, trop citadin : Maryse Martin nait ce jour là .
En 1938, elle devient membre du groupe folklorique: « La Bourrée Morvandelle » et René de Buxeuil lui fait : « O mon Morvan » qui devient le second hymne du Morvan.
Chanté par Annie de "La Sauteriotte" en 2018
Humble enfant du Morvan perdu dans la grand' ville,
Ton souvenir au coeur, me met un peu d'espoir.
Sans découragement et sans plainte inutile
J'attends avec ferveur l'instant de te revoir.
Refrain
O mon Morvan, terre bénie,
Je pense à toi la nuit, le jour,
Je t'aimerai toute ma vie
O mon Morvan, mon pays, mon amour.
Tes champs, tes monts, tes bois où les yeux se reposent
Tes étangs encerclés de pervenches en fleurs,
Tes plaines qu'en chantant l'Yonne et la Nièvre arrosent
M'emplissent de fierté, de joie et de douceur.
Le vent, ce voyageur entrant par la fenêtre,
M'apporte chaque soir les parfums chauds et doux,
En l'écoutant chanter soudain je sens renaitre
Tout au fond de mon coeur les vieux airs de chez-nous.
Et quand l'heure viendra de la grande aventure
Je veux, o mon pays ; chez-nous fermer les yeux,
Faire mon dernier somme en ta belle nature,
Dormir entre tes bras auprès de mes aïeux.
Tous les gars du Morvan pour libérer leur terre
Contre l'envahisseur ont surgi du maquis,
El tous unis au sein de la France, leur mère,
Ils garderont leurs droits à jamais reconquis !
Le 18 mai 1984, Maryse Martin quittait son appartement parisien rue de la Roquette pour reposer définitivement à Amazy, auprès de son époux et de ses parents.
Par Noëmie Chaudron
Conception et remerciements :
Ce livret a été conçu par l'Office de Tourisme de Saulieu
En partenariat avec les associations suivantes:
Cliquez sur l'image pour voir le livret
Comment le Capitaine eut peur - Conte de Claude Tillier - 1842
Le Morvand - J-F Baudiau - 1854
Saint Honoré les Bains - Guide médical et pitoresque - E. Collin et C. Chaleuf - 1865
Patois et locutions du Pays de Beaune - Charles Bigarne - 1891
Le Morvan, étude de géographie physique - M. F. Lennel - Mémoires de la Société Bourguignonne de géographie et d'histoire - Tome XII - Dijon 1896
Glossaire du Morvan - Eugène De Chambure - 1878
XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune - Maurice Emmanuel - 1914
Les populations forestières du centre de la France : Morvan, Bas Nivernais, Puisaye - Comte de DAMAS D'ANLEZY - Octobre 1907
Le Morvan Coeur de France - Joseph Bruley
Vents du Morvan N° 6 - Michel Hortigue - Joseph Pasquet
Un coin du Morvand (Le canton de Lormes) - Armand BILLAUD - 1900
Bulletin de la Société d'études d'Avallon. Tissier - Curé de Saint-Germain-des-Champs - 1904
Pays de Bourgogne N° 109 et 110 - 1980
Folklore du Nivernais et du Morvan - Jean Drouillet
Recueil de Chants populaires du Nivernais (Deuxième Série)
L'almanach du Morvan - 1980 - Lai Pouèlée
Voyage en France - Ardouin-Dumazet
À la France - Sites et Monuments - Le Morvan (Nièvre - Yonne) - Touring-Club de France - 1905
Renseignements sur 2 familles - Recueilles sur les lieux, de 1839 à 1855, par MM. A. De Saint-Léger et F. Le Play
L'écho du Morvan - Bulletin de l'Appui Fraternel des Enfants du Morvan à Dijon - Lucien Hérard - Décembre 1975
Le Haut-Morvan et sa capitale Château-Chinon - Joseph Pasquet - 1976 (Edition Chassaing)
L'encinémathèque : Maryse MARTIN (1906 / 1984)
Vents du Morvan - Magazine associatif
Le Morvan - Echos et reflets - Renseignements touristiques - E. Boulle, Imprimeur-Editeur - Château-Chinon (Nièvre)
Cassette : La chanson populaire en Morvan (Chansons de métier - Chansons de la terre) - Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Académie du Morvan - 1988
« Le Morvandiau de Paris » de février 1993 - Ancienne Gazette du Morvan : journal officiel de la société « La Morvandelle »
Bourgogne Magazine - Printemps 2018 - N° 57 - Pages 170 et 171
Hé pourquoi pas ! Ces pages sont un cumul de plusieurs documents qui me sont passés entre les mains.
Par envie de trouver divers renseignements sur le Morvan au même endroit.
Par désir de communiquer.
Parce que cela me fait plaisir...
Patrick Bareille
3, allée du 8 mai 1945
21121 Fontaine-Lès-Dijon
FRANCE
Un petit mot ! Alors c'est ici : patrickbareille@gmail.com