Le MorvandiauPat | Les chansons |
En 1852, le ministre de l'instruction publique, M. Fortoul, provoquait un décret ordonnant la publication des chants populaires de France ; Champfleury et Weckerlin préparaient leur recueil, qu'allaient suivre de nombreux travaux, sous l'impulsion donnée successivement jusqu'à nos jours par MM. Gaston Paris, Eug. Rolland, H.Gaidoz, Ed. Schuré, Paul Sébillot, Julien Tiersot, etc.
J'ai été à même de remarquer que le paysan nivernais (je vise surtout le Morvandeau) qui parle patois, s'applique à chanter presque toujours en français. Dans le parler de son village, il me dira les contes, les légendes. Faut-il chanter ? Plus de patois, sauf pour quelques chansons absolument facétieuses ou ironiques. Le même fait a été constaté par tous les collecteurs. Je ne parle pas ici de certaines chansons devenues populaires, mais composées par des lettrés ou des demi-lettrés : les adieux du soldat morvandiau, la lettre du soldat, etc.
Achille Millien - Beaumont-La-Ferrière, avril 1906
C'est un répertoire profondément monodique, tout est imbriqué : la mélodie, la narration, la fonction, le tempérament, la pose de voix, l’ornementation, les micro-variantes.
Le répertoire de tradition orale, en français, est attesté surtout à une voix (soliste ou groupe chantant à l’unisson en réponse à un meneur, par exemple)
La conduite vocale entendue sur les documents sonores montre que la pose de voix se construit pour cette forme monodique, c’est-à-dire se place de manière à sélectionner les sons harmoniques, et ce, quelles que soient les régions, voire les pays...
...La respiration est continue, les interruptions sont fonctionnelles. Elle sert aussi d’accent, on interrompt le mot, c’est aussi, parfois, pour marquer l’importance du texte.
Le texte est important, on le met en valeur au détriment de la « mesure », on n’hésite pas à ajouter des temps supplémentaires si la narration le demande.
Chanter, c’est surtout raconter ou faire vivre une fonction, un rituel (danser pour battre le sol d’une nouvelle maison, bercer, marcher, travailler.)
La pensée musicale est horizontale, très différente de celle dont nous avons l’habitude aujourd’hui : la verticalité des sons se vit comme une superposition de monodies, ou de lignes narratives. Et non pas comme la réalisation pensée d’accords...
Source : Le répertoire de la chanson traditionnelle en français (article complet) sur le site de la "Compagnie Beline" - Copyright : ©Évelyne Girardon
Les chants populaires du Nivernais et du Morvan offrent tous les caractères moyens des chants traditionnels recueillis en France et dans les pays de langue française : leur art est fait de simplicité.
Beaucoup d'airs anciens n'ont ni mesure, ni rythme bien déterminés ; ils se terminent souvent sur une autre note que la tonique et peuvent n'avoir pas de note sensible. Simplicité aussi pour les paroles : la rime est remplacée par l'assonance et les subtilités des patois y sont rares. Quant aux sujets développés, à part les grandes complaintes à réminiscences historiques, ils se rattachent à la vie courante.
Pas de recherche et peu d'imagination. Un événement frappe-t-il l'esprit ? Une chanson naît. Achille Millien notant que l'ironie est l'un des traits de notre caractère national, écrivait : « Tous les faits sont soumis au badinage, à la raillerie, souvent sans pitié, de la chanson populaire ». C'est de l'art vivant, en perpétuel devenir, essentiellement humain ; c'est, en somme, toute l'existence paysanne en chansons, toute la littérature chantée présidant à chacune des heures de la vie et du calendrier. Du berceau à la tombe, des promesses aux épousailles, des semailles aux moissons, de Dieu aux saints : une suite de couplets
naïfs, charmants, timides, tendres, clairs, enthousiastes... légers, grivois, musiqués en majeur, en mineur, aux rythmes binaires ou ternaires, souvent mêlés.
Ainsi, « pour une fin unique, trois éléments se conjuguent, verbe, musique et rythme, le dernier emmêlé à chacune des deux autres forces » (cf. Coirault - Notre chanson, op. cil. p. 201-204.). Mais priorité des paroles sur la musique car « seules les paroles appartiennent au poète populaire. La mélodie vient d'ailleurs ».
...La chanson est le baume capable de sécher les larmes et de donner du coeur à l'ouvrage. Cela peut sembler puéril : ces naïvetés, ces gaucheries, cette imagerie de sons et de rimailles. N'est-ce pas la peinture des âmes droites et simples de nos paysans ? Pas de savants accords plaqués sur de grands mots : le coeur vaut mieux que l'esprit. Et le peuple de chez nous chante ce qu'il saisit bien ; il ramène tout à sa propre taille. S'il orne, s'il enjolive, s'il aime le merveilleux, c'est que parure et féérie répondent à ses propres sentiments.
L'emploi du parler local est peu courant, sauf pour des rondes chantées et quelques petites aventures galantes où, pour souligner l'opposition des personnages, alternent français et patois. Millien, qui avait justement remarqué que, si le paysan pouvait dire contes ou légendes en patois, il chantait toujours en français, mettait à part, bien sûr, des compositions non traditionnelles,
comme les Adieux du soldat morvandiau...
Source : Folklore du Nivernais et du Morvan - Tome 7 - Jean Drouillet
Chanteur, metteur en scène, acteur et créateur de spectacles (son premier, Les Habits du dimanche, en 1983), Serge Hureau a fondé et dirige depuis 1990 le Hall de la chanson, Centre national du patrimoine de la chanson, soutenu par l’Etat et la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem).
De toutes les disciplines artistiques, je pense que c’est celle qui est d’abord la plus rassembleuse, la plus populaire. Un objet, constitué d’une mélodie, d’un texte et d’une (ou plusieurs) voix, qui même quand il est écrit reste lié à l’oralité et peut se transmettre facilement...
-- On peut remonter très loin dans l’histoire avec les chansons, mais c’est, en gros, à partir du Moyen Age, vers le Xe siècle, que l’on commence à avoir des traces de ce que chantaient les troubadours : les exploits des chevaliers, l’amour courtois. Les chansons de fête de village se transmettent oralement, les berceuses aussi, les chants des métiers, des paysans, les chants religieux sur des airs de chanson… Avec des variations selon les régions, les langues de France, les époques. Elles nous disent comment le pouvoir était perçu, comment les hommes et les femmes se considéraient, comment on traitait les enfants, comment s’exprimaient le deuil, le désir…
-- Ensuite, je dirais que dans la mouvance du théâtre de la foire et des académies de chansonniers, Pierre-Jean de Béranger, à qui nous avons consacré un cycle il y a une dizaine d’années, peut être considéré comme la première grande référence de la chanson « moderne ». Mort en 1857, il a été très populaire à partir du début des années 1800, avec des chansons satiriques, des charges contre les magistrats, les prêtres, des textes sur les gens du peuple, des chansons presque déjà « réalistes »… Georges Brassens le connaissait très bien, Jean-Louis Murat a repris plusieurs de ses textes.
-- Et puis il y a l’apparition et l’essor des cafés-concerts et des cabarets… C’est un moment très important, en même temps que se construit la ville moderne, l’industrie triomphante, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les bals et cafés-concerts se développent après 1860, les cabarets un peu plus tard, avec l’ouverture, en 1881, du Chat noir, sur le boulevard de Rochechouart, à Paris, premier au monde.
-- Autre va-et-vient, comme l'a remarqué le parolier Étienne Roda-Gil (1941-2004), la chanson circule de la salle à manger du seigneur au champ du paysan, constituant ainsi un puissant facteur d'unification de la langue française. Soulignons cependant que le gros des paroles de la chanson traditionnelle française ne remonte pas « à la nuit des temps » mais aux XVIIIe et XIXe siècles. L'analyse musicale plaide néanmoins en faveur d'origines extrêmement anciennes, médiévales, pour des chansons comme La Légende de saint Nicolas ou J'ai vu le loup, le renard, la belette....
La transmission du répertoire ne doit pas se borner à ce dont on se souvient pour un hommage ponctuel ou pour faire de la sociologie sentimentale lors d’une émission de télévision ou de radio. Il faut le faire jouer, le faire chanter. En un mot, le faire vivre, en précieux héritage pour le futur....
Extraits de : Serge Hureau : « La chanson française est un patrimoine à faire vivre et à transmettre » - Propos recueillis par Sylvain Siclier - Publié dans "Le Monde" le 25 août 2016
Ci-dessous, retouvez les paroles, les partitions ou un enregistrement de chansons entendues dans le Morvand ou le Nivernais
Liste alphabétique des chansons (avec lien)
Vous pouvez faire une recherche par mot ou expression. Cette recherche s'effectue dans toutes les paroles et pas seulement sur le titre.
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Patois et locutions du pays de Beaune - Chants populaires - 1891
Recueillies et publiées par Charles BIGARNE
Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".
Liste alphabétique des chansons (avec lien)
Les mois de l'an-néeLe premier mois d' l’an-née que donn'rai-je à ma mie ? (bis) Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le second mois d' l’an-née que donn'rai-je à ma mie ? (bis) Deux tourterelles, Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le troisiem' mois d' l'an-née que donn'rai-je à ma mie ? (bis) Trois ramiers au bois Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le quatriem’ mois d’ l’an-née que donnerai-je à ma mie ? (bis) Quat’ canards volant en l’air Trois ramiers au bois, Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le cinquièm' mois d’ l’an-née que donnerai-je à ma mie ? (bis) Cinq lapins grattant la terre Quat' canards volant en l’air, Trois ramiers au bois Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le sixièm’ mois de d’ l’an-née que donnerai-je à ma mie ? (bis) Six lièvr’ aux champs Cinq lapins grattant la terre Quat’ canards volant en l’air Trois ramiers au bois Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le septiem’ mois de l’an-née que donnerai-je à ma mie ? (bis) Sept chiens courants, Six lievr’ aux champs, Cinq lapins grattant la terre Quat' canards volant en l'air. Trois ramiers au bois Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le huitièm' mois d' l'an-née que donn'rai-je à ma mie ? (bis) Huit moutons blancs, Sept chiens courants, Six lièvr' aux champs, Cinq lapins grattant la terre Quat' canards volant en l'air Trois ramiers au bois Deux tourterelles Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le neuvièm' mois d' l'an-née que donn'rai-je à ma mie ? (bis) Neuf vaches au lait, Huit moutons blancs, Sept chiens courants, Six lièvr' aux champs, Cinq lapins grattant la terre, Quat' canards volant en l'air, Trois ramiers au bois, Deux tourterelles, Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le dixièm’ mois d’ l'an-née que donn’rai- je à ma mie ? (bis) Dix bœufs au pré, Neuf vaches au lait, Huit moutons blancs, Sept chiens courants, Six lîèvr’ aux champs, Cinq lapins grattant la terre, Quat’ canards volant en l’air, Trois ramiers au bois, Deux tourterelles, Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le onzièm’ mois d’ l' an-née que donn’rai-je à ma mie (bis) Onz' biaux garçons, Dix boeufs au pré, Neuf vaches au lait, Huit moutons blancs, Sept chiens courants, Six lièvr' aux champs, Cinq lapins grattant la terre, Quat’ canards volant en l’air, Trois ramiers au bois, Deux tourterelles, Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Le douzièm' mois d' l’an-née que donn'rai-je à ma mie (bis) Douze demoiselles, Gentill’s et belles, Onze biaux garçons, Dix boeufs au pré, Neuf vaches au lait, Huit moutons blancs, Sept chiens courants, Six lièvr' aux champs, Cinq lapins grattant la terre, Quat' canards volant en l'air, Trois ramiers au bois, Deux tourterelles, Eune perdriole Que va, que vient, que vole ; Eune perdriole Que vole dans le bois. Sources : |
Il était une filleIl était une fille, une fille d'honneur Qui plaisait fort à son seigneur ; En son chemin rencontre ce seigneur déloyal, Monté sur son cheval, Ah ! Il met un pied à terre et par le bras la prend : Embrasse-moi, ma belle enfant. — Hélas ! reprend la belle, le cœur rempli de peur, Volontiers mon seigneur, Eur ! Mon frère est dans ces vign'; ah s'il nous voyait là, Il l’irait dire à mon papa. Montez sur cette roche et regardez là bas, Pour voir s'il ne vient pas, Ah! Pendant qu'il y regarde, elle, tout aussitôt, Sur le cheval ne fait qu'un saut. — Adieu, mon gentilhomme, vous reviendrez tantôt, Quand il fera plus beau, Oh! Mais on ne voit plus guère, de ces filles d'honneur, Repousser un seigneur, Eur ! Sources : |
Belle i m'en vâs en l'AillemaigneBelle i m'en vas en l'Aillemaigne, O mai mignonne, y venez-vo ? — Oh que nin-ni qu'i n'y vâs-pas ! Tôt garçon qui part por lai gueirre N'en revint pas. — Quand vous seraz sur ces montaignes Vous ne penseraz plus en moi ; Vous voiraz l’eune, vous voiraz l'aute ; C’qui vous frai parde lai souvenance Du temps passé. — I ferai fàre un bel ymaige Ai lai ressemblance de vo I l'biquerai tant, i l'boquerai tant Pour consarver lai souvenance De notre temps. — Ma que diront vos caimairaides, Vous voyant biquer du paipier ? — I liô dirai : ç'âst le poutrait De mai mignonne du temps passé ; Aillons buvons, cheirs caimairaides Ai sai santés. Sources : |
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La guerre de PrusseEcris-moi dans une lettre Sitôt arrivé-z-au Rhin. Si tu changes de maitresse, Moi j'y changerai d'amint. Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. |
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Lai maoh mairiéeMon pèïhre tô m'ai mariai, El a tan de no-z-en aulai ! M'ai mairiai bé tristieuman. Aillon no-z-en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nèïh no pran. Oil, dan l'âche ai m'ai enfreumai, El a tan de no-z-en aulai ! E m'ai enfreumai bé seuvan. Aillon no-z -en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nèïh no pran. E m'y lassô lontan pieurai, El a tan de no-z-en aulai ! Lontan pieurai cruaohleman. Aillon no-z-en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nèïh no pran. Ai lai grand foire è s'ai saôhvai, El a tan de no-z-en aulai ! E s'ai saôhvai bé fo jeuran. Aillon no-z- en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nèïh no pran. Ma è n'en ai ran répotai, El a tan de no- z-en aulai ! Ran répotai de bé piaisan. Aillon no-z-en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nèïh no pran. O bonne mo, tan mèïh lé brai ! El a tan de no-z-en aulai ! Té brai ! qui me jeute dedan ! Aillon no-z- en ! El a tan de no-z-en aulai: Lai nèïh no pran. Quan lai vieulaite fieurirai, El a tan de no-z-en anlai ! Fieurirai au premèïh bea tan, Aillon no-z-en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nè'ih no pran. Dzeeuh lai grant harbe i dreumirai, El a tan de no-z-en aulai ! I dreumirai po bé lontan !.. Aillon no-z-en ! El a tan de no-z-en aulai : Lai nëih no pran. Mon père tôt ma mariée Il est temps de nous en aller ! M’a mariée bien tristement. Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. Oui, dans l'coffre il m'a enfermée, Il est temps de nous en aller ! Il m'a enfermée bien souvent. Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. Et m’y laissa longtemps pleurer, Il est temps de nous en aller ! Longtemps pleurer cruellement. Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. A la grand foire il s'est sauvé, Il est temps de nous en aller ! Il s'est sauvé bien fort jurant. Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. Mais il n'en a rien rapporté Il est temps de nous en aller ! Rien rapporté de bien plaisant. Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. 0 bonne mort, tends-moi les bras ! Il est temps de nous en aller ! tes bras! que j'me jette dedans ! Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. Quand la violette fleurira, Il est temps de nous en aller ! Fleurira au premier beau temps, Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. D'sous la grande herb’ je dormirai, Il est temps de nous en aller ! Je dormirai pour bien longtemps ! Allons nous en ! Il est temps de nous en aller : La nuit nous prend. Sources : |
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GuillenléGuillenlé, bia Guillenlé En bonne an-née pissiez entrer Qui n'y a pas qui a Noéi Qu'i a huit jours que Dieu fut né Que Dieu bénisse lai mâson L'houmme et lai fomme s'i-z-i sont Et le petit enfant du bré De lai main de Dieu fut soigné De lai main de Saint Batholmé. O dame, dame, donnez-nous.
De vos aumônes qu'en ferons-nous, ?
Les porterons aux champs fleuris
Autant de fois que nous dirons )
Qu'i a de feuill’ dessus le jonc. ) bis
C'est-à-dire jamais, puisque le jonc n'a point de feuilles. Sources : |
Crépée dans lai montaigneCrépée dans lai montaigne, Soloinge dans l’ pays bas, Nicoulas Arrondissement de Luleune, Département d' Bâtia, C’ que teut l' monde ne sait pas. Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. |
La hiaut sur la montagneLà hiaut sur la montagne Lon lire Ion la La hiaut sur la monta... gne ! Y a-t-un harmitage, Et ioup tata, pi ta derara, Y a-t-un harmitage Habité par des moi... nes ! Habité par des moines Lan lire Ion là, Habité par des moi... nes ! Marions-nous nous deux Et ioup tata, pi ta derara Marions-nous nous deux, Je ferons bon mena... ge ! Je ferons bon ménage Lon lire Ion là. Je ferons bon mena... ge ! Pis j’airons des enfants, Et ioup tata, pi ta derara, Pis j'airons des enfants, Pour peupler l’harmita... ge ! Sources : |
M'y allant promenerM’y allant promener Sur le larré, sur le larré, J’ai vu not’ chien Barbet Tôt écIopé, tot éclopé. A s'en r' venot de lai chiaisse En feugnant tout partout Traignant eune caircaisse De loup, de loup. Sitôt qu'a m'aiperçut Ailler vée lu, ailler vée lu A s'en r’ tornit teut droit Sans m'acouter, sans m’acouter I raimassis des beûches, Des rains de queurnôler Pour taper su ses queuches Et le fâre lâcher. A laissit sai chaireugne Darré lai soué, darré lai soué ; Euvrant sai rouge gueule, Se j’ tit su moi, se j' tit su moi Ma teut d’ suite i eus lai chance De tirer mon coutiâ Et d’ forgonner sai panse En li crevant lai piâ. Sources : |
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Il me prit par ma main blancheIl me prit par ma main blanche, Dardario, bristico Dar dar dar et var var vo ; Il me prit par ma main blanche Tristi fricoté Et me menit danser. Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. |
Le r’venant vivantA mon s’cours, mes enfants ! Rentrons il est temps, D’ frayeur me v’la morte ! V’la Simon , not’ grand gas Qui r’vient du trépas Et nous tend les bras. C'est ben lui, voyez-vous ? Sauvons-nous tretous, Fermons ben lai porte, Toi pour le renvoyer Prends vite ton psautier, Moi, not' bénitier. Pan ! pan ! ouvrez-moi don, J' suis vot' gas Simon Qui r'vient d'Angleterre : Me trouvant mai là-bas, Je r’viens à grands pas ; N’ vous sauvez donc pas. — C’ n'est pas la vérité. On m'a apporté Ton act' mortuaire. C’ qu'est écrit est écrit, Mets-toi dans l'esprit Qu' t'es mort. C'est fini ! — Je n' suis pas mort un brin, Et je n' suis enfin Ni r'venant ni diable. Avec vous sans tarder Pour vous rassurer J' vais boire et manger. — Non ! va-t-en mon enfant, D'main tu s'ras content. Car dès d main, j' te l' jure, Pour adoucir ton sort, J' te ferai dire d'abord Un service de mort. — Un service ! Vous rêvez. J' savais ben qu' vous m' preniez Pour un autr', ma mère ; Je n' suis pas un r'venant, J' suis vraiment vivant : Simon votr' enfant. — Si c'est vrai qu' t' es vivant, Entre, mon cher enfant, Viens don t' mettre à table, Manger et m' rassurer, Car j'sais ben qu' là-bas Les morts ne mang' pas. — M' voyant si mal reçu Tout surpris j'ai crû Qu' vous perdiez la tête. Je n' savais pas pourquoi J' vous voyais d’ bonne foi Prier Dieu pour moi. Là d’sus je m'en vas m'asseoir Et ben heureux d' les voir V’là que j' casse la croûte. Embrassez-moi tertous Bon Dieu, qu'il est doux De m' voir avec vous ! — C’ tour là, mon pauv’ garçon, Me donne une leçon. Je n' s'rai pus si bête ; J' te promets, mon enfant, Que je n' croirai maint'nant Qu'aux r’venants vivants ! Sources : |
Dijon pleureDijon pleure, Seurre en rit, Verdun pisse et Châlon ch.... Pour Biâne, pour Biâne. Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. |
Ballades et chansons populaires du Nivernais - 1902
Recueillies et publiées par Jean STRAMOY
Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
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Liste alphabétique des chansons (avec lien)
La fille du GeôlierDans les prisons de Nantes, (Ridera trala ridera) Dans les prisons de Nantes Il y a-t-un prisonnier (bis). Personn' ne vient le voir(e) (Ridera trala ridera) Personn' ne vient le voir(e), Que la fill' du geôlier (bis). Ell' lui porte z-à boire, (Ridera trala ridera) Ell' lui porte z-à boire, A boire et à manger (bis). Et des chemises blanches, (Ridera trala ridera) Et des chemises blanches, Quand il en veut changer (bis). — Apprenez-moi, la belle, (Ridera trala ridera) Apprenez-moi, la belle, Ce que l'on dit de moi (bis). — Tous les jours j'entends dire, (Ridera trala ridera) Tous les jours j'entends dire Que demain vous mourrez (bis). — Déchainez-moi, la belle, (Ridera trala ridera) Déchainez-moi, la belle, Je vous épouserai (bis). — ... Quand il fut sur la côte, (Ridera trala ridera) Quand il fut sur la côte, Il se mit à chanter (bis) : — Que Dieu béniss' les filles, (Ridera trala ridera) Que Dieu béniss' les filles, Les fill’s à mari-er (bis). Pour moi, j'en regrette une, (Ridera trala ridera) Pour moi, j'en regrette une : La fille du geôlier (bis). Chantée par Mademoiselle M***, en 1898, à Moux. |
Les Moutons perdus et retrouvésMon père avait cinq cents moutons (bis) ; J'en étais la bergère, (Lonlaire lonlaire lonla) J'en étais la bergère. La premier' fois qu' j'les mène aux champs (bis) J'en ai égaré quinze, (Lonlaire lonlaire lonla) J'en ai égaré quinze. Trois beaux messieurs, passant par là (bis), M'ont ram'né la quinzaine, (Lonlaire lonlaire lonla) M'ont ram'né la quinzaine. — Que nous donn'rez-vous pour nos peines (bis), O gentille bergère ? (Lonlaire lonlaire lonla) O gentille bergère ! — Quand nous tondrons nos blancs moutons (bis), Nous vous donn'rons d' la laine, (Lonlaire lonlaire lonla) Nous vous donn'rons d' la laine. — C’ n'est pas d' la laine qu'il nous faut (bis) : C'est votre petit cœur(e) (Lonlaire lonlaire lonla) C'est votre petit cœur(e). — Mon petit cœur n'est pas pour vous (bis); Il est promis à Pierre, (Lonlaire lonlaire lonla) Il est promis à Pierre... Chantée par Mademoiselle V***, en 1895, à Moulins-Engilbert. |
Le beau Tailleu' de pierreL'autr' de ces jours en m'y promenant (1) Tout le long de la rivière, Dans mon chemin j'ai rencontré Trois tailleu' d' pierr', leur pipe allumée. L' plus jeun' des trois, il m'a demandé : — Êtes-vous marié', la belle ? — Mariée, oh non, je ne suis pas ! Je crains les pein', aussi l’embarras. — Hélas ! la belle, oh ! si tu voulais, Je te ferais des promesses. J'ai un anneau d'or dans mon doigt : Tir'-le, la belle, il sera pour toi. — De ton anneau je n' me souci' pas : Je suis encor trop jeunette. Je n'ai que seize à dix-sept ans ; Va-t-en faire un tour au régiment. — Au bout de six semain' tout au plus, Le pèr' mari-a sa fille Sans lui d'mander son agrément Avec un vieux mais riche marchand. Au bout d'un an, quinz' mois tout au plus, Le beau tailleu' d' pierre arrive. Il a bien su, au régiment, Que la belle avait changé d'amant. — Hélas, la belle, oh ! fais-moi mourir ! Tu seras mon héritière ; Tu écriras à mes parents Que leur fils est mort au régiment... Chantée par Mademoiselle R*** et Madame Ch***, en 1890, à Dornes. |
La FiIle du Roy dans la tourJoli capitaine Revenant de guerre, Cherchant ses amours. L'argent de sa bourse Fait qu'il les découvre Dedans une tour. — Bonjour donc, la belle ; Qui vous a fait mettre Dedans cette tour ? — C'est mon méchant père, C'est ma mauvais' mère, Par rapport à vous. Joli capitaine, Demande à mon père Quand j'en sortirai. — Bonjour, Roy de France ; Votre fille demande Quand ell' sortira. — Joli capitaine, N'en sois point en peine Car tu n' l'auras pas. — Je l'aurai sur terre Ou bien sur la mer (e) Et par trahison. — Le père en colère Prend sa fille chère Et la jette à l'eau. Son amant plus sage, Qui plonge et qui nage, La retir' de l'eau. — Partons, partons, belle, Partons pour la guerre Car il y fait bon.— A la premièr' ville Son amant l'habille En or, en argent. A la second' ville Son amant l'habille En beau satin blanc. A la troisièm' ville Son amant dit vite : — Bell', mari-ons-nous ! Chantée par Mademoiselle G***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
Quand j'ai ma Mie auprès de moiGrand Dieu, que je suis à mon aise Quand j'ai ma mie auprès de moi ! De temps en temps je la caresse; Je lui dis : Belle, embrasse-moi. — Comment! tu veux que je t'embrasse ? Tout l’ mond' ne dit qu' du mal de toi ! Tout l’ mond' dit qu' tu vas à la guerre, A la guerre, servir le roy ! — Oh ! ceux qui t'ont dit ça, la belle, Ils t'ont bien dit la vérité. Mon cheval est à l'écurie, Bridé, sellé, prêt à partir. — Quand tu seras à la frontière, Tu ne penseras plus à moi ; Tu penseras aux étrangères Qui sont cent fois plus bell's que moi. — Je me ferai faire une image, La belle, à la r'ssemblanc' de toi. J' la porterai dans ma pochette ; Cent fois le jour j' l'embrasserai. — Que diront donc tes camarades De t' voir embrasser du papier ? — Je leur dirai : De ma maîtresse Du temps passé, c'est le portrait... Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes. |
Si j'étais hirondelle...Si j'étais hirondelle, Si je pouvais voler, Sur les seins de ma belle Oh ! j'irais me reposer. — Mes seins ne sont pas chênes Pour t'y fair' reposer. Au château, chez mon père, Oh ! il y a-t-un oranger. Sur la plus haute branche Le rossignol il chante ; Il dit, en son langage : Oh ! l'amour rend malheureux... J'ai t-un coquin de frère Qui m'y fait enrager ; S'en va dire à ma mère Oh ! que j'aime mon berger. Ma mer' qui n'est pas tendre S'en vient pour m'y frapper. Et moi, pour m'y défendre, Oh ! j'appelle mon berger. Berger de cette plaine, Viens donc me secourir ! Aurais-tu le courage Oh ! de m'y laisser mourir ? — J'aurais pas le courage De t'y laisser mourir ; Mais j'aurai l'avantage Oh ! de t'y laisser languir ! Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes. |
CharmetteC'était un jour Charmette, ) Dans son jardin joli, ) bis Quand trois beaux cavaliers Sont venus à passer Qui lui ont dit : — Bonjour, Fillette à mari-er. — Je ne suis point fillette, ) Messieurs, je vous le dis. )bis Mon pèr' m'a mari-ée A quinze ans et demi. Y aura demain sept ans Que j' n'ai vu mon mari. — Comment se nomme-t-il (e) ? ) Comment le nomme-t-on ? ) bis — Oh ! il se nomm' le comte. Le comte de Ly-on. C’était le plus brave homme Qu'y avait dans le canton. — Dites-nous donc, la belle, ) Pourriez-vous nous loger ? ) bis — Oh non ! Oh non ! Messieurs ! Allez à ce château ; C'est là-bas que demeure La mèr' de mon mari. — Bonjour ! bonjour ! Madame. ) Pourriez-vous nous loger ? ) bis — Oh oui, oh oui, Messieurs ! Venez boire et manger ; S'il vous faut des fillettes J' m'en vais vous en trouver... Bonjour ! bonjour ! Charmette. ) Y a des messieurs chez nous ) bis Qui ne veulent rien prendre ; Ni boire ni manger, Si tu n' consens, la belle, A les accompagner. Si vous n'étiez la mère, ) La mer' de mon mari, ) bis Oh ! j'irais vous jeter A Ly-on, sous les ponts Pour vous faire manger Par les petits poissons. — Voilà la bonne vieille ) Qui s'en r'tourne en pleurant : ) bis — Soupez ! soupez ! Messieurs ; Charmett' veut pas venir ; C'est la plus rude femme Qu'il y a dans le pays. — Sur les dix ou onze heures, ) Charmette est réveillée. ) bis Quelqu'un l'a appelée, Disant : — Ouvrez ! ouvrez ! Car voilà votre amant Qui r'vient du régiment. — Charmette qui s'habille, ) En s'habillant répond : ) bis — Donnez-moi des remarques De notr' première nuit ; Et puis je pourrai croire Qu' vous êtes mon mari. — Te souviens-tu, la belle, ) Y a aujourd'hui sept ans, ) bis En te serrant la main Ton anneau s'est cassé : Tu en as un' moitié, Et l'autre, la voici. — Charmette qui s'habille, ) En s'habillant répond : ) bis Donnez-moi des remarques De notr' seconde nuit ; Et puis je pourrai croire Qu' vous êtes mon mari. — Te souviens-tu, la belle, ) Y aura demain sept ans, ) bis Tu étais à cheval, Dessur un cheval gris, Entre deux de tes frères Et puis moi, ton mari. — Elle appell’ sa servante : ) — Marguerit’, levez-vous ! ) bis Vit' du feu, de la flamme ! Préparez un bon r'pas : Car voilà mon mari Que je n'attendais pas... Chantée par Mademoiselle P***, en 1892, à Livry. |
Ma p'tite BlondinetteJ'ai bien fait mon tour de France ; ) J'ai jamais rien gagné, ) bis J'ai jamais rien gagné qu'une blondinette : Encor j' peux pas l'avoir dedans ma chambrette. — Galant, si tu veux l'avoir (e), ) Il faudra demander, ) bis Il faudra demander à monsieur son père S'il veut la mari-er, ce qu'il en veut faire. — Bonjour, monsi-eur son père. ) Je viens vous demander, ) bis Je viens vous demander ma p'tit' blondinette ; Mon cœur(e) l'aime tant : elle est si parfaite ! — Ma fille elle est trop jeunette ; ) J peux pas la mari-er. ) bis J' peux pas la mari-er sans vous bien connaître ; Retirez-vous, galant, ma réponse est faite. — S'il faut que je me retire, ) Je me retirerai ; ) bis Je me retirerai dedans ma chambrette ; Jamais je n'oublierai ma p'tit' blondinette.... Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes. |
Son pauvre hommeQuand j'étais chez mon père, (La vendange Garçon à marier, Vendangée !) Rien autre chose à faire (La vendange Qu'une femme à chercher. Vendangée !) A présent qu' j'en ai une. (La vendange Ell' me fait enrager. Vendangée !) Quand j'arriv' de l'ouvrage. (La vendange Je n'ose pas entrer. Vendangée !) — Entre donc, mon pauvre homme, (La vendange Entre donc te chauffer. Vendangée !) Ta soupe est sous la table (La vendange Si tu veux la manger. Vendangée !) Il y a d' la viand' dans l'arche, (La vendange J' te défends d'y toucher. Vendangée !) Il y a des os par terre (La vendange Si tu veux les ronger. Vendangée !) En voulant les ronger, (La vendange Oh ! il s’est etranglé... Vendangée !) — Qui donc sonn'ra ton glas ? (La vendange Ce s'ront quatr' pois cassés. Vendangée !) Qui donc port'ra ton deuil ? (La vendange Ce s'ra monsieur l’ curé Vendangée !) Avec sa grand' rob' noire (La vendange Et son bonnet carré. Vendangée ! Chantée par Mademoiselle F***, en 1892, à Livry. |
La p'tite LouisonLà-bas, dans la prairie, ) Là-bas, j'aperçois Louise : ) bis A l'ombre d'un buisson Ma bonne amie ; A l'ombre d'un buisson Ma petite Louison. Je m'suis approche d'elle , ) Pour lui conter mes peines, ) bis Les peines, les tourments De son ami, Les peines, les tourments De son fidèle amant. — Qu'avez-vous donc, galant? ) Pourquoi donc tant de peines ? ) bis — Je viens vous avertir, Ma bonne amie, Je viens vous avertir Que je m'en vais partir. La perdrix, la bécasse ) Qui couchent sur la glace ) bis N'endur'nt pas tant de froid, Ma bonne amie, N'endur'nt pas tant de froid Que j'ai d'amour pour toi. L'oiseau qui, sur la branche, ) La nuit et le jour chante ) bis N'a pas si joli chant, Ma bonne amie, N'a pas si joli chant Que toi pour ton amant. — Retirez-vous, galant : ) Je vois venir mon père, ) bis Mon père, aussi ma mère. Tous mes parents ; Mon père, aussi ma mère Ne seraient pas contents... Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes. |
Quand les Conscrits partiront...Quand les conscrits partiront, ) Tout' les fill' ell' pleureront. ) bis Ell' diront : Les voilà qui s'en vont, Les voilà qui s'en vont, les voilà qui s'en vont ; Ell' diront : Les voilà qui s'en vont ; Jamais plus nous les r'verrons ! Quand les conscrits reviendront, ) Tout' les flll' ell' chanteront. ) bis Ell' diront : Les voilà qui r'venont, Les voilà qui r'venont, les voilà qui r'venont ; Ell' diront : Les voilà qui r'venont ; Jamais plus i' r'partiront ! Chantée par Monsieur P***, en 1889, à Dornes |
Adieu l'endroit où j'ai fait la folie...Petit ruisseau de cett' claire fontaine, Vous qui voyez mon amant tous les jours, Apprenez-lui les tourments que j'endure : Si je languis, c'est d'avois trop d'amour (bis). Petit ruisseau do cett' claire fontaine, Rossignolet, abaissez votre voix. Oh ! faites-moi tous les doux cette grâce : C'est mon amant que j'entends dans le bois (bis). — Ma belle ami', vous m'aimez, je vous aime ; Je vous en pri', ne m'aimez donc pas tant ; Ou j' m'en irai dans un lieu solitaire Finir mes jours, oublier mes amours (bis). — Combien de fois j'ai fait la sourde oreille Quand d'autr' amants désiraient me chérir ! J'ai fait cela dans le but de te plaire : Et maintenant tu me laisses languir (bis). Adieu ! Paris, adieu ! la joli' ville, Adieu ! l'endroit où j'ai tant demeuré, Adieu ! l'endroit où j'ai fait la folie... Je m'en repens aujourd'hui : c' n'est plus temps (bis). Chantée par Mademoiselle P*** et par Monsieur B***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
Le Galant qui a fait l'amour pour les autresC'est les garçons de vers chez nous, C'est les garçons de vers chez nous Qui sont tous partis à la guerre, Sans dire adieu z-à leur maîtresse. Ne sont pas à moitié chemin Que le plus jeun' s'en repent bien. Il s'en retourne chez sa tante : — C'est ma mignonn' que j'y demande. — Oh ! ta mignonn', mon bel ami, — Oh ! ta mignonn' n'est pas ici ; Elle est là-haut, dedans sa chambre, Qui s'y chagrin', qui s'y tourmente. — Le beau galant monte là-haut, Mais la bell' tir' ses blancs rideaux : — Tir' donc pas tes rideaux, la belle ; C'est ton amant resté fidèle. — Le beau galant s'en est allé ; Oh ! mais la bell' l'a rappelé : — Reviens ! reviens ! Je te pardonne. Et mon cœur je te le redonne. — Oh ! des souliers que j'ai usés Je n' serai pas récompensé. J'aurai fait l'amour pour les autres ; Et cette guerre en sera cause. Faites-moi donc un beau mouchoir. Faites-moi donc un beau mouchoir ; Qu'il soit bien long, qu'il soit bien large : Ce s'ra pour essuyer mes larmes !... Chantée par Madame F***, en 1892, à Livry. |
La Bergère consolée par son amantLà-bas, dedans la plaine. Oh ! j'entends une voix. Oh ! c'est la voix de ma bergère ; Je vais aller la consoler. Qu'avez-vous donc, la belle, Qu'avez-vous à pleurer ? — Si je pleure, c'est de tendresse; Oh ! cher amant, c'est de t'aimer. — Aimer n'est pas un crime ; Dieu ne le défend pas. Tu aurais donc le cœur bien dur (e), La bell', si tu ne m'aimais pas. Les moutons dans la plaine Sont en danger du loup ; Et vous et moi, joli' bergère, Nous somm' on danger de l'amour. Les moutons vivent d'herbe, Les papillons de fleurs ; Et vous et moi, joli' bergère, Nous ne vivons que de langueur. Trois choses dans ce monde, La belle, il faut priser : L'or ou l'argent en abondance, Aussi l'amour et le bon vin... Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes. |
Fin méritéeBelle, allons-y ; ma mignonne, allons donc : Un doux plaisir nous prend (e) rons. — Quand ils fur'nt à moitié du chemin, La belle voulut boire. — Dans un instant, bell', ton sang coulera : Si tu as soif, tu le boiras. — Quand ils fur'nt sur le bord d' la rivière, La bell' s'assit par terre. — S'il faut mourir, vite déchausse-moi, Débill'-moi pour la dernièr' fois. — Le beau galant se met à genoux Pour déchausser la belle. Oh ! mais la bell' lui lance un coup de pied, Dans la rivièr' le fait tomber. Le galant était fort bon nageur ; Il s' rattrape à un' branche. Oh ! mais la bell' saisit son blanc couteau, Coupe la branch', le r'jette à l'eau. — Ah ! la bell", que diront tes parents En t' voyant r'v'nir seulette ? — Je leur dirai qu'en voulant se baigner Mon cher amant il s'est noyé. — Ah ! la bell', qui te reconduira Au château, chez ton père ? — Ce ne sera pas toi, maudit garçon, Car les poissons te mangeront ! Chantée par Mademoiselle R*** en 1889, à Dornes. |
L'Ouvrage des FillesAllons ! partons, fillette, Taderitaine! Partons pour Besançon. Taderiton ! — Pour qu'on ne nous arrête, Taderitaine! Quel chemin nous prendrons ? Taderiton ! — Le chemin d'amourette Taderitaine ! Jusqu'au bout nous suivrons. Taderiton ! — Le chemin d'amourette... Taderitaine ! Ah ! grand Dieu, qu'il est long ! Taderiton ! — Pour l' raccourcir, la belle, Taderitaine ! Nous nous embrasserons. Taderiton ! — C' n'est pas l'ouvrag' des filles, Taderitaine! D'embrasser les garçons. Taderiton ! C'est l'ouvrage des filles Taderitaine ! D' balayer la maison. Taderiton ! Quand la maison est nette, Taderitaine ! Tous les garçons y v'nont. Taderiton ! Ils s'assoient sur le coffre, Taderitaine ! Et frappent du talon. Taderiton ! Le coffret il résonne, Taderitaine ! Les garçons ils s'en vont. Taderiton ! La mèr’ court au derrière : Taderitaine ! — Garçons! revenez donc ! Taderiton ! Nous avons un' cassette ; Taderitaine ! C'est dedans qu' nos louis sont. Taderiton ! Si le coffre il est vide, Taderitaine ! Oh ! nous le remplirons. Taderiton ! A la foire prochaine Taderitaine ! Sans manquer nous irons Taderiton ! Pour ach'ter à nos filles Taderitaine! Devantiers et jupons. Taderiton ! Chantée par Monsieur M***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
Vive l'Amour !Ah ! que l'amour est agréable ! Dans mon jardin j'en planterai ; J'en planterai si long, si large Qu'j'en ferai part aux camarades... Au point du jour, Vive l'amour ! Fais-moi mon lit, charmante amie ; Fais-moi mon lit : je veux dormir. Oh ! mais avant que je me couche, Tir'-moi du vin pour que j'en goûte... Vive l'amour Au point du jour ! Chantée par Madame Ch***, en 1897, à Brassy. |
Le Galant qui a oublié sa bourseAllons, ma mi', nous promener En attendant le déjeuner. Allons, ma mie, à cette place : Nous verrons le monde qui passe. — Quand ils fur'nt las de s' promener : — Allons donc, ma mi’, déjeuner... Bien le bonjour, madam' l'hôtesse. Qu'avez-vous donc pour ma maîtresse ? — De la perdrix, aussi du veau ; Voilà-t-il pas tout c' qu'il vous faut ? De la perdrix, de la bécasse : Est-ce qu'il vous faut davantage ? — Tout à la fin du déjeuner Madam' l'hôtess' vient pour compter. Le beau galant change de mine : — Prête-moi de l'argent, ma mie. — Quell' sort' de monnai' vous faut-il ? Est-ce d' l'argent ou bien des louis ? — Oh ! ce n'est que d'la monnai' blanche : C'est pour payer notre dépense. Hélas ! ma mi', pardonne-moi ! Hélas ! ma mi', pardonne-moi ! Ce matin, changeant de culottes, J'ai oublié d' prendr' mes pistoles. — Jamais je ne conseillerai Mes garçons, moi, quand j'en aurai, D'aller boire avec une fille Sans avoir l'argent d'un' chopine... Oh va, va, va ! garçon trompeur ! Oh non, jamais, t'auras mon cœur ! Oh tout garçon qu'a du mérite A bien l'argent d'une chopine... Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes. |
Les Bergers de notre VillageL'autre jour, en me promenant, ) J'aperçus un' — turlutulu, ) bis J'aperçus un'— lonlalilonlaire, J'aperçus un' bergère (bis). Et je me suis approché d'elle ) . Pour vouloir la — turlututu, ) bis Pour vouloir la —lonlalilonlaire, Pour vouloir l'embrasser (bis). Mais elle a pris sa quenouillette ) Pour m'en vouloir—turlututu, ) bis Pour m'en vouloir — lonlalilonlaire. Pour m'en vouloir frapper (bis). Ne m' frappez pas, belle bergère ; ) Je suis votre — turlututu, ) bis Je suis votre — lonlalilonlaire, Je suis votre berger {bis). — Les bergers de notre village ) N'ont des chapeaux — turlututu, ) bis N'ont des chapeaux — lonlalilonlaire, N'ont des chapeaux pointus (bis). Ils ont toujours, dans leur pochette, ) De quoi nous fair' — turlututu, ) bis De quoi nous fair' — lonlalilonlaire, De quoi nous fair' danser... (bis) Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes. |
Les Adieux du MatelotVirgini', les larm' aux yeux, Je viens t'y fair' mes adieux. Nous partons pour l'Amérique Nous allons droit au couchant. Ma charmante Virginie, Nous mettons les voil' au vent. — Les voil' au vent, mon cher amant, C'est, là c' qui fait mon tourment ! Qu'il survienne quelque orage : Los récifs, aussi le vent Te feront faire naufrage, Et je n'aurai plus d'amant. — Virgini', j' sais naviguer : Je ne cour' aucun danger. Je connais le pilolage ; Je suis sûr de mon bateau. On ne fait jamais naufrage Quand on est bon matelot. Virgini', ne crains donc rien ; Nos amours seront certains. Je reviendrai, ma mignonne, Je reviendrai z-au pays. Nous nous marierons ensemble, Ma charmante Virginie. Chantée par Madame veuve T***, en 1892, à Livry, et par Mademoiselle M***, en 1898, à Planchez-du-Morvand |
En revenant des NocesEn revenant des noces, ) J'étais bien fatiguée. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala! Au bord d'une fontaine ) Je me suis reposée. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! L'eau en était si claire ) Que je m'y suis baignée. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! A la feuille d'un chêne ) Je me suis essuyée. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Sur la plus haute branche ) Le rossignol chantait. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Chante, beau rossignol, ) Si tu as le cœur gai. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Pour moi je ne l'ai guère : ) Mon amant m'a quittée ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Pour un bouton de rose ) Que j'lui ai refusé. ) Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! ... Je voudrais que la rose ) Fût encore au rosier ; ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis) Lala ! Et que le rosier même ) Fût encore à planter. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Je voudrais que la terre ) Fût encore à bêcher ; ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis) Lala ! Et que le bêcheur même ) Ne fût pas encor né. ) bis Mon tri et mon tra, Mon traderitri, mon traderitra (bis). Lala ! Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes. |
La petite RosalieC'est la p'tit' Rosalie Qu'a perdu son amant, (Ah ! grand Dieu, quel dommage !) A l'âge de quinze ans. — Rossignolet sauvage, Rossignolet charmant, Donne-moi des nouvelles D' mon infidèle amant. — Oh ! ton amant, la belle. En Frique (1) il a été ; Si tu veux le rejoindre Tu as de quoi marcher. Prends cette feuill' de route ; Habill'-toi z-en guerrier. Tu marcheras, sans doute, Trente-six jours entiers. — Trente-six jours de marche... Ah! c'est bien trop marcher Pour un galant que j'aime, Dont je n' suis pas aimée. — La belle arrive en Frique, Aperçoit son amant Qui faisait l'exercice Par devant son lieut'nant. — Te voilà donc, barbare, Te voilà donc trouvé ! Depuis six six s'main's je marche Sans pouvoir t' rencontrer. — Puisque t’ voilà, la belle. Puisque t' voilà z-ici, Donne-moi des nouvelles Des garçons d' mon pays. — Les garçons d' ton village Ils sont tous mari-és ; Il n'y a plus qu' toi, barbare... Mais tu m'as délaissée. — Si j'avais su, la belle, Qu'ici tu serais v'nue J'aurais passé ces plaines : Jamais tu n' m'aurais r'vu... (1) En Afrique |
La Publication de MariageUn beau jour je me suis levé ) Plus matin que la lune : ) bis Voilà comm' je m' suis aperçu ) Que ma maitress' ne m'aimait plus. ) bis J'ai mis la bride à mon cheval, ) (On lui a mis la selle) ) bis Mon épé' claire à mon côté ) Pour aller voir ma bien-aimée. ) bis Quand de tout loin me vit venir, ) Son petit cœur soupire. ) bis — Qu'avez-vous donc à soupirer ? ; ) Ma mie, êtes-vous fi-ancée ? ) bis — Fi-ancé' ? D'hi-er je le suis... ) Malheureuse journée ! ) bis Et c'est dimanch' mes premiers bans : ) Mettez-y donc empêchement. — ) bis Le dimanche vite arrivé ) Le curé monte en chaire. ) bis — Ecoutez tous, petits et grands : ) Je m'en vais publier des bans. — ) bis Le galant qui n'était pas loin ) Entendant cette annonce : ) bis — Monsieur, ne vous pressez pas tant ) Je viens y mettre empêchement. ) bis — Quel est donc cet insolent-là ) Qui me parl’ de la sorte ! ) bis — Je ne suis pas un insolent ; ) Je suis l' premier de ses amants ; ) bis Je suis l' premier de ses amants ; ) Voilà sept ans que j'l'aime... ) bis — S'il y a sept ans que vous l'aimez, ) Eh bien ce s'ra vous qui l'aurez ! )bis Chantée par Mademoiselle P***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
L’ingrate AmélieTendre Améli', que mon cœur vous désire ! Nuit et jour je ne pense qu'à vous. A mes yeux qu' vous êtes gentille ! Votre cœur il ferait mon bonheur. — Si vous m'aimez, moi, je ne vous aim' guère ; Cherchez ailleurs à vous marï-er ; Faites, fait' une autre maîtresse : Quant à moi, il n'y faut plus songer. — Combien de fois j'ai passé la rivière, Bell', pour défendr' voir' troupeau du loup ? A présent, pour ma récompense, Je ne dois rien attendre de vous ! ... Buvons un coup, caressons la bouteille ; Il vaut cent fois mieux boire qu'aimer. Verse, vers', mon cher camarade : Le bon vin bannira mon chagrin... Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes. |
Le pauvre soldat revenant de guerreUn pauvr' soldat revenant de guerre, (bis). Un des pieds chaussé, l'autre nu : Pauvre soldat, d'où reviens-tu ? — Bien le bonjour, madame l'hôtesse ; (bis). Servez-moi z-à boire, à manger ; J'ai de l'argent pour vous payer. — Le pauvr' soldat s'est pris à boire, (bis). S'est pris à boire et à manger ; Madam' l'hôtess' s' prend à pleurer. — Ne pleurez pas, madame l'hôtesse ; (bis). Le pauvr' soldat n' s'en ira pas Sans vous payer ce qu'il vous doit. — A mon vin blanc je ne pense guère ! (bis). Je pense à mon premier amant Qui m'a quitté voilà sept ans ! — Oh! c'est donc toi, malheureuse femme ! (bis). J' t'ai laissée avec un enfant ; Et t'en voilà quatr' maintenant... — Oh ! j'ai reçu une fausse lettre (bis). Te disant mort et enterré ; Et je me suis remari-ée. — Oh ! adieu donc, malheureuse femme ! (bis). Oh ! adieu donc, p'tit innocent ! Je vais m' rengager pour sept ans... Chantée par Madame B*** et Monsieur D*** en 1889, à Dornes. |
Le Garçon dont la Mie est morteJe plains les jeun' garçons ) Qui n'ont pas de maîtresse. ) bis J'en ai fait une à quelques lieu' d'ici : Je vais la voir tout à loisir. Valet, ô mon valet, ) Va-t'en seller mon ch'val(e). ) bis Que mes ép'rons ils soient bien nettoyés, Car vers ma mi' je veux aller. En entrant dans la ville, ) J'ai rencontré son père.) bis Il (e) m'a dit : « Où vas-tu mon ami ? Que ton cœur s' prépare à souffri'... » En entrant dans la chambre, ) Je trouv' ma mi' malade. ) bis J'ai fait trois fois, trois fois le tour du lit Sans pouvoir parler à ma mie. — Ami, mon bel ami, ) Tu ne m'y parles guère : ) bis Tu aim'rais mieux la fill' d'un rich' marchand Qui port'rait d' l'or et des diamants. — J'aimerais mieux ma mie ) Tout' nu' dans sa chemise ) bis Qu'avec sa dot la fill' d'un rich' marchand Qui port'rait d' l'or et des diamants. — Ami, mon bel ami, ) Ecris-moi donc une lettre... ) bis Place-la donc à la têt' de mon lit Pour que j'la lis' tout à loisir. Ami, mon bel ami, ) Allum' donc la chandelle. ) bis Place-la donc à la têt' de mon lit Pour que tu puiss' me voir mouri'... La chandelle allumée, ) Ma mie s'est trouvé' morte ! ) bis ... Jusqu'au tombeau je la regretterai ; Son deuil je veux toujours porter. Chantée par an inconnu, en 1895, à Moulins-Engilbert. |
Les Réponses de la BergèreC'était une bergère Qui gardait ses moutons. Un monsieur de la ville Vint à passer par là. Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! — Dis-moi donc, ma bergère, A qui ces moutons-là ? — Monsieur, lui répond-elle, Ça n' vous regarde pas. Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! — Dis-moi donc, ma bergère, Où va ce chemin-là ? — Monsieur, lui répond-elle, Ce ch'min ne branle pas. Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! — Dis-moi donc, ma bergère, La rivière est profonde ? — Monsieur, lui répond-elle, Les cailloux sont au fond. Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! — Si j' la pass', ma bergère, Cent écus j' t'y donnerai, Oui, cent écus, la belle, Et je t'embrasserai. Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! — Garçon, si tu es riche, Garde donc ton argent ; La bergère gentille N' veut pas d' toi pour amant... Hé ! tralala Laderidera Tralalalala ! Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes |
Le Galant qui a trop causéPar un beau clair de lune, Tout en m'y promenant, J' rencontr' trois demoiselles De seize à dix-huit ans (bis). — Où allez-vous, jeune homme. Où allez-vous par là ? Oh ! par un froid si rude Vous risquez de geler ! (bis). — N'ayez pas peur, les belles, N'ayez pas peur pour moi ; Je vais voir ma maîtresse Que maman m'a donnée (bis). ............................................... Ah ! ma bell', dormez-vous ? Ma bell', sommeillez-vous ? Je suis nu, en chemise, Je suis presque gelé (bis). — Galant, tu peux mourir, Galant, tu peux geler ; Oh mais quant à ma porte Je ne te l'ouvrirai (bis). En traversant la ville. Galant, tu t'es vanté Que j'étais fille à faire Toutes tes volontés (bis). — Jamais ni homm' ni femmes N’ sauront plus ma pensée ; Pardonne-moi, ma mie... — Non, je n' veux plus l'aimer. — bis. ........................................................ J m'en vas toujours pleurant, J' m'en vas toujours criant : J'ai perdu ma maîtresse Pour avoir trop causé... (bis). Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes |
Le petit Frère de la BergèreN’ dans' donc pas tant, bergère, ) Tes moutons vont au blé ; ) bis N’ dans' donc pas tant, bergère. Tes moutons vont— taladenette Tes moutons vont — lonla ladenette Tes moutons vont au blé. — Oh ! mais mon petit frère ) Ira bien les virer ; ) bis Oh ! mais mon petit frère Ira bien les — taladenette Ira bien les — lonla ladenette Ira bien les virer. Vas-y donc, petit frère, ) Et tu seras marié... ) bis Vas-y donc, petit frère, Et tu seras — taladenette El tu seras — lonla ladenette Et tu seras marié. Avec la plus bell' fille ) Qu'il y a dans la contrée, ) bis Avec la plus bell' fille Qu'il y a dans la — taladenette Qu'il y a dans la — lonla ladenette Qu'il y a dans la contrée. Elle aura les mains blanches ) Comme un' feuill' de papier ; ) bis Elle aura les mains blanches Comme un' feuill' de — taladenette Comme un' feuill' de — lonla ladenette Comme un' feuill' de papier ; Elle aura les jou' roses ) Comme une feuill' de rose ; ) bis Elle aura les joues roses Comme une feuill' — taladenelte Comme une feuill' — lonla ladenette Comme un' feuill' de rose ; Et puis les veux brillants ) Comm’ les étoil’ du temps... ) bis Et puis les yeux brillants Comm' les étoil' — taladenette Comm' les étoil' — lonla ladenette Comm' les éloil' du temps... Chantée par Mademoiselle R***, en 1890, à Dornes |
Le Tin en fleursJe me suis endormi — leri A l'ombre, sous un tin. — lerin Je me suis endormi, — leri A l'om — leron Bre sous — lerou Un tin — lerin Au bois, rossignolet, — larérette Au bois, rossignolet ! Quand j' me suis éveillé — leré Le tin était fleuri. — leri Quand j’me suis éveillé — leré Le tin — lerin Etait — leré Fleuri — leri Au bois, rossignolet, — larérette Au bois, rossignolet ! J'ai pris mon blanc couteau ; — lero Le tin j'ai t-ébranché. — leré J'ai pris mon blanc couteau ; lero Le tin — lerin J'ai t-a — lera Branché — leré Au bois, rossignolet — larérette Au bois, rossignolet ! Et j'ai fait un flûteau, — lero Aussi un flageolet. — leré Et j'ai fait un flûteau — lero Aussi — leri Un fla — lera Geolet — leré Au bois, rossignolet — larérette Au bois, rossignolet ! Garçons, entendez-vous — lerou Ce que ma flûte dis ? — leri Garçons, entendez-vous — lerou Ce que — lere Ma flû — leru Te dis ? — leri Au bois, rossignolet — larérette Au bois, rossignolet ! EU' dit qu'il faut aimer — leré La fill' de son voisin — lerin Ell' dit qu'il faut aimer — leré La fill' — leri De son — leron Voisin — lerin Au bois, rossignolet — larérette Au bois, rossignolet ! Tin : Plante du genre viorne, dite plus ordinairement viorne-tin ou laurier-tin. |
Les FendeursC'est trois jolis fendeurs, ) Fendeurs dessur l'herbette. ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! Le plus jeune des trois ) Avait un' belle rose. ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fondeurs, éveillez-vous ! Le roy vint à passer, ) Le roy avec sa fille. ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! — Fendeur, joli fendeur, ) Veux-tu me donner ta rose ? ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! — Pour que j' te donn' ma rose ) Il faut m' donner ta fille. ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! — Oh ! tu n'as pas vaillant ) La robe de ma fille ! ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! — J'ai bien encor vaillant ) Sa robe et sa chemise. ) bis Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! J'ai trois bateaux sur l'eau, ) Remplis de marchandises. ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous! J'en ai un chargé d'or, ) Et l'autr' de mousseline, ) bis Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! Et l'autr' qui n' contient rien, ) Rien que trois joli' filles. ) bis Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! Y en a un' qu'est ma sœur, ) Et l'autre ma cousine, ) bis Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! Et l'autr' qui ne m'est rien : ) J'en f’rai ma bonne amie... ) bis Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ? Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous ! Chantée par Madame G***, en 1890, à Dornes. |
Le joli DragonTrois beaux dragons ) Revenant de la guerre, ) bis Trala lalalala Revenant de la guerre. L' plus jeun' des trois ) Avait un' belle rose, ) bis Trala lalalala Avait un' belle rose. La fill' du roy ) Etait à sa fenêtre, ) bis Trala lalalala Etait à sa fenêtre. — Joli dragon, ) Pour qui cett’ belle rose ? ) bis Trala lalalala Pour qui cett’ belle rose ? — Pour toi, la belle, ) Si tu me la demandes, ) bis Trala lalalala Si tu me la demandes. — Joli dragon, ) Oui ! je te la demande, ) bis Trala lalalala Oui ! je te la demande. - Fille du roy. ) Mari-ons-nous ensemble. ) bis Trala lalalala Mari-ons-nous ensemble. — Joli dragon, ) Va-t'en trouver mon père, ) bis Trala lalalala Va-t-en trouver mon père. — Sire le roy, ) Donnez-m'y votre fille, ) bis Trala lalalala Donnez-m'y votre fille. — Joli dragon, ) Tu n'es pas assez riche, ) ) bis Trala lalalala Tu n'es pas assez riche. — Sire le roy, ) J'ai trois vaisseaux sur mer (e), ) bis Trala lalalala J'ai trois vaisseaux sur mer (e). L'un port' de l'or ) Et l'autr' des pierreries, ) bis Trala lalalala Et l'autr' des pierreries. Et le troisième ) Promènera ma mie, ) bis Trala lalalala Promènera ma mie. — Joli dragon, ) Je te donne ma fille, ) bis Trala lalalala Je te donne ma fille. — Sire le roy, ) Gardez-la pour un autre, ) bis Trala lalalala Gardez-la pour un autre. — Joli dragon, ) Dis-moi qui est ton père, ) bis Trala lalalala Dis-moi qui est ton père. — Apprenez-le : ) C'est le roy d'Angleterre, ) bis Trala lalalala C'est le roy d'Angleterre. — Prends ton poignard ; ) J'ai là mon épé' claire, ) bis Trala lalalala J'ai là mon épé' claire. — Le roy frappé ) Tombe aussitôt par terre, ) bis Trala lalalala Tombe aussitôt par terre. — Roy, tu es mort : ) Nous n'aurons plus de guerre, ) bis Trala lalalala Nous n'aurons plus de guerre. — Je n' suis pas mort ) Puisque je vis encore, ) bis Trala lalalala Puisque je vis encore. — Les trois dragons ) Se mir'nt à sa poursuite, bis) Trala lalalala Se mir'nt à sa poursuite... Chantée par Mademoiselle P***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
La Fille trop jeune pour être épouséeUn beau matin, sitôt levé, Vers ma blonde je suis allé. Je lui ai dit : Bell', dormez-vous ? C'est votre amant qui parle à vous ! Pour moi, je n' dors, je ne sommeille ; Toute la nuit l'amour m'éveille ; Toute la nuit je pense à vous ; Ma charmante, mari-ons-nous. Beau galant, va trouver mon père, Beau galant, va trouver mon père. Demande-lui son consentement ; Tu as le mien depuis longtemps. — Bon paysan, donn'-moi ta fille, Bon paysan, donn'-moi ta fille ; Donne-la-moi, si tu le veux : Je lui ferai un sort heureux. — Beau galant, ma tille est trop jeune, Beau galant, ma fille est trop jeune ; Elle est encor trop jeun' d'un an : Fait's-y l'amour en attendant. — J'y ai fait l'amour, j'veux pas l'y r'faire. J'y ai fait l'amour, j' veux pas l'y r'faire : Tout galant qu' fait l'amour longtemps Court le risque de perdr' son temps... Chantée par Monsieur D***, en 1890, à Dornes. |
La Demande en MariageUn beau sam'di, j' m'en vais voir ma maîtresse. Au coin du feu nous étions tous les deux. Je lui ai dit : Ma petite mignonne. Quand s'ra le jour où j'aurai tes amours ? Ell' me répond, de façon fort honnête : — Dès aujourd'hui, Monsieur, si vous l' voulez. Allez, allez donc là-haut, chez mon père ; S'il le veut bien, moi, cela me convient. — Sans plus tarder, je m'en vais chez son père ; De cette affair' c'était pour lui parler. Il me répond : — Ma fille est trop jeunette ; Je puis me dispenser de la marier... Chantée par Madame G***, en 1889, à Dornes. |
Le Capitaine et sa BlondeVoici r'venu l' beau mois d'avril. Allons, conscrits, il faut partir ; Il faut partir pour la frontière, Servir le roy, soldats de guerre. — Là-bas, sitôt qu'ils ont été, lis se sont tous pris à tirer ; Ils ont tiré deux heur' entières ; lis ont réduit tout en poussière. Le commandant vient à passer : — Quelqu'un est-il mort ou blessé ? — Il n'y a que notr' capitaine Qui a reçu le coup mortel (e). — Capitaine, mon bel ami, Ça t' fait-il d'la pein' de mourir ? — Tout le regret que j'ai au monde, C'est de mourir sans r'voir ma blonde — Oh ! pour ta blond', mon bel ami, Nous allons vit' l'envoyer qu'ri' Par quatre z-officiers de guerre, Par quatre braves militaires. — En voyant son amant blessé- La belle s'y prend à pleurer : — Oh! ne pleure donc pas, ma blonde, Car ma blessur' n'est pas profonde. — Oh! va, galant, j'engagerai Mon blanc jupon, mon fin bonnet, Mon anneau d'or et ma ceinture Pour bien guérir celte blessure. — Il n'y a pas d' médicament Qui puiss' guérir ton cher amant : Oh ! n'engage donc rien, ma blonde, Car ma blessure est trop profonde. Reviens demain, sur le midi ; Tu m' trouv'ras mort et ensev'li ; Tu me verras porter en terre Par quatre z-officiers de guerre... Chantée par Monsieur D***, en 1890, à Dornes. |
La Bergère fidèleTout à la riv' du bois joli ) La bell' s'est endormie. ) bis Par là z-il passe Trois cavaliers du roy. Le plus jeune lui dit : — Oh! n'avez-vous pas froid ? Si vous avez froid, ma bergère, ) Dites-le-moi, ma mie. ) bis De mon manteau, Bell', je vous couvrirai ; Et j'ai encor mon cœur : Bell', je vous l'offrirai. — Mon beau monsieur, j' vous remercie ) De votre couverture. ) bis Je n' suis point fille, Fille z-à mari-er ; J'ai bien encor mon cœur, Mais je veux le garder. — Pour qui l' gardez-vous ? ma bergère ; ) Dites-le-moi, ma mie. ) bis — Oh ! je le garde Pour mon mignon berger Qui jou' de la musette Pour m'apprendre à danser... Chantée par Monsieur B***, en 1891, à Livry. |
La fille qui suit son Amant au RégimentJe viens te dire adieu, ) Ma charmante Julie. ) bis Je dois partir demain : ) Belle, embrassons-nous bien. ) bis — S'il faut qu' tu part's demain, ) Laiss'-moi fair' la folie ) bis D'aller avecque toi ) Voir de jolis endroits. ) bis — Si tu viens avec moi, ) Quitte l'habit de fille ; ) bis Prends celui de garçon : ) Demain nous partirons. — ) bis ... La bell' servit sept ans, ) Sept ans sans se trahir(e). ) bis Tous ceux qui la voyaient Un garçon la croyaient. Sauf son fidèle amant Que son cœur aimait tant. Mais au bout des sept ans ) Survint un' grande guerre. ) bis Au milieu d'un combat Ell’ fut blessée au bras. Alors ell' déclara Qu'ell' n'était pas soldat. — Si vous n'êt's pas soldat, ) Fait's-le-moi reconnaître. — ) bis Ell' montra ses blancs seins, Sa peau comm' du satin : — Voyez, monsieur l' docteur, Cela n'est pas trompeur. Fill’, j'ai servi sept ans ) Sous les habits d'un homme ; ) bis N'ai-je pas bien gagné ) L' congé d' mon bien-aimé ? ) bis Chantée par Monsieur M***, en 1895, à Biches. |
La Volonté des fillesRossignolet sauvage, ) Facteur des amoureux, ) bis Voudrais-tu bien aller trouver ma belle ; Voudrais-tu bien lui porter cette lettre ? — Rossignol prend la lettre, ) Chez la belle il s'en va : ) bis — Ah ! dormez-vous, sommeillez-vous, la belle. Ne pensez-vous à celui qui vous aime ? — La bell' glissa par terre, ) La port' s'en fut ouvri'. ) bis Ell' regarde du côté de la plaine, Elle aperçoit celui que son cœur aime. — La bell', je viens vous dire ) Que je suis mari-é... ) bis — Je le sais bien, j'l'ai bien entendu dire Que vous êtes un amuseur de filles (1). — Un amuseur de filles, ) Oh! non, je ne suis pas... ) bis Je suis ici (2), c'est pour chanter z-et rire, C'est pour faire la volonté des filles, La volonté des filles, ) Difficile à savoir. ) bis Venez ce soir : ell' diront qu'ell' vous aiment ; Venez demain : ce n' sera plus de même... Chantée par Madame F***, en 1892, à Livry. |
L'Amant retenu en prisonDans la ville de Nantes ) Une fille il y a. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! Son pêr' qui la regarde : ) — Ma fill’, qu'est-c' que tu as ? ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! Est-ce la têt', ma fille, ) Ou le cœur qui t' fait mal ? ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! — C'est la tête, mon père, ) La tête, aussi le cœur. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre. Dessous un genévrier ! — Le médecin, ma fille, ) Nous irons consulter. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! — Pour me guérir, mon père, ) Il faut me mari-er. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! — Pour t' mari-er, ma fille, ) Quel amant te donner ? ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! Est-ce le fils du prince ) Ou monsieur le bourreau ? ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! — Ce n’est pas l’ fils du prince ) Ni monsieur le bourreau. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! Mais c'est mon ami Pierre ) Qu' vous r'tenez en prison. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre. Dessous un genévrier ! — Ton ami Pierr', ma fille, ) Domain nous le pendrons. ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! — Si vous l’ pendez à l'arbre, ) Au pied vous m'enterr'rez... ) bis ... Qu'on me mène à l'ombre, Dessous un genévrier ! Chantée par Monsieur D***, en 1889, à Dornes. |
Le Bon MariQue les femmes sont donc sottes ) D’obéir à leurs maris ; ) bis J'en ai un comme les autres : Je m'en fais bien obéir. Le soir, lorsque je me couche, ) Je l'attache au pied du lit ; ) bis Le matin, quand je me lève, Je le trouve où je l'ai mis. Je m'en vais en promenade : ) Pierrot, tu viendras me qu'ri' ) bis Mais avec une lanterne, Mon manteau pour m'y couvri'. — L' bon Pierrot n'a pas manqué : ) Chez l'hôtesse le voici. ) bis — Oh ! bien le bonsoir, madame ; Notre femme est-elle ici ? — Oh! oui, oh ! oui, lui dit-elle ; ) Elle est assis' sur un lit ) bis Avecque trois autres belles, Toutes les trois ses amies... — Tout' ces dam' se mett' à dire : ) — L'bon mari qu'vous avez pris ! ) bis Qu'on nous apporte des verres Pour trinquer avecque lui. Il faut lui donner à boire, ) A ce mari comme il faut, ) bis Dos liqueurs de cette armoire Ou bien du vin de Bordeaux. — Oh! non, oh! non, leur dit-elle, ) C'est trop bon pour mon mari ; ) bis Quant à l'eau de la fontaine, S'il a soif qu'il aille en qu'ri... Chantée par Madame T***, en 1892, à Livry. |
L'anneau d'or que je porte...Du temps de mon jeune âge Je n' voulais pas m'y mari-er ; Mais maintenant je trouve sage D'ali-éner ma liberté. L'on m'y mène à l'autel (e) En robe blanche de satin, Un' bell' couronn' dessur ma tête, Un romarin dedans ma main. L'on m'y mène à l'auberge... Ces filles à table en ce lieu, Plus j'les regard', plus j'les trouv' belles : Les larmes me coulent des yeux ! L'anneau d'or que je porte, Qui fait si bien l' tour de mon doigt, C'est mon amant qui me le donne Pour finir ses jours avec moi. Adieu, fleur du bel âge, Puisque me voilà mari-ée ; Il me faut donc mettre en ménage : Le rang des fill' je dois quitter... Chantée par Mademoiselle P*** et Monsieur B***, en 1898, à Planchez-du-Morvand. |
C'était la Fille d'un Prince...C'était la fill’ d'un prince, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! C'était la fill’ d'un prince Qui allait se baigner (bis). Ell' voit venir un' barque, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Ell' voit venir un' barque Chargé' de matelots, (bis). Ils sont bien vingt à trente. Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Ils sont bien vingt à trente : Tous de bons citoyens ! (bis). Le plus jeune des trente, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Le plus jeune des trente Disait une chanson (bis). — La chanson que vous dites. Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! La chanson que vous dites, J' voudrais bien la savoir (bis). — Entrez dedans notr' barque : Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Entrez dedans notr' barque : Nous vous l'apprend (e) rons. — (bis). Quand ell' fut dans la barque, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Quand ell' fut dans la barque, Ell' se prit à pleurer (bis). — Que pleurez-vous, la belle, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Que pleurez-vous, la belle, Qu'avez-vous à pleurer ? (bis). — Je pleur' mon cœur volage, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Je pleur' mon cœur volage Que vous m'avez ôté. (bis). — Ne pleurez point, la belle : Dondou laïdaïdou Lourlour laridera ! Ne pleurez point, la belle : Nous vous le rend (e) rons. (bis). — C'est pas un' chose à rendre, Dondou laïdaïdou Lourlour laridera! C'est pas un' chose à rendre Comm' de l'argent prêté... (bis). Chantée par Mademoiselle R**, en 1890, à Dornes. |
La Belle qui n'a pas d'AmantNous étions trois jeunes filles, Tout' les trois à mari-er ; Nous nous disions l'une à l'autre : Ma sœur, est-il bon d'aimer ? Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ; J'y passe mon temps désagréablement ! Je m'en vais chez ma voisine ; Ma voisine était couchée. Ell' me cri' par la fenêtre Que j'aurai son fils ainé. Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ; J'y passe mon temps désagréablement ! — Mon fils est dans la cuisine Qui souffre depuis longtemps En me disant : « Ma voisine A un petit air charmant ». Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ; J'y passe mou temps désagréablement ! — Monsieur, entrez dans la danse ; Je verrai si vous m'aimez. ... Voyez-vous ce malhonnête : Il n'a pas su m'embrasser ! Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ; J'y passe mon temps désagréablement... Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes. |
La Belle qui ressusciteSous un beau rosier blanc Il y a-t-une princesse, Blanche comme la neige, Belle comme le jour. Ce sont trois capitaines Qui vienn'nl lui l'air' l'amour. Le plus jeune des trois La prend par sa main blanche — Montez, montez, la belle, Dessur mon cheval gris Pour qu'à Paris j' vous mène Dans un fort beau logis. — Ne fur'nt pas arrivés, L'hôtess' qui la regarde : — Dites-moi donc, la belle, Dites-moi, sans mentir. Si vous êt’s là par force Ou bien pour vos plaisirs. — J'y suis pour mes plaisirs, Madame, et non par force... — Soupez, soupez, la belle ; Perdez votre appétit : Avec trois capitaines Vous passerez la nuit. — Ce discours-là cessé, La belle est tombé' morte... — Sonnez, sonnez les cloches. Veillez-la doucement ; Ma maîtresse elle est morte ; J'en ai le cœur dolent. — Où donc l'enterr'rons-nous Cett' tant joli' princesse ? — Dans le jardin d' son père, Oh ! sans cérémonie ; Prions donc pour qu'elle aille Tout droit au Paradis. — Tout au bout de trois jours, Le père s'y promène : — Venez, venez, cher père. Venez me déterrer ; J'ai fait trois jours la morte Pour mon honneur garder... Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes. |
Le Galant qui tue sa MieC'est un garçon qui veut s' défaire De sa mie et s'y mari-er, S'y mari-er sans r'tardement Avec une autr' qu'a mais d'argent. — Réveillez-vous, ma mi' Jeannette ; Réveillez-vous, si vous dormez. Prenez l’ plus beau de vos habits : C'est pour aller voir nos amis. — La belle, elle a glissé par terre ; S'est habillé' bien promptement. Elle a pris l’ plus beau d' ses habits, Croyant aller voir ses amis. Il l'a prise par sa main blanche ; Sur son cheval il l'a montée, En lui disant : « Bell', tenez bon : Car je veux jouer de l'éperon. » Le cheval allait comme un traitre, Dans les vallons comme un larron. Oh ! il allait et sans arrêt, Mais du côté de la forêt. Quand ils sont dans les verts bocages : — Hélas ! la belle, il faut mourir ! — Hélas, grand Dieu ! si j'ai des torts, Donnez-moi le coup de la mort. — Il a tiré son épé' claire ; Sur le sein d' sa mi' l'a posée, Il l'a posé' si rudement Qu' la belle a perdu tout son sang. ... Mais à la r'cherche de la belle Ses trois frères ils s'étaient mis. « Ah ! dit tout à coup l'un des trois, Notr' sœur est peut-êtr' dans le bois ». Dedans le bois ils sont entrés Et le plus jeun' s' prend à crier : — Ah ! la voilà ! Ah ! elle est morte ! Ah ! la voilà sous une coque ! — (i) De la forêt comme ils en sortent Font la rencontr' d'un cavalier : — Galant, qu'as-tu fait de ta mie ? Tu as du sang sur tes habits ! — Depuis le point du jour je chasse ; Et seul ici je suis venu. Si j'ai du sang sur mes habits, C'est celui d'un p'tit lapin gris. — Mais ils l'ont pris, l'ont emmené ; Et pour le restant de ses jours, Ils l'ont mis dans un' chambre brune Où l'on n' voit ni soleil ni lune... (i) Sous la souche d'un arbre arraché. |
La chanson populaire en Nivernais - 1905
Choix de quinze chansons orales
Recueillies et publiées par Jean STRAMOY
Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".
Liste alphabétique des chansons (avec lien)
MadelonDessur le pont de Nantes, ) Allant m'y promener, ) bis J’ai rencontré ma belle. ) J'ai voulu l'enlever ; ) La justice de Nantes ) M'a fait emprisonner. ) bis. Quand la belle entend dire ) Que son amant est pris, ) bis. Elle s'habille en page, ) En postillon joli ; ) A la prison de Nantes ) La belle se rendit. ) bis. Arrivée à la porte, ) Trois petits coups frappés : ) bis. -- Messieurs de la justice, ) Donnez-moi permission ) De parler à mon maître ) Qu'est ici en prison. ) bis. -- Oui, par nos bonnes grâces, ) Vous pourrez lui parler... ) bis. -- Quitte tes habits vite ; ) Mets les miens promptement ; ) Prends mon cheval de poste ) Qui va comme le vent. ) bis. -- Où donc veux-tu que j'aille ? ) Je suis connu partout. ) bis. -- Passant dedans la ville, ) N'y reste pas longtemps ; ) Marche en baissant la tête ; ) Tiens-toi modestement. ) bis. Quarant'-huit.heur's se passent ; ) Cette affaire est jugée. ) bis. On condamne la belle ) A êtr' pendu'-z-et rouée ) Sur la place de Nantes, ) Un beau jour de marché. ) bis. Quand ell' fut sur l'échelle, ) Trois échelons montés : ) bis. -- Messieurs de la justice, ) Auriez-vous permission ) De détruire une fille ) A la plac' d'un garçon ? ) bis. -- Si vous êt' une fille ) Dites-nous votre nom ? ) bis. -- Je m’appell’ Madeleine, ) Madelon, c'est mon nom ) Fille d'un gentilhomme, ) D'une bonne maison! ) bis Je m' moqu' de la justice ) Et des chapeaux carrés. ) bis. Oui ! malgré ma jeunesse, ) Je mourrai sans regret ) Puisque, par mon adresse, ) Mon amant j'ai sauvé... )bis. Chantée par Monsieur G., à Avril-sur-Loire, en 1902. |
L'amant confiantJean, prends garde à toi ! ) On va te couper l'herbe ) bis. Sous le pied, te prendre ta maîtresse, Dondaine ! L'amour qui nous mène, Dondon ! -- Laisse-la couper : ) Ell' repouss'ra plus belle. ) bis. Pourquoi donc je me mettrais en peine ? Dondaine ! L'amour qui nous mène, Dondon ! ... Pour me reposer ) Je dors à côté d'Elle, ) bis. Dans un lit tout garni de dentelles, Dondaine ! L'amour qui nous mène, Dondon ! A chaqu' coin du lit ) Il y a un' pomm' d'orange. ) bis. A la têt' le rossignol y chante, Dondaine ! L'amour qui nous mène, Dondon ! Trois enfants avons, ) Tous les trois capitaines, ) bis. Au servie' de leur roy, de leur reine, Dondaine ! L'amour qui nous mène, Dondon ! L'un est à Bordeaux, ) L'autre est à La Rochelle, ) bis. L'autre ici qui mani' la bouteille. Dondaine ! L'amour qui nous mène. Dondon ! Chantée par Mademoiselle R., à Dornes. en 1890. |
La future cantinièreMon cher amant, si tu t'en vas, ) Au régiment tu m'oublieras. ) bis. Et, tandis que d'autres belles Auront tes amitiés. Je serai, pauvre fillette, ) Tout à fait délaissée. ) bis. -- Oh ! va, la bell', si tu voulais, ) Avecque moi tu viend(e)rais. ) bis. Tu serais la cantinière De mon beau régiment ; Tu passerais ta jeunesse ) Auprès de ton amant. ) bis. -- Mon cher amant, si je te suis ) Je n'reviendrai pas au pays. ) bis. Car l'état de cantinière Fait un mauvais renom A toute jeun' demoiselle ) Qui r’vient dans son canton... ) bis. Chantée par Monsieur J., à Saint-Léger-des-Vignes, en 1902. |
Ce sont les malheureux qui entrent en ménageSur les bords de la Loire ) Des oiseaux il y a, ) bis. Des gros et des petits Qui dis'nt, en leur langage : « Ce sont les malheureux Qui se mett'nt en mènage. » De grand matin la belle, ) Ce jour-là. s'est levée : ) bis. -- Bonjour, papa, maman. Puisque j'entre en ménage Qu'on me donne un mouchoir Pour essuyer mes larmes ! –- Le lendemain des noces : ) -- Mais de quoi vivrons-nous ? ) bis. -- Nous vendrons ta bagu' d'or, La plus bell' de tes robes. Si ça ne suffit pas Nous vendrons autre chose. –- Le lendemain des noces : ) -- Quel habit mettons-nous ? ) bis. -- Nous mettrons l'habit noir, L'habit de pénitence, Le chapeau galonné Du cordon de souffrance. -- S'en retourn' chez son père ) Au bout d'sept ou huit jours : ) bis. -- Bonjour, papa, maman. Celui que j'ai pour homme, Toujours au cabaret, Ne fait point de besogne. -- Endure ! endur' ! ma fille : ) Tu le feras changer. ) bis. Montre-lui tes blancs seins, Aussi ton beau visage : Cela ramènera La paix dans ton ménage. -- Cet amant qui m'accable. ) Comment le supporter ? ) bis. Grand Dieu ! si je pouvais Envoyer l'mariage Ainsi que mon mari Plus loin qu'à tous les diables ! Chantée par Mademoiselle L., à Moux, en I899 et par Monsieur G., à Avril-sur-Loire, en I902. |
La batelièreC'est un monsieur des alentours ) Qui s'en allait faire l'amour, ) bis. Qui s'en allait le long de la rivière Pour voir passer la belle batelière. -- Bell' batelièr', dans ton bateau, ) Voudrais-tu me fair' passer l'eau ? ) bis. -- Oh ! oui, Monsieur. Entrez dans ma navière : Nous passerons ensemble la rivière. Ne fur'nt pas au milieu de l'eau ) Que l'monsieur voulut badiner : ) bis. -- Non ! non ! Monsieur ; cessez ce badinage Vous êt's ici avec un' fille sage. -- Dis-moi, la belle : oh ! pour cent louis ) Ton petit cœur on l'aurait-il ? ) bis. -- Oh ! pour cent louis, ce n's'rait pas pour grand' chose ; Mais pour deux cents, Monsieur, il sera vôtre. – Le monsieur quitt' ses beaux gants blancs ; ) Tir' de sa poch’ d’ l'or et d’ l’argent : ) bis. -- Prends en donc, prends-en donc en suffisance, Prends en donc de cet or en abondance. –- L’agent n'fut pas à d'mi compté ) Que l'monsieur voulut badiner. ) bis. -- Non ! non! Monsieur. Un peu de patience : Sur l'eau nous ne somm' pas en assurance. -- -- Oh ! la rivièr' vite passons ; ) J’ai là-bas une bell' maison, ) bis. Un' bell' maison avec de belles chambres. De beaux lits blancs ... Nous y vivrons ensemble. –- Le monsieur sur le bord de l'eau, ) La bell' repoussa son bateau. ) bis. Ell' s'en alla chantant sa chansonnette « Je tiens l'argent d'un joli capitaine. » -- La bell', que diront mes parents ) M' voyant sans or et sans argent ? ) bis. -- Tu leur diras qu'en passant la rivière Tu as jouè z-avec la batelière. -- -- Bell' batelièr', j'me vengerai ! ) Dans ton bateau j 'te ferai noyer. ) bis. -- Mon beau Monsieur, sur l'eau je n’vous crains guère : J'ai les moyens de n'ètr' plus batelière... Chantée par Monsieur D., à Dornes, en 1890. |
La Nannette et son vieux mariMon pèr' n'avait que moi de fille ; Mais n'a voulu me marier Qu'avec un homme de son âge Qui n' connaît pas l' besoin d'aimer : C'est bien la vérité ! Toute la nuit il dort, il ronfle : Moi, je languis auprès de lui, Le lendemain matin me dit : -- Nannett', l'vez-vous, habillez-vous ; Voilà le point du jour. -- Pour obéir, ah ! comment faire ? Malad' je suis auprès de vous ! -- Oh ! malade ou bien non malade, Nannett', l'vez-vous, habillez-vous ; Voilà le point du jour. Oh ! la Nannette elle se lève ; Mais chez son père elle s'en va, Le long de son chemin rencontre Son cher amant du temps passé Qui l'avait tant aimée. Il lui dit :-- Eh ! bonjour Nannette ; Où vas-tu donc, bell', si matin ? -- Je cherch' mon cœur volage à vendre ; Je vous le donne pour cinq sous ; Galant, le voulez-vous ? Il lui prend les mains dans les siennes ; Il l'embrasse bien tendrement En lui disant : -- O ma Nannette, Ton cher amant du temps passé Veut faire ce marché... Chantée par Monsieur D., à Dornes, en 1890. |
L'ivrogne et sa femmeLe matin, quand je me lève, Je mets la main sur le cou, Sur le cou de la bouteille ; J' lui fais faire glouglouglou. La bouteille, c'est ma femme ; Et le verre, mon voisin. Buvons-en, cher camarade, Buvons-en de ce bon vin ! Lorsque je quitte la table Je vois tourner mes amis, Les bouteilles et les verres, Les chais' et tout le logis. Oh ! mais ma femme se fâche Quand je r'viens du cabaret ; Me dit : -- Fais voir ta besogne, L'ouvrage que tu as fait. -- Ma femme , quand tu te fâches, Ne fais donc pas tant de bruit ! Ou sinon, dedans ma cave Je vais descendre mon lit. Quand je s'rai mort, qu'on m'enterre Dans ma cave, auprès du vin, Les deux pieds contr' la muraille Et la têt' sous le robin. Quatre de mes camarades Tiendront les cornes du drap Et quatre autr', des plus ivrognes, Chanteront mes libera. Ils s'diront les uns aux autres : -- Il faut se mettre à genoux. Fera-t-il, dans l'autre monde, Ce qu'il faisait avec nous ? Chantée par Monsieur G., à Dornes, en 1889. |
Le vigneron maladeÉcoutez, pauvres ivrognes, Ecoutez votre chanson : Là-haut, dessur la montagne, Il n’y a pas de maison. Nous en ferons bâtir une Pour loger le vigneron. L' vigneron est bien malade : Il lui faut le médecin. L’ médecin , dans sa visite, Lui a défendu le vin. -- Médecin, va-t'en au diable, Si tu me défends le vin ! J'en ai bu toute ma vie ; J'en boirai jusqu'à ma fin. Mort, je veux que l'on m'enterre Dans ma cave, auprès du vin. Les pieds contre la muraille Et le nez sous le robin. S’il en tombe quelques gouttes Je pourrai me rafraîchir. Si le tonneau se défonce Je pourrai boire à loisir. Chantée par Monsieur P., à Dornes, en 1889. |
Les sabotiersHé ! bûchons dur ! Les sabotiers sont pir' que des évêques (bis). Oh! du lundi ils font un jour de fête (bis). Et le mardi ils ont mal à la tête (bis). Le mercredi ils ne peuvent rien faire (bis). Mais le jeudi ils commenc'nt la semaine (bis). Le vendredi ils travaill'nt comm' des bêtes (bis). Le samedi ils le passent de même (bis). Et le dimanche : -- Il nous faut compter, maître. (bis). Chantée par Monsieur B., à Moulins-Engilbert, en 1896. |
Madame la mariée vous n'irez plus au balJe suis venu ce soir Du fond de mon village Pour partager la joie De votre mariage. Je vous souhaite à tous deux ) D'être toujours heureux. ) bis. Madam' la mariée, Que vous a dit le prêtre? Il vous a r'commandé De ne pas cesser d'être Fidèle à votre époux, ) De l’aimer comme vous. ) bis. Quand on dit son époux On dit souvent son maître... Il ne tient pas toujours La promess' qu'il a faite ; Car doux il a promis ) D'être toute sa vie. ) bis. Madam' la mariée Vous n’irez plus au bal(e) ; Vous rest'rez au logis Près de votre mari ; Vous gard'rez la maison ) Pendant qu' les autr' iront. ) bis. Prenez ce beau bouquet Que ma main vous présente. Madam' la mariée C'est pour vous fair' comprendre Que vos belles couleurs ) Passeront comm' ces fleurs. ) bis. Acceptez ce gâteau Que ma main vous présente. Madam' la mariée C'est pour vous fair' comprendre Qu'il faut pour nous nourrir ) Travailler et souffrir. ) bis. Si vous avez chez vous Des bœufs, aussi des vaches, Des moutons, des brebis, Du lait et des fromages, Faudra, soir et matin, ) S'occuper de ces biens. ) bis. Si vous avez un jour Des enfants à conduire, Lorsque vous command'rez Faites qu'ils obéissent Car, plus tard, devant Dieu, ) Vous répond(e)rez d'eux. ) bis. -- Adieu, château brillant, Le logis de mon père, Où j'ai si bien passé Le temps de ma jeunesse ; Adieu, plaisirs et joies D'un' fille comme moi ; Adieu ma liberté : Il n'y faut plus songer... Chantée par Mademoiselle M..., à Moux, et par Monsieur B..., à Planchez-du-Morvan, en 1898. |
Le mauvais richeLe bon Dieu s’habille en pauvre, L'aumône va demander (bis). S'en va-t-à la port' du riche : -- Faites-moi la charité (bis). -- Que veux-tu que je t'y donne ? Je n'ai rien à t'y donner (bis). Les miettes de notre table, J'ai des chiens pour les manger (bis). Mes chiens m’y prendront des lièvres : Toi, tu ne m'y prendras rien (bis). -- Madam' qu’ êt’ à la fenêtre, Faites-moi la charité (bis). -- Entrez, entrez donc, le pauvre ; Entrez donc vous reposer (bis). Et voici la soupe qu'on trempe : Vous aid'rez à la manger (bis). Quand il a mangé la soupe Le pauvre veut s'en aller (bis). -- Restez, oh ! restez, le pauvre : Un lit j'ai pour vous coucher (bis). Quand elle entre dans la chambre, Voit la chambr' tout éclairée (bis). -- Oh ! dites-moi donc, le pauvre, Si c'est la lun' qui paraît (bis) ? -- Non, madam', ce sont des anges Que vous voyez voltiger (bis). Dans trois jours, non davantage, Il faudra vous confesser (bis) ; Avant qu'il ne s'en pass' quatre Au paradis vous serez Et votr' mari s'ra damné. -- Oh ! dites-moi donc, le pauvre, Ne s'ra-t-il point pardonné (bis) ? -- Oh ! non, oh ! mais non, madame ; En enfer ira brûler Parc' qu’il m'a tout refusé... Chantée par Mademoiselle M., à Moux, en 1898. |
La fille muetteUn jour la fille muett' s'en va aux champs Touchant devant elle ses moutons blancs. A perçoit un' dam' blanch' dans son troupeau Qui lui demande son plus bel agneau. -- Va-t-en dire à ton pèr', ta mère aussi, Va-t-en dire à ton pèr', ta mère aussi Qu'il y a un' dame blanch' dans ton troupeau Qui te demande ton plus bel agneau. -- Bien le bonjour, mon pèr', ma mère aussi, Bien le bonjour, mon pèr', ma mère aussi. Il y a un' dame blanch' dans mon troupeau Qui me demande mon plus bel agneau. – Le père, aussi la mèr’, bien étonnés D'entendr' leur fille muette ainsi parler : --Va-t-en lui dir’, ma fille, que tes agneaux Sont tous à son servic', jusqu'au plus beau... Chantée par Madame B., à Dornes, en 1890. |
Le soldat renvoyé dans ses foyersAdieu, cinquant'-sixième ; Je m'en vais te quitter. Ce n'est pas avec peine Que j'ai r'çu mon congé. Tout ce que je regrette De mon beau régiment C' n'est pas mon capitaine Ni mon sous-lieutenant. Ce sont les camarades Qui étaient avec moi Ils resteront, fidèles, Au service du roy ; Ils iront à la guerre Combattre l'ennemi Et gard'ront les frontières De notre beau pays. Tout le long de la route Le sac dessur le dos, On s'dit les uns aux autres : Camarad', il fait chaud ! Entrons dans cette auberge ; Nous nous rafraîchirons. Nous boirons un' bouteille, Nous chant'rons un' chanson. Après avoir bien bu Et aussi bien chanté On appelle l'hôtesse, L'hôtesse pour compter. Chacun cherche en sa poche Pour payer son écot ; Et l'on s’remet en route, Chantant comm' des oiseaux. Tout le long de la route On s'est bien amusé Avec les demoiselles En les faisant danser. Et, sans une disgrâce, Nous sommes arrivé. Embrassons père et mère : Notre cœur est charmé. Plus de sall' de police, De prison, de cachot. Auprès de sa maîtresse On oubli' tous ses maux ; Auprès de sa maîtresse Et de tous ses parents On s' moqu' du capitaine Et du sous-lieutenant. Chantée par Madame B., à Dornes, en 1890, et par Monsieur M., à Saint-Pierre-le-Moutier, en 1892. |
Le revenantA mon s'cours ! mes enfants, Car il en est temps : De frayeur m' voici morte. C'est Simon, notr' grand gars, Qui r'vient du trépas En me tendant les bras. C'est bien lui, voyez-vous : Sauvons-nous tretous Et vit' fermons la porte. Et, pour le renvoyer, Toi, prends ton psautier Et donn'-moi l' bénitier. -- Ouvrez donc, chers parents ; C'est moi, votre enfant, Qui reviens de la guerre. J'étais si mal là-bas Qu' j'en r'viens à grands pas : N' m'y renvoyez donc pas. Ah ! va-t-en, mon enfant ; D'nous tu s'ras content, Car demain, je le jure, Pour adoucir ton sort Nous te ferons dire Un servic' de mort. -- Un servic'... vous rêvez ! Oh ! vous me prenez Pour un autre, ma mère. Je n'suis pas un r'venant : J' suis vraiment viquant Et Simon, votre enfant. -- J'ons d' l'écrit, bien signé, Comm' quoi tu fus tué Dans une grand' bataille. Puisqu't'as perdu Ia vie, Fini, c'est fini : Bout'-toi ça dans l'esprit. -- Je n'suis pas mort un brin, Je ne suis enfin Ni revenant ni diable ; Je n' suis pas un r'venant ; J' suis vraiment viquant Et Simon, votre enfant. -- Puisqu't'es vraiment viquant, Entre, mon enfant ; Et mets-toi donc à table : Tu nous rassureras. Je sais que, là-bas, Les morts ne mangent pas. C' qu’ m’arriv’-là, mon garçon, M' servira d' leçon. Je n' s'rai plus si bête. J'écout'rai plus l' papier Puisqu' dans notr' quartier Te voilà tout entier. Chantée par Monsieur B., à Moulins-Engilbert, en 1896. |
Achille Millien (1838-1927) et le folklore du Nivernais
Biographie et œuvre
Achille Millien entreprend dès 1877 la collecte systématique des contes, légendes et chansons populaires du Nivernais. Ce travail considérable, dont les résultats sont encore en grande partie inédits, fait d'Achille Millien « une référence exemplaire dans le monde de l'ethnologie contemporaine »
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Voici des liens directs vers les mélodies des 3 tomes d’Achille Millien (Littérature orale et traditions du Nivernais) ainsi que des 7 tomes de Achille Millien & Georges Delarue (Chansons populaires du Nivernais et du Morvan).
Retrouvez, également, d'autres mélodies de toute la France dans cette bibliothèque musicale.
L'AEPEM est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 ayant pour objet : L’Étude, la Promotion et l’Enseignement des Musiques Traditionnelles des Pays de France. Elle a été fondée en 2004 par Jacques Lanfranchi, Jean-Michel Péru et Philippe Suzanne.
On a peine à imaginer, quand on ne sait pas, la richesse mélodique collectée aux XIX° et XX° siècles par ceux qu’on a appelés les « folkloristes », ethnomusicologues avant l’heure.
Richesse par le volume : 450 mélodies et variantes recueillies dans le seul département de l’Indre par Barbillat et Touraine, près de 2200 mélodies par Millien dans celui de la Nièvre…
....Pour nous, toute utilisation bien faite est bonne à prendre, et il ne nous déplairait pas d’entendre en fond sonore de telle ou telle publicité ou dans tel ou tel magasin une de ces mélodies.
Mais s’il fallait prendre part à ce débat, nous serions tentés de dire que seule l’ignorance peut opposer « racines » et « échange ». En effet, comment peut-on prétendre à l’échange culturel sans rien apporter à l’autre, sans rien maîtriser de soi ? A moins de piller l’autre, ou de s’y soumettre… Reste à « retrouver ses racines », ou pour mieux dire à s’approprier cet héritage, pour mieux échanger et s’ouvrir à l’autre.
Ce qui suppose évidemment une connaissance de cet héritage. C’est ce à quoi notre association essaie de contribuer.
Livre : XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune
Site "A.E.P.E.M." : XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune - 1907
Maurice EMMANUEL
Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".
Liste alphabétique des chansons (avec lien)
Chez Jean NicotChez Jean Nicot, pour le présent, y a trois jolies filles; La plus jeune ne boude pas, (bis) Ut, si, ut, la, ré, mi, fa , sol, la, La plus jeune ne boude pas, Quand on lui parl’ de ses appas. Quand les Espagnols vont la voir, son petit cœur soupire. -- Qu'avez -vous, belle, à soupirer ? (bis) Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la, Qu'avez- vous, belle, à soupirer ? N'avez- vous pas mes amitiés ? Monsieur, si j'ai vos amitiés, j'en suis fort bien la dupe : Vous avez aussi mes appas ; (bis) Ut , si, ut, la, ré, mi, fa , sol, la, Vous avez aussi mes appas : Pourquoi ne m’épousez-vous pas ? Pour t'épouser, je ne puis pas, ma charmante brunette : Mon capitain' ne le veut pas ! (bis) Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la , Mon capitain’ ne le veut pas ! Je le jure et tu me croiras. Je donnerai pour le présent, quatre aunes de dentelles, Avec quoi tu en garniras, (bis) Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la, Avec quoi tu en garniras Le petit poupon qui viendra. Monsieur, gardez vos compliments, aussi votre dentelle ! La ville nous en fournira , (bis) Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la, La ville nous en fournira, Pour le p'tit poupon qui viendra ! Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 2 - Coirault : 2318 |
Le veigneronDieu ! qué métey de galèère, Que d'être veigneron ! Tôzeur a gretta lai tèère, En teutes lai sayons ! J’airins de l'airgent Qu’man dai noubles Et qu'man dai barons , An ne dirôt pas qu’ç’ast un nouble, Ma un veigneron : Ç'ast un veigneron ! L'métin i peurnons nos oûtes A pus teuts nos oustiaux, Nos oustiaux à nos port'oûtes A pus nos gros sébiaux. A pus i ailons boère eun’ goutte, Checun pour chi iards , C'qui nous fa casser eun' croûte, C'qui chess' le brouillard. A médi chécun appourte Eun' pognée de paissiaux, Fions du feu emmi deux mouttes, A pus y on a ben chaud ! I entaumons lai polétique : N' y é point d'avocat Ni d'noutaire, qui vous explique Mieux les loués d’l’Etat. Le sar i rentrons des veignes, Qu'man c’qui, pas trop tard ; I aparsevons d'sus la veille Un épaux brouillard : C’ast les cheminées d'nos cambuses Qui sont enflambées , Nos cambusières qui s'abusent A far' nos soupées . Ah ! quel eurpas délectable ! J'en loichons nos doegts ... Pomm' de tiare d'sus la table, Eun' bonne soupe es poès ; Du picton dans eun’ cruche : Teut ben préparat ; Des paissias en guis’ de bûche, Pour nous réchauffa. Dieu ! quel métier de galère, Que d'être vigneron ! Toujours à gratter la terre, En toutes les saisons ! J'aurais de l'argent Comm’ des nobles Et comm’ des barons, On ne dirait pas qu’ c’est un noble, Mais un vigneron : C'est un vigneron ! L'matin nous prenons nos hottes Et puis tous nos outils, Nos outils et nos port' hottes Et puis nos gros sabots. Et puis nous allons boire un’ goutte, Chacun pour six liards, C'qui nous fait casser un’ croûte, C’qui chass' le brouillard. A midi chacun apporte Un' poignée de paisseaux, Nous f’sons du feu entre deux mottes, Et puis l'on a bien chaud ! Nous entamons la politique : N'y a point d'avocat Ni d’ notaire, qui vous explique Mieux les lois d' l'État. Le soir nous rentrons des vignes, Comm’ ça, pas trop tard ; J'apercevons d’sus la ville Un épais brouillard : C'est les cheminées d'nos cambuses Qui sont enflambées, Nos cambusières qui s’amusent A fair’ nos soupées. Ah ! quel repas délectable ! J'en léchons nos doigts... Pomm' de terre d'sus la table, Un’ bonn’ soupe aux pois ; Du picton dans un' cruche : Tout bien préparé ; Des paisseaux en guise de bûche, Pour nous réchauffer. Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 16 - Coirault : Sans |
Quand j’éto chez mon peireQuand j’éto chez mon peire, P'tiot enfant paturiau, On m'envoyo ben loin Pou garder les igneaux, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De lai montaigne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! On m'envoyo ben loin Pou garder les igneaux. Le loup qui a venu M'é mingé le pu biau, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De lai montaigne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! Le loup qui a venu M'é mingé le pu biau. S'al éto moins goulu M'éro laichié lé piau, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De lai montaigne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! Quand j'étais chez mon père, P'tit enfant paturiau, On m’envoyoit bien loin Pour garder les agneaux, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De la montagne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! On m'envoyait bien loin Pour garder les agneaux. Le loup qui est venu M’a mangé le plus beau, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De la montagne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! Le loup qui est venu M'a mangé le plus beau. S'il était moins goulu M’aurait laissé la peau, oh ! Jean dégrignolle, Jean dégrignolle De la montagne, Landuriau ! Dinn’ dainn' la faridondainn', Dinn' don la faridondon ! Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 24 - Coirault : 4602 |
Complainte de Notre-DameMessieurs, Mesdames, plaise à vous d'écouter Une complaint' pieuse à vous conter De Notre-Dame, qui eut l'cœur dolent, Quand elle sçut que fut pris son Enfant. O toi, faux juif, qu'avait donc mon Fils fait ? Jamais en lui n'y eut aucun méfait ! Vous l'avez mis à mort cruellement ; Vous en serez punis amèrement. Traître Judas, qui fus bien inhumain D'avoir trahi l'précieux sang divin ! Pour trente et un deniers tu l'as vendu ! Tu en seras puni et confondu. O faux Pilat', toi qui l'as tant battu, Tant flagellé, tant, qu'il était rompu... Hélas ! pourquoi n'en avais-tu pitié ? C'était Celui plein de toute amitié ! O laboureurs, ô gens de tous métiers, Accourez tous, venez de tous côtés, Venez pleurer avec compassion La mort du Fils, aussi sa passion ! O fill's et femmes qui gardez la maison, Donnez des œufs à ces petits garçons ! Nous vous dirons chacun : De profundis ! Amen ! Amen ! Miserere nobis ! Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 30 - Coirault : 8816 |
Quand j'ai sôti de mon villaigeQuand j'ai sôti de mon villaige, J'aivois quinze ans ; J'étois hébillé d'pied qu'en caige, Comme i galant. J'aivois i bia chaipia de peille, Long et pontiu , Que le curé de mon villaige M'aivoit vendu. J'aivois ine bell' craivette, Longue et carrée, Que Mairie, mai tante Guillmette M'aivoit baillée. J'aivois in’ bell' veste roaige, Des pus joulies, I ressembiô i capitiaine D’ifanterie. J'aivois ine bell' culieutte, Teute de pia, Que j'aivois treuvée teute neuve Dans n'i terrià. Quand j’étois vez man mie Diodègne, Ran que non deux, Ran que non deux, Ma ran que non deux... l li disois que non pillonnes Fasint des œufs ! Quand j’ai sorti de mon village, J’avais quinze ans : J’étais habillé d’pied en cap, Comme un galant. J’avais un beau chapeau de paille, Long et pointu, Que le curé de mon village M'avait vendu. J'avais une bell' cravate, Longue et carrée, Que Marie, ma tante Guillmette, M’avait achetée. J'avais un' bell' veste rouge, Des plus jolies, Je ressemblais à un capitaine D' infanterie. J’avais une bell' culotte, Toute de peau, Que j'avais trouvée toute neuve Dans un cuveau. Quand j’étais vers ma mie Claudine, Rien que nous deux, Rien que nous deux, Mais rien que nous deux... Je lui disais que nos poulettes Faisaient des œufs ! Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 102 - Coirault : 2427 |
V'la que l'aloueute chanteV'la que l'aloueute chante Et le rcssigneuh. Qu' on rise et piaisante, Po ce biâ sereuh ! Lai târe a fieurie ; Lai tôle a garnie ; Et dison teurtheuh ! Vive Mâ, gachneuh ! Ran n'ai l'heumou noire ; On voi teut poteuh Aiboille, cancoire, Boudon, parpoilleuh. Teut y veuletonne, Et teut y bredonne, Quand lu le sereuh, Au mô de Mâ, gachneuh ! V'la que l’alouette chante, Et le rossignol Qu'on rie et plaisante Par ce beau soleil ! La terre est fleurie ; La table est garnie ; Et disons tous, Vive Mai, garçons ! Rien n'ai l' l’humeur noire : On voit tout partout Abeille, hanneton, Bourdon, papillon, Tout y voltige, Et tout y bourdonne, Quand luit le soleil, Au mois de Mai, garçons ! Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 140 - Coirault : Sans |
Rejetées par les folkloristes, ignorées par l'histoire littéraire, il existe toute une série d'oeuvres classées généralement dans la rubrique "néofolklorique". Ces oeuvres mériteraient une étude approfondie. Ces quelques lignes ne sont qu'un début d'inventaire des productions morvandelles de ce type et plus particulièrement des monologues et des monologues chantés.
Pierre Léger - L'almanach du Morvan 1991 - Lai Pouèlée
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On s’en doutait un peu mais quand même ! "A la claire fontaine", "Une souris verte", "Il court il court le furet"...Toutes ces comptines qui ont bercé des générations d’enfants ont un sens caché, très loin de l’innocence et de la mièvrerie qu’on leur prête. Bienvenue dans un joli monde empreint de violence, d’érotisme et de politique ! "Une souris verte" ? Une horrible histoire de soldat torturé...
La question va désormais tarauder des milliers de parents et de grands-parents : puis-je chanter sans arrière-pensées "Une souris verte" ou "La Mère Michel" à mes enfants sans craindre un "dépucelage auditif " traumatisant ? En apprenant la véritable origine et signification de certaines comptines, difficile effectivement de faire comme si de rien n’était !
Comment expliquer que de telles chansons aient traversé les siècles en étant présentées comme des comptines destinées aux enfants ?
Au moment de leur création, "ces chansons s'adressaient autant aux parents qu'aux enfants" explique Serge Hureau, auteur, avec Olivier Hussenet, d'un livre intitulé "Ce qu'on entend dans les chansons - Des berceuses aux grands succès du répertoire" (Ed. Points, Collection Le Goût des mots). "Elles se chantaient à la veillée quand tout la famille était réunie... Elles n'ont l'air de rien mais elles disent des choses terribles".
Article rédigé par Chrystel Chabert - France Télévisions - 17 févr. 2018