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Le chauffage à Paris

Du jour où disparurent ces hautes et profondes cheminées à tout jamais éteintes, dont quelques rares spécimens ornent encore les vieux hôtels du quartier Saint-Germain et du Marais, il y eut une révolution dans l'art de se bien chauffer et de mener à point un gigot. Les marchands de bois d'alors en furent les premières victimes, mais ils étaient gens de ressources et se mirent vite à l'unisson de la réforme. Le public n'allait plus vouloir utiliser leurs grosses branches bien fournies de menus bois pourtant, mais devenues trop longues, et par là trop encombrantes; on ne lui en servirait plus. Et de concessions en concessions, de tailles moindres en tailles moindres, le contenant s'obstinant à diminuer encore et toujours, leurs descendants en arrivèrent à nous créer un fagot bien spécial et mieux approprié à toutes les exigences de notre confort moderne.
Lui seul convient dans sa petite personne à nos fourneaux fin de siècle et à nos cheminées atrophiées; il n'est pas gros, peu gênant, mais rachète sa taille de pygmée par le nombre, car il pullule à Paris, où sous le nom de « margotin » il rend à tous de grands services..
Demandez-le plutôt à votre cordon bleu qui l'achète, ou à votre voisin le charbonnier qui le lui vend. La première vous dira qu'elle ne peut s'en passer et le second appuiera qu'il vous est indispensable. Après cela vous n'aurez qu'à vous incliner, car ce sont deux puissances avec lesquelles il vous faudra compter un jour où l'autre..
Mais d'où vient cet objet si précieux ? Combien l'ignorent ! Les environs boisés de Paris n'en fournissent guère ; le massif forestier de Seine-et-Marne quelque peu, et il faut aller beaucoup plus loin, là-bas en Nivernais et jusqu'aux confins de la Bourgogne pour être en plein centre de production. Mieux que toute autre, cette région offre en effet tout ce qui concourt à l'épanouissement de cette industrie. Bois étendus et venant bien, bonnes essences et coupes faciles, voies de débouché tendant toutes, canaux et chemins de fer, vers un marché de consommation unique, Paris.


Ordonnance N° 1142 du 27 octobre 1824

N° 1142. -- Ordonnance concernant la vente des falourdes, fagots, cotrets et margotins.
Paris, le 27 octobre 1824.

Nous, conseiller d'Etat, préfet de police ;
Vu les articles 2 et 32 de l'arrêté du gouvernement du 12 messidor an VIII (1er juillet 1800), et l'article 1er de celui du 3 brumaire an IX (25 octobre suivant);
Vu aussi l'ordonnance du bureau de la ville, du 29 septembre 1784, et l'ordonnance de police du 21 ventôse an XI (12 mars 1803), concernant la vente des falourdes, fagots et cotrets.
Ordonnons ce qui suit :

- 1. Les dépôts et ventes de falourdes, fagots, cotrets et autres menus bois, dans le ressort de la préfecture de police, ailleurs que dans les chantiers et sur les bateaux, continueront d'être soumis, comme par le passé, à l'autorisation spéciale du préfet de police,
- 2. Les regrattiers ne pourront avoir chez eux, à la fois, plus de seize stères de bois de corde, neuf ou flotté, y compris le bois destiné à leur consommation particulière, ou l'équivalent en falourdes, fagots, cotrets et margotins. (Ordonnance du 29 septembre 1781.)
- 3. Il est défendu aux regrattiers de vendre le bois de corde autrement qu'à la falourde.
- 4. Les falourdes de bois de corde auront de cinquante-cinq à cinquante-huit centimètres de longueur et quatre-vingts centimètres de circonférence. (Ordonnance précitée, art. 3.)
- 5. Les falourdes doivent être composées de bois blanc ou de bois dur, neuf ou flotté.
Il est défendu de faire aucun mélange de ces différentes sortes de bois, (Même ordonnance, art. 2.)
- 6. Chaque falourde de perche doit avoir un mètre quatorze centimètres de longueur et un mètre de circonférence. (Idem, art, 5.)
- 7. Les fagots de menuise auront un mètre quatorze centimètres de longueur et 70 centimètres de grosseur. (Idem.)
Les fagots de bois taillis devront avoir un mètre quatorze centimètres de longueur et cinquante centimètres de tour, et être garnis de leurs parements et remplis en dedans de bois et non de feuilles.
Les fagots dits picards doivent avoir un mètre quatorze centimètres de longueur de rames, quatre-vingts centimètres de parements, et cinquante centimètres de circonférence.
Et les fagots dits de Brie, un mètre quarante-cinq centimètres de longueur de rames et de parements, et cinquante centimètres de circonférence.
- 8. Les cotrets d'Orléans doivent avoir un mètre quatorze centimètres de longueur, sur soixante-dix centimètres de circonférence ;
Ceux de la Loire, un mètre quatorze centimètres de longueur, sur soixante-dix-neuf de circonférence ;
Ceux de Briare, un mètre quatorze centimètres de longueur, sur soixante-dix-sept centimètres de circonférence ;
Et ceux dits Picards, soixante-six centimètres de longueur, sur cinquante centimètres de circonférence.
- 9. Les margotins doivent avoir cinquante-cinq centimètres de longueur de rames et quarante centimètres de longueur de parements sur quarante centimètres de circonférence.
- 10. Il est enjoint aux marchands de bois et aux regrattiers d'avoir une chaîne confectionnée de manière à pouvoir justifier des dimensions ci-dessus déterminées :
Elle devra être dûment vérifiée et revêtue du poinçon du gouvernement;
Les chaînons seront d'un centimètre de longueur ;
Les demi-décimètres seront distingués par un chaînon jaune;
Il sera adapté à la chaîne des petits anneaux pendants et correspondants aux divisions prescrites : Ces anneaux seront aplatis' pour recevoir le poinçon du gouvernement ;
Au bout de la chaîne que les marchands de bois, tenant chantier, seront obligés d'avoir, il y aura deux anneaux de cuivre ;
L'un de ces anneaux aura intérieurement seize centimètres de circonférence;
Il servira à vérifier les bois qui, étant réputés menuise, ne peuvent pas être mis dans la membrure.
- 11. Il est défendu aux regrattiers de vendre d'autres bois à brûler que ceux dont les dénominations et les dimensions sont déterminées par la présente ordonnance,
- 12. Il leur est pareillement défendu d'avoir du feu dans les endroits où leurs bois sont déposés. Ils ne pourront y porter de la lumière que dans des lanternes fermées.
- 13. Il est défendu de colporter et de vendre dans les rues aucune espèce de bois et spécialement aucune falourde, fagots, cotrets ou margotins. (Ordonnance du 13 novembre 1787.)
- 14. Il sera pris envers les contrevenants aux dispositions ci-dessus telles mesures de police administrative qu'il appartiendra, sans préjudice des poursuites à exercer contre eux par-devant les tribunaux, conformément aux lois et aux règlements qui leur seront applicables.
- 15. La présente ordonnance sera imprimée, publiée et affichée.
Les sous-préfets des arrondissements de Saint-Denis et de Sceaux, les maires des communes rurales du ressort de la préfecture de police, le chef de la police centrale, les commissaires de police, les officiers de paix, le contrôleur général du recensement et du mesurage des bois et charbons, les inspecteurs des poids et mesures et les autres préposés de la préfecture de police sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de tenir la main à son exécution.
Elle sera adressée à M. le colonel commandant la gendarmerie royale de Paris, et à M. le commandant de la gendarmerie du département de la Seine, pour en assurer l'exécution par tous les moyens qui sont à leur disposition.

Le conseiller d'Etat, préfet de police, G. DELAVAU


Les étapes d'un margotin

L'arrondissement de Clamecy en entier et la plus grande partie de ceux de Cosne et de Château-Chinon dans la Nièvre, d'Auxerre et d'Avallon dans l'Yonne assurent la fourniture des bourrées dont on tire le margotin. Celui-ci ne se fabrique pas indifféremment ici ou là en pleine forêt, comme l'industrie des sabots ou du charbon lui en donne l'exemple. Pour diverses causes, cette fabrication sur place a été reconnue peu pratique; elle est tout à fait abandonnée aujourd'hui. Le transport est trop onéreux, eu égard à la valeur du produit, et le recrutement d'ouvriers isolés peu facile, même pour l'acheteur de tout un lot de forêt.

Ensemble d'un chantier sur les bords de l'Yonne - M. Desvignes
Ensemble d'un chantier sur les bords de l'Yonne - M. Desvignes
Pendant l'été, et bien souvent plus tôt, celui-ci parcourt la coupe dont il compte se rendre acquéreur aux enchères où à l'amiable. Il scrute les souches, examine les brins, en apprécie la feuille, et se montre satisfait si elle a de 18 à 25 ans; c'est la belle âge, opine en bourrant sa pipe le garde qui le pilote. C'est aussi la meilleure époque pour le margotin; plus âgée, la branche est parfois trop grosse ou desséchée, plus jeune, elle est peut-être plus abondante, mais le bois de chauffage est moins marchand et le fagot ne rachète pas toujours la différence. En cela comme en bien d'autres choses, il faut s'en tenir au juste milieu.
Le taillis s'exploite l'hiver, et la ramille est façonnée sur place en fagots d'un mètre de circonférence, sur toute sa longueur naturelle; c'est la bourrée commune du paysan; on en tire de cinq à sept margotins de 0m30 de longueur sur 0m12 de diamètre. Comme on le voit, ce n'est pas un commerce spécial, isolé, indépendant, mais bien une branche du commerce en gros du bois, mieux même, une industrie qui en dépend. Elle lui permet d'écouler la ramille qu'il vendait autrefois aux nombreuses tuileries du pays, établissements anéantis depuis l'emploi de l'ardoise et des tuiles mécaniques.
Les essences de bois durs sont de beaucoup les plus recherchées; ce sont : le chêne, le charme, le hêtre; les essences tendres comme le bouleau, le tremble et l'aulne sont beaucoup moins estimées. Dès les premiers jours de mars, la fabrication des ramilles est terminée en forêt; elles sont alors conduites dans les chantiers, où la confection du margotin commence sans retard, pour se poursuivre activement jusqu'en octobre. Les marchés se traitent en avril, à livrer pendant la belle saison, c'est-à-dire jusqu'à la fin de septembre. Si donc, bons Parisiens que vous êtes, votre bonne attendrie par les doux yeux du charbonnier ou par quelque eau de noyau dont il a seul le secret, laisse passer dans le tas un margotin de bois vert, tenez-le pour apocryphe ou complètement étranger aux coteaux de la Bourgogne ou du Nivernais.
Les plus grands chantiers de bois de la région sont à Clamecy, Château-Chinon, Auxerre, Avallon, Cosne, etc.; toutes ces villes en possèdent plusieurs, mais Clamecy revendique pour ses quais la plus grosse part des envois sur Paris.
Petit à petit, le marchand a reçu toutes ses bourrées, les ouvriers aussi sont venus, jeunes et adultes, mais surtout vieillards; de femmes, peu ou point.
Chacun suppute rapidement la valeur de la coupe de l'année, on discute, oh! sans bruit, sans éclat, ce qu'elle donnera, la bonne façon de tel lot, les branches par trop contournées de tel autre. Tout en racontant force histoires qui font écarquiller les oreilles des jeunes, les vieux commencent à monter les abris, vrais gourbis d'Arabes algériens, aux flancs épais et solides, car il fera chaud travailler au soleil de l'été.

Atelier d'un margotinier - L'abatage des batonnets - M. Desvignes
Atelier d'un margotinier
L'abatage des batonnets - M. Desvignes

Puis on s'installe, on approche son atelier, ses fagots et l'on commence son oeuvre sans en débattre beaucoup le prix, 1 fr. 50 à 1 fr. 75 le cent, c'est un prix fait, connu et accepté de tous. Il surgit de ce fait fort peu de difficultés, et les grèves sont rares. Faut-il attribuer cette rareté à l'absence d'éléments étrangers? Peut-être, mais aussi et surtout parce qu'installée au centre même d'agglomérations ouvrières vivant du commerce du bois, cette industrie procure à quelques-uns de ses membres, aux vieillards surtout, un travail proportionné à leurs forces et dont ils savent apprécier le rendement. Sérieux et régulier dans son travail, l'ouvrier des ateliers de margotins, le margotinier, commence sa journée d'été à cinq heures du matin pour la terminer vers neuf heures le soir; c'est la journée de travail de l'homme des champs.
Ici la mécanique n'a rien à voir encore; le pourra-t-elle jamais ? Le margotin est donc fait de mains d'hommes, et le bois employé coupé à l'aide d'une forte serpe.

Atelier - Ecomusée du flottage de Clamecy (58)
Atelier - Ecomusée du flottage de Clamecy (58)
Atelier - Ecomusée du flottage de Clamecy (58)

L'atelier qui le reçoit se compose d'une petite table reposant sur quatre pieds; elle a 0m50 de hauteur en général, mais peut varier suivant la taille de l'homme, sa largeur est de 0m39, sa longueur 0m85 et son épaisseur de 0m06 à 0m07. Dans le milieu de cette table, à 0m28 l'une de l'autre, sont fixées deux sortes de fourches arrondies à leur base interne, ayant 0m30 de hauteur et 0m11 d'écartement intérieur; c'est une sorte de grand moule à bottes d'asperges. Sur les extrémités de cette table sont fixés deux crochets en fer destinés à maintenir pendant le liage des bâtonnets prêts à serrer comme il convient le margotin. Ces bâtonnets de 0m68 de longueur sur 0m12 de circonférence, sont percés, à environ 0m10 de leur extrémité et reliés entre eux par une corde d'environ un centimètre de diamètre et de 0m75 de longueur.
L'ouvrier s'est donc mis au travail près de ses bourrées déliées, un tas de liens à sa portée; il prend une rame, la plus grosse de 0m07 à 0m10 de tour, la coupe en trois ou quatre morceaux, ce sont les parements, et les place au fond des fourches. Puis, du genou, il plie la ramille, la place sur les parements et termine le tout par une rame munie d'un court crochet dans son milieu. Une fois les fourches pleines, il saisit de chaque main l'un des bâtonnets, la corde qui les relie passée sous le futur margotin, il abat vigoureusement de chaque côté et la corde serre les parements autour de la ramille. Tout cela résiste bien un peu pour la forme, crie au besoin, se froisse, se heurte, mais la pression, continue, est sérieuse et tout rentre dans le devoir, c'est-à-dire dans le diamètre voulu.
La toilette - M. Desvignes
La toilette - M. Desvignes
L'homme arrête alors les bâtonnets sous les crochets de fer, il ne reste plus qu'à mettre le lien définitif. Il le prend, le passe près de la corde, le ramène en dessus, en tord les extrémités et les arrête contre le crochet de la rame supérieur.
Cela fait, il peut sans crainte retirer les bâtonnets et dégager le margotin, mais il reste encore une petite opération finale, la toilette utile pour donner du chic à la marchandise et aussi... pour augmenter les petits bénéfices, car les déchets appartiennent à l'ouvrier. Quelques coups de serpe suffisent pour cela et donnent ce cachet d'élégance qui fera dire au connaisseur : "C'est ça". Chaque chantier, Pour ne pas dire chaque atelier, a la prétention d'avoir le coup de main propre à donner ce cachet; cela ne fait de mal à personne et entretient l'émulation.
Le lien joue un rôle très important dans la forme, la durée et la valeur du margotin. En osier, malgré ce que l'on en pourrait croire, il n'offre pas les garanties d'une résistance à la longue conservation, certains insectes s'attaquent facilement dans son âge mûr, les heurts du voyage peuvent alors l'affaiblir, et gare l'éclatement. Pour éviter ce malheur, on a recours aux tiges d'un arbrisseau assez répandu dans les massifs forestiers du centre de la France, où il forme un abondant sous bois, surtout dans les cantons en pentes des forêts de la Nièvre et de l'Yonne. Ici on le nomme "mancienne", ailleurs "bourdaine", plus loin "pudet"; sous ces trois noms ce n'est en somme qu'une seule et même espèce du genre fusain, très apprécié des fabricants de charbons légers pour le dessin, et dont l'État tire un excellent parti dans la fabrication des poudres de chasse.


Voilà donc notre margotin fini, bien fini ; en attendant son départ il va s'entasser nouveau venu sur une meule journellement accrue avec soin, puis un beau jour entre mai et octobre, soit par bateau, soit par chemin de fer, il s'achemine vers la capitale. Le prix de transport de ces deux modes d'expédition est à peu près le même, environ 7 fr. 50 la tonne au départ de Clamecy. Au temps où la voie d'eau existait seule, le port de cette ville avait un trafic très considérable ; s'il a perdu depuis, il n'en faut point rendre seule responsable la voie ferrée, mais les conditions économiques et commerciales qui ont modifié tant de choses.

La mise en tas des margotins - M. Desvignes
La mise en tas des margotins - M. Desvignes

Malgré cela, une bonne part des margotins suivent encore la voie de l'eau. Le canal du Nivernais les transporte à Auxerre, où par l'Yonne ils gagnent Montereau et de là Paris, par la Seine.
C'est un long voyage sans doute, mais comme certains vins, le petit fagot aime à voyager et à vieillir. De fait, cette navigation estivale au grand air le met à point, et c'est très sec qu'il arrive aux fossés de la Bastille où viendront le prendre les voitures des grands marchands de bois.
Le plus fort tonnage des bateaux atteint 265 tonnes, mais en réalité, vu l'insuffisance de profondeur de la voie navigable, on ne saurait sans danger en utiliser plus de 220. C'est encore fort raisonnable, et il faudrait bien des wagons pour supporter pareille charge puisque chacun d'eux ne peut contenir plus de 5,200 margotins de 1 kilo.
Vermenton - Fabrication des margotins.
Vermenton - Fabrication des margotins.
On les y place soit par paquets de 25, soit par cadres représentant chacun le quart de wagon.
Une fois dans les chantiers parisiens, le margotin attend sous de larges hangars l'heure d'aller au feu, mais bien des tribulations l'attendent encore.
Le cheval qui l'y trainera peut s'abattre sur le pavé glissant, et s'il est mal confectionné, si le lien qui l'enserre n'est pas solide, il éparpillera dans le ruisseau ses brindilles desséchées. Après pareille aventure, il se produit parfois, oh ! rarement, nous ne devons pas en douter, le miracle de la multiplication... des margotins.
De deux, disent les mauvaises langues, un charbonnier en reconstitue trois, mais hélas! ce n'est point vous qui profiterez de ce miracle, soyez-en sûr.
Bien fabriqué il résiste à toutes ces vicissitudes physiques et morales et, en le voyant brûler, vous pourrez dire : "Ah ! la bonne flambée".


Vermenton - Fabrication des margotins - 1905

Tout le long de l'Yonne, dans toutes les gares, une industrie curieuse est installée du mois d'octobre jusque vers le printemps. C'est la fabrication des margotins, dont les ménagères de Paris se servent pour allumer le feu. Les branchages secs sont amenés en gare et coupés en petits paquets d'une longueur déterminée.
Ces petits fagots sont liés avec des fils de fer ou de l'osier, et sont chargés sur les wagons. A Surgy, à Vermenfon, à Arcy-sur-Cure, on peut voir à la gare des ateliers de ce genre.



Sources

Collection officielle des ordonnances de police depuis 1800 jusqu'à 1844. Tome 2
Le Chauffage à Paris - Les étapes d'un margotin - G. De Lesbons - Le Monde illustré (1857) - Photographies de M. Desvignes
À la France : sites et monuments - Le Morvan (Nièvre-Yonne) - 1905 - Onésime Reclus (1837-1916).