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Mises à jour

Une chanson traditionnelle
est une chanson qui est fortement liée ou associée à un folklore,
à une culture nationale ou religieuse, voire à une zone géographique.
Elle est généralement chantée de génération en génération.

Enfin, l'heure sonna.

    En 1852, le ministre de l'instruction publique, M. Fortoul, provoquait un décret ordonnant la publication des chants populaires de France ; Champfleury et Weckerlin préparaient leur recueil, qu'allaient suivre de nombreux travaux, sous l'impulsion donnée successivement jusqu'à nos jours par MM. Gaston Paris, Eug. Rolland, H.Gaidoz, Ed. Schuré, Paul Sébillot, Julien Tiersot, etc.

    J'ai été à même de remarquer que le paysan nivernais (je vise surtout le Morvandeau) qui parle patois, s'applique à chanter presque toujours en français. Dans le parler de son village, il me dira les contes, les légendes. Faut-il chanter ? Plus de patois, sauf pour quelques chansons absolument facétieuses ou ironiques. Le même fait a été constaté par tous les collecteurs. Je ne parle pas ici de certaines chansons devenues populaires, mais composées par des lettrés ou des demi-lettrés : les adieux du soldat morvandiau, la lettre du soldat, etc.

    Achille Millien - Beaumont-La-Ferrière, avril 1906



Le répertoire de la chanson traditionnelle en français

    Généralités

    C'est un répertoire profondément monodique, tout est imbriqué : la mélodie, la narration, la fonction, le tempérament, la pose de voix, l’ornementation, les micro-variantes.

    La voix

    Le répertoire de tradition orale, en français, est attesté surtout à une voix (soliste ou groupe chantant à l’unisson en réponse à un meneur, par exemple)
    La conduite vocale entendue sur les documents sonores montre que la pose de voix se construit pour cette forme monodique, c’est-à-dire se place de manière à sélectionner les sons harmoniques, et ce, quelles que soient les régions, voire les pays...
    ...La respiration est continue, les interruptions sont fonctionnelles. Elle sert aussi d’accent, on interrompt le mot, c’est aussi, parfois, pour marquer l’importance du texte.

    La narration

    Le texte est important, on le met en valeur au détriment de la « mesure », on n’hésite pas à ajouter des temps supplémentaires si la narration le demande.
    Chanter, c’est surtout raconter ou faire vivre une fonction, un rituel (danser pour battre le sol d’une nouvelle maison, bercer, marcher, travailler.)

    La musique

    La pensée musicale est horizontale, très différente de celle dont nous avons l’habitude aujourd’hui : la verticalité des sons se vit comme une superposition de monodies, ou de lignes narratives. Et non pas comme la réalisation pensée d’accords...

Source : Le répertoire de la chanson traditionnelle en français (article complet) sur le site de la "Compagnie Beline" - Copyright : ©Évelyne Girardon



Caractères des chants populaires Nivernais et du Morvan

Les chants populaires du Nivernais et du Morvan offrent tous les caractères moyens des chants traditionnels recueillis en France et dans les pays de langue française : leur art est fait de simplicité.
Beaucoup d'airs anciens n'ont ni mesure, ni rythme bien déterminés ; ils se terminent souvent sur une autre note que la tonique et peuvent n'avoir pas de note sensible. Simplicité aussi pour les paroles : la rime est remplacée par l'assonance et les subtilités des patois y sont rares. Quant aux sujets développés, à part les grandes complaintes à réminiscences historiques, ils se rattachent à la vie courante.
Pas de recherche et peu d'imagination. Un événement frappe-t-il l'esprit ? Une chanson naît. Achille Millien notant que l'ironie est l'un des traits de notre caractère national, écrivait : « Tous les faits sont soumis au badinage, à la raillerie, souvent sans pitié, de la chanson populaire ». C'est de l'art vivant, en perpétuel devenir, essentiellement humain ; c'est, en somme, toute l'existence paysanne en chansons, toute la littérature chantée présidant à chacune des heures de la vie et du calendrier. Du berceau à la tombe, des promesses aux épousailles, des semailles aux moissons, de Dieu aux saints : une suite de couplets naïfs, charmants, timides, tendres, clairs, enthousiastes... légers, grivois, musiqués en majeur, en mineur, aux rythmes binaires ou ternaires, souvent mêlés.
Ainsi, « pour une fin unique, trois éléments se conjuguent, verbe, musique et rythme, le dernier emmêlé à chacune des deux autres forces » (cf. Coirault - Notre chanson, op. cil. p. 201-204.). Mais priorité des paroles sur la musique car « seules les paroles appartiennent au poète populaire. La mélodie vient d'ailleurs ».

Paroles et incipits verbaux

...La chanson est le baume capable de sécher les larmes et de donner du coeur à l'ouvrage. Cela peut sembler puéril : ces naïvetés, ces gaucheries, cette imagerie de sons et de rimailles. N'est-ce pas la peinture des âmes droites et simples de nos paysans ? Pas de savants accords plaqués sur de grands mots : le coeur vaut mieux que l'esprit. Et le peuple de chez nous chante ce qu'il saisit bien ; il ramène tout à sa propre taille. S'il orne, s'il enjolive, s'il aime le merveilleux, c'est que parure et féérie répondent à ses propres sentiments.
L'emploi du parler local est peu courant, sauf pour des rondes chantées et quelques petites aventures galantes où, pour souligner l'opposition des personnages, alternent français et patois. Millien, qui avait justement remarqué que, si le paysan pouvait dire contes ou légendes en patois, il chantait toujours en français, mettait à part, bien sûr, des compositions non traditionnelles, comme les Adieux du soldat morvandiau...

Source : Folklore du Nivernais et du Morvan - Tome 7 - Jean Drouillet



Questions à : Serge Hureau

Chanteur, metteur en scène, acteur et créateur de spectacles (son premier, Les Habits du dimanche, en 1983), Serge Hureau a fondé et dirige depuis 1990 le Hall de la chanson, Centre national du patrimoine de la chanson, soutenu par l’Etat et la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem).

Est-ce que l’on peut définir ce qu’est une chanson ?

    De toutes les disciplines artistiques, je pense que c’est celle qui est d’abord la plus rassembleuse, la plus populaire. Un objet, constitué d’une mélodie, d’un texte et d’une (ou plusieurs) voix, qui même quand il est écrit reste lié à l’oralité et peut se transmettre facilement...

Est-il possible d’établir une chronologie ?

    -- On peut remonter très loin dans l’histoire avec les chansons, mais c’est, en gros, à partir du Moyen Age, vers le Xe siècle, que l’on commence à avoir des traces de ce que chantaient les troubadours : les exploits des chevaliers, l’amour courtois. Les chansons de fête de village se transmettent oralement, les berceuses aussi, les chants des métiers, des paysans, les chants religieux sur des airs de chanson… Avec des variations selon les régions, les langues de France, les époques. Elles nous disent comment le pouvoir était perçu, comment les hommes et les femmes se considéraient, comment on traitait les enfants, comment s’exprimaient le deuil, le désir…
    -- Ensuite, je dirais que dans la mouvance du théâtre de la foire et des académies de chansonniers, Pierre-Jean de Béranger, à qui nous avons consacré un cycle il y a une dizaine d’années, peut être considéré comme la première grande référence de la chanson ­ « moderne ». Mort en 1857, il a été très populaire à partir du début des années 1800, avec des chansons satiriques, des charges contre les magistrats, les prêtres, des textes sur les gens du peuple, des chansons presque déjà « réalistes »… Georges Brassens le connaissait très bien, Jean-Louis Murat a repris plusieurs de ses textes.
    -- Et puis il y a l’apparition et l’essor des cafés-concerts et des cabarets… C’est un moment très important, en même temps que se construit la ville moderne, l’industrie triomphante, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les bals et cafés-concerts se développent après 1860, les cabarets un peu plus tard, avec l’ouverture, en 1881, du Chat noir, sur le boulevard de Rochechouart, à Paris, premier au monde.
    -- Autre va-et-vient, comme l'a remarqué le parolier Étienne Roda-Gil (1941-2004), la chanson circule de la salle à manger du seigneur au champ du paysan, constituant ainsi un puissant facteur d'unification de la langue française. Soulignons cependant que le gros des paroles de la chanson traditionnelle française ne remonte pas « à la nuit des temps » mais aux XVIIIe et XIXe siècles. L'analyse musicale plaide néanmoins en faveur d'origines extrêmement anciennes, médiévales, pour des chansons comme La Légende de saint Nicolas ou J'ai vu le loup, le renard, la belette....

La transmission du répertoire ne doit pas se borner à ce dont on se souvient pour un hommage ponctuel ou pour faire de la sociologie sentimentale lors d’une émission de télévision ou de radio. Il faut le faire jouer, le faire chanter. En un mot, le faire vivre, en précieux héritage pour le futur....

Extraits de : Serge Hureau : « La chanson française est un patrimoine à faire vivre et à transmettre » - Propos recueillis par Sylvain Siclier - Publié dans "Le Monde" le 25 août 2016



Chansonthèque

Ci-dessous, retouvez les paroles, les partitions ou un enregistrement de chansons entendues dans le Morvand ou le Nivernais

Liste alphabétique des chansons (avec lien)

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La Morvandelle

1 - Allons, les Morvandiaux,
Chantons la Morvandelle !
Chantons nos claires eaux
Et la forêt si belle,
La truite aux bonds légers dans les roseaux fleuris
Et notre bois flottant, qui vogue vers Paris !

2 - Il souffle un âpre vent
Parmi nos solitudes ;
On dit que le Morvan
Est un pays bien rude ;
Mais, s'il est pauvre et fier, il nous plait mieux ainsi,
Et qui ne l'aime pas n'est certes point d'ici.

3 - On veut la liberté
Dans nos montagnes noires ;
Nos pères ont lutté
Pour elle et non sans gloire,
Rêveurs de coups d'Etat, Césars de quatre sous,
Les braves Morvandeaux se moquent bien de vous !
4 - Jadis - on nous l'a dit -
Surgirent nos ancêtres,
Brisant le joug maudit
De leurs avides maitres ;
Ils firent bien danser les moines leurs seigneurs,
Repus de leurs misères et gras de leurs sueurs !

5 - Pourtant nous subissons
Un reste de servage.
Pourquoi ces nourrissons
Privés du cher breuvage ?
Gardons, ô mes amis, nos femmes auprès de nous :
Nos filles et nos fils ont droit à leurs nounous !

6 - Allons, les Morvandiaux,
Chantons la Morvandelle,
Les bois, les prés, les eaux,
Aimés d'un coeur fidèle,
Nos bûches qui s'en vont, - Paris s'en chauffera,
Nos gas et leurs mamans, - Paris s'en passera !

Chanté par chanteurs et musiciens de l'U.G.M.M.
Source : CD - "Chansons du Morvan" - Juin 2003
Bouchor et Tiersot - Chants populaires pour les écoles, 3è série, p. 30 (Librairie Hachette).



Chant des Galvachers

1 - Adieu, notre pays chéri,
Amis, partons pour le Berry.
Adieu, Corcelles,
Anost, Verreins, le Creux
Que l'on attelle
La charrette et les bœufs.

2 - Allons, galvachers, en avant !
Il faut quitter votre Morvan !
Montons la route,
Et chassons le souci ;
Buvons la goutte
Chez le Co à Bussy.

3 - Bonjour à notre ami le Co,
As-tu pour nous du bon fricot ?
Dans la galvache,
Tu le sais par ma foi,
On n'est point lâche
De boire un coup chez toi.

4 - Hommage aussi au bon Sauron,
C'est lui qui fit cette chanson,
Assis à table,
Ayant le verre en main,
Il est bon diable,
Chante soir et matin.

5 - N'oublions pas Monsieur Berger,
Car c'est l'ami du galvacher
Il boit, il chante,
Il a les larm's aux yeux,
Ce qui l'enchante,
C'est de nous voir heureux.
6 - Les uns s'en vont à Commentry,
Les autres à Bourges en Berry,
Puis à la Guerche,
Nevers et autres lieux,
Car là l'ouvrage
Ne manque pas aux bœufs.

7 - D'autres s'en vont à Saint-Fargeau,
Toucy, Saint-Sauveur et Bléneau,
Conduir' la corce,
Charbons et bois carrés,
On voit la force
Là de leurs bœufs barrés.

8 - Planchez, Montsauche et Saint-Brisson,
Au premier mai tous nous partons.
Ouroux, Gâcogne,
Frétoy, Gien puis Arleuf,
Pour la Bourgogne,
Allons, piquez vos bœufs !

9 - En avant donc les deux corbins,
Vous savez déjà les chemins.
Chers camarades,
Ornons leurs fronts puissants
D'une cocarde
Et de deux beaux rubans.

10 - Chère Fanchon, assuie tas yeux,
Voichi le moument des r'aidieux,
Ailons, mai belle,
Aidoucis ton chaigrin,
Souais-mouai fidèle
Jusqu'ai lai Saint-Martin.
11 - Tâss' de bin engraîcher l'coiçot,
A l'ouvraize erzipp'toi in p'sot,
Soign' bin lai vesse,
Ell' nous féré d' l'arzent,
Remplis sai crèce,
Ne lai laich' manquer d'ran.

12 - Tée bin das treufes et du bié nar,
O' t'reste encor un quarté d'lard,
Dans lai feuillotte.
Quand o gn'airé pus ran,
Chitôt p'lai poste
I t'envîrai d' l'arzent.

13 - Allons, vais-t'en, ne rébole pas,
I t'écriré du pays bas.
Envie en classe
Le p'tiot sans l'fére manquer,
Et pour tè, tâce
De ne pas m'oublier.

14 - Chu le chairiot é-tu mis l'saic ?
Doun' moué mai pipe et mon taibaic,
Mai limousine,
Et mon grand aiguïon,
Ne te chaigrine
Pas, mai boune Fanchon.

15 - Puis il s'en va, pauvre bouvier,
Abandonnant son vieux foyer,
Quittant sa femme
Et ses enfants aussi,
Pour être esclave
Dans les bois de Toucy.

16 - Ne peut-il donc, dans son Morvan,
Vivre aussi bien en travaillant ?
Quand là l'ouvrage
Ne manque pas au bras,
Est-il donc sage
D'aller aux pays bas ?

Chanté par chanteurs et musiciens de l'U.G.M.M.
Source : CD - "Chansons du Morvan" - Juin 2003



Dis, t'en souviens-tu ?

Dis, t’en souviens-tu ? Souviens-tu ma biche,
Quand on était riche de nos vingt printemps.
Nous allions tous deux, pour nous faire des niches,
À la mare aux biches jusqu’au soir couchant.
Et puis nous dansions dessus l’herbe tendre,
Et puis nous goûtions le petit vin blanc,
Celui qui rosit la carte du tendre
Souviens t’en ma biche, nous avions vingt ans.

Dis, t’en souviens-tu ? Souviens-tu ma belle
De la grange aux belles et de nos trente ans.
Nous allions tous deux poussant la nacelle
Où dormaient, si frêles, deux jolis enfants.
Ils sont devenus un beau militaire,
Une jolie fille au rire éclatant
Un matin tu m’as appelé grand-père
Souviens-t’en grand-mère, j’avais cinquante ans.

Dis, t’en souviens-tu ? Souviens-tu ma vieille
De nos soirs de veille, au cœur du Morvan.
Tu voulais encore danser l’hirondelle
Au son de la vielle à quatre-vingt ans.
On peut maintenant jeter en arrière
Un regard tout fier sur les jours d’antan
Et nous en aller comme ça sans s’en faire
Tous les deux, grand-mère, jusqu’à nos cent ans.

Chanté par Maurice Clément - Musique : Maurice Clément - Paroles : Guy Bonin
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



A la fête d'Echarnant

A la fête d’Echarnant  )
J'en ai mangé du bon flan ! ) bis
I était fait de prunelles
De senelles et de groseilles ;
Des gratt'c... tout par-dessus.
Tout l'monde en fut bien repus.
(Il était si bon, si bon
Qu'je n'me suis été d'son long.)

A la fête d’Echarnant  )
J'en ai mangé trop d’bon flan ) bis
Et pour lors de mai bedaine,
Ai giclé tot d'eune ailaine,
Que petot jusqu'ai Chailon.	
                        
 Chanté par P. Moreau
 Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne

Ai lai feîte d'Echairnant

Ai lai feîte d'Echairnant, )
An ai maingé du bon fiant ! ) bis
Al étot fait de peurnelles,
De senelles et de greuzelles,
Des graitte-culs tot pordessus.
Tout l'monde en fut bien repu :
Al étot assi ben bon
Qu'i ne me sus ôté d'à long.

Ai lai feîte d'Echairnant, )
An ai maingé du bon fiant ! ) bis
Et pour lors de mai bedaine,
Giclo tot, tant éto pleine,
Gros marrons teut ronds, teut ronds, )
Que fesot eun bru d'cainon ! ) bis 

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 17 en fin de volume et pour le texte p. 213 - Coirault : Sans
 -- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel - XXX Chansons bourguignonnes du Pays de Beaune - page XXX


Adieu filles des Baraques

Adieu filles des Baraques et des Baraquois
Et riquiqui et tralala
Adieu filles des Baraques
Adieu je m’en vas
Mon père m’envoie t’à l’herbe )
A l’herbe et au cresson, )
Belle adieu donc ) bis
                        
Je n’ai point trouvé d’herbe )
J’ai trouvé du cresson, )
Belle adieu donc ) bis

La fontaine était pleine )
Mon pied coula t’au fond, )
Belle adieu donc ) bis
                        
Tout près de la fontaine )
Passa t’un gai luron, )
Belle adieu donc ) bis
                       
Que donn’rez vous la belle )
Si nous vous retirons, )
Belle adieu donc ) bis
                        
J’ons cents z’écus en bourse )
Nous vous les baillerons, )
Belle adieu donc ) bis
                        
C’n’est point d’argent la belle )
Que nous vous demandons, )
Belle adieu donc ) bis
C’est un baiser la belle )
Que nous désirerions, )
Belle adieu donc ) bis
                        
J’veux bien répond la belle )
Mais nous nous marierons, )
Belle adieu donc ) bis
                        
Un mois après la belle )
Epousait le garçon, )
Belle adieu donc ) bis
                        
La morale de l’histoire
Nous vous la conterons, )
Belle adieu donc ) bis
                        
Ce bien gentil ménage )
Eut trois filles, quatre garçons, )
Belle adieu donc ) bis
                        
Ils chanteront tous en chœur )
Comme nous cette chanson, )
Belle adieu donc ) bis

Chanté par Georgette et Marcel CLAIR
Source : Chanteurs et musiciens de villages du Morvan - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



Ah Marie quand y t'ai pris

Ah Marie quand y t’ai pris,
T’aivos deux jolies p’tiotes téties.

Maintenant que t’es vieille goueille,
Tes deux téties trainent dans tai boueille.

Chanté par Francis Michot - 1976
Chanson brève servant de support à diverses danses.
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Ah si tu veux bien m'y chatouiller mon lézard

Ah si tu veux bien m’y chatouiller mon lézard,
J’t’y ferai lisette, j’t’y ferai lisette.
                    
Ah si tu veux bien m’y chatouiller mon lézard,
J’t’y ferai lisette, ce soir.

Chanté par Francis Michot - Chanson brève servant de support à diverses danses.
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Beau vigneron, plantons des vignes

Beau vigneron, plantons des vignes, (bis)
Il regardait de tous côtés,
S’il allait voir quelqu’un passer. (bis)
                    
Il voit venir trois jolies bergères, (bis)
Mais la plus jeune, la plus jolie,
J’en voudrais faire ma bonne amie. (bis)

Mais emmène-moi donc dedans ta chambre, (bis)
Là tu en trouveras à ton goût,
Du raisin gris, du raisin doux,
Du raisin gris bien à ton goût.

Mais quand ils y furent dans sa chambre, (bis)
Elle n’en trouva point à son goût,
Ni raisin gris, ni raisin doux,
Ni raisin gris bien à son goût.

Mais emmène-moi donc dedans ta cave, (bis)
Là tu en trouveras à ton goût,
Du raisin gris, du raisin doux,
Du raisin gris bien à son goût.

Les autres bergères qui la regardent, (bis)
Reviens-y donc blindi-blindon,
Reviens-y donc vers tes blancs moutons. (bis)

Mais quand ma mère était jeune fille, (bis)
Elle quittait bien ses blancs moutons,
Pour aller voir les vignerons. (bis)

Et au bout de huit mois, quatre semaines, (bis)
Elle accoucha d’un bel enfant,
D’un bel enfant dans son beau lit blanc. (bis)

Sources :
-- Daniel et Marie-France Raillard - CD "Ballades en Bourgogne - Le Bal Taquin" - 2012

-- La bergère et le vigneron - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
-- Texte de Jean Millien, né à Raveau en 1802 - Achille Millien tome 1, page 179 - Coirault : 4617



Lai bourrique nouère

C’o d’nout vieille bourrique nouère
Que j’vourion vous parler
En l’aiztant ai lai fouère
J’m’tin bin fait rouler
Pour un vieux paysan
Du fin fond du Morvan
Pour un vieux paysan
Rusé coum un nourman

Cet’ diablesse de bougresse
Avait reçu souvent
Des bonnes roublées d’coups d’trique
C’était tout son paiement
Elle avait peur des chiens
Des volailles, des pussins
Elle avait peur des chiens
Des autos, des nourins

Quand j’emmin cette sale bête
Brouter dans son pchiot pré
Fallait pas qu’on l’embête
Elle foutait des coups d’pieds
Elle gingot tout partout
Comme un bestiau qu’est fou
Elle gingot tout partout
Fallait s’garer de d’sous
Un beau jour cette sale bête
En courant coum un viau
Me fait ce coup d’adresse
Me fout dans un crou d’iau
Sâ grous saibio forés   
Mon erzipés chu l’nez
Mâ grous saibio forés
On manqué d’mstropier
                
J’gardin mes plus belles poummes
Pour les vendre au marché
Eh ! bin mon pour cher houm’
Elle m’ai bin tout bouffé
Dans tout mon pour jardin
J’aivions pus un pépin
Dans tout mon pau’re enclos
J’aivions pu un groumiau
                
Pour m’ débarrasser d’l’âne
Bin mai foué j’l’ai vendue
Ai lai vieille mère Mariane
C’est elle qu’ai bin voulu
Mai j’y on pas raconté
Ah ! ça j’m’en suis bin gardé
Mais j’y on pas raconté
Qu’elle foutait des coups d’pieds

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Le branle des vieux

Le vieux fait danser lai vieille
Lai vieille fait danser le vieux (bis)
Eh la ! les deux pôres vieux,
Qu’ai danson don bin don bin
Eh la ! les deux pôres vieux
Qu’ai danson don bin tous deux

Chanté par Joséphine Dareau
Source : Chanteurs et musiciens de villages du Morvan - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



Branle des vieux de Planchez

Aillez donc lai mére Ronchon
Las gars crôlons vous poères
Las cueriaux m’zont las nouillottes
Las cornéilles sont chu vos noées

Aillons vite, aillons va
O vont totes les foutes ai bas
Aillons vite, aillons va
O vont totes les foutes ai bas

Saiqueurdié qu'mon pa danse bin
R'gairdez don c'ment qu'â saute
 tin sai queulott' d'eune maigne
Sai caisquett' dans l'au-aut’e.
Trololo….

Chanté par BBM : Laurent Desmarquet (chant) Guillaume Lombard (chant, hautbois). Mikael O'Sullivan (chant) - 1990
Source : CD "Dansons le Morvan" volume 1



Branle des vieux

Quand j'étais chez ma grand-mère
Au fin fond du vieux Morvan
J'voyais danser les gâtières
Vis à vis de leur galant.

Ils chantaient, ils dansaient
Deux à deux le branle des vieux
Ils chantaient, ils dansaient
Deux à deux le branle des vieux.

Parmi toutes ces freluquettes
Enragées pour tant danser
Le Lazaire et la Nan'nette
Ne voulaient pu s'arrêter.

Ils chantaient, ils dansaient
Deux à deux le branle des vieux
Ils chantaient, ils dansaient
Deux à deux le branle des vieux.
Saiqueurdié qu'mon pa danse bin
R'gairdez don c'ment qu'â saute
 tin sai queulott' d'eune maigne
Sai caisquett' dans l'au-aut’e.

Tra la la la la la la
La la la la la la lère
Tra la la la la la la
La la la la la la la

Jusqu'à la fin d'leur jeunesse
Ils en ont bin profité
Mais les v'là sur la vieillesse
Ils ne peuvent pu guère danser.

Chantent encore, dansent peu
Deux à deux le branle des vieux,
Chantent encore, dansent peu
Deux à deux le branle des vieux.

Source : Disque "Chants et Danses du Morvan" - 1980 - "Les Enfants du Morvan"




Echos du Morvan - Marc Chevrier et son orchestre - 1962

Le branle du rat

Le branle du rat
Rat, rat, rat, )
T’as la queue bien longue, )
Chat, chat, chat, )
Te la rognera   ) bis

Y t’la rogne,rogne, rogne )
Y t’la rogne, rognera ) bis

Chat, chat, chat, )
T’as la queue bien longue, )
Rat, rat, rat, )
Te la rognera   ) bis

Collectage : La Pouèlée
Rat, rat, rat, t'as la queue bin longue )
Chat, chat, chat, te la rogneras ) bis
On la rogne, rogne, rogne )
On la rognera ) bis

Rat, rat, rat, t'as la queue bin longue )
Chat, chat, chat, te la rogneras ) bis
Laissez don passer la p'tit' rate ) 
Coupez don lai queue du gros chat. ) bis 

Version "Les Enfants du Morvan"


Buvons un coup

Buvons un coup, n’ach’tons point de terre
Car la terre fait de la poussière
Et le bon vin n’en fait pas du tout.

Petit air de Mr H.L de Montsauche
Source : Chanteurs et musiciens de villages du Morvan - Volume 4 - Lai Pouèlée 1978



Ce sont les garçons de chez nous (Tous les souliers que j'ai usés)

Ce sont les garçons de chez nous,
Ce sont les garçons de chez nous,
Qui s’en y vont dedans la guerre,
Sans dire au revoir à leur maîtresse.

Ils ne furent pas sitôt partis,
Que la plus jeune s’en repentit,
Reviens, reviens, je t’y pardonne,
J’ai le souvenir de ta personne.

Ma bien-aimée, où donc elle est,
Ma bien-aimée, où donc elle est,
Elle est là-haut dedans sa chambre,
Qu’elle s’y chagrine, qu’elle s’y tourmente.

Le beau galant monté là-haut,
La belle tira ses blancs rideaux,
Ne tirez pas vos rideaux belle,
C’est votre amant le plus fidèle.
La belle faîtes-moi un mouchoir,
La belle faîtes-moi un mouchoir,
Qu’il y soit long qu’il y soit large,
Pour pouvoir essuyer vos larmes.

La belle faites-moi s’un bouquet,
La belle faîtes-moi s’un bouquet,
Mais qu’il y soit d’une belle soie rose,
J’ai fait l’amour c’est pour les autres.

Tous les souliers que j’ai usés
M’y seront-ils récompensés,
Reviens, reviens je t’y pardonne,
Tiens voilà mon coeur je te le donne.

Chanté par Francis Michot
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



C’était un jour

C’était un jour […] je m’aperçois sautillant devant moi,
Une jolie petite boiteuse qui me mit le coeur en émoi.
La voyant pauvre enfant, n’a sûrement pas d’amant si je lui f’rais la cour,
Ce serait une bonne action, m’en vais y prendre mes passions.

Et je m’disais, la voyant si gentille
C’est bien dommage qu’elle boite comme ça, la pauv’fille.
Ce qui m’console et qui m’tire d’embarras,
C’est quand on est couché l’on n’s’en aperçoit pas.

Pam pam padera deram deram pam pam paderam pam pam,
Pam pam padera deram paderam pam pam param pam pam.

Chanté par Francis Michot
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Le Galant qui voit sa mie en enfer

Qui veut savoir complainte ? )
C'est d'un jeune amoureux, ) bis
C'est d'un jeune amoureux 
Le désespoir l'emporte :
Il voudrait voir sa mie,
Sa chère amie qu'est morte.

Le Satan vient lui dire : )
- Que me donneras-tu ? ) bis
- Oh ! je te donnerai
Ma bague d'or jolie
Si tu veux mi mener
Au proche de ma mie.

Le Satan, il le prend )
Plus vite que le vent, ) bis
L'a porté, l'a mené
Dans une grande allée
Là voit qu'ils ont trouvé
Une porte formée.

Le Satan a frappé, )
La porte s'est ouvri'; )bis
De là il est entré
Dans une grande chambre,
Oùs qu'il a vu sa mie
Dans une flamme ardente.
- Oh! dis-moi donc, ma mie )
Qui s' qui t'a mise ici '? ) bis
- C'est l' démon, mon amant,
Nuit et jour me tormente 
Pour ce maudit péché
Que j'ons commis ensemble.

- Oh! dis-moi donc, ma mie, )
Si j'pourrais te r'tirer. ) bis
- Oh! non, non, mon amant,
La chose est impossible,
Tu mi ferais soffrir
Les pein's les plus horribles.

- Oh! dis-moi donc, ma mie, )
Si j' pourrais te toucher. ) bis
- Oh! non, non, mon amant,
Ne touch' pas à mes membres,
Mes membres sont plus chauds 
Que les tisons qui flambent.

- Oh! dis-moi donc, ma mie )
Que faut-il dir' chez vous? ) bis
- Dis à ma sœur l'aînée
Qu'elle soit fille sage,
Qu'ell' ne soit pas comm' moi
Libre au libertinage !

Sources :
Chanté par : Le Concert de l'Hostel Dieu, Frères de Sac, Franck-Emmanuel Comte
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien tome 1, page 61 - Coirault : 8406



La Jeune Mariée emportée par le diable

La Jeune Mariée emportée par le diable
C'était un jeune marié,
Pour la premièr' nuit de ses noces,
Le diable est venu le trouver,
Son épousée a t-emporté.

Quand est venu le lendemain,
Le jeun' marié se promène,
A rencontré un cavalier
Sur son cheval fort bien monté.

- Dis-moi donc, jeune marié,
N'as-tu pas eu de belles noces ?
- Oh! pour  des noc's j'en eus assez,
Mais mon épousée m'fut ôtée.

- Dis-moi donc, jeune marié,
Qu'est-c' que tu voudrais me promettre ?
Ton petit doigt veux-tu m' donner ?
J'te ferai voir ton épousée.
- Mon petit doigt, j'te donn'rai pas,
J'aurais peur d'engager mon âme;
Mon petit doigt j'veux pas t'donner,
Car j'aurais peur de m'engager.

- Veux-tu m' promelt' de lui ôter
La bagu' que tu lui as donnée ?
- Oh! oui, j' promets de lui ôter
La bagu' que je lui ai donnée.

Quand est venu sur la minuit,
Le jeun' marié se promène :
Le diable vient, l'a t-emporté,
Et vers sa femme il l'a mené.

- Oh ! dis-moi donc, ma mie, dis-moi,
La bagu' que je t'ai achetée,
Tu l'as encore dans ton doigt,
Je te prie bien de m' la donner.

-Tiens, la voilà, mari cruel,
Tu viens d'augmenter mon martyre :
J'étais ici pour cinquante ans,
Et m'y voilà pour tout le temps !

Sources :
-- Jeanne Goux, veuve Brunet née à Nolay en 1803
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 67 - Coirault : 8409



Ma petite veste rouge

Ma petite veste rouge )
Al dur'ra t'y toujours ? ) bis
En la tournant à l'envers
J'en aurai pour mon hivère
En la tournant à l'endret
J'en aurai pour mon été.

Ma petite veste rouge )
Al dur'ra t'y toujours ? ) bis
En la bordant d'coton blanc
J'en aurai pour mes dimanches
En la bordant de velours
J'en aurai pour tous mes jours.

Sources :
-- 1878 - Marie Moreau, femme Balet, née à Prémery en 1817
-- Chant : Chants et Danses du Morvan - 1980 - "Les Enfants du Morvan"
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 4, page 240 - Coirault : Sans



Quante l'on est quatre

On dit qu'elle s'en va la Morvandelle
On dit qu'elle s'en va le ventre plat
On dit qu'elle revient la Morvandelle )
On dit qu'elle revient le ventre plein.) Ter
Quante l'on est quatre
L'on risqu'à se battre
Quante l'on est deux
On s'amuse mieux

Quante l'on est à Paris,
On est souvent ma-a-ris
Quante l'on est loin,
On se réjouit point.

Sources :
-- Mr Breton - 1878
-- Chant : Chants et Danses du Morvan - 1980 - "Les Enfants du Morvan" - Bourrée de la Morvandelle
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 4, page 253 - Coirault : Sans



Branle du balai

Branle du balai

Sources :
-- 1878 - Jacques Magnand né à Murlin en 1812
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 4, page 200 - Coirault : Sans


Polka du balai

Te l'enfil'ra pas nique, nique )
Te l'enfil'ra pas Nicolas ) Bis

Dans l'cabaret d'mon cousin, d'ma cousine )
Dans l'cabaret d'mon cousin Jousé. ) Bis

Si te l'enfil' bin nique, nique )
Si te l'enfil' bin Nicolas ) Bis

Dans l'cabaret d'mon cousin, d'ma cousine )
Dans l'cabaret d'mon cousin Jousé ) Bis

Te s'ras bin malin nique, nique )
Te s'ras bin malin nicolas. ) Bis

Dans l'cabaret d'mon cousin, d'ma cousine )
Dans l'cabaret d'mon cousin Jousé ) Bis

Source : Chants et Danses du Morvan - 1975 - "Les Enfants du Morvan"



En passant la rivière

En passant la rivière
En passant la rivière,
J'ai perdu mes gants, Maman,
En passant la rivière,
J'ai perdu mes gants,
Mes gants et mes jarr'tières,
Mon p'tit panier blanc, Maman,
Mes gants et mes jarr'tières,
Mon p'tit panier blanc.

Pierre, mon ami Pierre,
Il a d'l'agrément, Maman,
Pierre, mon ami Pierre,
Il a d'l'agrément.
Il a des parol' douces,
Des baisers charmants, Maman,
Il a des parol' douces,
Des baisers charmants.
Il a dans sa culotte
Un beau fusil blanc, Maman,
Il a dans sa culotte
Un beau fusil blanc,
C'est comme un fusil d'chasse,
Mais y-a pas d'plomb d'dans, Maman,
C'est comme un fusil d'chasse,
Mais y-a pas d'plomb d'dans.

Il a voulu me l'vendre
Pour pas grand argent, Maman,
Il a voulu me l'vendre
Pour pas grand argent,
Mais j'ai pas voulu l'prendre
Sans vot' consent'ment, Maman,
Mais j'ai pas voulu l'prendre
Sans vot' consent'ment.
Il m'a fait voir la place
Pour le mettr' dedans, Maman,
Il m'a fait voir la place
Pour le mettr' dedans,
La plac' n'est pas bien saine
Mais y s'ra chaud'ment, Maman,
La plac' n'est pas bien saine
Mais y s'ra chaud'ment.

M'l'a mis entre les jambes,
J'en r'chignais des dents, Maman,
M'l'a mis entre les jambes,
J'en r'chignais des dents,
Mon cœur faisait tictaque
Comme un moulin à vent, Maman,
Mon cœur faisait tictaque
Comme un moulin à vent.

Sources :
-- M. Breton - 1878
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 4, page 212 - Coirault : Sans


Rigodon morvandiau

En passant la rivière
J'ai perdu mes gants, Maman,
Mes bas et mes jarr'tières
Mon petit panier blanc, Maman,
C'est mon ami Pierre
Qui les a trouvés, Maman,
C'est mon ami Pierre
Qui les a trouvés.
Il avait dans sa poche
Trois p’tit’s pièc’s d’argent, Maman,
Il avait dans sa poche
Trois p’tit’s pièc’s d’argent, Maman,
Et mon ami Pierre
Me les as données, Maman,
Et mon ami Pierre
Me les as données.

Source : Chants et Danses du Morvan - 1975 - "Les Enfants du Morvan"



Le p'tiot bergeaillon

Eh youp et youp
        Eh gens des beurières,
        Vous ne m'entendez guère
        Et youp et youp
        Eh gens d’aigueriot,
        Vous ne m'entendez qu'trop
Quand qu’y éto chez mon père
Apprenti manugri
On m'envoyo ch'lai lande
Pour garder les barbis

On m'envoyo ch'lai lande
Pour garder les barbis        
Y n'en gardo point guère
Y n'en gardo que troués

Y n'en gardo point guère
Y n'en gardo que troués
Le loup s'o aimouégné
A m’ai pri l'gros agnais
Le loup s'o aimouégné
A m’ai pri l'gros agnais
I m'a laiché qu'lai quoue
Pour mettre ai mon chaipiais

I m'a laiché qu'lai quoue
Pour mettre ai mon chaipiais
Il m'a laiché qu'les os
Pour faire un pchiot flûtiau

Il m'a laiché qu'les os
Pour faire un pchiot flûtiau
Pour faire danser les feilles
Dans ce printemps nouviau.

Chanté et joué par Alain Vieillard
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



Moué y gard' l’âne

Coucou pou lai feurnée*
Pas mairié, pas prôt d'y été
* Feurnée : lucarne de grenier.

Mes pairents s'y mairions tos
Moué i garde l'âne, moué i garde l'âne
Mes pairents s'y mairions tos
Moué i garde l'âne tout mon so

Mas quand qu'mon tôr vinrai
Garderai l'âne, garderai l'âne
Mas quand qu'mon tôr vinrai
Garderai l'âne qui vourai

Chanté par Maurice Digoy
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



La meunière

Par un dimanche et ne sachant que faire, )
Et cherchant quelques amusements ; ) bis
Sur mon chemin j'ai fait la rencontre, )
De la meunière d'un moulin à vent. ) bis

Voudrais-tu bien mon aimable meunière, )
Me laisser moudre dans ton moulin ; ) bis
J'y moudrais bien toute la semaine, )
Cinq à six fois le soir et l'matin. ) bis

Ton papa ta maman sans chandelles, )
Y ont fermé la porte au verrou ; ) bis
Mais mon moulin n’est pas si banal )
Que tout le monde veut bien le dire ) bis

Allons y donc mon aimable meunière, )
Allons y donc à l'ombre du bois; ) bis
Je t'y f’rai voir l'oiseau dans les airs,
Jusqu'au bout du monde ;
Je t'y f’rai voir l'oiseau dans les airs,
Et en même temps la feuille à l'envers.
Dès que la belle aperçut cet oiseau, )
Elle se mit à rire ; ) Bis
Prête le moi Constant je t'en prie,
Que je le mette en cage ;
Prête le moi Constant je t'en prie,
Que je le mette en cage aujourd'hui.

Au bout de sept, à huit, à neuf mois, )
L'oiseau fit ravages ; ) Bis
La cage s'est ouverte, l'oiseau est parti,
Grand Dieu quel tapage ; 
La cage s'est ouverte, l'oiseau est parti,
Grand Dieu quel tapage aujourd'hui.

Et vous jeunes gens qui avez des maîtresses, )
Profitez de cette leçon ; ) Bis
C'est quand on croit avoir la farine,
Que l'plus souvent il reste que le son
C'est quand on croit avoir la farine,
Que l'plus souvent il reste que le son.

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Les préliminaires d’un mariage

Bonjour donc la mère Annette
Laivou don qu’o l’pére Jacquot
V’lez-vo mairier lai Tianette
Aitout nout’ zeune fils Piarrot
Yot un houm’ que n’o pas béte
A dompte bin las gros tauriaux
A s’o foutu dans lai téte
De vend’et d’aiç’ter las viaux

Yo pas pro vanter nout’ féye
Qu’y n’en éllons dire du bin
Yo aine féye que n’o pas béte
Moun’ aimi coume all’ fé l’pain
All’ sait bin tirer nout’ vaisse
Et pi fére toter nout viau
All’ manie aitout d’l’aidresse
Las marmites et le feuillau

Nom de zieux qu’all’ n’o pas sotte
Car all’ distingue quasiment
Qu’aine cotte et qu’aine culotte
Se mettent différentiment
Cré coquin qu’all’ o savante
All’ nous lit dans l’alman-na
Ain’ histoire si touchante
Que ça nous er’mue l’estouma

Que beill’rée-tu ai tai féye
Que voila dret lai vée nos
Ain vieux haibit de faimille
Qu’y n’ons déjà porté tous
Et pour fére aine brave mine
Sans gigougner trop longtemps
Ain biau corset d’étamine
Qu’all’ é gagné v’la quatre ans
I doun’rai por sas dimances
Ai mon fiot ichi qu’entend
Deux bounes biaudes bin biances
Et trouais çépiaux en même temps
Ai lai fouère de Château-Chinon
Y n’irons vende nos viaux
Et l’airzent cré non de non
S’ré pour aiç’ter les jouèyaux

Y n’aiç’trons bague charmante
Que présarve das ciens enrèzés
Aine élliance bin erluyante
Et das saibiots bricolés
Cabar’tier mon camarade
Aippourte-nous du meilleur vin
Donnes-nous aine salade
Das assièttes et du bon pain

Y n’bouèrons tous ensemble
Le vin de noutre marcé
Y faut que lai table en tremble
Coume y n’èllons en varser
Y n’invit’rons ai nout’ féte
Le Dodi de vée cée nous
Le pour’ houme al o chi béte
Qu’a nous divartiré tous

Yainvit’rons aine cuisiniére
Por fére rôtis et ragouts
Y n’s’rons lai trentaine antiére
Las valots vindront ètou
Pour divetie lai Tianette
Y d’mand’rons l’flûteux Barjot
Qu’al aipourte sai musette
Et qu’a nous jouâ das airs nouviaux

Chanté par Elise Jallois
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



Lai treue

Ma quand qu’y étos mâ vez sez nous (bis)
Lâs pchiots couessots ai m’fiain garder
Lantiturlure
Las p’tiots couèssots a m’fiaint garder
Lanturluré

Mas y’étot nout petiote servante (bis)
Que m’aippourtot mon dézeuner
Lantiturlure
Que m’aippourtot mon dézeuner
Lanturluré

Mas si t’étos pas si jeunette (bis)
I te foutros ton dézeuner
Lantiturlure
I te foutros ton dézeuner
Lanturluré

Mais peu encore qu’i seus jeunotte (bis)
Forre mouai lu don tant qu’tu voudrai
Lantiturlure
Forre mouai lu don tant qu’tu voudrai
Lanturluré
Tous las petiots couèssots d’lai bande (bis)
A s’y mirent ai danser
Lantiturlure
A s’y mirent ai danser
Lanturluré

Y aivot pus ran qu’lai vieille treue quaude (bis)
Que n’voulot pas danser
Lantiturlure
Que n’voulot pas danser
Lanturluré

Le vieux vorrait lai prend p’l’aireille (bis)
Hé nous verrons te vas danser
Lantiturlure
Hé nous verrons te vas danser
Lanturluré

Mas chitôt qu’elle fut dans lai danse (bis)
Elle fiot des sauts jusqu’à piaicher.
Lantiturlure
Elle fiot des sauts jusqu’à piaicher.
Lanturluré

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Lai treue quaude

Quand qu’i étos vé chez mon père ) bis
Les couèchots m’en aillos gairder
Lai ridondaine
Les couèchots m’en aillos gairder
Lai ridondé

Mas i étos chi bin jeunotte ) bis
Qu’i yai oublié mon déjeuner
Lai ridondaine
Qu’i yai oublié mon déjeuner
Lai ridondé

Mas le valot de chez mon père ) bis
S’en venot me l’aippourter
Lai ridondaine
S’en venot me l’aippourter
Lai ridondé

Mas chi t’étos pas chi jeunotte ) bis
Ein p’tiot bécot i te prendros
Lai ridondaine
Ein p’tiot bécot i te prendros
Lai ridondé

Mas encoué qu’i sais chi jeunotte ) bis
Lai plaice te n’pas l’empourter
Lai ridondaine
Lai plaice te n’pas l’empourter
Lai ridondé

Al é cherché dedans sai poche ) bis
Ein flûtiot s’mis ai flûter
Lai ridondaine
Ein flûtiot s’mis ai flûter
Lai ridondé

Tos les couèchots de lai brigade ) bis
Lors se sont mettus ai danser
Lai ridondaine
Lors se sont mettus ai danser
Lai ridondé
A n’y aivot que lai vieille treue quaude ) bis
Que ne v’lot pas danser
Lai ridondaine
Que ne v’lot pas danser
Lai ridondé

Excusez-moué, ç’ot lai vieillesse ) bis
Car i n’peux pus patte lever
Lai ridondaine
Car i n’peux pus patte lever
Lai ridondé

Excusez-moué, ç’ot lai grossesse ) bis
Car i n’doués pas patte lever
Lai ridondaine
Car i n’doués pas patte lever
Lai ridondé

Mas le vorat l’é pris’ pou ain éroueille ) bis
Cré loup-vérou te vas danser
Lai ridondaine
Cré loup-vérou te vas danser
Lai ridondé

Une fois qu’elle fut prie dans lai danse ) bis
Nul ne pouvot pus l’en airrouécher
Lai ridondaine
Nul ne pouvot pus l’en airrouécher
Lai ridondé

Elle stirbettot d’tous les aidrouets ) bis
Bin qu’elle fût prôte ai couéch’ner
Lai ridondaine
Bin qu’elle fût prôte ai couéch’ner
Lai ridondé

Elle erjupot jusqu’au piaincher ) bis
Bin qu’elle risqueusse de s’aiffouler.
Lai ridondaine
Bin qu’elle risqueusse de s’aiffouler.
Lai ridondé

Chanté par Roger TELLIER
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 2 - Lai Pouèlée 1977



Les scieurs de long

Y a pas de gens plus fières,
Kionfrr, kiongrr, moun âbre,
Chaudguer fertanguère lonla !
Y a pas de gens plus fières
Que les scieurs de long. (bis).

Yeu z'en vont à l'ouvrage,
Kionfrr, etc ...
Yeu z'en vont à l'ouvrage
Tout au milieu du bois. (bis).

Le maître i les va voire ...
« Courage mes garçons ! » (bis).

« Nous avons de l'ouvrage ...
Jusqu'au jour de Saint-Jean.» (bis).
L'plus jeun' qu'est sur la bûche ...
« Nous faudrait de l'argent ! » (bis).

« S'i'vous faut des pistoles
Kionfrr, kiongrr, moun âbre,
Chaudguer fertanguère lonla !
S'i'vous faut des pistoles
Nous vous en donnerons ! » (bis).

Nous scierons de la planche ...
Volige et chev(e)ron. (bis).

Si la bouteille est pleine,
Kionfrr, kiongrr, moun âbre,
Chaudguer fertanguère lonla !
Si la bouteille est pleine,
Eh ! nous la viderons. (bis).

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 5, page 97 - Coirault : 6404


Les scieurs de long

Y’a rien de si fiére
que les scieurs de long (bis)

Quand ils sont sur leur pièce
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Quand ils sont sur leur pièce
A scier du chevron (bis)

Le patron vient les voir
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Le patron vient les voir
Courage compagnons (bis)

Y a du travail à faire
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Y a du travail à faire
Pour toute la saison (bis)

Mais la Saint Jean s'approche
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Mais la Saint Jean s'approche
Et nous nous en irons (bis)
Nous irons voir nos femmes
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Nous irons voir nos femmes
Mais ceux qui en avons (bis)

N'y a que l'petit Pierre
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
N'y a que l'petit Pierre
Mais nous le marierons (bis)

Nous lui donn'rons comme gage
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
Nous lui donn'rons comme gage
Une pelure d'oignon (bis)

La fille n'est pas belle
Lon li lon la
Martingui martingua
La tchi tchi, la tchi tchi, la tchi tchi
La fille n'est pas belle
Mais les oignons sont bons (bis)

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Le didi

Y'étot lai feille de not' vouésingn
Tot l'long du didi et tralalère
Y'étot lai feille de not' vouésingn
Qu'étot gentille
Qu'étit, qu'étot
Qu'étot, qu'étit
Qu'étot gentille

J'y fis l'amour pendant sept ans
Tot l'long du didi et tralalère
J'y fis l'amour pendant sept ans
Sans ran li dire
Sans ri, sans ran
Sans ran, sans ri
Sans ran li dire

Aussitôt qu'i l'en y parlai
Tot l'long du didi et tralalère
Aussitôt qu'i l'en y parlai
Elle s'mit ai rire
Elle s'mit, elle s'mat
Elle s'mat, elle s'mit
Elle s'mit ai rire

Elle m'y demandit de l'argent
Tot l'long du didi et tralalère
Elle m'y demandit de l'argent
Mas j'y en bailli
Mas j'y, mas j'y en
Mas j'y, mas j'y en
Mas j'y en bailli

Aussitôt qu'elle eut mon argent
Tot l'long du didi et tralalère
Aussitôt qu'elle eut mon argent
Elle s'y sauvi
Elle s'y, elle se,
Elle se, elle s'y
Elle s'y sauvi
Mas mouai qu'étot p'tiot bin dégourdi
Tot l'long du didi et tralalère
Mas mouai qu'étot p'tiot bin dégourdi
J'lai rattraipi
J'lai ri, j'lai re
J'lai re, j'lai ri
J'lai rattraipi

Devinez vouair ce qu'i li fis
Tot l'long du didi et tralalère
Devinez vouair ce qu'i li fis
I petiot drôle
I pi, i pe,
I pi, i pe,
I petiot drôle

Qu'étot ma fouai bin dégourdi
Tot l'long du didi et tralalère
Qu'étot ma fouai bin dégourdi
Tot c'men son pére
Tot c'mi, tot c' men
Tot c'men, tot c'mi
Tot c'men son pére

Devinez vouair c'men qu'a s'aipp'lot
Tot l'long du didi et tralalère
Devinez vouair c'men qu'a s'aipp'lot
A s'aipp'lot Pi )
A s'aipp'lot Pe )
A s'aipp'lot Pierre ) bis

Chanté par Maurice Digoy
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



La mazurka de Massingy

Aist’heur ai y ai dans les villes
Des mossieurs, des tas d’beuznots
Peu leu’s fonnes que n’ sont utiles
Qu’à s’mâchurer les oeuillots
Dans leu’s bals a s’couons leu’ panse
Vins iqui, r’cueule touai l’ami
Mas pas un n’marque lai cadence
D’lai mazurka d’Massingy

    I seus bin d’avis qu’c’ost aine vieille danse Mas crouèyez mouai bin qu’elle n’ost point peute. Tins, les gars, R’gardez mouai vouair i p’chau pou vouer.
      Refrain : Des pommes bobiques Des chaînes d’ougnons Des poires ai lai grand’ quoue (bis) Trololo o, trololo o Trololo, lolo, lolo lolaire Trololo o, trololo o Trololo, lolo, lolo, lolo.
I m’souvins qu’dans mai jeunesse (Les p’tiots gars, c’ost pas d’aujd’heu) Le dimanche aiprès lai messe On rônot chez l’pére Mathieu C’te brave houmme d’aivou sai vielle Nos fiot viourne l’vieux mâtin En vrombant c’te ritournelle D’lai vouielle du soir à matin
    Et peu on s’mettot en batterie de d’peu lestrois heures du tantôt, et peu on en aivot c’men çai pou jusqu’à lendemain matin. On dansot tellement qu’on en étot tout étainé. Tins, les gars, r’gardez mouai vouair i p’chau pou vouer.
Y ai mai feille l’année paissée Qu’fut épousée ai Pairis Pou ine espèce de toqué Qu’possédot pas i radis Y migérent dans une auberge Su l’boulvard des Itayens Pou miger, çai i m’en chairge Mas s’i louèche y ai pus mouèyen
    Et peu quand qu’on eu fini d’souper, y ai mai Cavaillére, aine mouainée parisienne, que m’dit c’men çai : « Qué vous allez nous chanter, m’sieur Jousé ? » I m’le seus pas fair dire deux fouais, i m’seus drossé d’bout su mai chése, peu, peu, tins, les gars, r’gardez mouai vouair i p’chau pou vouer.
On dit l’Jousé quelle viéille béte A frot mieux d’ailler dromi D’aivou sai fonne lai Touènette Que s’morfond dans Massingy Y’ost bin c’qui propose de fare I r’tourne souaigner mes gouillous Mas aivant cré mille tounarres Fauro qu’vos braillint teurtous

Chanté par Alice Bonny
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



Chantez mitaines

Chantez mitaines
Répondez dondaine
Aine poule qu’ô chu mon gueurnié
Qu’ai pondu dan’ nain painer
Un p’tchiot eu’ tout pipollé *
Y’o p’les su qu’m’on fait chanter

* pipollé : tacheté

Chanté par Joséphine Dareau
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 1 - Lai Pouèlée 1976



En passant par mon moulin

Permets-moi gentille meunière,
Pour traverser la rivière,
De passer par ton moulin
Car j’ai perdu mon chemin.
Toute la journée entière,
J’ai parcouru la bruyère,
Mes chasseurs sont égarés,
Je ne puis les retrouver.

Monsieur peu je m’embarrasse
Que vous veniez de la chasse.
Portez vos discours plus loin
Laissez-moi moudre mon grain.
Suivez le long du rivage
Vous trouverez un passage ;
Vous avez l’oeil trop malin
Pour entrer dans mon moulin.

Console-toi ma mignonne,
Ne crains rien sur ma personne ;
Quoiqu’en habit de chasseur,
Je suis un puissant Seigneur.
Tous mes biens, je t’abandonne
Un beau château je te donne
Bijoux, joyaux, montres en or,
Et bien d’autres choses encore.

Monsieur votre discours m’enrage
Cessez votre doux langage
Car si mon garde-moulin
Venait, il ferait du train
Craignez, fuyez sa colère
Car il pourrait sans mystère
Vous apprendre à passer l’eau
Sans nacelle, ni bateau.
En quoi, ce gros lourdaud du village
En aurait-il le courage ?
Possèderait-il ton coeur ?
Oh ! reviens de ton erreur !
Crois-moi, tu seras ma reine,
Mon amour, ma souveraine,
Sous les plus brillants atours
Je te mèn’rai à la cour.

Je me ris de vos richesses
Je veux tenir la promesse
Que j’ai faite à Valentin
Je me ris de votre bien.
Quoiqu’en simple cote blanche
Je brille fêtes et dimanches
Et les filles de ce pays
Valent bien celles de Paris

Qu’on respecte ma meunière
Qu’on l’honore, qu’on la révère
Qu’on la reconnaisse aujourd’hui
Pour la dame du logis.
On triomphe, on me fait gloire
Triomphant de ma victoire,
Satisfait de mon gibier,
Je bois à votre santé.

Chanté par Pierre Tanneux
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 2 - Lai Pouèlée 1977



Lai Gazette du Morvan

L’aut’jor le Linard ailot ai lai fouère,
A m’not un beurdet peus deux ch’tits couèssots
A m’dit chi peurnos mai vieille bourrique nouère,
I iros ben pus vite que daivou l’tacot.
A l’vouairqui parti, le diabe le portot,
Mais dix mètes pus loin, lai charrotte vorsot.
I couré vivement, i l’croyos foutu,
Quand i l’vié brâment cheurté chu l’talus.

A lisot lai Gazette du Morvan,
Ses couèssots se sauvint dans les champs,
Son beurdet aivot enne patta cassée,
Lai bourrique étot toute déforrée.
I souaigné son beurdet, i’por chetit
Pouaigné ben pou raim’ner les gourris,
Metté l’âne dans le char à bancs,
Mais le Linard tranquill’ment
Lisot lai Gazette du Morvan.

Le jor que l’Linard mairiot son Adèle,
Comme i étos l’parrain a m’faillot y ailer.
Le rendez-vous étot ai lai Morvandelle,
Ai dix heures un quart, tot l’monde étot lai ;
Le Linard manquot, c’étot embétant
Surtout qu’al étot du plus proche parent.
I t’né totes les rues qu’a y aivot dans l’quartier,
Quand i l’vié brâment au square Parmentier.
A lisot lai Gazette du Morvan,
I y dis vins don, tu sais ben qu’on t’attend,
Lai vouéture filé ai lai mairie,
Tout étot prot pou lai cérémonie ;
Le maire aippeule le Linard pou signer,
Point d’Linard, a s’étot eclipsé,
Quand pou lai crouaisée en r’gardant
Piaice Voltaire i l’vié chu l’banc,
A lisot lai Gazette du Morvan.

Le jor du banquet de lai Morvandelle
Le Linard peu mouai i étins invités,
I n’m’zére tell’ment pas de viau et de peu d’peurnelle
Qu’a faillé monter dans les cabinets.
A rentré l’premier, i y dis gentiment,
I n’m’sens pas ben, reste pas trop longtemps.
I attendé enne heure, le vente me torteillot,
Quand pou l’trou d’lai sarreure i r’gardé c’qu’a fiot.

A lisot lai Gazette du Morvan,
I l’foutié d’jors, mas ça n’étot pu temps,
I aivos tot laîché dans mai culotte,
I y dis c’ment çai reste au moins d’vant lai porte ;
Dans l’privé, a n’y aivot pus d’papier,
I y demandé un journal pou m’torcher,
Mas a l’aivot foutu l’camp,
Y le r’troué au restaurant
A lisot lai Gazette du Morvan.

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Le Drélot mairie sai feille

Le Drélot mairie sai feille
Lai mouénée Pétroneille
A lai mairie au Jeannot
Ah ! tirlairiguette !
A lai mairie au Jeannot
Ah ! tirlairigo !

A l'y beille en mairiaige
Du pain so peu ein froumaige
Peu des sous plein son saibot
Ah ! tirlairiguette !
Peu des sous plein son saibot
Ah ! tirlairigo !

Gambi étot le notaire,
Beurlu étot mosieu l'maire,
Peu l'curé étot mainchot
Ah ! tirlairiguette !
Peu l'curé étot mainchot
Ah ! tirlairigo !
Ai ce raire mairiaige
On ne vouaiyot qu'aittolaiges
D'ouées et peu de bourriquots
Ah ! tirlairiguette !
D'ouées et peu de bourriquots
Ah ! tirlairigo !

On y mégé qu'ment des loups
On y beuvé qu'ment des trous
Pendiment les rejinguaux
Ah ! tirlairiguette !
Pendiment les rejinguaux
Ah ! tirlairigo !

Y en é qu'feurent soûls qu'ment couéchons
Des autres pleins qu'ment d'lai neurson,
Trébin mailaides qu'ment des ch'vaux
Ah ! tirlairiguette !
Trébin mailaides qu'ment des ch'vaux
Ah ! tirlairigo !

Chi bin qu'aivant ç'te jornée
Jemas n'y aivot en quoulée
Eté vu tant d'animaux
Ah ! tirlairiguette !
Eté vu tant d'animaux
Ah ! tirlairigo !

Source : CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Un garçon Morvandiau

Un garçon morvandiau
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Un garçon morvandiau la d'mande en mariage
La d'mande en mariage nom de Dieu
La d'mande en mariage

Le père est consentant
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Le père est consentant, la mère en est de même
La mère en est de même, nom de Dieu
La mère en est de même

Y a que les vieux parents
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Y a que les vieux parents, qui n'vont pas bien ensemble
Qui n'vont pas bien ensemble, nom de Dieu
Qui n'vont pas bien ensemble
Mais malgré tous ceux-là,
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Mais malgré tous ceux-là, ils coucheront ensemble
Ils coucheront ensemble, nom de Dieu
Ils coucheront ensemble.

Et par dessous le lit,
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Et par dessous le lit, la rivière est coulante
la rivière est coulante, nom de Dieu
la rivière est coulante

Elle passe par le jardin,
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
Elle passe par le jardin, pour arroser les plantes,
Les plantes les plus charmantes, nom de Dieu
Les plantes les plus charmantes

La salade et l'persil
Cré nom de Dieu d'bon Dieu de nom de Dieu
La salade et l'persil, et la chicorée blanche

Chanté par Claude Perraudin
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 2 - Lai Pouèlée 1977



Les maris

En passant devant le maire, 
Tu m’avais pourtant promis, ) bis
Promis devant ta mère, 
D’obéir à ton mari. ) bis

Ah que les hommes sont bêtes, 
Qui se laissent commander, ) bis
Quand je prendrai une femme, 
C’est moi qui gouvernerai. ) bis


Ah que les femmes sont bêtes,
D’obéir à leurs maris, ) bis
J’en ai un comme les autres, 
Jamais je n’ lui obéis. ) bis

Chanté par Mme Germaine
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



Yo portant temps

Yo portant temps, portant temps mai mère
Yo portant temps de me marier
Héla mai fille i n’ons point d’argent
Héla maiman i yons du freument
Van’nez le don, mairiez moué don
Héla maiman qu’ol o ben bon

Yo portant temps, portant temps mai mère
Yo portant temps de me marier
Héla mai fille i n’ons point de drap
Héla maiman i yons das boras
Feulez las don, mairiez moué don
Héla maiman qu’o sont ben bons
Yo portant temps, portant temps mai mère
Yo portant temps de me marier
Héla mai fille i n’ons point d’maïon
Mai chi maiman yons un toué d’cochons
Queurez le don, lavez le don
Héla maiman, qu’ol o ben bon

Yo portant temps, portant temps mai mère
Yo portant temps de me marier
Héla mai fille i n’ons point d’amant
Héla maiman i y’é not’ gros Jean
Laivez lu don, pignez lu don
Héla maiman qu’ol est ben bon.

Chanté par Jeanne Poussierre
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



L'âme de nout' Simon

Ai mon s'cours mâ enfants,
Rentrons yo bin temps,
D'frayeur me v'chi morte :
Yo Simon nout' grand gâs,
Que r'vint du trépas,
En m'tendant les bras.

Héyar, chu lai r’vire,
Yâto bin maingnué,
Yé vu sai grand'mére,
Que s'caicho sos l'nouyé,
Mas causons tout bas,
Yo p'téte bin l'saibbat.

Viée, dézai l'an darné,
Paissant chu l'cairouèze.
Las âmes das dannés,
Haibillées en drap rouéze,
S'trémousint devant mouai,
Çantant : Ol o lai !
Mon Dieu ! y n'sont pardu,
Nous v'lai tos prévenus.
V'entendez qu'on parle ?
Yo Simon nout' grand gâs,
Que r'vint du trépas,
En m'tendant les bras.

Y vâs fére dire eun' messe
Ai soun întention,
P'téte qu'o trouré pièce,
Yo demain l'Ascension,
On vé sounner l'glas,
Petiots n'causez pas.

Chanté par Martine Hunimels
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



Entre Gien et les Ligerons

Entre Gien les Ligerons,
Les roulons les roula lai sarotte ai bras,
Entre Gien les Ligerons,
L’y a cinq jolies filles.
Y’ a cinq jolies filles,
Roulons-la lai sarotte ai bras,
Entre Gien les Ligerons,
L’y a cinq jolies filles.

Mais la plus jeune la plus jolie,
Et roulons-la lai sarotte ai bras,
Mais la plus jeune la plus jolie
Est dans son lit malade.
Est dans son lit malade,
Roulons-la lai sarotte ai bras,
Entre Gien les Ligerons,
L’y a cinq jolies filles.

Il lui faudrait bien son amant,
Et roulons-la lai sarotte ai bras,
Il lui faudrait bien son amant,
Oh mais pour la guérir.
Oh mais pour la guérir,
Roulons-la lai sarotte ai bras.
Mais son amant au bord du lit,
Ne sachant quoi lui dire.
Ne sachant quoi lui dire,
Roulons-la lai sarotte ai bras,
Ne sachant quoi lui dire.

Oh gros dodi de gros lordiaud,
Et roulons-la lai sarotte ai bras,
Oh gros dodi de gros lordiaud,
Ah faut donc tout te dire.
Y faut donc tout te dire,
Roulons-la lai sarotte ai bras,

Retrousse mon blanc jupon,
Ainsi que ma chemise.
Là tu trouv’ras pt'it trou,
Et roulons-la lai sairotte ai bras,
Là tu trouvr'as pt'it trou,
Pour y mettre ta cheville,
Pour y mettre ta cheville.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



En revenant de Montambert - (La fille qui coupe du bois)

En revenant de Montambert
En traversant tous ces jolis bois verts,
J’ai rencontré une jolie bergère, )
Qui coupait du bois dedans mes forêts. ) bis

Oh là mademoiselle, vous n’s’y gênez pas,
De couper du bois qui n’vous appartient pas,
Vous m’y payerez toutes ces broussailles, la belle, )
Vous avez déchiré votre beau tablier. ) bis

Oh mon bon Monsieur, comment vous payer,
Moi je n’ai ni or, ni aucun denier,
Votre pucelage, ma jolie bergère, )
Saura vous acquitter de tous ces bois coupés. ) bis
Moi je la prends et je la renverse,
Dessus la belle herbe, le long du chemin,
La poudre de mon fusil s’est trouvée trop humide, )
Et jamais le coup n’a voulu partir. ) bis

Oh mon bon Monsieur, je n’en revient pas,
Que cela vous arrive, à vous un bon bourgeois,
Un bon chasseur doit connaître ses armes, )
Chaque fois qu’il tire, son fusil doit partir. ) bis

Chanté par Germaine Bernard - Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



La fille qui coupe du bois (Montambert)

En revenant de Montambert
En traversant tous ces jolis bois verts,
J’ai rencontré une jolie bergère, )
Qui coupait du bois dedans mes forêts. ) bis

Oh là mademoiselle, vous n’s’y gênez pas,
De couper du bois qui n’vous appartient pas,
Vous m’y payerez toutes ces broussailles, la belle, )
Vous avez déchiré votre fin tablier. ) bis

Oh mon bon Monsieur, comment vous payer,
Moi je n’ai ni or, ni aucun denier,
Votre pucelage, ma jolie bergère, )
Saura vous acquitter de tous ces bois coupés. ) bis
Moi je la prends et je la renverse,
Dessus la belle herbe, le long du chemin,
La poudre de mon fusil s’est trouvée trop humide, )
Et jamais le coup n’a voulu partir. ) bis

Hélas ! la belle revenez demain,
Peut-être que mes armes seront mieux en train.
Je les jurerai, je les maudirai ces armes )
D'avoir arrêter sur un si beau gibier. ) bis

Non demain je ne reviendrai pas,
Mon pucelage ne vous appartient pas,
Un bon chasseur doit connaître ses armes, 
Chaque fois qu’il tire, son fusil doit partir.
Un bon chasseur doit connaître ses armes,
Chaque fois qu'il tire l'fusil doit décharger. ) bis

Chanté par le groupe « Les mères en gueules » - Source : CD "Chansons du Morvan" UGMM 2008



Le conscrit de Villapourçon

Y vâs t’écrire mon chére pére
Yo por te tranquilliser
Et pié auchi mai chére mére,
Et mon por vieux frére Jouset.
Dâpeu qui n’sont dans lai guerre,
Yé chi s’maines yo bin du temps,
De quitter tout ch’ti qu’l'on aime
Y’en ai le coeur bin doulent.

Sais-tu bin c'qu’iot q'd'l'artillerie
Yo das chouaux et das cainons.
Ol aippeule eune baitterie,
Das r’effuts et das caissons.
Non de diée de lai mitraille,
Yo du far en p’tiots mourciaux
Chit’ nous vio l’zor d’lai bataille,
Qu’ment tot çai nous pieut chu l’dos

Dâpeu qui n’sont dans lai T’nisie
Tos las zors y n'manoeuvrons.
Yo l’cousing Dodi qu's'ennuie
Ol o trop loin de sai Louison.
Dans c'te bondié d’artillerie
O n'yé point d’auchi rude métier
Y n'cassons lai gueule ai l’ennemi
Ai zeurons pis qu’das enraizés.

Ai nous ont bottés dans aine sarotte
Qu'o n'y aivo ran d'chi âtounant
Lai tempête sortot p'las portes,
Nous emportot pu raide que l’vent ;
Yont reu pou tot l’long d’lai route,
On n’y viot que d’lai feumée,
Yont reu du bonheur sons doute
Que l'tounâre nous euches pas breulés

Yéras bin dû mon cher pére
T'aicrire depiée bin longtemps
Mais t'sais bin d'dans lai guerre
On n’ai pas tozors bin l’temps.
Faut s’teni dret qu’ment des ciarges
Quand t'y n’sont dechu las rangs,
Yai l’vente piat coume une peunaille
Y seu so qu'ment ain hairang
Dans c’pays-lai, chére pére
Yé qu'yo tout bin âtounant,
Las maïons sont en torée
Et por couvartes du far bian.
Y n’vouait pu lever lai leune
Ni l’soulai dans l’monème endrait ;
O raidieu don chére pére et mére
Jaimas d’lai vie y n’vous revouai

Réponse du père :

Tai lettre no o bin parvenie
Yen ont le coeur bin joyeux,
Tot tas caimairaides l’ont lie,
Aitot das pieures pien las yeux.
Cré tounâre qu’alle o teuçante !
Coument qu’vos s’êtes tos bin battus.
Hola ! qu’tai mére o don contente,
Elle dit bin qu’ty retornerée pu.

Y ont trouqué nout’ viéle ânesse
Aitout l’bouri du pére Lucas
Yont fé dire eune grand’messe
Ai ton por vieux onque Thoumas,
Totes las gnieux on entendot
Dechu las écuries d’nos chouaux,
Qui n'montot qui n'dévollot
Esch’tur y n’dremons bin en repos.

Les deux mots du frère :

Mon chére frére y me mairie
Aitout lai feille du pére Lauming
T’sais qu’alle n’o pas bin zoulie
Mais ces gensses-lai ont un bon bing.
Yont calculé nout'effére,
Las vieux n’devont pas un sou,
Yaimera bin mieux l’bing qu’lai gâtière
Mâ p’l’aivouair faut prendre le tout.

Chanté par Mme Josette Federspield
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 3 - Lai Pouèlée 1977



Les deux premiers jours au régiment

Eh bonjour don mam’zelle Fanchon
J'ons deux mouts ai vous dire,
Y vous zeurre bin cré nom d'un nom
Que çai n'vous f'ré point rire,
Y m'seu engaigé, hiar au souair,
Dedans l'régiment du rouai.
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

Ol en o v'ni eune troupe ai çouaux
Yâtot p’téte bin lai fète,
Ol aivint de lai pieume d’ouiaux
Tot por dechu leu tète,
Eune escocarde ai leu çaipiaux,
Tounâre me breule qu’ol étint biaux
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O taipint chu das d'mi-bouchaux
Aitot das p’tiotes gniolettes.
Que erssembiaint dret aux feuyau
De lai vieille mére Jeannette.
O fiaint teurtous autant de brué
Qu’y m’enseu bin vite en èllé
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m’ont dounné dâs crottes de piong
P'rempli mai cairnaissière
Auchi de lai gueurne d'ougnong
Tote piaine mai gil'bassière,
Ain grandissime trô d'far creusé
Et eune p'tiote breusse ai mon coutié,
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m'ont mettu dans nain caignot
Por aiteuyer lai bréze,
M'en o sauté un poteuyot
Dedans mai gil'bassière,
Çai s'en èllé poti potai
Y craiyo que l'diabe âto por lai
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

Enfingne o ne resté pu ran
Qu'lai feumée dans lai chambre,
Auchi le sergent en rentrant
Me dit : Te t'ée fé prendre !
Ai lai salle de police eune nné,
Çai vé t’aipprendre ai n'y couicé.
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo
O m’ont foutu dans n'ain toitot
Laivou qu'on b'tot las bétes,
Lai yai raimessé das poïots
Tote piène mai pore tête ;
Et das penailles pien mon bounot
Tounâre me quitte qu'y couicé mau
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m'ont envié dans las commungs
Por vider las pots de chambre,
Yen ai tot goisillé mas maings
Et auchi mon houppelande.
Yâtôs sale qu’ment un couessot,
Te n’peux pas saivoir qu'ment qu'y puô
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m'ont aippelé por m'zé l'raitai
Autor d'eune grande gaiméle.
V'lai t'y pas qu'y tendas mas daits
Por aittraiper eune gréle :
Yai reçu un coup d'manze de coutiau
Mai por' Fanchon qu'o m'fiére don mau
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m'ont emm'né ai lai prîyon
Survoiller l'mauvas monde,
L'caporal m'é dit : Barlichon
T'vas garder l'mur de ronde.
Ain tor de clé, me v'lai fromé.
Faut bin s'teni, y seus armé,
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

Lai on n’y viot ni ciel ni tarre,
Çai n'fio pas moun'aiffére
Y sâro mon pô ch’tit tro d’far,
Mâs sans fére le fiére.
Y m’dis : Tant pis por ceux qu’vindront
Ç’ai s’ro-t-y l’diabe y le tir’rons.
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

O m’ont botté en faction
Devant lai citaidéle,
Tos ceus'que m’demandaint mon nom
Y m’aippeule sentinéle !!!
Ai n’èro pas pessé ain chat
Qui n'eussâ queurrié : Qui va là ?
Tro, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo, lo

Chanté par François Doridot
Source : Disque "Chanteurs et musiciens de villages du Morvan" - Volume 4 - Lai Pouèlée 1978



En roulant mai beurouette

En roulant roulant mai beurouette )
En roulant mai beurouette roulant ) bis

Le mating quant’ i’ai bu lai goutte
I m’en vâs sâquier dans mon samp ) bis
Pée i m’airrête au long d’lai route
P’rgarder passer les passants

Pée i m’airrête au long d’lai route
P’ergarder passer les passants ) bis
Le berger que garde ses bétes
N’ot pas chi béte que bin des gens

Le berger que garde ses bétes
N’ot pas chi béte que bin des gens ) bis
Lai bergére qu’ot bin coquette
N’ai portant pas bin d’l’argent
Lai bergére qu’ot bin coquette
N’ai portant pas bin d’l’argent ) bis
O y’ai des mon-sieus bin riches
Qu’en ont portant tant et tant

O y’ai des mon-sieus bin riches
Qu’en ont portant tant et tant ) bis
Ai n’ont pas besoin d’s’en fére
Çai n’veut pas deurer tout l’temps

Ai n’ont pas besoin d’s’en fére
Çai n’veut pas deurer tout l’temps ) bis
Moué i les sarze chu mai beurouette
Et peu i les vorse dans un tornant

Chanté par Martine Huminels
Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Y ai i nid dans l’poèrer

 I entends, i entends,
I entends lai mér’ que chante,
I entends, i entends,
I entends lai mér’ chanter.
Y ai i nid dans l’poèrer,
I entends lai mér’ que chante,
Y ai i nid dans l’poèrer,
I entends lai mér’ chanter.

I seus monté chu l’poèrer
Pou dénicher le miarle,
I seus monté chu l’poèrer
Pou dénicher le geai.
I seus choué c’mment eun’ poère
I m’seus cassé lai queuche,
I seus choué c’mment eun’ poère
I m’seus cassé le pied.

De mon lit i voès l’poèrer
I entends lai mér’ que chante,
De mon lit i vois l’poèrer
I entends lai mér’ chanter.

N’montez pas s’les poèrers
Pou vous casser lai queuche,
N’montez pas s’les poèrers
Vous pourrains ben tomber.

Chanté par l'école d'Alligny en Morvan
Source : Disque "Aibûyottes" - Lai Pouèlée - Pierre Léger - 1993



Le couessot (Bourrée du couessot)

C'ost l’couessot qu’ost tout petiot
C’ost l’couessot que gron-de
C’ost l’couessot qu’ost tout petiot
From’ ben vit’ le pronde.
I li beill’rons d’lai pâtée )
Des treuffes brâment plon-nées ) bis

Quand qu’èl airai aimandé )
I vons pouvoèr le couiner. ) bis

I l’ mettrons dans not’ sailou )
Peu i le mig’rons teurtous. ) bis

Chanté par l'école d'Alligny en Morvan
Source : Disque "Aibûyottes" - Lai Pouèlée - Pierre Léger - 1992



Nôé 1883 – Noë des neurrices

 Ç’ost le Nôé, joli Nôé
Vl’ai l’Bon Dyeu que pyeume ses ôées
Ç’ost le Nôé, joli Nôé
I ai d’lai neije pyein mes sôyers
Quan que l’p’tiot Jésus ost né dans nôt tôet des vaiçhes
Al étot grôs c'ment mon poing cul nu dans lai crouèçhe
Heureusement qu’l’âne et peu l’boeu y çhauffaint les fesses
Lai Mairie étot pairtie chercher eune bônne plaice.

Ç’ost dans lai ville de Pairis qu’on feit les neurrices
Qu’fiant aimander c'ment qu' an faut les p’tiots enfants d’riches
V’lai nôte Jôsé qu’quyôle des pyainches dans l’fond d’sai bôtique
Peu le pôr çhetit qu’rébolle totant du leit d’bique

Les vouèsingnes ç’ost pas des rôès mas ç’ost du bon monde
El en ost v’nu pou m’ainder d’pairtout ai lai ronde
En m’aippôrtant des braissiéres, des draipiaux, des loinges
Dômaige qu l’petiot saît mort aivant-heiar dimoinge

I t’écris, mai pôre Mairie, lai mauvaille nôvelle
Feit totai ton ptiot vicomte çhu tes deux mamelles
I ai d’l’ovraige en t’aittendant n’te feis point trop d’bile
I pense ben sôvent ai touè qu’ost dans lai grand’ ville

Noël 1883 – Noël des nourrices

C'est Noël, joli Noël,
Voilà le bon Dieu qui plume ses oies
C'est Noël, joli Noël
J'ai de la neige plein mes souliers.
Quand le petit Jésus est né dans notre étable
ll était gros comme mon poing, cul nu dans la crèche
Heureusement que l'âne et le boeuf lui chauffaient les fesses
Marie était partie chercher un travail.

C'est dans la ville de Paris qu'on fait les nourrices
Qui font engraisser convenablement les enfants de riches
Voilà Joseph qui cloue des planches dans le fond de son atelier
Et notre pauvre petit qui pleure tétant du lait de chèvre.

Les voisins ne sont pas des rois mais des braves gens
ll en est venu pour m'aider de partout à la ronde
En m'apportant des brassières, des couches et des langes
Dommage que le petit soit mort avant-hier dimanche

Je t'écris ma pauvre Marie la mauvaise nouvelle
Fais téter ton petit vicomte sur tes deux mamelles
J'ai du travail en t'attendant ne te fais pas trop de soucis
Je pense bien souvent à toi qui es dans la grande ville

Chanté par l'école d'Ouroux en Morvan
Source : Disque "Aibûyottes" - Lai Pouèlée - Pierre Léger - 1992



Mai grand-mère - Polka du Pitou

Mai grand-mére n’é pus ren qu’cinq dents
Quand çai fait du vent elles croûlent
Mai grand-mére n’é pus ren qu’cinq dents
Quand çai fait du vent elles croûlent tout l’ temps
Tralalala …

Mai grand-mére n’é pus ren qu’quat’dents …

Mai grand-mére n’é pus ren qu’trouais dents …

Mai grand-mére n’é pus ren qu'deux dents …

Mai grand-mére n’é pus ren qu’aine dent …

Mai grand-mére n’é pus pas aine dent
Quand ça fait du vent elle gobe les mouesses
Mai grand-mére n’é pus pas aine dent
Quand ça fait du vent elle les gobe tout l’temps.

Chanté par : Laurent Desmarquet, Guillaume Lombard, Mikaël O'Sullivan
Source : BBM - Dansons le Morvan - Volume 2



Les pleum's de Beu (La Milice ou le Mariage)

Les pleum's de Beu
O diont tôs que lai milice
Vé tiré le moué preuçaing,
Qu'iot pôr c'lai qu'faut qui m'mairisse
Aitout lai feill' de nout' voisingn.
O diont tôs qu'al ot ben zente,
Qu'al ot douc' c'ment in aigniau...

    Iot ben c'lai qu'iai pou qu'a me pliante Deux plieum's de beu sôs mon çaipiau !
De tos las gas de nout' vilaize, Çaiquingn l'y beille in présent : L'in l'y beill' de lai dentèle, L'aut l'y beill' eun' croué d'arzent ; Al dit ben que ran n'lai tente, Pas moinme in torse-musiau... Çartaingn bôrjois de lai ville, Haibillé en fignôleux, Torne ailentor de c'te feille Coume en mainièr' d'aimôreux ; O lai loisse, o lai tôrmente, O lai vir' c'ment in fusiau...
Iaim' ben mieux pourter coucarde
Au sarvic' de nout' bon Roué,
Que d'aivoir eune gueillarde
Dont çainquingn n'ai pas loisse-doué ;
Al fé trop sai défendante
Pôr guerder son p'tiot ouïau...

Beuvons donc, moun aimi Gille
Iot le mété l'pus zenti,
Laichons l'aimôr et las feilles,
Ç'lai n'nô beill' que du sôci !
Moun âme ot ben mâs contente
Quan i bois du vingn nouviau ...
Surquetot quand i m'en piante
Eun' pint' vou deux sôs mon çaipiau.

Sources :
-- P. Merle Dompierre-sur-Héry, né en 1817
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien Tome 3, page 230 - Coirault : Sans



Du bon matin me suis levé

Chanson relativement bien connue, bien répartie dans l’aire francophone (une trentaine de versions hexagonales, cinquante au Québec et en Acadie).

Du bon matin je m’suis levé, 
Plus matin que l'aurore, ) bis
C'est là que je m'suis-t-aperçu,
Que ma maîtresse ne m' aimait plus.

J'ai mis la bride à mon cheval,
Oh! oh! j'ai mis la selle, ) bis
Mon épée claire à mon côté
Pour y’aller voir ma bien-aimée.

Mais j'arrive dedans la cour,
Son petit coeur soupire, ) bis
Qu'avez-vous donc à soupirer,
La belle vous êtes enfiancée.

Enfiancée oh oui je suis,
Malheureuse ma journée, ) bis
Car c'est dimanche mes premiers bans,
Mettez-y donc empêchement.
Voilà le dimanche qui arrive,
Le curé monte en chaire, ) bis
Écoutez tous petits et grands,
J'm'en vais vous publier les bans.

Mais le galant n'étant pas loin,
Entendit cette annonce, ) bis
Monsieur l'curé n'se pressez pas tant,
Je viens y mettre empêchement.

Mais quel est donc cet insolent
Qui m'y parle de la sorte, ) bis
Je ne suis pas un insolent,
Je suis le premier d'ses amants.

Je suis le premier d'ses amants,
Voilà sept ans que j'l'aime, ) bis
S'il y a sept ans que vous l'aimez,
C'est comme de juste que vous l'aurez.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



En revenant de Charboutin

En revenant de Charboutin,en revenant de Charboutin,
J'ai rencontré mam'selle Catin, j'ai rencontré mam'selle Catin.
J'la prends, j'la s'coue, j'la s'coue digou digou, j'la s'coue et tralala,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça
J'n'aime pas que l'on m'taquine quine quine,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça,
J'n'aime pas que l’on m'taquine mon chat.

Son noir d’lapin a mangé mon chien,
Son noir d'lapin a mangé mon chien.
J'la prends, j'la s'coue, j'la s'coue digou digou, j'la s'coue et tralala,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça
J'n'aime pas que l'on m'taquine quine quine,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça,
J'n'aime pas que l’on m'taquine mon chat.

Comment faut faire pour avoir mon chien,
Comment faut faire pour avoir mon chien.
J'la prends, j'la s'coue, j'la s'coue digou digou, j'la s'coue et tralala,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça
J'n'aime pas que l'on m'taquine quine quine,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez-moi ça,
J'n'aime pas que l’on m'taquine mon chat.

Comment faut faire pour avoir mon chien,
Comment faut faire pour avoir mon chien,
J’lui flanque à cinq six tours de reins,
J’lui flanque cinq à six six six tours de reins.
J'la prends, j'la s'coue, j'la s'coue digou digou, j'la s'coue et tralala,
Ah finissez don, laissez-moi don, laissez-moi ci, laissez moi ça
J'n'aime pas que l'on m'taquine quine quine,
Ah finissez don, laissez-moi ci, laissez moi ça,
Jamais personne m’entortillera.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Les curés

Mais c’est le curé de Planchez, qu’confesse les filles dans un panier, ) bis
Met son zizi sur l’anse eh oui bien, 
Ses deux machines en balance, et vous m’entendez bien. ) bis

C’est le curé d’Lavault d’Frétoy qui torche son cul d’avec son doigt, ) bis
Y colle ça contre un mur eh oui bien,
Y dit qu’c’est d’la mercure, et vous m’entendez bien,
Y colle ça contre un mur eh oui bien,
Moi j’dis qu’c’est d’la merd’toute pure, et vous m’entendez bien.

Et c’est le curé d’Alligny qu’confesse les filles dedans son lit, ) bis
Les met sous la couverture eh oui bien,
La clé dans la serrure, et vous m’entendez bien. }bis

C’est l’curé de Saint- Brisson qu’confesse les filles dans un poinçon, ) bis
Les confesse par la bonde eh oui bien,
Y dit qu’il les a mis rondes, et vous m’entendez bien,
Les confesse par la bonde eh oui bien,
Moi j’dis qu’c’est la fin du monde, et vous m’entendez bien.

Et c’est le curé de Blanot qui a des vaches, mais point d’taureau, ) bis
Il fait l’taureau lui-même eh oui bien,
Ça fait des veaux quand même (tout d’même) et vous m'entendez bien. ) bis

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne

Chanson énumérative sur un timbre [air] bien connu, “ Vous m’entendez bien ”, qui sert de cadre mélodique à plusieurs autres chansons de tradition orale, assez souvent à caractère satirique [cf la célèbre “ Chanson des pommes de terre ”]. Si Coirault ne semble pas avoir retenu cette chanson dans son catalogue, elle est mentionnée dans le catalogue Laforte, qui l’intitule Vous m’entendez bien – Les curés [IV.Ma-31]. Parallèlement à une dizaine de versions canadiennes, il en mentionne une version publiée par Maurice Chevais, Chansons populaires du Val-de-Loire, 1925, p.56.



Mes talons sont ronds, adieu Madeleine

Mes talons sont ronds, adieu Madeleine
Mes talons sont ronds, adieu Madelon.

Les bottines que ma mie elle m'a donnée ohé.
Les bottines elles sont bien fines
Et les bouts sont en acier.

La culotte que ma mie elle m'a donnée ohé.
La culotte à courte botte
Les bottines elles sont bien fines
Et les bouts sont en acier.

La chemise que ma mie elle m'a donnée ohé.
La chemise en toile fine
La culotte à courte botte
Les bottines elles sont bien fines
Et les bouts sont en acier.

La cravate que ma mie elle m'a donnée ohé.
la cravate est riqueraque
La chemise en toile fine
La culotte à courte botte
Les bottines elles sont bien fines
Et les bouts sont en acier.

Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Madame la mariée

Nous sommes venu ce soir du fond de notre village
Pour vous y souhaiter un heureux mariage,
A Monsieur votre époux aussi bien comme à vous. ) bis

Vous n'irez plus au bal Madame la mariée
Danser sous le fanal dans les feux d'l'assemblée.
Vous rest'rez au logis, près de votre mari,
Gardez les p'tits poupons pendant qu'les autres iront.

Quand on dit son époux, on dit souvent son maître.
Ils ne sont pas si doux qu'ils avaient promis d'être
il faut leur rapeler leur promesse oubliée. ) bis

Chanté par Germaine Bernard - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Le lit de la mariée

Ah disait l'écureuil, c'est ce soir qu'on baise à l'oeil,
C'est ce soir qu'on baise à l'oeil disait la mariée,
C’est ce soir qu'on baise à l'oeil disait l'écureuil.

Ah disait le bois du lit, pas si fort ou bien je crie,
Pas si fort ou bien je crie disait la mariée,
Pas si fort ou bien je crie disait le bois du lit.

Ah disait le traversin, c'est moi qui prends les coups d'reins,
C'est moi qui prends un coup d'reins disait la mariée,
C'est moi qui prends les coups d'reins disait le traversin.

Ah disait le drap du d'ssous, c'est moi qui dit rien qui prend tout,
C'est moi qui dit rien qui prends tout disait la mariée,
C'est moi qui dit rien qui prends tout disait le drap du d'ssous.

Ah disait le drap du d'ssus, c'est moi qui prends les coups d'cul
C'est moi qui prends les coups d'cul disait la mariée,
C'est moi qui prends les coups d'cul disait l'drap du d'ssus.

Ah disait la couverture, c'est bien moi qui l'en endure,
Mais c'est moi qui l'en endure disait la mariée,
Mais c'est moi qui l'en endure disait la couverture.

Ah disait l'édredon, c'est moi qui saute au plafond
C'est moi qui saute au plafond disait la mariée,
C'est moi qui saute au plafond disait l'édredon.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Lai bique du Jean Milan

Y’aivôs jadis eune bique
Dans l’jairdeín d’Jean Milan,
M’n’enfants
Y’aivôs jadis eune bique
Dans l’jairdeín d’Jean Milan,
Ell’ meigé eún champ de chôs
Que veillot bein 100 francs
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Ell’ meigé eún champ de chôs
Que veillot bein 100 francs
M’n’enfants
Ell’ meigé eún champ de chos
Que veillot bein 100 francs
Ai peu eún champ d’pouérés
Qu’en veillot bein âtant
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Ai peu eún champ d’pouérés
Qu’en veillot bein âtant
M’n’enfants
Ai peu eún champ d’pouérés
Qu’en veillot bein âtant
Elle fut aissignée
D’vant Monsieur l’Peursident
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Elle fut aissignée
D’vant Monsieur l’Peursident
M’n’enfants
E-elle fut aissignée
D’vant Monsieur l’Peursident
E-ell’ y fut em’née
Pou quaitre-vingt sargents
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents
E-elle y fut em’née
Pou quaitre-vingt sargents
M’n’enfants
E-elle y fut em’née
Pou quaitre-vingt sargents
Elle ai r’troussé sai quoue
Peu s’aissit su eún banc
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Elle ai r’troussé sai quoue
Peu s’aissit su eún banc
M’n’enfants
Elle ai r’troussé sai quoue
Peu s’aissit su eún banc
Ell’ enfonçé sai corne
Dans l’cul du Peursident
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Ell’ enfoncé sai corne
Dans l’cul du Peursident
M’n’enfants
Ell’ enfoncé sai corne
Dans l’cul du Peursident
Elle ai raim’nè d’aiquand
Eún gros morciau d’onguent
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Elle ai raim’nè d’aiquand
Eún gros morciau d’onguent
M’n’enfants
Elle ai raim’nè d’aiquand
Eún gros morciau d’onguent
Pou engaudrai lai bairbe
De tôs les’ assistants.
Elle bavignotot d’lai gueule
Ell’ raiguignotot des dents

Chanté par Rémi Guillaumeau et Pierre Léger - Source : disque "Danses et Chants Traditionnels du Morvan" par "Les Enfants du Morvan" - 1975



Le trébeuchot

On voulu me mairier
Mais y n’aivôs pas l’âge
Y’aivôs que 14 ans
Y’étôs ben guére in âge
Peus y’aivôs deux gros saibots
Te v’lai, te v’lai prise mai p’tiote
Peus t’aivôs deux gros saibots
Te v’lai prise dans l’trébeuchot

Y rentrint dans aine église
Monsieur l’curé m’demande
Vous voulez vous mairier
Mai quai qu’ai veut me r’vendre ?
Y n’compernôs pas c’qu’ai m’d’jot
Te v’lai, te v’lai prise mai p’tiote
Y n’compernôs pas c’qu’ai m’d’jot
Te v’lai prise dans l’trébeuchot

Y sortinrent de ceut église
Y montinrent en ine chambre
Mais v’lai-t-y pas qu’lai servante
Oublie l’pot d’chambre
Y pichinrent dans nos saibots
Te v’lai, te v’lai prise mai p’tiote
Y pichinrent dans nos saibots
Te v’lai prise dans l’trébeuchot
Au bout de in an ou deux
Y aivôs un p’tit drôle
Que velot de lai boulie
Mais que velot pas d’gaudes
Toute lai neut o rébôlot
Te v’lai, te v’lai prise mai p’tiote
Toute lai neut o rébôlot
Te v’lai prise dans l’trébeuchot

Au bout de deux ans ou trouais
Y’aivôs deux p’tiots drôles
L’un velot de lai boulie
Mais l’aut’e velot des gaudes
Y t ‘en foutôs des coups d’saibot
Te v’lai, te v’lai prise mai p’tiote
Y t’en foutôs des coups d’saibot
Te v’lai prise dans l’trébeuchot

Chanté par Rémi Guillaumeau et Pierre Léger - Source : disque "Danses et Chants Traditionnels du Morvan" par "Les Enfants du Morvan" - 1975



Eine méchante aifâre


Eine méchante aifâre, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Po mon malheu i ai fâ. Hum ! hum ! çai n'vai pas. I m'sai mairiai po fare, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Ein man-nèïhge d'anféâ, Hum ! hum ! çai n'vai pas. Morghiène ! combé su târre, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, El a don dé tréinnia. Hum ! hum ! çai n'vai pas. Et pèïh dé gens borbâres, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Et dé gousié maoh fâ, Hum ! hum ! çai n'vai pas. Combé de cœu de piâre, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Et pé de pongn' de fâ. Hum ! hum ! çai n'vai pas. I n'aitéin qu'chez l'notâre, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Qu'é me regardoi de trava. Hum ! hum ! çai n'vai pas. Teujo le gousié li kiâre, Hum ! hum ! çai n'vai gâre, Ma l'cœu ne li kiâre pas. Hum ! hum ! çai n'vai pas.

Chanté par BBM et Didier Gris
CD : Dansons l'Auxois – 2003

Une méchante affaire


Une méchante affaire Hum hum çà n'va guère Pour mon malheur j'ai fait Hum hum ça n'va pas Je m'suis mariée pour faire Hum hum çà n'va guère Un ménage d'enfer Hum hum ça n'va pas Morguienne ! combien sur terre Hum hum çà n'va guère Y a don de feignants Hum hum ça n'va pas Et puis de gens barbares Hum hum çà n'va guère Et de gosiers mal faits ! Hum hum ça n'va pas Combien de coeurs de pierre Hum hum çà n'va guère Et puis de poings de fer Hum hum ça n'va pas Nous n'étions qu'chez le notaire Hum hum çà n'va guère Qu'il me r'gardait d'travers Hum hum ça n'va pas Toujours l'gosier lui claire Hum hum çà n'va guère Mais l'coeur ne lui claire pas. Hum hum ça n'va pas

Chanté par " Les Enfants du Morvan "
Disque "Danses et Chants Traditionnels du Morvan" par "Les Enfants du Morvan" - 1980

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.- Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 19 en fin de volume et pour le texte p. 226 - Coirault : Sans
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.- Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page 35 - Coirault : Sans



Héla mon Jean

Héla mon Jean enfle don ta musette )
Nous marierons ta fille et mon garçon ) Quarte fois

Héla mon Jean souffle plus fort encore plus fort )
Et danseront les filles et les garçons ) Quarte fois

Héla mon Jean arrête ta musette )
Ils nous feront ta fille et mon garçon ) Bis
Héla mon Jean arrête ta musette )
Ils nous feront une fille et des garçons ) Bis

Chanté par " Les Enfants du Morvan " - Disque "Danses et Chants Traditionnels du Morvan" par "Les Enfants du Morvan" - 1980
Source : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. Hélà mon Jean Enfle donc ta musette - 1878 - Monsieur Monet - Millien-Delarue Tome 3, page 148



Lai bourrée d' l'auxouais

Eun' ! Deuss ! Trouais Eun' ! Deuss ! Trouais ! Deux fouais
V'la c'ment qu'on dans' lai bourrée,
Eun' ! Deuss ! Trouais Eun' ! Deuss ! Trouais ! Deux fouais
V'la c'ment qu'on dans' dans l'Auxouais.
Chez nôs quand qu'a yai eun' fête,
Eun' noce ou ben un r'jingot ;
Si on n'ai pas mau ai tête,
On ost quéqu' fouais ben drôlot.
Chaicun d'aivou sai mouainée
On s'en vai chez l' pèr' Bocand,
Qu' nos fait danser eun' bourrée
Qui vaut en cées du Morvan.

Tos les gâs d'aivou les feilles
S' piac'ent c'ment ça en rangs d'ouégnons
Les gâs saut'nt c'ment des moteilles,
Les feill's couaill'nt c'ment des ouillons,
A brandouill'nt un m'chau lai tête.
A se r'guedyient dans les oeillots,
A s' dross'nt tôt c'ment l' gar'-champêtre
Qu'vint d' fére un procès-verbo.

Cheurté d'sus eun' botte d' peille
Qu'on ai aipp'tiée d'un chafaud.
L' pèr' Bocand torne sai vielle
En quiaiquant l' bout d' ses saibots
« Hardi ! les p'tiots faut qu' en uje,
Faut qu'çai vioûn', cré loup-vérou !
Vos croueyez p'tét qu' çai m'aimuje
D' jouiller pou un tas d' lônous ! »
A y ai l' papon d' l'Augustine
Qu'ost tojos gobi d' ses douègts.
A y ai l' cadet d' lai Guiaudine
Qu'à r'guedyie arié si on l'vouait.
Y ai l' Dodo et peu l'Annette
Que jinguent c'ment des p'tiots poulains
Y ai l' Drélot peu lai Fauchette
Que s' bij'nt c'ment des p'tiots pussains

Quand qu'on ai fait lai bourrée,
Ai l'auberge on vai loper
Tot chaicun eun' p'tiot' lâgrée
D' piquette, histoèr' de soffier.
Les vieux d'aiquand leu bonn's vieilles
En leu maijon vont dreumi ;
Mâs les gâs d'aivou les feilles
Vont trâner sus les pâtis.

Source : Paroles de René Thomas Musique de F. Bernoud - CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Là haut sur la montagne

Là haut sur la montagne, j'ai entendu pleurer (bis)
Oh c'est la voix de ma maîtresse, )
Je m'en vais aller la reconsoler. ) bis

Qu'avez vous donc la belle, qu'avez-vous à pleurer (bis)
Oh si je pleure, si je soupire, )
C'est le regret d’avoir aimé. ) bis

Aimer n' est pas un crime, Dieu ne le défend pas (bis)
Faudrait avoir le coeur bien dur, )
La belle pour ne point vous aimer. ) bis

Les moutons mangeant l'herbe, les papillon les fleurs (bis)
Et vous et moi, ma jolie bergère, )
Nous sommes en danger de l'amour. ) bis

Il y a trois choses au monde qui sont à désirer (bis)
C'est le bon vin, la monnaie blanche, )
Et ma maîtresse à mes côtés. ) bis

Source : Achille Millien - CD "Ballades en Bourgogne - Le Bal Taquin" - 2012



O mon Morvan

O mon Morvan, terre bénie,
Je pense à toi la nuit, le jour,
Je t'aimerai toute ma vie
O mon Morvan, mon pays, mon amour.
Humble enfant du Morvan perdu dans la grand' ville,
Ton souvenir au coeur, me met un peu d'espoir.
Sans découragement et sans plainte inutile
J'attends avec ferveur l'instant de te revoir.

Tes champs, tes monts, tes bois où les yeux se reposent
Tes étangs encerclés de pervenches en fleurs,
Tes plaines qu'en chantant l'Yonne et la Nièvre arrosent
M'emplissent de fierté, de joie et de douceur.

Le vent, ce voyageur entrant par la fenêtre,
M'apporte chaque soir les parfums chauds et doux,
En l'écoutant chanter soudain je sens renaitre
Tout au fond de mon coeur les vieux airs de chez-nous.

Et quand l'heure viendra de la grande aventure
Je veux, o mon pays ; chez-nous fermer les yeux,
Faire mon dernier somme en ta belle nature,
Dormir entre tes bras auprès de mes aïeux.

Tous les gars du Morvan pour libérer leur terre
Contre l'envahisseur ont surgi du maquis,
El tous unis au sein de la France, leur mère,
Ils garderont leurs droits à jamais reconquis !

Source : Musique et paroles de René de Buxeuil (1938) - Chanté par Annie de "La Sauteriotte" en 2018



Le pauvre laboureur

Qui veut savoir la vie
Du pauvre laboureur ?
Le jour de sa naissance
Il a bien du malheur.
Qu'il pleuv', qu'il neig', qu'il vente,
Orage ou autre temps,
On voit toujours sans cesse
Le laboureur aux champs.
Ô lo lo lo lo é.

Ce pauvre laboureur,
On l'appelle bon vivant,
Tout habillé de toile
Comme un moulin à vent.
On y fait fair' des guêtres
À l'état d'son métier,
Ça n'empêch' pas la terre
D'entrer dans ses souliers.
Ô lo lo lo lo é
Ce pauvre laboureur
Qu'il a donc des enfants !
Les mène à la charrue
Depuis l'âge de dix ans.
Touchons, piquons sans cesse,
Nous impatientons pas,
J'en sortirons peut être
De dans ce mauvais pas.
Ô lo lo lo lo é.

Qui qu'a composé la chanson?
C'est un garçon boyer,
Assis sur sa charrette,
Il l'a faite et composée.
Piquons donc la Berlette.
Nous impatientons pas,
J'en sortirons peut être
De dans ce mauvais pas.
Ô lo lo lo lo é.

Chanté par Daniel Raillard (CD "Ballades en Borgogne" Le Bal Taquin - 2012)
Source : 1884 - Gilbert Guillemin - Millien-Delarue Tome 5, page 91 - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.



Le p'tit gars de Vermenoux

Quand y'ataux p'tit gars ma mie )
Mai bonne mére ai Varmenoux ) bis
En m'pernant chu sas zenoux
Me fiot m'zer de la boulie
En m'pernant chu sas zenoux
De la boulie tout mon saoul

Des mas premiéres culottes )
Dans las traisses de Varmenoux ) bis
Tout diffaimé por las houx
Y ramaissaut das nouillotes
Tout diffaimé por las houx
Das nouillotes sans peue das loups

L'été y'aprôtos las zarbes )
Que d'grands gars saraient d'un yein ) bis
Ou ben y lassaux las siens
Chu deux beus que m'zaient trop d'harbe
Ou ben y lassaus las siens
Chu deux satrons que s'cogneint

Mais mas forces âtaient venies )
Et mon pére vieillissot ) bis
Y soignos ben sas couessots
Y mouchenaus, t'not la sarrue
Y soignos ben sas couessots
Mettot l'grain dans das saissots

Plus tard l'hivar mon ovraize )
Fut de charrier das boiès d'Arleu ) bis
Tout en piquant mas grands beus
Véz lai l'Yonne tot en raize
Tout en piquant mas grands beus
De mon aiguyon tout neu

Y t'dirai qu'auzdé ma mie )
Yé du bon butingg sés nos ) bis
Vins te f''rez la soupe â choux
Avec mas réconomies
Vins te f''rez la soupe â choux
Et yn s'rons deux bons répoux
Quand j'étais petit gars ma mie
Ma bonne mère à Vermenoux
En me prenant sur ses genoux
Me faisait manger de la bouillie
En me prenant sur ses genoux
De la bouillie tout mon saoul

Dès mes premières culottes
Dans les haies de Vermenoux
Tout écorché par les houx
Je ramassais des noisettes
Tout écorché par les houx
Des noisettes sans peur des loups

L'été j'apprêtais les gerbes
Que de grands gars serraient d'un lien
Ou bien je lâchais les chiens
Sur deux boeufs qui mangeaient trop d'herbe
Ou bien je lâchais les chiens
Sur deux châtrons qui se cognaient

Mais mes forces étaient venues
Et mon père vieillissait
Je soignais bien ses cochons
Je moissonnais, tenais la charrue
Je soignais bien ses cochons
Mettais le grain dans des sacs

Plus tard l'hiver mon ouvrage
Fut de charrier des bois d'Arleuf
Tout en piquant mes grands bœufs
Vers l'Yonne tout en rage
Tout en piquant mes grands bœufs
De mon aiguillon tout neuf

Je te dirai qu'aujourd'hui ma mie
Il y a du bon bien chez nous
Viens tu feras la soupe aux choux
Avec mes économies
Viens tu feras la soupe aux choux
Et nous serons deux bons époux

Chanté par Armand Perrigueur - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Lai sauteriotte ou la polka de G'na

En quiaiquant lai polka, lai polka d' lai Sauteuriotte
En quiaiquant lai polka, lai polka des gâs de G'na.
Et en virant lai polka, lai polka d'lai Sauteuriotte
En virant lai polka, lai polka des gâs de G'na.
I' ai fait lai noc' lai s'maign' derré
D'lai feille ai mon p'tiot cousin Jousé,
Qu'ai pris pour époux l' gâs du cadet Colas
L' pus gros fermier de G'na.
Mouai i' étos aiccopié d'aivou
Lai Touénett', la feill' du Boustourou
L' souèr tôt dansant dans la groing' du Bastien
Il i' d'jé : tu m' convins ben.

Tot en virant : « i' d'jos belle éfant
Vos gigouegnez tôt c'ment eun' jument
I' ai ben des maux ed' danser d'aiquand vous
Au moitian d' c' patarou ! ».
All' m' répond : « Mâs mon pour cher Dodo
Vos ez point eun' gott' d'eais dans l' suyot !
Laichez mouai ai s't' heur' si vos n'ez point d' piaiji.
Et peû aillez dreumi !

I' seus ben d'aivis qui seus breyé,
Mas pour sûr qui n' vois point vos laicher
Ça i' m'en vourros ... , i' vos eum' si brâment
Qu'i' s'ros ben vot galant.
I' ai d' l'airgent et peu huit journaux d' champs,
V' s'en ez, ai mon aivis, préque autant ;
Et peu si i' croués encoué tot c' qu'on m'ai dit :
Un  héritage ai v'ni.
On ai dansé tot c'ment des tout-fous
Quasiment deux neus, i' étos ai bout !
I' étos si maux qui m' seus écafouairé
Sur les g'noux d' lai mairié.
Lai Touénette m' dijié : « Eh, poûr aimi !
Tu n' vais point meurri encoué c' coup' qui ;
Quand qu' tu s'rai mon homme a fauro te r'verper
Pasqu'i pourros t' brouetter ! »

C'te saicrée p'tiot' m'ai ensorceillé,
Crédi ! ça y ost ben i' vois m' mairier
Ai c't' heur' c' qui m'embêt' c'ost qu'a faut inviter
Des gueurlus ai goûter.
I' vourros vous inviter tortôus,
Mas i' ai poû qu' çai m' coût' ben des sous !
C'ment c'ost lai Touénette qu'tinrai l' pouty' monnai' ...
Ben l' bonsouèr, i' m'en vouais.

Source : Texte : René Thomas de Semur-en-Auxois vers les années 1920-1925 - "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Guiaudine !

Guiaudine ! Guiaudine !
Mâ n'te tins donc c'ment ça
Guiaudine ! Guiaudine !
T'ai l'dos rond c'ment un cabas,
Guiaudine ! Guiaudine !
R'dross' toué vouér un m'chau pu qu'ça.
Guiaudine ! Guiaudine !
Tu fas sauver tos les gars !
Y ai pou voijin prée d' chez nôs
Lai mouainée Giaudine ;
Qu'vit d'aivou un raigouégnôt.
Sai mér, lai Taup'not,
Mâs quée saprée mér' qu'al' ôst
Lai poûr p'tiot' Guiaudine.
Quée vieill' béte, a faut tojôs
Qu'al saie derré son dos
Quand lai p'tiote ai s'en vai
Sai mér' s'met à quérier :

Quanqu'ai s'en fur'nt ai Paris
Pou vouer leu cousine.
C'té qui leu fit fér', ma fi,
Tot l'tor du pays.
Lai Guiaudin' tot élouairi'
R'guèdiot les vitrines,
Mâs c'ment qu'a s't'not tojôs mau
Sai mér' lai disputot
Peu tos les Parisiens
D'aivou la vieill' brâmint :
Lai Guiaudin' s'foutot pas mau
D'c' que li d'jô sai mére,
El' mairch' tot en baichant l'dos
Et peu son couaissô.
Un souair ai Lairouèch-Vanneau,
Au bal d'lai fanfaire,
A s'f'sot quasiment trâner
Par tos ses cavayers.
Sai mér' qui l'aivôst vu
Dijé : mon doux Jésus !

Lai Guiaudin' vint d'épouser
L'cadet d'lai Pouétreille :
C'ost un gas ben déluré,
Un franc guerlaudier.
Lai Taup'not nai point r'noncé
D'tormenter sai feille.
L'souair d'lai noc' quand qu'fur'nt chez euss'
Feillot qu'lai veill' entreuss'
Derré lai poutye crédié 
Ai s'mit ai sanguioter !

Source : Texte : René Thomas . Musique : F. Bernoud - CD "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



La valse morvandelle

C’est valse morvandelle
La hi ho, la hi ho, la hi ho o o
Une vieille ritournelle
La hi ho, la hi ho, la hi ho o o
Cette gente pastourelle
La hi ho, la hi ho, la hi ho o o
C'est la valse morvandelle
La hi ho o o
Tout au bord d'une rivière
Dans un vallon du Morvan
Parmi le houx, la bruyère
Je connais un coin charmant
Une rustique guinguette
Où dans le calme des bois
Les garçons et les fillettes
Dansent tout comme autrefois

Dans leurs habits du dimanche
Et leurs souliers bien cirés
Leur chemise toute blanche
Les gars ont l'air délurés
Enlaçant leur cavalière
Certains plaquent leur mouchoir
Autour des tailles légères
Pour n'y point mettre du noir
En dansant cette jeunesse
Se chuchote des mots doux
Et les yeux pleins de tendresse
Se donne des rendez-vous 
À minuit dans la clairière 
S'ébauchent de doux romans 
Qui durent la vie entière
Ou qui ne durent qu'un temps

Lorsque disparait la lune
Que pâlit le firmament
Chacun avec sa chacune
Se quitte bien gentiment 
Bonsoir ma petite reine 
Bonsoir mon amour chéri 
A la semaine prochaine
Nous redanserons ici

Chanté par Tingault et Fabert - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Le joli moulin

Le joli moulin
Ah ! revenez-y toutes
Joli' filles, femmes, moudre,
Car mon moulin )
Il est en train, )
Car il est en train d'y moudre. ) bis
Derrière chez mon père )
Y a un joli moulin. ) bis

Le garçon qui l'engraine )
Est un joli blondin. ) bis

Entrez, entrez, la belle, )
Dans mon joli moulin. ) bis

La bell' s'est endormie )
Au tic-tac du moulin. ) bis
Quand la bell' se réveille )
Son sac il était plein. ) bis

Je couch' dans mon moulin, )
Vous reviendrez demain. ) bis

Je rhabill'rai ma meule, )
Je couch'rai mon moulin. ) bis

Chanté par Belin Vincent et Lombard Guillaume - Source : Livre : Folklore du Nivernais et du Morvan - Tome 7, page 102 et 103 - (De cette chanson, Millien donne une douzaine de charmantes versions titrées « Le Beau moulin » ( 434- II, p. 264 et la suite). Voici texte et musique de la version communiquée à Lavault par Cyr De guergue, le fameux ménétrier nivernais ( 433 - p. 35).



Renaud le tueur de femmes

Le joli moulin
Renaud voulant s'y marier
Danvec la fill' d'un chevalier,
La veill' de ses noc' arrivé
Cent lieu's de loin l'a-t-emmené !

La bell' fut pas milieu du bois,
Elle li dit : Renaud, j'ai soi.
- Beuvez, la bell', votre clair sang,
Jamais vous ni boirez d'vin blanc !

La bell' fut pas trois quarts du ch'min,
Elle li dit : Renaud, j'ai faim.
- Mangez, la bell', mangez vos mains,
Jamais vous ni mangerez d'pain !

La bell' fut pas à l'arrivée,
Lavoù qu'sont ces dames neyées :
- Et vous, madame la princesse,
La quatrième vous serez.

Allons, la bell', débillez-vous !
Allons, la bell', débillez-vous !
Posez votre chemise de lin
Qu'est aussi blanch' que le satin.
- C'est pas l'état d'un chevalier
De voir les dam's se débiller ;
Mais c'est l'état d'un chevalier
D'y avoir les deux yeux bandés.

Quande Renaud a vu celà,
Prit son mouchoir, ses yeux banda.
La bell' s'approch' pour l'embrasser,
Dans la rivière ell' l'a jeté.

Renaud croyant d'si rattraper
Après un' branche de laurier,
La bell' tira sa clair épée.
La branch' de laurier l'a tranchée.
- Plonge, Renaud, plonge z'au fond,
Les dam's que t'as neyées y sont.

- Hélas ! la bell', qui t'remmèn'ra ?
- Vraiment, Renaud, ce n's'ra pas toi!
Ça sera mon p'tit ch'val grison
Qui va plus vit' que l' postillon.

- Que diront donc tous tes parents
De t'voir venir sans ton amant ?
- Je leur dirai qu'j'ai fait de toi,
Ce que ,ty creyais fair' de moi !

Chanté par Germaine Bernard - Source : Livre : Folklore du Nivernais et du Morvan - Tome 7, page 60 et 61 - (La version que nous donnons ici, et dont l'air est - légèrement modifié - celui qu'utilisa Sauron en 1847 pour, précisément, sa Chanson des galvachers (Adieu notre pays chéri ... ) a été publiée en 1888 par le Dr Henri Collin dans son Guide à Saint-Honoré-les-Bains (117- p.155- Glux et Montsauche).
Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Le père Lustucru

Entendez-vous dans la plaine
Ce bruit venant jusqu'à nous ? 
On dirait un bruit de chaîne
Se traînant sur les cailloux.
C'est le père Lustucru qui passe,
Qui repasse et s'en ira,
Emportant dans sa besace
Tous les p'tits gars 
Qui ne dorment pas
Lon lon la, lon lon la,
Lon lon la lire la lon la

Quelle est cette voix démente
Qui traverse les volets ?
Non ce n'est pas la tourmente
Qui joue avec les galets,
C'est le père Lustucru qui gronde
Qui gronde et bientôt rira
En emportant à la ronde
Tous les p'tits gars
Qui ne dorment pas
Lon lon la, lon lon la,
Lon lon la lire la lon la
Qui donc gémit de la sorte
Dans l'enclos, tout près d'ici ?
Faudra-t-il donc que je sorte
Pour voir qui soupire ainsi ?
C'est le père Lustucru qui pleure
Il a faim et mangera
Crus, tout vifs, sans pain ni beurre
Tous les p'tits gars
Qui ne dorment pas
Lon lon la, lon lon la,
Lon lon la lire la lon la

Qui faudra-t-il que je mette
Dans le sac au vilain vieux ?
Mon Dorik et ma Jeannette
Viennent de fermer les yeux
Allez-vous en méchant homme
Quérir ailleurs vos repas
Puisqu'ils font leur petit somme
Non vous n'aurez pas
Mes deux petits gars
Lon lon la, lon lon la,
Lon lon la lire la lon la

Chanté par Mme Georgette Clair - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Jeannette

Jeannette ma petite Jeannette,
Et brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Jeannette ma petite Jeannette, qui s’en allait au bois.

Dans son chemin rencontre,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Dans son chemin rencontre le fils d’un avocat.
Ohé! Oh la là!, le fils d’un avocat.

Il la prend il la couche,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Il la prend il la couche, sur du foin qu’était là, sur du foin qu’était là.
Ohé! Oh la là!, sur du foin qu’était là.

Le foin était si sec,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Le foin était si sec, qu’il y faisait cric crac, qu’il y faisait cric crac.
Ohé! Oh la là!, qu’il y faisait cric crac.

Ne pleurez point ma fille,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Ne pleurez point ma fille, tu n’mourras pas pour ça.
Ohé! Oh la là!, tu n’mourras pas pour ça.

Là est morte une jeune fille,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
Là est morte une jeune fille, en faisant sa …

En faisant sa prière,
Brousse ton poil et ratapoil dans l’poil.
En faisant sa prière, au bon saint Nicolas.
Ohé! Oh la là!, au bon saint Nicolas.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne - Recueil Millien-Delarue, III, pp.178-182 (sept versions)



Voici le 1er mai

Voici le premier mai, tout le long d’un gué
Joli mois de mai
Voici le premier mai, j’ai pris la fantaisie
J’ai pris la fantaisie, j’ai pris la fantaisie
D’aller danser le mai tout le long d’un gué
Joli mois de mai
D’aller chanter le mai à la porte de ma mie
S’il y a des filles dans la maison
Je vous en prie levez-vous donc
Mettez donc un ch’tit cotillon
Sortez dehors, nous danserons
Oh ! moi qui dans cette vie
Oh ! mois, joli mois de mai

Eh ! la patronne de la maison
Mettez la main dans l’corbillon
Cinq ou six apportez donc
Pour moi et mes compagnons
Oh ! moi qui dans cette vie
Oh ! mois, joli mois de mai

Eh ! le patron de la maison
Prenez votre grand couteau long
Coupez large et coupez long
Dans le lard ou dans le jambon
Oh ! moi qui dans cette vie
Oh ! mois, joli mois de mai

Chanté par Emile Pisseloup - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



L’homme sans pareil

Je suis l’homme sans pareil dans ce monde ici-bas.
C’est moi qui conduis l’soleil je suis de tout état,
Je suis le gars marchand de brioches et je vends du coco,
Je suis tourneur fondeur de cloches,
Je fais des sabots, je fais des sabots.

Je raccommode la faïence, et je suis accoucheur,
Je fournis dans les finances, je suis même décrotteur,
Je suis peintre en miniature, et je ferre les chevaux,
Je démontre l’écriture,
Je fais des couteaux, je fais des couteaux.

Je connais bien la cuisine, je remonte les souliers.
Je fabrique de la mousseline, je suis même tonnelier.
Car vraiment c'est pas pareil, je connais un peu de tout.
Je suis bedeau d’notre paroisse,
Je rase pour un sou, je rase pour un sou.

J’suis cafetier s’et ébéniste, je repasse les ciseaux,
J’suis ramoneur et droguiste, je fabrique des chapeaux,
Je raccommode les bottes, et je suis marchand de vin.
Je reteins les capotes,
Je suis médecin, je suis médecin.
J’suis rémoujeux, j’suis maître d’école, je vends des harengs
Je rétame les casseroles, je donne des lavements,
Je suis fabricant d’allumettes, et je tiens la draperie.
J’vends des eaux pour la toilette,
Et même de la friperie, et même de la friperie.

J’suis charcutier, je sais tout faire, je vends des couleurs,
J’suis charpentier, je suis notaire, je suis aussi tailleur,
Je suis en plus maître d’hôtel, j’achète des jupons.
Je suis marchand de dentelles,
Je vends du poisson, je vends du poisson.

J’suis ferblantier je vends d’la braise, je fais des bonnets.
J’suis rentier, j’rempaille les chaises, je fais des balais.
J’vends du baume pour la brûlure et je suis musicien.
Je guéris toutes les enflures,
Je tonds aussi les chiens, je tonds aussi les chiens.

Pour les procès les chicanes je brave les avocats,
Je conduis la poste aux ânes, je recarde les matelas,
Je suis un dentiste habile et je fais le maçon.
Sans trop m’échauffer la bile,
Je vends des chansons, je vends des chansons.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne - Catalogue Laforte : L’Homme sans pareil [IV.Ha-05] et Le Matamore [II.D-28]



J’es pas d’là ! J’es des Barraques !

J’es pas d’là ! J’es des Barraques !
J’es pas d’là ! J’es des Barraques !
J’ai pas honte te vois d’ête de c’te coin là
Y’est un trou, après tout, moué j’m’en fous !
J’es pas d’là ! J’es des Barraques !
Et un coin plus bas, y’a loin !
Lorsque j’étais troufion y’avait des Parigots
Et qui oui pour un rien vous en foutaient plein les uyots.
Quand ils parlaient d’Paris, d’Saint-Ouen ou bien d’Saint-D’nis,
Ils disaient en s’bombant, moi j’suis là-bas depuis longtemps.
Un baraquois y’eux dit d’un air narquois :

Un jour je m’promenais et lorsqu’aux Quat’Chemins
Un Pékin m’interpelle pour d’mander son ch’min,
J’lui dis bien mon poto J’suis pas un écriteau
Et puis vois-tu l’Creusot,
Avec ses ch’mins, j’n’y connais rien,
Et puis vois-tu l’Creusot
J’m’y r’connaît pus :

Un jour j’rentre chez moi, rempli comme un boudin
Deux agents m’interpelle pour me remettre sur mon chemin,
Je lis sur une pancarte y’avait commisseriat.
J’leur dis, cré non d’un chien
Lavou qu’te d’meures, ben y’est pas là
Alors j’yeux dis, vous s’gourez les amis :

Chanté par Marcel Clair et Georgette Clair - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



J’ai fait l’amour

J'ai fait l'amour dans les balais, )
A une belle couverte de violet, ) bis
J'ai fait I'amour et j'ai fait bien des pas, )
Pour une belle qui ne m'aimait pas. ) bis

Partout l'on disait dans le pays, )
Que la belle avait changé d'ami, ) bis
Un dimanch'soir, je m'en vais la trouver )
J'la trouve assise auprès d'son bien aimé. ) bis

Pourquoi la belle ne le disais-tu pas, )
Que mes amours ne t'y convenaient pas ? ) bis
Combien de fois je t'ai dis en riant, )
Mon beau galant vas-t-en tu perds ton temps. ) bis
Et bien la belle si j'ai perdu mon temps, )
J'ai bien passé d'agréables moments, ) bis
Oui tous les deux sur not' petit lit blanc, )
A jouer au jeu des amoureux. ) bis

Et bien l'ami si nous avons joué, )
Tu le sais bien, tu n'as jamais gagné, ) bis
Oui avec toi et avec tes parents, )
Au cabaret j’ai mangé mon argent. ) bis

Et bien la belle, je vous fait mes adieux, )
Le verre en main et non les larmes aux yeux, ) bis
Et moi Monsieur, je vous souhaite le bonsoir )
Au plaisir de ne plus vous revoir. ) bis

Chanté par Rougelet Henri - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



La Polka du père Pointu

Y’en a qui dansent, qui n’payent pus
Chez l’père Poin-Poin, chezl’père Pointu
Y’en a qui dansent, qui n’payent pus
Chez l’père Poin-Poin-Poin-Poin-Pointu
Y’a l’Monsieur au chapeau blanc
Pan-pan-pan-pan-pan-pan
Et y’a la dame au fichu
Tu-tu-tu-tu-tu-tu
Y’en a qui dansent, qui n’payent pus
Chez l’père Poin-Poin, chezl’père Pointu
Y’en a qui dansent, qui n’payent pus
Chez l’père Poin-Poin-Poin-Poin-Pointu
Y’a l’Monsieur au chapeau blanc
Pan-pan-pan-pan-pan-pan
Et y’a la dame au fichu
Tu-tu-tu-tu-tu-tu

Chanté par Emile Pisseloup - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



La tante Marguerite

Y’éto ma tante Marguerite en revenant du marché
Qu’ai recontré not’vieille bique
Dans l’jardin d’monsieur l’curé
Dans l’jardin d’monsieur l’curé
Ma tante en colère
Prends la chèvre par les quatre pieds
La jette dans la rivière.
J’voudrais qu’pour sa punition
Qu’ma tante aie tous les poils au menton
Qu’elle aie tous les poils au menton
Les quat’e pieds dans l’ventre
Les deux cornes dans l’trou du cul
La queue entre les jambes

Chanté par Emile Pisseloup - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Dedans Blanzy

Dedans Blanzy il y a trois jolies filles,
L’une est enceinte, l’autre est prête (à) accoucher.
L’autre a mis son cœur à la bonne aventure, 
Rallonge là, oh ! Maman ma ceinture.

Ma bonne fille qui donc qui t’a fait ça ?
Ma bonne mère c’est un garçon tailleur.
Il m’y a couchée pour y prendre ma mesure,
Rallonge la, oh ! Maman ma ceinture.

Ma bonne fille qu’est-ce qu’il t’a donc promis ?
Ma bonne mère une belle robe de drap gris.
C’est un garçon qui connaît l’écriture,
Rallonge la, oh ! Maman ma ceinture.
Ma bonne fille il y a-t-il bien longtemps ?
Ma bonne mère que j’y’ai fait si souvent.
Depuis quinze ans je m’frappais dur et dur,
Rallonge la, oh ! Maman ma ceinture.

Ma bonne fille il fallait donc crier,
Il fallait dire que moi j’t’y battrais.
Ma bonne mère ça m’y faisait trop rire,
Rallonge la, oh ! Maman ma ceinture.

Ma bonne fille faut-il bien t’l’allonger ?
Ma bonne mère de cinq à six lacets.
Du côté gauche où le gosse y remue,
Rallonge la, oh ! Maman ma ceinture.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Catalogue Coirault : 2317 La ceinture trop étroite - Recueil Millien : tome II, p 253



L'école buissonière

Un écolier à la mine légère
Enfant gâté par ses faibles parents
S’en fut un jour fair’ l’écol’ buissonnière
Et s’en allait en chantant dans les champs :
Tra la lalala…

Dans un verger, notre petit bonhomme
Vit un pommier et se laissa tenter
Notre bambin attrapa une pomme,
En la croquant il se mit à chanter :
Miam miam …
Le gard’-champêtr’, caché derrière un’ meule
Lâcha son chien sur le petit gamin.
Le chien furieux lui jetant un coup d’gueule,
Le fit chanter sur un autre refrain :
Aïe aïe …

Le lendemain, il retourna en classe,
Un peu honteux, l’oreille déchirée.
Le maître alors, l’envoyant à sa place,
Lui accorda le pardon demandé.
Oh la oh lala…

Chanté par Elise Jallois - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



Virginie

Virginie les larmes aux yeux
Je viens te faire mes adieux
Nous partons pour l'Amérique
Nous allons droit au couchant.
Adieu donc, chère Virginie,
Il nous faut mettre « voile au vent »

Voile au vent, mon cher amant
Ca me donne du tourment
Il viendra quelque tempête,
Quelque orage frémissant
Brisera ton équipage
Et la belle est sans amant
Virginie va, ne crains rien
Car je suis un bon marin
Je connais le pilotage,
La conduite du vaisseau
N’arrivera aucun naufrage
Tant que je s’rai matelot

Virginie à mon retour
Je te rendrai mes amours.
Après ma campagne faite,
Après mes sept ans finis,
Nous nous marierons ensemble,
Ma charmante Virginie.

Chanté par Henri Clément - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Chansons populaires du Nivernais Tome 3 - Catalogue Coirault : 5206 Virginie, les larmes aux yeux - Catalogue Laforte : Départ du marin pour l'Amérique III.A-18



Branle morvandiau (Branle d'Anost)

 Tournez et virez, virez et tournez,
Quante l'on est jeun', on a bien du bon temps.
Tournez et virez, virez et tournez,
Quante l'on est vieux, on a bien du tourment.
Dansez garçons et fillettes                                        
Dansez le branle du Morvan                                    
Allez sans tourner la tête                                          
En arrière et puis en avant                                        
                                                           
Avez vous vu les can-nettes                                     
Quand elles s'en vont dans les champs                     
Elles vont branlant la tête                                      
En arrière et puis en avant

Les garçons ont une tête
Comme feuille qui vole au vent
Mais les filles sont fidèles
Comme l'or et comme l'argent.

Chanté par "Les Enfants du Morvan" (Disque : "Chants et danses du Morvan" - 1980 )
Source : recueilli à Anost par Paul Delarue en 1938, auprès de Simon Guenard (né à Bussy, commune d'Anost, en 1879)



Noël

 La vouqu'tu côrr don si vite,
Piarro, sans chépia ?
côrre, côrre itou, Nannette,
Quitteton troupia !
Quitte ton troupia, Nannette,
Quitte ton troupia!

Laiche iqui dreumi tes ouailles
A mitan des prés,
Et vin voué eune marveille )
Qui te va conter. ) bis

Le Sauveur que Dieu nous beille
A né cette neut !
A l'ost né dedans lai peille, )
Dans n'eun vieux chesseu ! ) bis

An y évo eun’ troup’ d'oinges
Que voloient dans l'temps :
Al entonnoient des louainges )
Et des jolis chants. ) bis

Piarrot évo un p'tiot ievre,
Q,' al évo neuri,
Jacquot eune mére chévre, )
Toinot un cabri. ) bis

Jean un fronmége ai lai crême,
Que n' étot pas cré ...
Les autr' en ont fait de même )
Et moué à peu pré . ) bis
Quitte ton troupia, Nannette,
Quitte ton troupia !
La ! La ! La ! La !
Lavou qu'tu cours donc si vite,
Pierrot, sans chapeau ?
Courre, courre, itou, Nannette,
Quitte ton troupeau.
Quitte ton troupeau, Nannette,
Quitte ton troupeau

Laisse ici dormir tes ouailles (brebis)
Au milieu des prés,
Et viens voir une merveille )
Que j’te vas conter. ) bis

Le Sauveur que Dieu nous beille (donne)
Est né cette nuit,
Il est né dedans la paille, )
Dans un vieil habit (chiffon) ! ) bis

Il y avait une troup’ d’anges
Qui volaient dans l'temps : (le ciel)
Ils entonnaient des louanges )
Et des jolis chants. ) bis

Pierrot avait un p’tit lièvre
Qu’il avait nourri,
Jacquot une mère chèvre, )
Toinot un cabri. ) bis

Jean un fromage à la crème
Qui n’était pas cré. (ranci)
Les autr’ en ont fait de même )
Et moi à peu près. ) bis
Quitte ton troupeau, Nannette
Quitte ton troupeau !
Oh ! Oh ! Oh ! Oh !

Chanté par Gérard Souzay - Sources :
-- Gérard Souzay sings "Noël Auxois" - YouTube
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 65 - Coirault : 1209



J'ai vu le loup

J'ai vû le loup, le r'nard, le liévre,
J'ai vû le loup, le r'nard cheuler ;
C'est moi-même qui les ai r’beuillés,
J'ai vû le loup, le r'nard, le liévre,
C'est moi-même qui les ai r’beuillés,
J'ai vû le loup, le r'nard cheuler.

J'ai ouï le loup, le r'nard, le liévre,
J'ai ouï le loup, le r'nard chanter ;
C'est moi-même qui les ai r'chignés,
J'ai ouï le loup, le r'nard, le liévre,
C'est moi-même qui les ai r'chignés,
J'ai ouï le loup, le r'nard chanter.

J' ai vû le loup, le r'nard, le liévre,
J'ai vû le loup, le r'nard danser ;
C'est moi-même qui les ai r'virés,
J’ai vû le loup, le r 'nard, le liévre,
C’est moi-même qui les ai r'virés,
J'ai vû le loup, le r'nard danser.
Miserere !

Cheuler : boire - Rebeuiller : regarder sans être apperçu - Rechigner : imiter - Revirer : exécuter et régler la danse circulaire

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - 1988
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel - XXX Chansons bourguignonnes du Pays de Beaune - page 52



La ruse du galant

O mon pèr', consolez-moi, )
Ma maîtresse se marie. ) bis

- O mon fils, tu ne sais pas ? )
Habill'-toi en demoiselle. ) bis

Tu iras coucher ce soir )
Au château de ta maîtresse. ) bis

- Bonjour, madam' de céans, )
Log'rez vous un' demoiselle ? ) bis

- Quell' demoiselle êtes-vous, )
Voyager la nuit seulette ? ) bis

- En passant dans les grands bois, )
J'ai perdu ma camarade. ) bis

- Entrez, mad'moiselle, entrez, )
Vous couch'rez ici seulette. ) bis

Quand ce fut l'heure du souper, )
La d'moiselle était honteuse. ) bis

- Quell' demoiselle êtes-vous ? )
Vous paraissez tout' honteuse. ) bis

- C'est la grande peur que j'ai )
De coucher la nuit seulette. ) bis
- Soupez, mad'moisell', soupez, )
Vous couch'rez avec la servante. ) bis

Un' demoisell' comme moi, )
Coucher avec un' servante ! ) bis

- Soupez, mad'moisell', soupez, )
Vous couch'rez avec ma fille. ) bis

Quand ce fut l'heur' du coucher, )
Mam' l'hôtess' porta chandelle. ) bis

- Un' demoisell' comme moi, )
Ne veut point d'une chandelle. ) bis

- Quell' demoiselle êtes-vous, )
Qui n'veut point d'une chandelle ? ) bis

- C'est la grande peur que j'ai )
Que le monde mi regarde. ) bis

Quand ce fut sur la minuit, )
La d'moisell' parl' d'amourettes. ) bis

- Quell' demoiselle êtes-vous, )
Qui ne parl' que d'amourettes ? ) bis

- Demoisell' je ne suis pas, )
Je suis votre amant, la belle. ) bis

Beaucoup s’arrètent ici. D'autres continuent :

Je l'avais toujours promis)
De vous avoir par finesse. ) bis

- Si vous êtes mon amant,
N'en dites rien à mon père.
Si vous êtes mon amant,
N'en dites rien à ma mère.

Quand ça vint le matin-jour, )
Salua l'père et la mère : ) bis

- Qu'on m'la donne ou m'la donn'pas )
J'ai passé la nuit 'vec elle. ) bis

Chanté par Marion Blanchard - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 223 - Coirault : 2204



Un dimanche au soir

Un dimanche au soir, en faisant ma ribotte,
Chez un cabaretier, je me suis engagé.
Au même instant, mon capitaine arrive,
M'a dit :  Mon ami,  sur le champ faut partir.

- Pour m'en aller, ça n'me fait point de peine
Qu'on m'apport' mon épée et mon chapeau bordé.
Mais j’ai regret d'ma tant joli' maîtresse ;
L'avoir tant aimée, il faut nous séparer !

-Dis-moi donc, ingrat, ingrat, tu m'abandonnes !
Est-ce à cause de moi que tu t'es engagé ?
- C'est pour un baiser que j'ai voulu te prendre
Et toi, sans raison, tu me l'as refusé.

Au bout de six ans, passant par mon village,
Je me suis arrêté pour l'entendre chanter.
Je l'entendais chanter, revenant de la guerre :
- Non, je n'en aurai pas d'autre en vérité !

La belle, en fenêtr', ses beaux yeux tout en larmes,
M'a vu,  tout aussitôt je me suis approché :
-Y a qu'mes habits qu'ont changé de couleur(e),
Bell', reconnais-moi, mon cœur n'a pas changé.

Chanté par Aline - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 174 - Coirault : 3005



La fille du marinier

J'ai fait une maîtresse,
La fill' d'un marinier.
Mais pour aller la voir,
Il faut passer la mer(e).
Hélas ! bonheur pour moi,
Si je peux la revoir.

Oh ! j'aperçois la belle,
Là-bas, dans ces vallons.
Dans un profond sommeil,
J'oubliai de lui dire ...
Nous passerons les eaux,
Nous irons dans ces îles.

Quand ell' fut dans la barque,
Ell' se mit à pleurer.
- Qu'avez-vous donc, la belle,
Que la mine vous change ? 
Avez-vous peur ici
Que les amants vous manquent ?
- Si les amants me manquent,
Non, je n'en ai point peur. 
Je pleur' ma très chèr' mère
Qui me fait de la peine : 
Je n'la reverrai plus,
La chose en est certaine.

- Ne pleurez point, la belle,
Nous la rejoind(e)rons,
Mettant les voil' au vent,
Tourné du côté d'elle,
Comme un fidèle amant
Doit faire à sa maîtresse.

Nous avons fait cent lieues
Sans pouvoir la trouver.
Les grands vents de la mer
Reculaient notre barque.
Si je peux débarquer,
Jamais je n'me rembarque !

Arrivant à la porte,
Trois petits coups frappés :
- Ouvrez, la mère, ouvrez
La porte à votre fille,
Qui vient d'se promener )
Tout le long de ces îles ! ) bis

Chanté par Marc Clérivet - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 75 - Coirault : 1222



Le compère menteur

Compèr', d'où viens-tu'?
- Commèr', de l'affùt.
- Compèr', qu'as-tu vu?
- Commèr', j'ai bien vu.
J'ai vu un' cornille
Qui coiffait sa fille
Au bord d'un fossé.
- Compèr', vous mentez.

J'ai vu un' grenouille
Filant sa quenouille,
Son fuseau roulé.
- Compèr', vous mentez.

J'ai vu une anguille
Qui jouait aux quilles
Au milieu d'un pré.
- Compèr', vous mentez.
J'ai vu trois oiseaux
Qui nageaient dans l'eau,
Les ailes sans mouiller.
- Compèr', vous mentez.

J'ai vu un renard
Qui montait à ch'val,
Les pieds par côté.
- Compèr', vous mentez.

J'ai vu trois gros rats
Vendant du tabac
Au fait' du clocher.
- Compèr', vous mentez.

J'ai bien vu un lièvre
Qui tremblait la fièvre
Derrièr' ces buissons.
Compèr', t'as raison !

Chanté par Laura Zimmermann - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 286 - Coirault : 11404



La dangereuse promenade

J'ai fait une maîtresse,
Trois jours y a pas longtemps.
Trois jours y a pas longtemps,
J'ai fait une maîtresse,
J'voudrais bien la tenir
Mais dedans ma chambrette. (bis)

Son pèr' qu'est en fenêtre
Qu'entend ce discours-là :
- Retirez-vous, galant,
Galant, de vers ma fille ;
Ma fille a refusé
Un beau bourgeois de ville (bis)

Passant devant sa porte,
J'ai levé mon chapeau,
J'ai levé mon chapeau
De la droite à la gauche.
Si j'n'ai pas ma Nannette,
J'en aurai bien une autre. (bis)
- Ma petit' Nannette,
Allons nous promener,
Allons nous promener
Sur l'herbette fleurie,
Nous cueillerons la fleur,
La fleur la plus jolie. (bis)

Ah ! la pauvre Nannette,
Elle y est bien trop venue !
Elle y est bien trop venue
Sur l'herbette fleurie
Elle a perdu sa fleur,
Sa fleur la plus jolie. (bis)

Couplet brutal ajouté souvent :

Tout en me promenant,
Long d'un coulant ruisseau,
J'ai cassé mon sabot,
J'ai fait comme ma mère,
J'ai des petits enfants
Qui n'connaiss' pas leur père. (bis)

Chanté par Amélie et Alain - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 218 - Coirault : 1534



La gloutonnerie du Normand

Un jour de Pentecôte, un jour d'Ascension,
Lormand il est venu dedans notre maison.
Il est venu fair' l'amour à nos filles ;
Jamais Lormand n'aura ma fille.
 
J'lui ai fait à dîner, mais pas comme il voulait,
Perd(e)rix et bécasse, un beau cochon de lait.
Des escargots aussi j'lui ai fait cuire...
Jamais Lormand n'aura ma fille.
 
J'lui ai fait à souper, mais pas comme il voulait,
Un canard à la broch', trois paires de poulets.
Ne trouva pas ça à sa fantaisie,
Il demanda de la bouillie.
 
J'lui ai fait d'la bouillie, comme il en demandait :
Trois boisseaux de farine et douze seaux de lait.
Sur sept fagots, tout ça j'lui ai fait cuire...
Jamais Lormand n'aura ma fille.
Y avait un' p'tite écuelle qu'était en trois morceaux,
Ell' n'était pas bien grande, ell' tenait deux boisseaux.
Oh ! par trois fois, trois fois j'lui ai remplie...
Jamais Lormand n'aura ma fille !

Quand Lormand eut bien bu, bien bu et bien mangé,
Anc la plus gent' des fill' il a voulu danser ;
— Allez tout doux, ma mie, ma chère amie,
Car j'ai la panse bien fournie.

La fille était friquette, elle a voulu sauter,
Lormand a fait de mêm', la pans' lui a crevé.
Il a crié : Sainte vierge Marie !
Je répands toute ma bouillie !

Oh ! vous, toutes les femm' qu'avez des p'tits enfants,
Venez à la bouillie, y en a abondamment.
Venez-y donc, venez en assurance,
Vous en trouv'rez en suffisance.

Le paysan nivernais dit euphoniquement : Lormand au lieu de Normand, comme il dit : Livernais.

Chanté par Vincent Belin - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 326 - Coirault : 10907



C'est dans l'pays en vérité

C'est dans l'pays, en vérité, )
Qu'il y a des joli's filles, ) bis
Y en a un' par-dessus tout,
Allons, allez, Lisette, roulez,
Y en a un' par-dessus tout,
Qu'un beau galant lui fait l'amour.

Toutes les fois qu'il va la voir, )
Trouv' son amie qui pleure ) bis
- Qu'avez-vous donc à tant pleurer?
Allons, allez, Lisette, roulez,
Qu'avez-vous donc à tant pleurer ?
Je n’ai donc plus vos amitiés ?

- Ah ! j'ai bien de quoi de pleurer, )
Tous les jours j'entends dire, ) bis
Tous les jours j'entends dir' partout,
Allons, allez, Lisette, roulez,
Tous les jours j'entends dir' partout
Que je suis enceinte de vous.
- Si tu es enceinte de moi, )
Tu l'as bien voulu, belle ) bis
Je ne t'épous'rai pourtant pas,
Allons, allez, Lisette, roulez,
Je ne t'épous'rai pourtant pas,
Car mes parents ne veulent pas.

- Mais si tu n'veux point m'épouser, )
Donne-moi quelque chose. ) bis
Donne-moi cinq à six cents francs,
Allons, allez, Lisette, roulez,
Donne-moi cinq à six cent francs
Pour me nourrir, moi, mon enfant.

- Cinq, six cents francs, c'est bien d'l'argent )
Pour moi qui n'en ai guère. ) bis
J'te donn'rai tant seul'ment six blancs,
Allons, allez, Lisette, roulez,
J'te donn'rai tant seul'ment six blancs,
Pour te nourrir, toi, ton enfant.
Quand cet enfant aura vingt ans, )
Nous l'enverrons en guerre. ) bis
Et la mère dans un couvent,
Allons, allez, Lisette, roulez,
Et la mère dans un couvent,
Pour la priver d'tous ses tourments.
(Veuve Balet)

Chanté par Marie Jorio - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 241 - Coirault : 2318



Le beau galant

Le beau galant, mauvais garçon, )
S’est engagé dans les dragons : ) bis
- Oh ! si je te quitt’, Rosalie,
Je te quitte bien sans regret.
Si je t’ai fait de bell’ promesses,
C’était pour me moquer de toi.

La bell’ qu’entend ces mépris-là, )
A la maison ell’ s’en y va. ) bis
Ell’ prend les habits de son frère,
Ell’ s’habille bien proprement,
C’était pour aller à la guerre
Rejoindre son cruel amant.
Quand elle fut arrivé’ là, )
Son amant elle y rencontra : ) bis
- Ah ! c’est donc toi, petit novice ?
Que viens-tu fair’ chez les dragons ?
Avec ton bonnet de police,
Tu m’as bien l’air d’un polisson.

- De polisson vous me traitez, )
Allons-y donc dans ces verts prés. ) bis
(Je t’y attends déjà ce soir
Jusqu’à la mort nous nous battrons)
Celui qu’remport’ra la victoire,
Il sera le meilleur dragon.

Quand la bell’ fut dans ces verts prés, )
Ell’ se sert bien de son épée. ) bis
Au premier coup qu’elle lui porte,
Elle a vu son amant blessé ;
Au second coup qu’ell’ recommence,
Elle a vu l’galant renversé.

Chanté par Bérengère Biard - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 130 - Coirault : 3508



La fille du Prince

Douda di laridi,
    Laridi dididi douda,
    Douda di larida,
C'était la fill' d'un prince,
Douda... 
C'était la fill' d'un prince,
Trop matin s'est levée. (bis)

S'est mise à la fenêtre 
Douda... 
S'est mise à la fenêtre
Pour voir la mer couler. (bis)

Voit venir une barque
Douda... 
Voit venir une barque
Trente galants dedans (bis)

Le plus jeune des trente
Douda... 
Le plus jeune des trente
Chantait une chanson. (bis)

- La chanson que vous dites,
Douda... 
La chanson que vous dites,
J'voudrais bien la savoir. (bis)

- Mettez l'pied dans la barque,
Douda... 
Mettez l'pied dans la barque
Je vous l'apprend(e)rai. (bis)
La belle était friquette
Douda... 
La belle était friquette
Dans la barque est entrée. (bis)

Elle a bien fait cent lieues
Douda... 
Elle a bien fait cent lieues
Sans rire et sans plorer. (bis)

Tout au bout des cent lieues,
Douda... 
Tout au bout des cent lieues,
Ell' si prend à plorer. (bis)

- Qu'avez-vous donc, la belle,
Douda... 
Qu'avez-vous donc, la belle,
Qu'avez-vous à plorer ! (bis)

Plorez-vous votre père,
Douda... 
Plorez-vous votre père,
Votre mère ou bien moi ! (bis

- Non, je n'plor' point mon père
Douda... 
Non, je n'plor' point mon père
Ni ma mère ni toi. (bis)
- Plorez-vous votre frère,
Douda... 
Plorez-vous votre frère,
Votre soeur ou bien moi ? (bis)

- Non, je n'plor' point mon frère,
Douda... 
Non, je n'plor' point mon frère,
Ni ma soeur(e) ni toi. (bis)

Je plore mon honneur,
Douda... 
Je plore mon honneur,
Galant, tu m'l'as gagné. (bis)

- N'plorez point tant, la belle,
Douda... 
N'plorez point tant, la belle,
Je vous le rend(e)rai. (bis)

- C'n'est pas aisé à rendre,
Douda di laridi,
Laridi dididi douda,
Douda di laridi 
C'n'est pas aisé à rendre
Comm' de l'argent prêté. (bis)

Chanté par Hervé Dréan - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 59 - Coirault : 1317



L'empêchement aux bans

Par un matin me suis levé
Plus matin que la lune ;
Tout d'un coup je m'suis aperçu
Que ma maîtress' ne m'aimait plus.

Que l'on me sell' mon cheval gris,
Qu'on y mette la bride !
Mon épée claire à mon côté,
Vers ma maîtress' je suis allé.

De tout loin qu'ell' m'a vu venir,
Son petit cœur soupire.
- Qu'avez-vous, belle, à soupirer,
O jeune fille à marier ?

- Oui, je suis fille à marier.
Maudit' soit la journée !
C'est aujourd'hui mon premier ban,
Il faut y mettre empêchement.

- Empêchement j'y metterai,
Ma petite mignonne,
Empêchement j'y metterai,
Puisque j'ai tout' vos amitiés.
Quand la grand'messe fut sonnée,
Le curé monte en chaire :
- Écoutez tous, petits et grands,
Je m'en vais publier des bans.

Quand le galant entend cela,
S'approche de la chaire :
- Monsieur l'curé, tout doucement,
Car j'y veux mettre empêchement.

- Ah ! qui donc est ce garçon-là
Qui parle de la sorte ?
- Monsieur l'curé, c'est mon galant,
C'est le premier de mes amants.

Voilà sept ans qu'il m'aime tant,
Voilà sept ans que j'l'aime ...
- Si y a sept ans que vous aimez,
C'est bien temps de vous marier.

Chanté par Anaïs Guillaumeau - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien Tome 2, page 183 - Coirault : 1432



La Parricide empoisonneuse

C'est un pèr’ de famille,
N’ayant qu'un seul enfant,
C'est une jeune fille
À l'âge de quinze ans.

Un amant vint la voir(e)
Et lui donna l'idée
D'empoisonner son père
Pour s'en débarrasser.

Le lendemain son père
S'en alla travailler
A la terr’ la plus proche
Qu'il avait achetée.

Sa fill’ lui coupe un’ soupe,
Lui trempe un bon bouillon,
Ell’ n'y met pas du poivre,
C’est du plus fort poison
Elle appelle son père :
- Mon pèr’ venez dîner.
Votre soupe est coupée,
Le bouillon est trempé.

A la premièr’ cuill’rée,
I n’ s'en aperçoit pas ;
Oh ! mais à la troisième,
À mis la tête à bas.

Sa fill’ qui le regarde,
qui le croit déjà mort,
Ell’ court dans la rue
Tout en criant bien fort ;
- Braves gens du village,
Venez me secourir !
Mon père a une attaque,
Je crois qu'il va mourir !

Tous les gens du village
sont arrivés d'abord.
En entrant dans la chambre,
ils trouv’ cet homme mort.

V'là l'chirurgien qu'arrive
Bien vite promptement ;
Sur le cœur de cet homme,
A trouvé le poison.

Qu'on aill’ qu’rir gendarmes,
Bien vite promptement !
Qu'on apporte les chaînes
Pour la m’ner en prison !

Seule la phrase A a été notée par Pénavaire, la phrase B est une proposition de Justin pour permettre une bourrée à 3 temps. Partition : ici

Chanté par Justin Bonnet - Collectif TO&MA
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien tome 1, page 278 - Coirault : 9705



Meïre, botez le chien queure

Meïre, botez le chien queure,
Voiqui l'galant que vint
Ah ! régalez-lu bin
Ç'ast le galant de votre feille
Ah ! régalez-lu bin
Aivou des treuffes et du boudin.
Du boudin ! Du boudin ! Du boudin !
Du boudin ! Du boudin ! 
Et du boudin ! Et du boudin ! din ! din !
Et du boudin !

Al évot des joulies guâtes
Et pus des jartères quioquées
A quepot dans ses doigts
C’étot pour drosser sai crinieire,
A quépot dans ses doigts
C'étot pour drosser ses pois.
Ses pois ! Ses pois ! Ses pois ! Ses pois !
Drosser ses pois ! Drosser ses pois !
Drosser ses pois ! pois ! pois !
Drosser ses pois !

Chanté par Jean-Luc Debard - CD : Dansons l'Auxois – 2003
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 4 en fin de volume et pour le texte p. 32 - Coirault : Sans.
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page 135



Les feill’s de Claivoillon

Ce sont les feill’s de Claivoillon
Qui vont servir la nation :
Elles ont pris pour aventure
D'aller chercher leurs amants.
Dans leur chemin ont fait rencontre
D'un officier d'engagement.

L'engagement aussitôt fait :
Allons, ma mie au cabaret !
Nous boirons eune bouteille,
Eune bouteille de bon vin.
Mais nous boirons de ce bon vin
Pour dissiper notre chagrin.

Quand on fut au milieu du r'pas :
Bois donc ma mie, tu n'y bois pas ?
Pour du vin, je n'en bois guère
Et de l'eau je n'en bois pas ;
Mais je n'en bois qu'un demi-verre
A chacun de mes repas.

Quand fut le milieu du souper,
Son cher papa la vint trouver :
Que fais-tu là, méchante feille,
Dans ce lieu si dangereux ?
Tu as perdu l'obéissance,
Tu n'y pense don plus à Dieu ?
Qui vous a dit, mon cher papa,
Qui vous a dit que j'étais là ?
- C’est ton frère et puis ta sœur
Qui ne font que d'y pleurer,
Et aussi ta dolente mère,
Que l'on n'y peut reconsoler.

Allez-vous-en, mon cher papa,
Allez-vous-en là-bas sans moi !
En retournant dans la maison,
Reconsolez tous ces gens-là.
J'ai encor un voyage à faire
Avec ces jolis dragons.

Nous allons monter à cheval,
Dans un instant nous partirons.
En passant par ces grandes villes
En jouant du violon :
- Héla ! grand Dieu ! la jolie feille
Qui va servir la nation !

Chanté par BBM - CD : Dansons l'Auxois – 2003
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 7 en fin de volume et pour le texte p. 75 - Coirault : 6710
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page 58



Lai treue guéreille

Ma que j’étâs chez mon peire
Moi, petite Jeanneton,
Au lieu d'ailler en l'écôle,
Lon ture, lon ture lure,
On m'envie les cochons garder,
	Lonturelé.

J'étais encor trop jeunette
J'oubliai mon déjeuner
Un des valots de mon peire,
Lon ture, lon ture lure,
Qui s'en vint me l'aipporter
	Lonturelé.

Le valot ai pris sai toûte
S'ast mi-t-à lai faire aller.
Tous les cochons ai la ronde,
Lon ture, lon ture lure,
Se sont mi-t-à y danser,
	Lonturelé.
Saufre eune veille treue guéreille
Qui n'ai pas voulu danser.
L’goret la prit par l'airoueille,
Lon ture, lon ture lure ,
Par ma foi ! tu vas danser,
Lonturelé.

L'goret la prit par l'airoueille :
Par ma foi ! tu vas danser.
- Que veux-tu don que je danse
Lon ture, lon ture lure,
Je suis prête à cochonner
	Lonturelé.

Chanté par " La Galvache " - CD : Dansons l'Auxois – 2003
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 10 en fin de volume et pour le texte p. 120 - Coirault : 4501
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page 113



L'état des feilles

C'n'est pas l'état des feilles
De corir les garçons,
Mais c'ast l'état des feilles
De r'messer les mâsons,
De r'messer les mâsons, zon, zon, zon !

Quand les maisons sont propres,
Les amants y venont ;
Ils y vienn’ quatre à quatre,
Souvent ils y restont,
Souvent ils y restont, ton, ton, ton !
S'asseyont sur le coffre
Le frappont des talons,
Et si le coffre est vide
Bien vite a s’en allont, 
Bien vite a s’en allont, lon, lon, lon !

C'n'ast pas l'état des feilles
De corir les garçons,
Mais c'ast l'état des feilles
De r'messer les maisons,
De r'messer les maisons, zon, zon, zon !

Chanté par " Ragoût de Mouton " - CD : Dansons l'Auxois – 2003
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.- Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 8 en fin de volume et pour le texte p. 94 - Coirault : 714
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.- Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page 118



Petit panier rose

Petit panier rose,
Petit panier blanc,
C’est toi qu’es la cause
De tous mes tourments.
Ah si tu m’aimes, si tu m’aimes, si tu m’aimes,
Ah si tu m’aimes, Glaudinette hé prends-moi donc.

On dit que la grive,
Aime le raisin,
Moi je n’suis pas grive,
J’aime le bon vin.
Ah si tu m’aimes, si tu m’aimes, si tu m’aimes,
Ah si tu m’aimes, Glaudinette hé prends-moi donc.

Celui qui bat sa femme,
Gagne le paradis,
Et quand j’en aurai une,
J’la battrai aussi.
Ah si tu m’aimes, Glaudinette, Glaudinette,
Ah si tu m’aimes, Glaudinette hé prends-moi donc.

Chanté par Francis Michot - Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne



L’âne et le loup

À Paris ya-t-un âne ) 
Habillé de velours. ) bis
Habillé de velours,
Viraguette.
Habillé de velours,
Viragou.

S'en va mais en pâture )
Deux heures avant le jour. ) bis
Deux heures avant le jour
Viraguette.
Deux heures avant le jour
Viragou.

Dans son chemin rencontre )
C'est son compèr' le loup. ) bis
C'est son compèr' le loup
Viraguette.
C'est son compèr' le loup
Viragou.

- Où vas-tu, cousin l'âne, )
Si matin devant jour ? ) bis
Si matin devant jour
Viraguette.
Si matin devant jour
Viragou.

- Je viens t'y s'mondre aux noces, )
Aux noces envers chez nous. ) bis
Aux noces envers chez nous
Viraguette.
Aux noces envers chez nous
Viragou.

Oh ! le lundi arrive, )
Le loup n'a pas manqué. ) bis
Le loup n'a pas manqué
Viraguette.
Le loup n'a pas manqué
Viragou.

Quand le loup fut à table, )
Tout l'monde huchait au loup. ) bis
Tout l'monde huchait au loup
Viraguette.
Tout l'monde huchait au loup
Viragou.
- Oh! va, mon cousin l'âne, )
Oh ! va, tu m'pay'ras tout. ) bis
Oh ! va, tu m'pay'ras tout
Viraguette.
Oh ! va, tu m'pay'ras tout
Viragou.

Si t'arviens dans ma pâture )
Deux heur' avant le jour, ) bis
Deux heur' avant le jour
Viraguette.
Deux heur' avant le jour
Viragou.

Je te mang'rai la tête, )
Les deux oreilles itou. ) bis
Les deux oreilles itou
Viraguette.
Les deux oreilles itou
Viragou.

- Si j'viens dans ta pâture )
Deux heures avant le jour, ) bis
Deux heures avant le jour
Viraguette.
Deux heures avant le jour
Viragou.

Je porterai mon maître )
Avec moi sur mon dous, ) bis
Avec moi sur mon dous
Viraguette.
Avec moi sur mon dous
Viragou.

Il portera sa flûte )
Qu'est percée par le bout, ) bis
Qu'est percée par le bout
Viraguette.
Qu'est percée par le bout
Viragou.

Tir'ra dans ta culotte, )
Il te fera des trous. ) bis
Il te fera des trous.
Viraguette.
Il te fera des trous.
Viragou.

Chanté par Vincent Belin et Guillaume Lombard - 1995
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien / Georges Delarue - Tome 4, page 36 - Coirault : 10601



Le roulier dans l'ornière

J'ai parcouru la France
L’espace de trente ans,
Avec mon équipage,
Oh ! bien gaillardement.
Dessus la rout' de Rennes
Comme un vaillant roulier,
J'me suis pris dans l'ornière
Sans pouvoir m'arracher.

J'ai bien tourné la tête,
La tête de tous côtés ;
Dessus la rout' de Rennes
J'aperçois un roulier.
- A moi, cher camarade,
Prête-moi tes chevaux
Pour sortir de l'ornière,
Je suis pris comme il faut.

- Oh ! tiens, voilà mon guide,
Aussi mon cheval gris,
Ma Margot de cheville,
Nous te vons bien sortir.
Nous vons braquer les chaînes
Nous vons placer le cric ;
Au premier coup de guide :
Vive mon cheval gris !
Arrivant à l'auberge,
Vers l'garçon d'écurie :
[- Oh ! toi, garçon, bon drôle,
Bon garçon d'écurie,]
Apportez de l'avoine,
De l'avoine et du foin,
[Apportez-en sans cesse,]
Nos ch'vaux en ont besoin.

- Et vous, madame l'hôtesse,
Apportez-nous du vin,
Du meilleur de la cave,
Les rouliers payeront bien.
- Pour aller à la cave,
Il faudra de l'argent.
- Oh ! nous, madame l'hôtesse,
Nous vous payerons comptant.

Chanté par "Les Enfants du Morvan" CD "Hier...aujourd'hui" - 2015
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien / Georges Delarue - Tome 5, page 133 - Coirault : Sans



Chanson des flotteurs

Débouchez Arm' et Clamecy,
La Forêt, Coulanges, Crain et Lucy,
Magny, Merry, Mailly l'Château, l'Bouchet,
Mailly la Vill', Les Dam' Trucy,
L'pré Gilbert, Maunoir, Rivault,
Vincell', Bailly, Vaux et Augy,
Les p'tits pertuis d'Auxerre aussi.

Chanté par Marcel Corneloup - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien / Georges Delarue - Tome 5, page 122 - Coirault : Sans



Chanson de labour

O petit vent de galerne,
Donne-moi du beau temps !

Oh ! j'ai piqué mon rouge, )
Mon jaune, aussi mon blanc... )
Allons... eh ! ) bis.

... Mon pèr' m'envoi’-z-à Nantes, ) 
Y vendr' seigle et froment. )
Allons... eh ! ) bis.

A trent' sous est mon seigle, )
Un écu mon froment. )
Allons... eh ! )bis.
L'premier qui m'les demande, )
C'est l'fils d'un avocat. )
Allons... eh ! ) bis. 

Il a bien mis sept ans, )
Pour m'compter mon argent. )
Allons... eh ! ) bis.

Tout au bout des sept ans, )
Ma mèr' s'est accouchée. )
Allons... eh ! ) bis.
Mon pèr' me dit : -- Garçon, )
Que fair' de cet argent ? )
Allons... eh ! ) bis.

-- De cet argent, mon père, )
Achetons un berceau, )
Allons... eh ! ) bis.

Un berceau en ivoire, )
Pour mettr' l’enfant dedans... )
Allons... eh ! ) bis.

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Source : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 49 - Coirault : 2314



L'habillement du petit mari

Je me suis mariée lundi
Avec un joli mari.
Il est joli, il est p'tit,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.

D'une feuille de laurier
J'lui ai fait un p'tit soulier
Et une paire de bottes aussi,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.
Dune aiguillée de fil gris
J'lui ai fait un p'tit habit
Et une petite veste aussi,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.

Avec un petit couteau
J'lui ai fait un p'tit chapeau
Et une p'tite casquette aussi,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.
D'une aiguille à tricoter
J'lui ai fait une p'tite épée
Et un p'tit fusil aussi,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.

D'la coquille d'un escargot
J'lui ai fait un p'tit château
Et des p'tites croisées aussi,
Voilà pourquoi je l'ai pris :
Afin qu'il me coûte moins
De chaussure et d'entretien.

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien / Georges Delarue - Tome 3, page 192 - Coirault : 5601



Le laboureur badin

- Hé ! petit laboureux, )
Fait-il bon labourer ? ) bis.
- Hé ! dit'-vous pas, monsieur,
Que j'touch' pas bin mes bœufs ?
Ho lo hée !

- Hé ! petit laboureux, )
Tu te moques de moi. ) bis.
- Hé ! dit'-vous pas, monsieur,
Qu'ma femme est pas à moi ?
Ho lo hée !
- Hé! petit laboureux, )
Je te donn'rai z-un coup. ) bis.
- Hé ! dit'-vous pas, monsieur,
Qu'vous v'lez m'douner cent sous ?
Hé lo hée !

- Hé! petit laboureux, )
Tu n'es qu'un polisson ! ) bis.
- Hé ! dit'-vous pas, monsieur,
Qu'vous gardez les cochons ?
Hé lo hée !

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien Tome 2, page 321 - Coirault : 11316



Les tâches du laboureur

Holà Corbin !
Holà Rondeau !
Holà Rassigneau !
Tins donc ben Nobiau !
Holà !
Laboureux, bon laboureux,
Tes sombr' a sont point faits !

Laboureux, bon laboureux,
Tes fumiers pas roulés !

Laboureux, bon laboureux,
Tes binag' sont point faits !

Laboureux, bon laboureux,
Tes blés d'mai sont point s'nés.

Laboureux, bon laboureux,
Tes blés i piquont bin.
Laboureux, bon laboureux,
Tes tramois sont point faits !

Laboureux, bon laboureux,
Tes tramois piquont bin !

Laboureux, bon laboureux,
Tes blés sont point grangés !

Laboureux, bon laboureux,
Tu n'as donc point d'argent ?
Laboureux, bon laboureux,
Tes blés sont donc grangés !

Laboureux, bon laboureux,
Tes tramois point fauchés !

Laboureux, bon laboureux,
Tes tramois point grangés !

Laboureux, bon laboureux,
Te trouv' donc point d'argent ?

Chanté par Marcel Corneloup et son ensemble vocal - Chansons de métier / Chansons de la terre - Académie du Morvan - 1988
Source : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 5, page 89 - Coirault : Sans



La mère Godichon

La mèr' Godichon a fait un étron )
Qu'avait bien six pouces de long. ) bis
La Justice l'a pesé,
Et le poids, le poids, et le poids le poids,
La Justice l’a pesé
Et le poids n's'y est pas trouvé.
La mèr' Godichon a répondu )
J'ai encore la crotte au cul. ) bis
La Justice a repesé
Et le poids, le poids, et le poids le poids,
La Justice a repesé
Et le poids s'y est bien trouvé !

Pesons, repesons,
L'étron d'la mèr' Godichon !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune, page XXXI - Coirault : Sans
-- Les Réveillées - Chansonnier des vignerons bourguignons - Enquête "Corpeau-Beaune" de janvier 1954



Litanies à la Vierge de la cathédrale d’Autun (71)

Sancta Maria
Dei genitrix ora
Sancta virgo virginum
O Sancta Maria
Ora pro nobis )
Ora pro nobis )
Sancta Maria )
Ora pro nobis.) bis

Sources :
Instruments puis paroles (Yoma Rhodde) - Concert en l'église d'Echigey (21) du 04/02/2005 par le Groupe Arts et Traditions Populaires "Les Enfants du Morvan".



En revenant des noces

En revenant des noces, digue-don ma dondon, bis
J’étais très fatigué, digue-don ma dondaine,
J’ étais très fatigué, digue-don ma dondon.

Passant près d’une fontaine, digue-don ma dondon, bis
Là je m’y suis lavé, digue-don ma dondaine,
Là je m’y suis lavé, digue-don ma dondon.

Mais l’eau était si claire, digue-don ma dondon, bis
Que je m’y suis lavé, digue-don ma dondaine,
Que je m’y suis lavé, digue-don ma dondon.

D’avec la feuille d’un chêne, digue-don ma dondon, bis
Là j’me suis t'essuyé, digue-don ma dondaine,
Là j’me suis t'essuyé, digue-don ma dondon.

La feuille était si dure, digue-don ma dondon, bis
Qu’elle m’a tout écorché, digue-don ma dondaine,
Là j’me suis-t-écorché digue-don ma dondon.

Chante chante rossignol, digue-don ma dondon, bis
Toi qu’as le coeur si gai, digue-don ma dondaine,
Toi qu’as le coeur si gai, digue-don ma dondon.

Chanté par Francis Michot - 1976
Sources : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue : tome 2, page 165 - Coirault : 3415



La Papie

La Papie au caraco rouge
Boit l'vin blanc et ne crache pas su'l' rouge
Pourquoi don n'en boirait-elle pas
Puisque le Saint Père ne s'en prive guère
Pourquoi don n'en boirait-elle pas
Puisque le Saint Père ne s'en prive pas.

Sources : "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



La Gigue

Yé trois gars que v' lant mé feill'
Y' en ai deux que n'l' aurant pas
Ell' ô belle, ell' ô gentille,
Ell' ô pas pour vous les gars.
 Ah! gigotons, gigotons d'lai gigue
Ah! gigotons, gigotons du pied.........Bis

ou

Les gars d'chez nous le dimanch' peu lai s'main'
Faut qu'ça couérint lai femelle de vingt ans
Quand ça les prend, ça les prend, ça les mène 
Quand ça les prend  ça les tint pour longtemps.
Si l'pèr'couch' davou lai mère
Yo pas por son aigrément
Yo pour aivouér' i p'tiot frér'
Pour gardé lai vaich' au champ.

Mon grand pér' et mai grand mér'
I beau jor se sont battus
Com' lai vieille éto pu fort'
L'ai foutu l'vieux su son cul.
Yo lai feille de lai meunière
 Que danso davou les gars
Ai lai pardu sai jarr'tère
Et ses bas ne tenint pas.

Si l'coq en haut du clocher
Ai tojors lai queue au vent
Tous nos gars ont beau s'vanter
Y'en ai point qu'en f'ro autant.

Sources : "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Le gars de l'Auxouais

I' seus né natif de l'Auxouais
C'ost un pays qu'ost pas ben grand.
D' Sombernon ai Vieux-Châteais,
A vai d' Touillon ai Mont-Saint-Jean.
C'ost un pays qu'ost ben fertille
L' bié, les treuffes y vennent brâment ;
On y piant'rot d' lai vanille
Qu'ell' fieurirot d'aivou le' pruntemps.

Mon père qu'étot laboiroue
Au coin du feu m' dijé c'ment ça :
« Si i' ai tiré l'diab' pou lai quoue
Ai s't'heure i' en ai un bon sat !
Tu s'rée laboiroue c'ment ton père,
Ton grand-père i' étot d'vant moué ;
Tes p'tiots cultiveront lai terre,
Les cées d'aipré a f'ront c'ment toué !

Tu f'rée l' chevau, un m'chau lai vaiche,
Si tu veux faire eune bonne maijon,
Ne laiche pas tes bœufs ai lai crouèche,
Eleuve ben des p'tiots couèchons.
l' ai segu l' conseil ed' mon père,
I fois l' couèchon autant q' i' peux ;
Ça fait des maux ai lai vaichère,
Mas on n'ai pas tant d' monde qu'on veut.
Ça n'ost pas moué quon vouérai corre
Dedans le villes pour travoiller.
A faurot qui feusse ben porre
Pour qu'on m' faize soinger d' métier.
Leu cinéma, dancinges, théâtres,
Tout ça pou moué c'ost d' lai blagu' ;
I' troue que c'ost ben pus folâtre
Ai S'mu pou lai fouère ai lai Bagu'.

l' vois m' marier dans l'aut' semaigne
D'aivou lai feille du Grand Chapé,
Et peu c'te p'tiote s'aipelle Germaigne,
(Ça c'ost un nom qu'ost pas râpé !)
All, ai d' l'airgent, des terres, des vaignes ;
All' ost jolie qu' i' en seus toqué.
Sai grande pâteure teuche ai lai mègne,
A n'y ai qu’ lai boucheure ai coper.

l' vas vos dire eun' p'tiote affaire,
Qui n'ost pas pus grosse que ren ;
Tot en laboirant lai terre
l' n' pense pas ren qu'ai l'argent.
Si j'ai des maux i' seus mon maitre,
I' euse des saibots pus que d' souyers ;
I' n' queuneu point d' garde-champêtre
Qui pourrot m'empêcher d' suyer. »

Sources : Ballade en Bourgogne - René Thomas - "Musique du Morvan - Les galvachers" - 2014



Chanson de conscrits

La royauté a bien détruit )
La plus bell’fleur de ma jeunesse ) bis
Partons conscrits, puisqu’il le faut partir
La loi faut l’obéir
Tiens, voilà ton sort, mon pauvre Creusotin !

Adieu Papa, adieu Maman ! )
Adieu mon fils, mon espérance ! ) bis
Après t’avoir nourri, t’avoir entretenu,
Tiens, voilà ton sort, mon pauvre Creusotin !

Quand tu seras là-bas, là-bas, )
Là-bas, là-bas, dedans la plaine ) bis
Tu verras les Prussiens qui marchent à grand train
Et le sabre à la main
Tiens, voilà ton sort, mon pauvre Creusotin

Source : Chanté par Emile Pisseloup - CD : Chanteurs et musiciens du Creusot



Elle m’aime pas

J’ai une femme qu’adore les animaux,
C’est sa passion c’est sa vie.
Mais pour moi ce n’est pas rigolo,
Elle me délaisse un peu trop.

Elle a un vieux perroquet, elle est constamment après,
Il est toujours sur son dos, elle l’appelle son petit coco.
Elle craint qui s’fasse mal aux dents, elle lui mâche ses aliments,
Elle ne m’fait jamais des trucs comme ça, elle m’aime pas, elle m’aime pas,
Il est évident qu’si elle m’aimait, qu’elle me le ferait.

Elle a aussi un petit toutou, un véritab’chien de poche,
Celui-ci n’en suce pas un coup, il est dégoûtant comme tout.
Ma femme lui a fait un cadeau d’un joli petit paletot,
Il faudrait le voir crâner, quand il va se promener.
Si le pavé est un peu gras, ma femme le prend sur ses bras,
Et elle ne m’fait jamais des trucs comme ça, elle m’aime pas, elle m’aime pas,
Il est évident qu’si elle m’aimait, qu’elle me le ferait.

Elle a aussi un p’tit ouistiti, un p’tit singe qui vient d’Afrique,
Celui-ci l’est à peu près gentil il est presque mon ami.
Il est dégoûtant comme tout, il fait ses besoins partout.
Ma femme au lieu de l’corriger, elle prend un p’tit bout d’papier,
Et sans trop faire de manières elle lui essuie le derrière,
Elle ne m’fait jamais des trucs comme ça, elle m’aime pas, elle m’aime pas,
Il est évident qu’si elle m’aimait, qu’elle me le ferait.

Elle a aussi un vieux chat tout noir, un vieux chat tout rempli d’puces,
Et du matin jusqu’au soir, dans l’salon on peut la voir,
Ayant le chat sur ses genoux, elle lui cherche les puces partout.
Et enfin l’est arrivé, à la fin de l’dépuceler,
Elle ne m’fait jamais des trucs comme ça, elle m’aime pas, elle m’aime pas,
Il est évident qu’si elle m’aimait, qu’elle me le ferait.

Et voici mais quelque peu de temps, que ma femme a acheté des poules,
Ca s’promène dedans l’appartement, c’est quelque peu dégoûtant.
Elles font caca su’l’tapis, elles pondent dans la table de nuit,
Ma femme qui a un culot d’bœuf, pour voir si les poules ont l’œuf,
Et le matin sans façon, elle leur tâte le croupion.
Elle ne m’fait jamais des trucs comme ça, et elle m’aime pas, elle m’aime pas,
Il est évident qu’si elle m’aimait, qu’elle me le ferait.

Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Chanté par Francis Michot - CD : Chanteurs et musiciens de villages en Morvan - Volume 4



La chanson des fileuses

Pourquoi donc toujours je file
Pourquoi donc toujours filer

I veus t'apprendre une chanson
D'une fileuse au cheveux blonds

Passent devant la maison
Trois beau chevaliers barons

Toutes les filles un jour s'en vont
Mais moi je n'y marie guère

Chevaliers sont polissons
Mieux vaut rester chez mon père

Un beau jour je partirai 
Vers un berger l'épouser
Ainsi va toujours le fil
Le fil des jeunes années

Source : Chanté par Suzanne Raillard - CD : SEDELOC - 1987



La Carmagnole du Creusot

La Carmagnole est défendu
De la chanter dedans la rue
Celui qui la chantera
En prison il ira.

Nous la chanterons quand même
Vive le son, vive le son,
Nous la chanterons quand même
Vive le son du canon.

Si Schneider veut du charbon
Qu’avec Geny il aille au fond*
(Et le Saint-Père au diable…)
*Gény : Directeur des usines du Creusot

Du fer pour travailler,
Du plomb pour nous venger,
Et du pain pour nos frères
Vive le son, vive le son
Et du pain pour nos frères
Vive le son du canon.

( En prison on m’emmènera,
Dans mon pays je reviendrai
Et du pain je mangerai…)

Source : Chanté par Maurice Digoy - CD : Chanteurs et musiciens du Creusot



La fleur de ma jeunesse

Adieu la fleur de ma jeunesse
Adieu l'aimable liberté
Adieu l'aimable liberté des filles
C'est aujourd'hui qu'il me faut la quitter

J'avais rêvé de vivre sans ménage
J'avais juré de n'point me marier
Mais à présent je mets mon cœur en gage
Et mon amour ne peut se partager

C'est aujourd'hui que je quitte mon père
Ma pauvre mère aurait bien des regrets
Pour devenir la compagne sincère
Du tendre ami que j'aimais en secret

Et voyez-vous bientôt ces jeunes filles
Qui sont assises là tout près de nous
Regardez donc comme elles sont gentilles
Toutes bientôt choisiront un époux

Source : Chanté par Micheline Pierre - CD : Chanteurs et musiciens de villages en Morvan - Volume 4



Ma grand mère

Pif pouf ma pantoufle, pif paf ma chavatte.
Ma grand-mère est enterrée dans l’jardin de d’monsieur l’curé,
Petit chien a pissé d’ssus, ma grand-mère est revenue,
D’avec une galette au cul,
Pif pouf ma pantoufle, pif paf ma chavatte.

Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Chanté par Francis Michot - CD : Chanteurs et musiciens de villages en Morvan - Volume 4



Ma maîtresse fait bien la fière

Ma maîtresse fait bien la fière,
Elle dit qu’elle n’veut plus m’aimer,
Elle dit qu’elle veut s’en aller
Dans un bateau sur mer,
Mais si jamais elle n’en revient,
Plus d’amitié pour elle.

Au bout d’un mois six semaines,
Et tout au plus, ma maîtresse est revenue,
Ma maîtresse est revenue
Passant devant ma porte,
De tout loin j’la vis venir,
Son petit cœur soupire.

Bonjour donc ma mie, ma blonde
Qu’apportez-vous de nouveau ?
Qu’apportez-vous de nouveau
De ce lointain voyage ?
Rien qu’en voyant vot’ blanc jupon
Vous paraissez enceinte.
C’est l’hiver, le mauvais temps,
L’été est plus commode,
C’est pour m’y garantir du froid,
Qu’j’ai fait doubler ma robe.

Mais qu’les filles elles sont trompeuses
Aà l’âge de quinze ans,
Elles font des fautes affreuses
Par-devant leur maman,
Allez-y aujourd’hui, elles diront qu’elles vous aiment,
Retournez-y demain, ce n’sera plus de même.

Mais les filles sont comme les roses,
Quand elles sont sur les rosiers,
Quand elles sont sur les rosiers
Que chacun les caresse,
Mais quand elles défleurissent,
Tout chacun les délaisse.

Source : Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne
Chanté par Francis Michot - CD : Chanteurs et musiciens de villages en Morvan - Volume 4
Recueil Millien : tome II, p.248 (3 versions), “ La maîtresse qui s’embarque ”



I emmarde lai mouétchié du monde

I emmarde lai mouétchié du monde
Peu l’aute, peu l’aute,
I emmarde lai mouétchié du monde
Peu l’aute i chie d’chus

Moué qui t’aimot tant
I t’emmarde, i t’emmarde,
Moué qui t’aimot tant,
I t’emmarde à présent.

Source : Les Morvandiou's Brothers - I emmarde lai moétchié du monde



Les trois fendeurs

Trois fendeurs il y avait,
Au printemps, dessus l'herbe :
J'entends le rossignolet.
Trois fendeurs il y avait,
Parlant à la fillette.

Le plus jeune disait 
Celui qui tient la rose 
J'entends le rossignolet 
Le plus jeune disait 
Moi j'aime mais je n'ose 

Le deuxième disait 
Celui qui tient la fende 
J'entends le rossignolet 
Le deuxième disait 
Moi j'aime et je commande

Le troisième disait 
Tenant la fleur d'amande 
J'entends le rossignolet 
Le troisième disait 
Moi j'aime et je demande
Mon galant ne serez
Vous qui tenez la rose
J'entends le rossignolet
Mon galant ne serez
Si vous n'osez je n'ose

Mon maître ne serez 
Vous qui tenez la fende 
J'entends le rossignolet 
Mon maître ne serez 
Amour ne se commande

Mon amant vous serez 
Vous qui tenez 1' amande 
J'entends le rossignolet 
Mon amant ne serez 
On donne à qui demande

Source : Chanté par Ben
Anthologie de la chanson française - Les chansons d'amour - Plage N°6 : 18'40



La rosière

Connaissez-vous la rosière,
La rosière de chez nous.
Connaissez-vous la rosière,
La rosière de chez nous.
Ell' a perdu la croix d'sa mèr'
La rosière, la rosière
Ell' a perdu la croix d'sa mèr'
La rosière, de par chez nous.

Ell' a perdu sa jarr'tière
La rosière, la rosière
Ell' a perdu sa jarr'tière
La rosière, de par chez nous.

Source : Chanté par le groupe Arts et Traditions Populaires "Enfants du Morvan" - 2024



Mazurka de Lapleau

Pourquoi donc, petite fleur des champs
Quand tu fais l’amour, mets-tu des lunettes
Pourquoi donc, petit’ fleur des champs
Quand tu fais l’amour portes-tu des gants ?

Quand je vois porter des lunettes
A des gens qui n’en ont pas besoin
Je me dis qu’il faut qu’ j’en achète
Pour en fair’ porter à mon chien
Pourquoi donc, petite fleur des champs
Quand tu fais l’amour, mets-tu des chaussettes
Pourquoi donc, petit’ fleur des champs
Quand tu fais l’amour portes-tu des gants ?

Quand je vois porter des chaussettes
A des gens qui n’en ont pas besoin
Je me dis qu’il faut qu’ j’en achète
Pour en fair’ porter à mon chien

Source : Chanté par le groupe Arts et Traditions Populaires "Enfants du Morvan" - 2024



Mazurka du Bas Pays

Quand je suis vers toi, mon aimable bergère,
N’y a pas pour moi de moments plus heureux,
Quand j’te quitt’ je m’ dis toujours en moi-même,
Me v’là du rang des amants malheureux.
Par un beau jour j’m’en vas voir ma maîtresse
C’était pour lui souhaiter l’bonjour
Pour lui conter le secret de mes peines
Au sujet de ce grand mal d’amour.
Charmante Louise, prête-moi donc ta cage
Pour y loger mon petit sansonnet,
Oh ! Il est beau, il est doux, il est sage,
Dans un bosquet il est bien indiscret

Si votre oiseau n’était pas si volage
Je trouverais bien de quoi le loger
Mais j’aurais peur quand il serait en cage
N’en pourrait pas sortir sans pleurer
Oh s’il pleurait ce serait avec peine
Par le regret qu’il aurait de sortir
Allez, allez, ne soyez pas en peine
Votre beauté le fera revenir.

Le Galant de la Nannette

C'est trois jolis garçons ; )
Tous trois s'en vont on guerre, ) bis
Tous trois s'en vont en guerre,
Tous trois en regrettant
Leur si joli' maîtresse
Que leur cœur aime tant.

Le plus jeune des trois )
Regrette mais la sienne. ) bis
Oh mais il la regrette !
Oh il a bien raison :
C'est-la plus joli' fille
Qu'il y a dans Ly-on.

Le beau galant s'en va )
Trouver son capitaine : ) bis
— Bonjour, mon capitaine ;
Donnez-moi mon congé
Qu' j'aill' voir ma mi' Nannette :
Trop loin je l'ai laissée. —
L' capitain' lui répond : )
— Va-t'en dedans ma chambre, ) bis
Va-t'en dedans ma chambre ;
Prends-y mon passeport ;
Va-t'en voir ta Nannette
Et viens servir encor. —

Le beau galant s'en va )
Trouver ses père et mère : ) bis
— Ah ! bonjour, père et mère,
Frères, sœurs et parents !
Où donc est ma Nannette
Que mon cœur aime tant ? —

Le père lui répond : )
— Ta Nannette elle est morte, ) bis
Ta Nannette elle est morte
Depuis le vendredi.
Son corps est dans la terre,
Son âme au Paradis. —
Le beau galant s'en va )
Prier dessur sa tombe : ) bis
— Bonjour, ma mi' Nannette :
Parle encore une fois
A ton amant qui r'grette
De ne pas t'y revoi'. —

La belle lui répond : )
— T'en trouveras bien d'autres, ) bis
T'en trouveras bien d'autres
Aussi belles que moi ;
T'en trouveras bien d'autres,
Au service du roy. —

Le beau galant s'en va )
Trouver son capitaine : ) bis
— Bonjour, mon capitaine ;
Me voilà de retour.
Ma Nannette elle est morte :
Je servirai toujours...

Chanté par le groupe Arts et Traditions Populaires "Enfants du Morvan" - 2024
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 62 - Coirault : 1406



Mai grand' meire

Mai grand' meire qui n'évot qu'eune dent.
Encore elle groule
Quant an cort du vent.

Mon grand peîre qu'étot maréchau
A li raicmôde
Ai grands coups d' marteau

Mal cousine, not' petit chien blanc
Lai quoue li groule
Quand an cort du vent.
Ma grand-mère qui n'avait qu'une dent
Encore elle croûle
Quand en sort du vent.

Mon grand-père qu'était maréchal (ferrant)
Il lui raccommode
à grands coups de marteau.

Ma cousine, notre petit chien blanc,
La queue lui croûle
Quand en sort du vent

Chanté par Jean-Luc Debard - CD : Dansons l'Auxois – 2003
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 11 en fin de volume et pour le texte p. 126 - Coirault : Sans
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 108 - Coirault : Sans



Lorsque j’aivions des noisettes

Lorsque j’aivions des noisettes )
Les amants venint chez nos. ) bis
Maintenant qu’i n'y en a plus
Des noisettes, des noisettes,
Maintenant qu'i n'y en a plus,
Les amants n'y venont plus.

Dedans le lit que je couche )
On dit qu'i n'y a point de draps ! ) bis
Moi je dis qu'il y en a,
Des couvertes, des couvertes,
Moi je dis qu'il y en a,
Des couvertes et des draps.

J'ai trempé lai soupe à jeune, )
J'ai laissé c’ téquitte à vieux ; ) bis
Et pour moi, j'eîme mieux
Un jeune aimoureux, mai meîre,
Et pour moi j'eîme mieux
Un jeune aimoureux qu'un vieux.
Lorsque j’aivions des noisettes )
Les amants venaient chez nous. ) bis
Maintenant qu’il n'y en a plus
Des noisettes, des noisettes,
Maintenant qu'il n'y en a plus,
Les amants n'y viennent plus.

Dedans le lit que je couche )
On dit qu'i n'y a point de draps ! ) bis
Moi je dis qu'il y en a,
Des couvertes, des couvertes,
Moi je dis qu'il y en a,
Des couvertes et des draps.

J'ai trempé la soupe au jeune, )
J'ai laissé la soupe au vieux ; ) bis
Et pour moi, j'aime mieux
Un jeune amoureux, ma mère,
Et pour moi j'aime mieux
Un jeune amoureux qu'un vieux.

CD : Polyphonie au quotidien - A. Bachelard; D. Coulon; J. Roy - 2004
Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 16 en fin de volume et pour le texte p. 175 - Coirault : Sans
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 71 - Coirault : Sans



Lai bique

Ç’ast les gens de Bouze
Qui sont de bons enfants, mes enfants !
A-z-élevont des biques
Pour corner les passants, mes enfants !
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.

Al en ast entré-i-eune
Dans l’jardin ai Bertrand, mes enfants !
Elle ai maingé eun chou
Que vaillot chin cents francs, mes enfants !
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.

Et eune plainche de carottes
Qu'en vaillot ben autant, mes enfants !
An fit citer lai bique
Par quatre- vingts sargents, mes enfants !
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.
Elle s'en fut ai l'audience
Lai quouc tôjors dressant, mes enfants !
Et fit un pet au juge
Et quatre au lieutenant, mes enfants !
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.

Et un panier de crottes
Pour messieurs les sargents, mes enfants !
Et enfoncit sai corne
Dans l'c... du peursident, mes enfants!
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.

Et au bout de sai côrne
Ramenit de l'onguent, mes enfants !...
— Ç'ast pour graisser les lèvres
Ai tous les acoutants, mes enfants !
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la lère ;
Bringue, stringue, landerira,
Tra la la la, la la.

CD : Polyphonie au quotidien - A. Bachelard; D. Coulon; J. Roy - 2004
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 18 en fin de volume et pour le texte p. 214 - Coirault : 10607



Le M'lin d'lai Pré (Le Moulin de la Presle)

Il s'ennuyait le moulin de lai Presle
Depuis la guerre il était tout seulet
Il s'ennuyait le moulin de lai Presle
Indifférent coulait le Martelet,
Indifférent coulait le Martelet.

Le vieux meunier avait quitté ce monde
Pour aller voir dans le ciel du Morvan
Si la moisson est toujours aussi blonde
Que son moulin moulinait en froment.

Il s'ennuyait le moulin de lai Presle
La vieille roue avait perdu ses dents
Il s'ennuyait le moulin de lai Presle
Le ruisselet coulait indifférent,
Le ruisselet coulait indifférent.

Un bel été au moment des vacances
Le fils du meunier revint au pays.
Retrouvant le moulin de son enfance,
Il s'y vit en retraite, au paradis.

Il revivra le moulin de lai Presle,
La vieille roue aujourd'hui tourne rond.
IL revivra le moulin de lai Presle,
Le Martelet a repris sa chanson,
Le Martelet a repris sa chanson.

Source : Chanté par Maurice Clément
Paroles : Guy Bonnin - Musique : Maurice Clément



La mal Mariée vengée

Nous somm's trois frères,
Rien qu'une sœur à marier.
- Marions la belle,
Marions-la bien à son gré.

Lui donn' un homme,
Trois fois du jour il la battait, 
Battre sur battre,
Oh ! que le sang n-en rigolait.

- Mon ami Pierre, 
J'ai ma chemise à ‘ler laver.
- Vas-y, vilaine,
Mais prends bien gard' de t'arrêter.

- Mon ami Pierre,
J'ai vu venir trois cavaliers 
Qu'ont la r'ssemblance
De mes trois frères de l'armée.
 
- Hé! ma mie Jeanne,
Où donc que j' vas m'aller cacher ? 
- Dans les trois cents chambres,
Qui se ferment à trois cents clefs.
 
- Bonjour, servante,
Où donc la dame du château ? 
- J' suis pas servante,
C'est moi la dame du château.

- Hé! ma sœur Jeanne,
Où donc tes cott' et cotillons,
Ta bell' ceinture
Bordée en or et en argent ?
- O mes chers frères,
J' n'ai plus ni cott' ni cotillons,
Ni bell' ceinture
Bordée en or et en argent.

- Hé! ma sœur Jeanne,
Qu'est donc devenu' ta beauté ?
- Le vilain homme
A tout brisé, a tout pilé.

- Hé ! ma sœur Jeanne,
Dis-nous là-voù qu'est ton mari.
- Il est en guerre,
Oh ! qu'il puiss' n'en pas revenir !

- Hé! ma sœur Jeanne,
Nous voulons 'ler nous promener
Dans les trois cents chambres
Qui se ferment à trois cents clefs.

Dans la première
Les trois frères n'ont rien trouvé.
Dans la seconde
Ils ont entendu soupirer

Tir' leur épée,
Et coup sur coup lui ont donné.
- Frappez, mes frères,
Tant que vous le verrez bouger !

- Hé ! ma sœur Jeanne,
Là-voù donc qu'il faut le jeter ?
- Par la fenêtre,
Il tombera dans le fossé.

-Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 125 - Coirault : 9617
-- Vidéo : Têtes de Chien - 2012



Le Bon Moulin

Le moulin tic et tic,
Le moulin tic et tac,
Le moulin qui va bien.
J'ai vu tourner les rou',
Les rouelles,
Les ailes,
Les aluchons du moulin.
Mais malgré ça,
La meule y moudera (bis)
Là-bas dessus ces chaumes )
Il y a-t-un moulin. ) bis
Il y a-t-un moulin.

Le meunier qui fait moudre )
Est un joli blondin. ) bis
Est un joli blondin.

Y vient un' bonne vieille : )
- Veux-tu moudre mon grain ? ) bis
- Veux-tu moudre mon grain ?

- Non, non, ma bonne vieille, )
Mon moulin n'y va point. ) bis
Mon moulin n'y va point.

Si vous avez des filles, )
Envoyez-les demain ? ) bis
Envoyez-les demain ?
Nous batt(e)rons la meule, )
Nous lèv'rons le moulin. ) bis
Nous lèv'rons le moulin.

Y vient un' jeune fille : )
- Veux-tu moudre mon grain ? ) bis
- Veux-tu moudre mon grain ?

- Oui, oui, venez la belle, )
Mon moulin y va bien. ) bis
Mon moulin y va bien.

La bell' s'est endormie )
Au tictac du moulin. ) bis
Au tictac du moulin.

- Réveillez-vous, la belle, )
Votre sac il est plein. ) bis
Votre sac il est plein.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Achille Millien / Georges Delarue - Tome 5, page 108 - Coirault : 2109
-- Vidéo : "Têtes de Chien" - 2020



La vieille femme de quatorze ans

Laissez-moi vous dire une chanson,
Sans un grain d’vérité́ dedans (bis)
C’est une vieille femme de quatorze ans
Mange du beurre, se casse les dents, (bis)
C’est une jeune fille de cinq cent ans
Qu’accouche de trois moulins à vent.

Le parrain s’appelle Gros Lucas,
La marraine lèche les plats (bis)
Ramassent les écus dans la rue
Vont à la messe toujours tous nus

Quand ils se promènent à Paris
Montent à cheval sur une souris (bis)
Ils font la course avec un veau,
Une puce court dans un sabot

Avant de descendre au grenier,
Dans la cave ils sont bien montés (bis)
Poule qui chante, coq qui pond
Ça fait du bruit dans la maison

De grand matin se sont levés
Le soleil venait d’se coucher (bis)
C’est un fou rire qui les a tué́
Au d’ssus d’un arbre sont enterrés

Sources :
-- Cette menterie est un montage de plusieurs versions collectées par Achille Millien dans le tome II édité en 1908. Vous en trouverez des bouts épars entre les pages 287 et 292.
-- Vidéo : "Têtes de Chien" - 2020



La Sainte Vierge et le laboureur

Bonn' sainte Vierg', marchant sur terre,
Portant son enfant sur son bras,
Dans son chemin a fait rencontre
D'un bonhomm' qui semait son blé !

Oh! dites-moi, vieillard bonhomme,
Voudriez-vous bien me cacher ?
- Oh ! oui, oh ! oui, ma bonne dame,
Sitôt qu'j'aurai semé mon blé.

Mais le blé ne fut pas en terre
Qu'il était bon à moissonner :
- Allez chercher votre volette,
Vous pouvez moissonner votre blé.

Sous la première javelette
Bonn' sainte Vierg' s'y est cachée,
Tout il l'instant voici qui passe
La troupe des Juifs cavaliers.
-Oh ! dites-nous, vieillard bonhomme,
Dit's, avez-vous pas vu passer
Un' belle dame pèlerine
Portant son enfant sur son bras'!

- Oh ! oui, oh ! oui, je l'ai bien vue
Du temps que je semais mari blé.
Ils se disaient les uns aux autres :
Voilà bientôt un an passé.

- Piquons, piquons à nos cheval (es),
Piquons-les bien de l'éperon !
Depuis un an, la belle dame
A fait du ch'min. Allons-nous-en !

Sitôt que fut parti' la troupe
Bonn' sainte Vierge a s'est levée ;
- Merci, merci, vieillard bonhomme,
Dans l'Paradis ta place y est.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 5 - Coirault : 8711
-- Vidéo : "Têtes de Chien" - 2015



Les Gants

Tout galonné galonné en blanc.
Tout autour galonné d’argent.
Nous étions trois filles
Toutes trois du temps.
Maman nous fit faire
Trois cotillons blancs.

Maman nous fit faire
Trois cotillons blancs.
J’étais la plus petite,
J’ai eu le plus grand.

J’étais la plus petite,
J’ai eu le plus grand.
J’ai pris mes ciseaux,
J’en coupais un rond.

J’ai pris mes ciseaux,
J’en coupais un rond.
Avec ces rognures,
Je me suis fait des gants.

Avec ces rognures,
Je me suis fait des gants.
Je les ai portés
Chez ma grand maman.
Je les ai portés
Chez ma grand maman.
Et je lui ai dit :
- Serre-moi ces gants.

Et je lui ai dit :
- Serre-moi ces gants.
Je ne les mettrai
Que trois fois par an.

Je ne les mettrai
Que trois fois par an.
Le jour de la Pentecôte
Et de la Saint Jean.

Le jour de la Pentecôte
Et de la Saint Jean.
Le jour de mon mariage
Où je rirai tant.

Le jour de mon mariage
Où je rirai tant.
Le lendemain encore
Que je pleurerai tant.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien/Delarue tome 4, page 137 - Les gants faits de la rognure du cotillon - Coirault : 4517 & 6219
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Les gants faits de la rognure du cotillon

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



L'Epine Dans Le Soulier

L’autre jour en allant danser,
La farira dondé,
Une épine entre dans mon, ah ! ah !
Dans mon, hé ! hé !
Dans mon soulier.
La farira lariraré,
La farira dondé !

Une épine entre dans mon soulier,
La farira dondé,
Un officier vient pour, ah ! ah !
Vient pour, hé ! hé !
Vient pour me l’ôter.
La farira lariraré,
La farira dondé !

Un officier vient pour me l’ôter.
La farira dondé,
Nous ne voulons pas de, ah ! ah !
Pas de, hé ! hé !
Pas d’officier,  
La farira lariraré,
La farira dondé ! 

Nous ne voulons pas d’officier,
La farira dondé,
Nous ne voulons que nos, ah ! ah !
Que nos, hé ! hé !
Que nos bergers,
La farira lariraré,
La farira dondé !
Nous ne voulons que nos bergers,
La farira dondé,
Le dimanche ils nous font, ah ! ah !
Nous font, hé ! hé !
Nous font danser,
La farira lariraré,
La farira dondé !

Le dimanche ils nous font danser,
La farira dondé,
La contre danse et le passe, ah ! ah !
Le passe, hé ! hé !
Le passe-pied,
La farira lariraré,
La farira dondé !

La contre danse et le passe-pied,
La farira dondé,
Puis ils viennent pour nous, ah ! ah !,
Pour nous, hé ! hé !
Pour nous saluer,
La farira lariraré,
La farira dondé !

Puis ils viennent pour nous saluer,
La farira dondé,
Et ils obtiennent un doux , ah ! ah !,
Un doux, hé ! hé !
Un doux baiser
La farira lariraré,
La farira dondé !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien/Delarue tome 4, page 122 - Coirault : 1828
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

L'épine dans le soulier

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Le Déserteur

Je me suis engagé )
Pour l’amour d’une brune. ) bis
L’hôtesse qui m’a logé
M’a très mal conseillé :
Je me suis en allé
Sans avoir mon congé.

Dans mon chemin faisant, )
Je rencontre mon capitaine ) bis
Mon capitaine me dit :
- Ou vas-tu sans souci ?
- Je vais dans ces vallons
Rejoindre mon bataillon.

Mon capitaine me dit : )
- Ce n’est point-là ta route. ) bis
J’ai mis mon habit bas,
Mon sabre au bout d’mon bras,
Je me suis battu là
Comme un vaillant soldat.

Au premier coup portant )
J’ai tué mon capitaine. ) bis
Mon capitaine est mort
Et moi, je vis encore.
Avant qu’il soit trois jours,
Ce sera à mon tour.
M’ont pris, m’ont emmené, )
De sur la place d’armes. ) bis
Ils m’ont bandé les yeux
Avec un mouchoir bleu,
Pour me faire mourir
Sans me faire languir.

Qu’on entoure mon cœur )
Dans une serviette blanche ) bis
Qu’on l’envoie à Paris
A ma chère bonne amie
Sitôt qu’elle le verra
Elle s’en repentira.

Tout le regret que j’ai )
C’est de ma pauvre mère ) bis
Elle qui m’a tant pleuré
Quand j’me suis engagé
Elle n’aura pas l’plaisir
De me revoir au pays.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 154 - Le Capitaine tué par le Déserteur - Coirault : 6803
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Le Déserteur

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Les Vêtements Vendus Pour Boire

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… Les souliers de Jeanne.
Ils sont vendus.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… Les beaux bas de Jeanne,
Ils sont vendus.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… Les jupons de Jeanne.
Ils sont vendus.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… La belle robe de Jeanne.
Elle est vendue.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !
- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… Le corset de Jeanne.
Il est vendu.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… La chemise de Jeanne.
Elle est vendue.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’ai encore à vendre. ) bis
… Le bonnet de Jeanne.
Il est vendu.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’ai d’l’argent pour bouère !

- Qu’as-tu donc à vendre ? )
- J’n’ai plus rien à vendre. ) bis
Et tout est vendu.
Argent reçu,
Je m’en repens.
Il n’est plus temps.
Consolez-moi ma mère,
J’n’ai plus d’argent pour bouère !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 4, page 72 - Coirault : 102**
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Les vêtements vendus pour boire

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Renaud Le Tueur de Femme

Renaud voulant s’y marier
Danvec la fille d’un chevalier,
La veille de ses noces arrivée,
Cent lieux de loin l’a t’emmené.

La belle fut pas milieu du bois,
Elle lui dit : Renaud, j’ai soif.
- Beuvez, la belle, votre clair sang,
Jamais vous n’y boirez de vin blanc.

La belle fut pas trois quarts du chemin,
Elle lui dit : Renaud, j’ai faim.
- Mangez, la belle, mangez vos mains,
Jamais vous n’y mangerez de pain.

La belle fut pas l’arrivé,
La voù que sont ces dames noyées :
- Et vous, madame la princesse,
La quatorzième vous serez.

Allons, la belle, préparez-vous,
Je vous l’ai dit, débillez-vous,
Posez votre chemise de lin
Qu’est aussi blanche que le satin.

C’est pas l’état d’un chevalier
De voir les dames se débiller ;
Mais c’est la place d’un chevalier
D’y avoir les deux yeux bandés.
Quand de Renaud a vu cela,
Pris son mouchoir, ses yeux banda.
La belle s’approche pour l’embrasser,
Dans la rivière elle l’a jeté.

Renaud croyant s’y rattraper
Après une branche de laurier,
La belle tira sa claire épée,
La branche de Laurier a tranchée.

- La belle, donnez-moi votre main,
Je vous épouserai demain.
- Plonge Renaud, pêche au fond,
Les dames que t’as noyées y sont.

- Hélas ! La belle, qui t’remmènera ?
Vraiment, Renaud, ce ne sera pas toi,
Ce sera mon p’tit cheval grison
Qui va plus vite que le postillon.

- Que diront donc tous tes parents
De te voir venir sans ton amant ?
- Je leur dirai que j’ai fait de toi
Ce que tu croyais faire de moi.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 133 - Renaud le tueur de femmes - Coirault : 9810
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Renaud le tueur de femmes

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



La Fille Du Roi Dans La Tour

C’était le roi dessus son pont
Tenant sa fille en son giron :
- Ma fille, quittez ce chevalier
Qui n’a ni maille ni denier

- J’aime Dijon, je l’aimerai,
J’aime Dijon pour sa beauté,
Je l’aime plus que mes parents
Et vous mon père, que j’aime tant

- Qu’on aille chercher mes cavaliers
Pour mettre ma fille emprisonnée
Qu’on la mène dans une tour
Que l’on n’y voit ni nuit ni jour.

La belle y est restée sept ans
Sans voir aucun de ses parents.
Au bout de la septième année
Son père s’en fut la visiter.

- Bonjour, ma fille! - Bonjour papa !
- Comment ça va? - Ça va bien mal.
J’ai un coté blessé des fers
Et l’autre qui est mangé des vers.

Mon cher papa, n’auriez-vous pas
Quelques deniers à me donner?
J’en ferai part à mon geôlier
Qu’il me desserre un peu les pieds.

- Oh! oui ma fille oh! oui j’en ai
Quinze boisseaux bien mesurés
Qui sont tout prêt à te donner
Si tes amours tu veux changer.
- J’aimerai mieux pourrir dans la tour
Que d’abandonner mes amours.
- Dedans la tour tu pourriras
Ou tes amours tu quitteras

Le beau Dijon passant par là
Un mot d’écrit il lui jeta :
Faites-vous morte, ensevelie,
Que l’on vous porte à Saint-Denis.

La belle n’y a pas manqué,
S’est faite morte et emportée :
Cinquante prêtres, autant d’abbés,
Pour mener la belle enterrer.

Le beau Dijon passant par là :
- Arrêtez prêtre, arrêtez là !
Puisque ma mie est trépassée,
Permettez-moi de l’embrasser.

Il a tiré ses ciseaux fins
Pour découdre le drap de lin.
A chaque point qu’il décousait,
Voyait sa mie lui souriait

Voyez, voyez la trahison
De ma fille et du beau Dijon !
Faut à présent les marier,
Qu’on en entende plus parler.

Garçons et filles qui veulent s’aimer,
Personne ne peut les empêcher…
Cinquante prêtres, autant d’abbés
Pour mener la belle marier.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 184 - Coirault : 1424
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

La Fille du roi dans la Tour

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



La Femme Qui Se Déguise

J'ai vu jouer un plaisant tour,
On en parlera plus d'un jour.
Venez tous entendre l'histoire
D'un homme qui aime ces belles catins.
Mais sa femme étant jeune et belle
En souffre avec ce libertin. (bis)

Un jour, étant corrompu d'vin,
Il s'en va faire son badin ;
Il s'en y va dans une auberge
Pour y dépenser son argent.
Il demande à madame l'hôtesse
Une femme pour passer son temps. (bis)

Madame l'hôtesse lui répondit :
- J'en sais bien une qu'est fort jolie.
Elle est jolie, jolie et belle,
Vous en auriez de l'agrément.
Montez en haut, dedans ma chambre,
Elle va venir dans un moment. (bis)

Madame l'hôtesse, sans plus tarder,
Vers chez sa femme s'en est allée :
- Levez-vous promptement, madame,
Venez tout aussitôt chez nous.
Vous y gagnerez des pistoles
A un monsieur qu'est votre époux. (bis)

La jeune dame ne veut pas y aller :
- Non, non, il me reconnaîtrait.
- J'ai un habit d'espagnolette
Qui vous ira fort bien au corps ;
Ma jeune dame, il faut le mettre,
Vous y gagnerez des louis d'or. (bis)
La jeune dame, quittant ses habits,
De ceux de l'hôtesse elle s’est vêtis.
Elle s'en alla dedans la chambre,
Y salua ce beau monsieur.
- Ma jeune dame, prenez vos aises ;
Nous rirons bien tantôt nous deux. (bis)

Quand ils eurent bien fait leur fracas,
Deux cents pistoles il lui compta.
La jeune dame le remercie,
Tout en lui souhaitant le bonsoir :
- Je serai ta fidèle amie,
J'espère encore de te revoir. (bis)

Elle quitte ses habits derniers,
Elle reprend ses habits premiers.
Elle s'en y va dans son ménage
Raccommoder ce qu'il fallait.
Et son mari, tout comme un sage,
Revient un peu de temps après. (bis)

Sa femme lui dit : - Mon ami,
De là-voù viens-tu aujourd'hui?
- Je viens du cabaret, ma femme,
Où j'ai dépensé mon argent.
- Et moi, et moi, toujours j'en gagne,
Toujours en bien m'divertissant. (bis)

Voilà ma bourse bien garnie
De ce que j'ai gagné cette nuit.
J'ai fait plaisir à un bon drôle
Que tu connais tout comme moi :
Il m'a donné deux cents pistoles
Pour y avoir promis la foi. (bis)

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien Tome 3, page 112 - Coirault : 6004
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

La femme qui se déguise

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Une Vie D'Ivrogne

Ne vous étonnez pas
Si dans tous mes repas
Je chéris la bouteille.
Moi, quand ma mère me fit,
Je n’avais pas de lit
Que l’ombre d’une treille.

Sitôt que je fus né
Ils m’avont présenté
Les blancs seins d’une dame.
Le lait de ces blancs seins,
C’est pire que du venin.
Grand Dieu ! Je rendais l’âme.

On m’mit dans un berceau,
Je criais comme un veau.
Faisant des cris étranges,
On m’change de berceau.
Sur le fond d’un tonneau,
Je dormais comme un ange.

A l’âge de trois mois,
M’suis enivré trois fois.
Mon père m’a dit courage !
Courage, mon enfant.
Quand tu seras plus grand,
Tu boiras bien davantage !

A l’âge de sept ans,
Comme les autres enfants
On m’envoie à l’école.
Je vendais tout mon pain,
C’est pour avoir du vin.
J’étais un gars pas drôle.
A l’âge de quinze ans
Mon père me dit : - Enfant,
Quel état veux-tu prendre ?
- Charpentier, menuisier,
C’est de fort bons métiers.
Tailleur je veux me rendre.

Ils m’ont mis à Paris,
Ils m’ont mis apprenti.
Oh ! Dans la rue Dauphine,
Lavoir soir et matin,
Avec d’autres copains ;
J’allais boire ma chopine.

Pauvre garçon tailleur ;
Tu as donc du malheur
Faisant ton tour de France !
Les poux te mangeront.
La gale et les morpions,
Voilà ta récompense.

Je voudrais qu’il fut nuit.
Que le diable fut rôti,
Que ça fut demain fête !
Cent écus de comptés
Qui fussent bien gagnés.
J’dirais : - Adieu mon maître !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 5, page 23 - La vie de l'ivrogne - Coirault : 10708
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

La vie de l'ivrogne

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Le Beau Flamand

C’était un beau flamand,
S’en allant voir sa blonde.
S’en allant voir sa blonde,
En voulant lui parler,
En lui disant la belle :
- Voudrais-tu bien m’aimer ?

- Flamand ! Joli flamand,
Comment veux-tu qu’je t’aime.
Tous les jours, j’entends dire
Par un de mes parents
Qu’en ton pays de Flandre,
Tu as femme et enfant.

- C’est les mauvaises langues
Qui t’ont dit ça la belle.
Dans mon pays de Flandre,
Ah ! Je t’emmènerai
Dans la ville de Lille,
Belle je t’épouserai.

- Flamand ! Joli flamand,
Quoi donc je f’rons en Flandre ?
- J’y monterons boutique,
Boutique de gros marchand,
Vendant sa marchandise.
Gros marchand négociant.
- Flamand ! Joli flamand,
Quelle sorte de marchandise ?
- J’y venderai des jupes,
Des jupes de velours.
De la belle dentelle,
Brodée tout alentour.

Le lendemain matin jour,
Le beau galant s’y lève.
Le beau galant s’y lève
En la remerciant,
En lui disant : - La belle,
J’ai femme et enfants.

- Tu as grossi ma taille,
Tu as pâli mes couleurs.
Tu m’as trompé galant,
Tu t’en repentiras.
En passant la rivière,
Ingrat, tu périras.

-Non je ne périrai pas,
Ma tant jolie maîtresse.
J’y connais la marine,
J’y sais fort bien nager.
J’y passerai la rivière,
La belle s’en m’y noyer.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien Tome 2, page 232 - Le Flamand ou le Marchois - Coirault : 3411
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Le Beau Flamand

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



Le Galant Et Sa Mie Morte

Qui veut savoir complainte )
C’est d’un jeune amoureux ) bis
C’est d’un jeune amoureux
Le désespoir l’emporte :
Il voudrait voir sa mie.
Sa chère amie qu’est morte.

Le Satan vient lui dire )
« Que me donneras-tu ? ) bis
« Oh ! Je te donnerai
Ma bague d’or jolie
Si tu veux mi mener
Au proche de ma mie.

Le Satan, il le prend )
Plus vite que le vent, ) bis
L’a porté, l’a mené
Dans une grande allée
Là vou qu’ils ont trouvé
Une porte fermée.

Le Satan a frappé, )
La porte s’est ouvri : ) bis
De là il est entré
Dans une grande chambre
Ous qu’il a vu sa mie
Dans une flamme ardente.
« Oh ! Dis-moi donc ma mie )
Qui s’qui t’a mise ici ? » ) bis
« C’est l’démon, mon amant,
Nuit et jour me tourmente
Pour ce maudit péché
Que l’on commit ensemble.

Oh dis-moi donc ma mie )
Si j’pourrais te retirer ) bis
Oh non non non mon amant
La chose est impossible
Tu me ferais souffrir
Les peines les plus horribles

Oh dis-moi donc ma mie )
Si j’pourrais te toucher ) bis
Oh non non non mon amant
Ne touche pas à mes membres
Mes membres sont plus chauds
Que les tisons qui flambent

Oh dis-moi donc ma mie )
Que faut-il dire chez vous ? ) bis
Dis à ma sœur l’ainée
Qu’elle soit fille sage
Qu’elle ne soit pas comme moi
Libre au libertinage

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 61 - Le Galant qui voit sa mie en enfer - Coirault : 8406
-- La ballade d'Achille par Nick Vanmoryan - 2018

Le Galant Et Sa Mie Morte

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.
Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passé pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.
Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.
« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.
Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.



La fille unique

Mon pèr’ n'avait que moi d'enfant,
Lorsqu'il m'aimait si tendrement,
Il empêcha mon mariage,
Croyant de fair' mon avantage.

Me promenant j'ai rencontré
Un jeun' garçon bien à mon gré,
Hélas ! à lui je m'abandonne
Et maintenant j'en suis la sotte.

Quand je m'suis vue enceint' de c'fruit,
Moi, j'y pensais et jour et nuit :
Quand cet enfant viendra sur terre,
Comment s'y prendr' pour s'en défaire?

Quand cet enfant est arrivé,
Au cœur mon couteau j'y ai planté :
Depuis le cœur jusqu'à la bouche,
Hélas ! son pauvre sang dégoutte !

Que l'on m'apporte un linge blanc
Pour env'lopper ce p'tit enfant.
Tout aussitôt, cruelle mère,
Dedans le fumier je l'enterre.
Sur le fumier vienn't à passer,
Trois gros chiens blancs, s'sont arrêtés.
Grattent le fumier avec rage,
Portent l'enfant dans Je village.

Tout d' suite on a fait publier
Que tout' les fill's s'raient visité,
Que tout' les bonn'-mèr' du village
Seraient pour faire cet ouvrage.

Mon pèr' croyant que c' n'est pas moi,
Me dit : - Bien vite, lève-toi !
Lève-toi promptement, ma fille,
C'est pour aller à la visite.

Bien promptement je m' suis levé',
A la visit' je suis allé'.
Je m'tenais toujours par derrière,
Je fus visité' la première.

Hélas! le jug' m'a condamné’,
D'avoir les deux poignets coupés,
Poignets coupés, pendue ensuite,
Ici sur cett' place publique.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 262 - Coirault : 9720
-- La Galvache 1984



Le pommier miraculeux

José, pernez-la par la main,
Menez Marie par le chemin.

Dans leur chemin ont rencontré,
Ont rencontré un doux pommier.

Vierg' Marie dit à José :
Donnez-moi donc de ce fruit-lai.

- Celui qui vous en doun' l'envie,
Qu'il vous en donne, un de ces fruits.

Vierge Marie leva la main,
Le doux pommier baissa le rein.

A deux genoux José s'est mis :
Vierge Marie, j'vous crie merci !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 9 - Coirault : 8706
-- Têtes de Chien 2016



Sur le tombeau la Madeleine

Sur le tombeau la Madeleine )
Ne faisait rien que de pleurer. ) bis
Les anges vont la consoler,
Ne pleurez pas, la Madeleine :
Jésus-Christ est ressuscité,
Il est plus beau que le soleil.

C'est dans le Jardin des Olives, )
Allez et vous le trouverez. )bis
- Beau jardinier, beau jardinier,
Que vous avez la face belle !
Vous avez les yeux de mon Dieu,
Et la couleur de mon Sauveur.

-Jardinier puisque tu m'appelles, )
Tu me dis bien la vérité, ) bis
Car j'ai tout répandu mon sang
Pour tous les hommes sur la terre,
Car j'ai tout répandu mon sang
Pour racheter les pénitents.

La Madeleine se rapproche )
De Jésus-Christ pour l'embrasser. ) bis
Jésus lui dit tout doucement :
- Retirez-vous, la Madeleine.
C'n'est point à vous à m'embrasser,
Mais c'est à vous à m'adorer.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien tome 1, page 36 - Madeleine au tombeau - Coirault : 8917
-- Chorale Franco-Allemande de Paris - 2018



Mon Père Avait 500 Moutons

Mon Père avait cinq cents moutons, (bis)
Et j'en suis la bergère,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Et j'en suis la bergère.

La première fois qu'j'les ai gardés, (bis)
Le loup m'en mangea quinze,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Le loup m'en mangea quinze.

Le fils du roi vint à passer, (bis)
Me rendit la quinzaine,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Me rendit la quinzaine.

Et la quinzain' qu'il m'a donnée, (bis)
Est plus belle que la mienne,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Est plus belle que la mienne.
La belle, que m'y donnerez-vous, (bis)
Oh! pour ma récompense,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla!
Oh! pour ma récompense.

Quand je tondrai mes blancs moutons, (bis)
Vous aurez de la laine,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Vous aurez de la laine.

- Mais de la laine, je n'en veux pas, (bis)
Je veux ton coeur bergère,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Je veux ton coeur bergère.

- Mon coeur, je gage, vous n'aurez pas, (bis)
Je l'ai promis à Pierre,
Lonlaire, lonlaire, lonlaire, lonla !
Je l'ai promis à Pierre.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Millien-Delarue Tome 1, page 76 - La Brebis sauvée du loup - Coirault : 4002
-- Lucienne Vernay - 2019




Patois et locutions du pays de Beaune - Chants populaires

Patois et locutions du pays de Beaune - Chants populaires - 1891
Recueillies et publiées par Charles BIGARNE

Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".

Liste alphabétique des chansons (avec lien)


Les mois de l'an-née

Le premier mois d' l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le second mois d' l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Deux tourterelles,
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le troisiem' mois d' l'an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Trois ramiers au bois
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le quatriem’ mois d’ l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Quat’ canards volant en l’air
Trois ramiers au bois,
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le cinquièm' mois d’ l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Cinq lapins grattant la terre
Quat' canards volant en l’air,
Trois ramiers au bois
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le sixièm’ mois de d’ l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Six lièvr’ aux champs
Cinq lapins grattant la terre
Quat’ canards volant en l’air
Trois ramiers au bois
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le septiem’ mois de l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Sept chiens courants,
Six lievr’ aux champs,
Cinq lapins grattant la terre
Quat' canards volant en l'air.
Trois ramiers au bois
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le huitièm' mois d' l'an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Huit moutons blancs,
Sept chiens courants,
Six lièvr' aux champs,
Cinq lapins grattant la terre
Quat' canards volant en l'air
Trois ramiers au bois
Deux tourterelles
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.
Le neuvièm' mois d' l'an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Neuf vaches au lait,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courants,
Six lièvr' aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quat' canards volant en l'air,
Trois ramiers au bois,
Deux tourterelles,
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le dixièm’ mois d’ l'an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Dix bœufs au pré,
Neuf vaches au lait,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courants,
Six lîèvr’ aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quat’ canards volant en l’air,
Trois ramiers au bois,
Deux tourterelles,
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le onzièm’ mois d’ l' an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Onz' biaux garçons,
Dix boeufs au pré,
Neuf vaches au lait,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courants,
Six lièvr' aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quat’ canards volant en l’air,
Trois ramiers au bois,
Deux tourterelles,
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Le douzièm' mois d' l’an-née )
que donn'rai-je à ma mie ? ) bis
Douze demoiselles,
Gentill’s et belles,
Onze biaux garçons,
Dix boeufs au pré,
Neuf vaches au lait,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courants,
Six lièvr' aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quat' canards volant en l'air,
Trois ramiers au bois,
Deux tourterelles,
Eune perdriole
Que va, que vient, que vole ;
Eune perdriole
Que vole dans le bois.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 1 en fin de volume et pour le texte p. 16 - Coirault : 10005
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 164 - Coirault : 10005


Il était une fille

Il était une fille, une fille d'honneur
Qui plaisait fort à son seigneur ;
En son chemin rencontre ce seigneur déloyal,
Monté sur son cheval,
Ah !

Il met un pied à terre et par le bras la prend :
Embrasse-moi, ma belle enfant.
— Hélas ! reprend la belle, le cœur rempli de peur,
Volontiers mon seigneur,
Eur !
Mon frère est dans ces vign'; ah s'il nous voyait là,
Il l’irait dire à mon papa.
Montez sur cette roche et regardez là bas,
Pour voir s'il ne vient pas,
Ah!

Pendant qu'il y regarde, elle, tout aussitôt,
Sur le cheval ne fait qu'un saut.
— Adieu, mon gentilhomme, vous reviendrez tantôt,
Quand il fera plus beau,
Oh!
Mais on ne voit plus guère, de ces filles d'honneur,
Repousser un seigneur,
Eur !

Sources :
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 3 en fin de volume et pour le texte p. 20 - Coirault : Sans
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 40 - Coirault : Sans


Belle i m'en vâs en l'Aillemaigne

Belle i m'en vas en l'Aillemaigne,
O mai mignonne, y venez-vo ?
— Oh que nin-ni qu'i n'y vâs-pas !
Tôt garçon qui part por lai gueirre
N'en revint pas.

— Quand vous seraz sur ces montaignes
Vous ne penseraz plus en moi ;
Vous voiraz l’eune, vous voiraz l'aute ;
C’qui vous frai parde lai souvenance
Du temps passé.
— I ferai fàre un bel ymaige
Ai lai ressemblance de vo
I l'biquerai tant, i l'boquerai tant
Pour consarver lai souvenance
De notre temps.

— Ma que diront vos caimairaides,
Vous voyant biquer du paipier ?
— I liô dirai : ç'âst le poutrait
De mai mignonne du temps passé ;
Aillons buvons, cheirs caimairaides
Ai sai santés.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 4 en fin de volume et pour le texte p. 26 - Coirault : 3008 , 3011
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 151 - Coirault : 3008 , 3011


Mai brunette

I t’airai
Mai brunette
I t’airai
Oui mai foué,
S’i ne t’ai pas, i m'en irai
Ai lai guerre, ai lai guerre,
S’i ne t’ai pas, i m'en irai
Ai lai guerre en Dauphïné.
S’i ne t’ai pas i metterai
Mai ch'misôle, mai ch'misôle,
S’i ne t’ai pas i metterai
Mai ch'misôle su mon gilet.

Source :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 5 en fin de volume et pour le texte p. 51 - Coirault : Sans

I t'airai, mai brunette

I t’airai
Mai brunette
I t’airai
Oui, mai foué !
S’i n(e) t’ai pas, i m'en irai
Ai lai guerr', ai lai guerr',
S’i n(e) t’ai pas, i m'en irai
Ai lai guerre en Dauphiné.
S’i n(e) t’ai pas i metterai
Mai ch'misôl', mai ch'misôl',
S’i n(e) t’ai pas i metterai
Mai ch'misôl' su mon gilet.
I t’airai
Mai brunette
I t’airai
Oui, mai foué.

Source :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 94 - Coirault : Sans


La guerre de Prusse

Ecris-moi dans une lettre
Sitôt arrivé-z-au Rhin.
Si tu changes de maitresse,
Moi j'y changerai d'amint.

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 6 en fin de volume et pour le texte p. 51 - Coirault : Sans


Le pommier d'oût

Darré chez mon peîre gn’i a-t-un pommier d'oût : (bis) D'argent sont les branches, vole, mon cœur, vole, D'argent sont les branches, et les feuilles étout. Et les feuilles étout, lourelou, Et les feuilles étout. Trouas filles d'un prince, vole, mon cœur, vole, Trouas filles d'un prince, a s'endormont dessous. A s'endormont dessous, lourelou, A s'endormont dessous. Tins ! dit lai pus veille, vole, mon cœur, vole, Tins ! dit lai pus veille, voici que vint le jour. Voici que vint le jour, lourelour, Voici que vint le jour. Nenni, dit lai pus jeune, vole, mon cœur, vole, Nenni, dit lai pus jeune, ce n'ast pas qui le jour, Ce n'ast pas qui le jour, lourelour, Ce n'ast pas qui le jour. Ç'ast le prince Pierre, vole, mon cœur, vole, Ç'ast le prince Pierre, que m'envie le bonjour. Que m'envie le bonjour, lourelour Que m'envie le bonjour. II a gagné bataille, vole, mon cœur, vole, Il a gagne bataille et j'aurai ses amours.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
-- Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 6 en fin de volume et pour le texte p. 69 - Coirault : 1501

Le pommier d'Août

Darré chez mon peîre gn’i a-t-un pommier d'Août : D'argent sont les branches, vole, mon cœur, vole, D'argent sont les branches, et les feuilles étout. Et les feuilles étout, lourelou, ) Et les feuilles étout. ) bis Trouas filles d'un prince, vole, mon cœur, vole, Trouas filles d'un prince, a s'endormont dessous. A s'endormont dessous, lourelou, ) A s'endormont dessous. ) bis Tins ! dit lai pus veîlle, vole, mon cœur, vole, Tins ! dit lai pus veîlle, voici que vint le jour. Voici que vint le jour, lourelour,) Voici que vint le jour.) bis Nen ! dit lai pus jeune, vole, mon cœur, vole, Nen ! dit lai pus jeune, ce n'ast pas qui le jour, Ce n'ast pas qui le jour, lourelour, ) Ce n'ast pas qui le jour. ) bis Ç'ast le prince Pierre, vole, mon cœur, vole, Ç'ast le prince Pierre, que m'envie le bonjour. Que m'envie le bonjour, lourelour ) Que m'envie le bonjour. ) bis II gaigna bataille, vole, mon cœur, vole, Il gaigna bataille et j'aurai ses amours ! Darré chez mon peîre gn’i a-t-un pommier d'Août ; D'argent sont les branches, vole, mon cœur, vole, D'argent sont les branches, et les feuilles étout. Et les feuilles étout, lourelou, ) Et les feuilles étout. ) bis

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
-- Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 76 - Coirault : 1501


Lai maoh mairiée

Mon pèïhre tô m'ai mariai,
El a tan de no-z-en aulai !
M'ai mairiai bé tristieuman.
Aillon no-z-en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nèïh no pran.

Oil, dan l'âche ai m'ai enfreumai,
El a tan de no-z-en aulai !
E m'ai enfreumai bé seuvan.
Aillon no-z -en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nèïh no pran.

E m'y lassô lontan pieurai,
El a tan de no-z-en aulai !
Lontan pieurai cruaohleman.
Aillon no-z-en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nèïh no pran.

Ai lai grand foire è s'ai saôhvai,
El a tan de no-z-en aulai !
E s'ai saôhvai bé fo jeuran.
Aillon no-z- en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nèïh no pran.

Ma è n'en ai ran répotai,
El a tan de no- z-en aulai !
Ran répotai de bé piaisan.
Aillon no-z-en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nèïh no pran.

O bonne mo, tan mèïh lé brai !
El a tan de no-z-en aulai !
Té brai ! qui me jeute dedan !
Aillon no-z- en !
El a tan de no-z-en aulai: 
Lai nèïh no pran.

Quan lai vieulaite fieurirai,
El a tan de no-z-en anlai !
Fieurirai au premèïh bea tan,
Aillon no-z-en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nè'ih no pran.

Dzeeuh lai grant harbe i dreumirai,
El a tan de no-z-en aulai !
I dreumirai po bé lontan !..
Aillon no-z-en !
El a tan de no-z-en aulai :
Lai nëih no pran.
Mon père tôt ma mariée
Il est temps de nous en aller !
M’a mariée bien tristement.
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

Oui, dans l'coffre il m'a enfermée,
Il est temps de nous en aller !
Il m'a enfermée bien souvent.
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

Et m’y laissa longtemps pleurer,
Il est temps de nous en aller !
Longtemps pleurer cruellement.
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

A la grand foire il s'est sauvé,
Il est temps de nous en aller !
Il s'est sauvé bien fort jurant.
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

Mais il n'en a rien rapporté
Il est temps de nous en aller !
Rien rapporté de bien plaisant.
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

0 bonne mort, tends-moi les bras !
Il est temps de nous en aller !
tes bras! que j'me jette dedans !
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

Quand la violette fleurira,
Il est temps de nous en aller !
Fleurira au premier beau temps,
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

D'sous la grande herb’ je dormirai,
Il est temps de nous en aller !
Je dormirai pour bien longtemps !
Allons nous en !
Il est temps de nous en aller :
La nuit nous prend.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 8 en fin de volume et pour le texte p. 105 - Coirault : 5513
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.- Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 86 - Coirault : 5513


Guignolot d' Saint-Lazot

Ç’ast Guignolo de Saint Lazot (Saint-Lazare).
Charchez voué dans vot gousset
Si a n'y ai pas deu trois gros sos
Pour le povre, povre, povre,
Pour le povre Guignolo.

Les trouas Rois semblablement.
Qui apportent leurs présents.
Qui aura la fève noire ?
C'est le rossignol de gloire
Plantez, semez
Jusqu'à la saison d'été.

Les trouas Rois nous mandent
D'y aller eu France
Par un Dieu aimé
Par un Dieu adoré.

— Plaît- y, Madame ?
Que ce soit du blanc,
Que ce soit du noir :
Tout ce qui vous plaira.

O Madame du logis
Recevez ce roi ici
Donnez- lui des draps ben blancs
A ce roi qui vient de naître
Donnez-lui de biaux draps blancs
Pour ce roi qu'ast tout-puissant.

Croix d’ par Dieu, ma bonne dame
Donnez-nous de la chandelle
Pour passer cette ruelle.

Oh ! ma dame de céans
Qu'on dit qui êtes si belle
Le couteau qu'est su la table
Qui regarde le gâteau
Coupez-le en quat' morceaux
Et donnez-moi le plus gros.

Si vous voulez nous rien donner
Ne nous faites pas tant attendre
Mon camarade est à la porte
Qui a si froid qu'il tremble.

Ç'ast Guignolo de Saint Lazot
Charchez voué dans vot' gossot
Si a n'i ai pas deu trouas gros sos
Pour le povre, povre, povre,
Pour le povre Guignolo.

 

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
-- Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 10 en fin de volume et pour le texte p. 121 - Coirault : 9106 , 9107

Ç’ast Guignolot de Saint Lazot !
Charchez voué dans vot’ goussot
Si a n'y ai pas deu trouas gros sos
Pour le povre, povre, povre,
Pour le povre Guignolot.

Les trouas Rois semblablement
Ci apportent leurs présents.
Qui aura la fève noire ?
C'ast le rossignol de gloire !
Plantez ! semez !
Jusqu'à la saison d'été !

Oh ! Madame du logis,
Recevez ce roi ici ;
Donnez lui des draps ben blancs
A ce roi qui vient de naître !
Donnez-lui de biaux draps blancs
Pour ce roi qu'ast tout puissant.

Oh ! ma dame de céans
Qu'on dit qui êtes si belle,
Le coutia qu'ast su la table,
Qui regarde le gâtiau...
Coupez-le en quat' morceaux
Et donnez-moi le plus gros.

Ç'ast Guignolot d’ Saint Lazot !
Charchez voué dans vot' goussot
Si a n'y ai pas deu trouas gros sos
Pour le povre, povre, povre,
Pour le povre Guignolot.
Hé ! Ho !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
-- Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 126 - Coirault : 9106 , 9107


Guillenlé

Guillenlé, bia Guillenlé
En bonne an-née pissiez entrer
Qui n'y a pas qui a Noéi
Qu'i a huit jours que Dieu fut né
Que Dieu bénisse lai mâson
L'houmme et lai fomme s'i-z-i sont
Et le petit enfant du bré
De lai main de Dieu fut soigné
De lai main de Saint Batholmé.
O dame, dame, donnez-nous.
De vos aumônes qu'en ferons-nous, ?
Les porterons aux champs fleuris
Autant de fois que nous dirons )
Qu'i a de feuill’ dessus le jonc. ) bis
C'est-à-dire jamais, puisque le jonc n'a point de feuilles.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 11 en fin de volume et pour le texte p. 128 - Coirault : 9104
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 98 - Coirault : 9104


Crépée dans lai montaigne

Crépée dans lai montaigne,
Soloinge dans l’ pays bas,
Nicoulas
Arrondissement de Luleune,
Département d' Bâtia,
C’ que teut l' monde ne sait pas.

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 13 en fin de volume et pour le texte p. 142 - Coirault : Sans


La hiaut sur la montagne

Là hiaut sur la montagne
Lon lire Ion la
La hiaut sur la monta...
gne !
Y a-t-un harmitage,
Et ioup tata, pi ta derara,
Y a-t-un harmitage
Habité par des moi...
nes !
Habité par des moines
Lan lire Ion là,
Habité par des moi...
nes !
Marions-nous nous deux
Et ioup tata, pi ta derara
Marions-nous nous deux,
Je ferons bon mena...
ge !
Je ferons bon ménage
Lon lire Ion là.
Je ferons bon mena...
ge !
Pis j’airons des enfants,
Et ioup tata, pi ta derara,
Pis j'airons des enfants,
Pour peupler l’harmita...
ge !

Sources :
--Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 13 en fin de volume et pour le texte p. 144 - Coirault : Sans
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 131 - Coirault : Sans


M'y allant promener

M’y allant promener
Sur le larré, sur le larré,
J’ai vu not’ chien Barbet
Tôt écIopé, tot éclopé.
A s'en r' venot de lai chiaisse
En feugnant tout partout
Traignant eune caircaisse
De loup, de loup.
Sitôt qu'a m'aiperçut
Ailler vée lu, ailler vée lu
A s'en r’ tornit teut droit
Sans m'acouter, sans m’acouter
I raimassis des beûches,
Des rains de queurnôler
Pour taper su ses queuches
Et le fâre lâcher.
A laissit sai chaireugne
Darré lai soué, darré lai soué ;
Euvrant sai rouge gueule,
Se j’ tit su moi, se j' tit su moi
Ma teut d’ suite i eus lai chance
De tirer mon coutiâ
Et d’ forgonner sai panse
En li crevant lai piâ.

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 14 en fin de volume et pour le texte p. 147 - Coirault : Sans
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 156 - Coirault : Sans


Aidieu bargeire

Aidïeu-eu bargeîre, aidieu bell’ je m'en vas
Et je m'en vas sous la coudrette
Aidieu-eu bargeire, aidieu bell’ je m'en vas.

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 15 en fin de volume et pour le texte p. 148 - Coirault : Sans

A Aidieu, bargeire, Aidieu, bell’, je m'en vâs, Et je m'en vâs sous la coudrette, Aidieu, bargeire, Aidieu, bell’, je m'en vâs ! B Ah ! Ah ! Lonturela ! Ah ! Ah ! je m'en vâs ! C Au loup ! Au loup ! Nannette, au loup ! B Ah ! Ah ! Lonturela ! Ah ! Ah ! je m'en vâs ! A Aidieu, bargeire, Aidieu, bell’, je m'en vâs, Et je m'en vâs sous la coudrette, Aidieu, bargeire, Aidieu, bell’, je m'en vâs ! Lonturela ! Ah ! Ah ! Ah !

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 122 - Coirault : Sans


Il me prit par ma main blanche

Il me prit par ma main blanche,
Dardario, bristico
Dar dar dar et var var vo ;
Il me prit par ma main blanche
Tristi fricoté
Et me menit danser.

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 15 en fin de volume et pour le texte p. 162 - Coirault : Sans


Le r’venant vivant

A mon s’cours, mes enfants !
Rentrons il est temps,
D’ frayeur me v’la morte !
V’la Simon , not’ grand gas
Qui r’vient du trépas
Et nous tend les bras.

C'est ben lui, voyez-vous ?
Sauvons-nous tretous,
Fermons ben lai porte,
Toi pour le renvoyer
Prends vite ton psautier,
Moi, not' bénitier.

Pan ! pan ! ouvrez-moi don,
J' suis vot' gas Simon
Qui r'vient d'Angleterre :
Me trouvant mai là-bas,
Je r’viens à grands pas ;
N’ vous sauvez donc pas.

— C’ n'est pas la vérité.
On m'a apporté
Ton act' mortuaire.
C’ qu'est écrit est écrit,
Mets-toi dans l'esprit
Qu' t'es mort. C'est fini !
— Je n' suis pas mort un brin,
Et je n' suis enfin
Ni r'venant ni diable.
Avec vous sans tarder
Pour vous rassurer
J' vais boire et manger.

— Non ! va-t-en mon enfant,
D'main tu s'ras content.
Car dès d main, j' te l' jure,
Pour adoucir ton sort,
J' te ferai dire d'abord
Un service de mort.

— Un service ! Vous rêvez.
J' savais ben qu' vous m' preniez
Pour un autr', ma mère ;
Je n' suis pas un r'venant,
J' suis vraiment vivant :
Simon votr' enfant.
— Si c'est vrai qu' t' es vivant,
Entre, mon cher enfant,
Viens don t' mettre à table,
Manger et m' rassurer,
Car j'sais ben qu' là-bas
Les morts ne mang' pas.

— M' voyant si mal reçu
Tout surpris j'ai crû
Qu' vous perdiez la tête.
Je n' savais pas pourquoi
J' vous voyais d’ bonne foi
Prier Dieu pour moi.

Là d’sus je m'en vas m'asseoir
Et ben heureux d' les voir
V’là que j' casse la croûte.
Embrassez-moi tertous
Bon Dieu, qu'il est doux
De m' voir avec vous !

— C’ tour là, mon pauv’ garçon,
Me donne une leçon.
Je n' s'rai pus si bête ;
J' te promets, mon enfant,
Que je n' croirai maint'nant
Qu'aux r’venants vivants !

Sources :
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 19 en fin de volume et pour le texte p. 228 - Coirault : 6907
-- Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 144 - Coirault : 6907


Dijon pleure

Dijon pleure, Seurre en rit,
Verdun pisse et Châlon ch....
Pour Biâne, pour Biâne.

Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Bigarne, Patois et locutions du pays de Beaune., page 20 en fin de volume et pour le texte p. 230 - Coirault : Sans




Ballades et chansons populaires du Nivernais

Ballades et chansons populaires du Nivernais - 1902
Recueillies et publiées par Jean STRAMOY

Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".

Liste alphabétique des chansons (avec lien)


La fille du Geôlier

Dans les prisons de Nantes,
(Ridera trala ridera)
Dans les prisons de Nantes
Il y a-t-un prisonnier (bis).

Personn' ne vient le voir(e)
(Ridera trala ridera)
Personn' ne vient le voir(e),
Que la fill' du geôlier (bis).

Ell' lui porte z-à boire,
(Ridera trala ridera)
Ell' lui porte z-à boire,
A boire et à manger (bis).

Et des chemises blanches,
(Ridera trala ridera)
Et des chemises blanches,
Quand il en veut changer (bis).

— Apprenez-moi, la belle,
(Ridera trala ridera)
Apprenez-moi, la belle,
Ce que l'on dit de moi (bis).
— Tous les jours j'entends dire,
(Ridera trala ridera)
Tous les jours j'entends dire
Que demain vous mourrez (bis).

— Déchainez-moi, la belle,
(Ridera trala ridera)
Déchainez-moi, la belle,
Je vous épouserai (bis). —

... Quand il fut sur la côte,
(Ridera trala ridera)
Quand il fut sur la côte,
Il se mit à chanter (bis) :

— Que Dieu béniss' les filles,
(Ridera trala ridera)
Que Dieu béniss' les filles,
Les fill’s à mari-er (bis).

Pour moi, j'en regrette une,
(Ridera trala ridera)
Pour moi, j'en regrette une :
La fille du geôlier (bis).

Chantée par Mademoiselle M***, en 1898, à Moux.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 48 - Coirault : 1427


Les Moutons perdus et retrouvés

Mon père avait cinq cents moutons (bis) ;
J'en étais la bergère,
(Lonlaire lonlaire lonla)
J'en étais la bergère.

La premier' fois qu' j'les mène aux champs (bis)
J'en ai égaré quinze,
(Lonlaire lonlaire lonla)
J'en ai égaré quinze.

Trois beaux messieurs, passant par là (bis),
M'ont ram'né la quinzaine,
(Lonlaire lonlaire lonla)
M'ont ram'né la quinzaine.

— Que nous donn'rez-vous pour nos peines (bis),
O gentille bergère ?
(Lonlaire lonlaire lonla)
O gentille bergère !
— Quand nous tondrons nos blancs moutons (bis),
Nous vous donn'rons d' la laine,
(Lonlaire lonlaire lonla)
Nous vous donn'rons d' la laine.

— C’ n'est pas d' la laine qu'il nous faut (bis) :
C'est votre petit cœur(e)
(Lonlaire lonlaire lonla)
C'est votre petit cœur(e).

— Mon petit cœur n'est pas pour vous (bis);
Il est promis à Pierre,
(Lonlaire lonlaire lonla)
Il est promis à Pierre...

Chantée par Mademoiselle V***, en 1895, à Moulins-Engilbert.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 49 - Coirault : 4002


Le beau Tailleu' de pierre

L'autr' de ces jours en m'y promenant (1)
Tout le long de la rivière,
Dans mon chemin j'ai rencontré
Trois tailleu' d' pierr', leur pipe allumée.

L' plus jeun' des trois, il m'a demandé :
— Êtes-vous marié', la belle ?
— Mariée, oh non, je ne suis pas !
Je crains les pein', aussi l’embarras.

— Hélas ! la belle, oh ! si tu voulais,
Je te ferais des promesses.
J'ai un anneau d'or dans mon doigt :
Tir'-le, la belle, il sera pour toi.

— De ton anneau je n' me souci' pas :
Je suis encor trop jeunette.
Je n'ai que seize à dix-sept ans ;
Va-t-en faire un tour au régiment.
Au bout de six semain' tout au plus,
Le pèr' mari-a sa fille
Sans lui d'mander son agrément
Avec un vieux mais riche marchand.

Au bout d'un an, quinz' mois tout au plus,
Le beau tailleu' d' pierre arrive.
Il a bien su, au régiment,
Que la belle avait changé d'amant.

— Hélas, la belle, oh ! fais-moi mourir !
Tu seras mon héritière ;
Tu écriras à mes parents
Que leur fils est mort au régiment...

Chantée par Mademoiselle R*** et Madame Ch***, en 1890, à Dornes.
(1) Dans les chansons populaires, les vers de neuf et de onze pieds se remarquent assez fréquemment.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 49 - Coirault : 1416


La FiIle du Roy dans la tour

Tous les couplets sont bissés !
Joli capitaine
Revenant de guerre,
Cherchant ses amours.

L'argent de sa bourse
Fait qu'il les découvre 
Dedans une tour.

— Bonjour donc, la belle ;
Qui vous a fait mettre
Dedans cette tour ?

— C'est mon méchant père,
C'est ma mauvais' mère,
Par rapport à vous.

Joli capitaine,
Demande à mon père
Quand j'en sortirai.
— Bonjour, Roy de France ;
Votre fille demande
Quand ell' sortira.

— Joli capitaine,
N'en sois point en peine
Car tu n' l'auras pas.

— Je l'aurai sur terre
Ou bien sur la mer (e)
Et par trahison. —

Le père en colère
Prend sa fille chère
Et la jette à l'eau.
Son amant plus sage,
Qui plonge et qui nage,
La retir' de l'eau.

— Partons, partons, belle,
Partons pour la guerre
Car il y fait bon.—

A la premièr' ville
Son amant l'habille
En or, en argent.

A la second' ville
Son amant l'habille 
En beau satin blanc.

A la troisièm' ville
Son amant dit vite : 
— Bell', mari-ons-nous !

Chantée par Mademoiselle G***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 50 - Coirault : 1425


Quand j'ai ma Mie auprès de moi

Grand Dieu, que je suis à mon aise
Quand j'ai ma mie auprès de moi !
De temps en temps je la caresse;
Je lui dis : Belle, embrasse-moi.

— Comment! tu veux que je t'embrasse ?
Tout l’ mond' ne dit qu' du mal de toi !
Tout l’ mond' dit qu' tu vas à la guerre,
A la guerre, servir le roy !

— Oh ! ceux qui t'ont dit ça, la belle,
Ils t'ont bien dit la vérité.
Mon cheval est à l'écurie,
Bridé, sellé, prêt à partir.
— Quand tu seras à la frontière,
Tu ne penseras plus à moi ;
Tu penseras aux étrangères
Qui sont cent fois plus bell's que moi.

— Je me ferai faire une image,
La belle, à la r'ssemblanc' de toi.
J' la porterai dans ma pochette ;
Cent fois le jour j' l'embrasserai.

— Que diront donc tes camarades
De t' voir embrasser du papier ?
— Je leur dirai : De ma maîtresse
Du temps passé, c'est le portrait...

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 50 - Coirault : 3008


Si j'étais hirondelle...

Si j'étais hirondelle,
Si je pouvais voler,
Sur les seins de ma belle
Oh ! j'irais me reposer.

— Mes seins ne sont pas chênes
Pour t'y fair' reposer.
Au château, chez mon père,
Oh ! il y a-t-un oranger.

Sur la plus haute branche
Le rossignol il chante ;
Il dit, en son langage :
Oh ! l'amour rend malheureux...

J'ai t-un coquin de frère
Qui m'y fait enrager ;
S'en va dire à ma mère
Oh ! que j'aime mon berger.
Ma mer' qui n'est pas tendre
S'en vient pour m'y frapper.
Et moi, pour m'y défendre,
Oh ! j'appelle mon berger.

Berger de cette plaine,
Viens donc me secourir !
Aurais-tu le courage
Oh ! de m'y laisser mourir ?

— J'aurais pas le courage
De t'y laisser mourir ;
Mais j'aurai l'avantage
Oh ! de t'y laisser languir !

Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 51 - Coirault : 4619


Charmette

C'était un jour Charmette, )
Dans son jardin joli, ) bis
Quand trois beaux cavaliers
Sont venus à passer
Qui lui ont dit : — Bonjour,
Fillette à mari-er.

— Je ne suis point fillette, )
Messieurs, je vous le dis. )bis
Mon pèr' m'a mari-ée
A quinze ans et demi.
Y aura demain sept ans
Que j' n'ai vu mon mari.

— Comment se nomme-t-il (e) ? )
Comment le nomme-t-on ? ) bis
— Oh ! il se nomm' le comte.
Le comte de Ly-on.
C’était le plus brave homme
Qu'y avait dans le canton.

— Dites-nous donc, la belle, )
Pourriez-vous nous loger ? ) bis
— Oh non ! Oh non ! Messieurs !
Allez à ce château ;
C'est là-bas que demeure
La mèr' de mon mari.

— Bonjour ! bonjour ! Madame. )
Pourriez-vous nous loger ? ) bis
— Oh oui, oh oui, Messieurs !
Venez boire et manger ;
S'il vous faut des fillettes
J' m'en vais vous en trouver...
Bonjour ! bonjour ! Charmette. )
Y a des messieurs chez nous ) bis
Qui ne veulent rien prendre ;
Ni boire ni manger,
Si tu n' consens, la belle,
A les accompagner.

Si vous n'étiez la mère, )
La mer' de mon mari, ) bis
Oh ! j'irais vous jeter
A Ly-on, sous les ponts
Pour vous faire manger
Par les petits poissons. —

Voilà la bonne vieille )
Qui s'en r'tourne en pleurant : ) bis
— Soupez ! soupez ! Messieurs ;
Charmett' veut pas venir ;
C'est la plus rude femme
Qu'il y a dans le pays. —

Sur les dix ou onze heures, )

Charmette est réveillée. ) bis
Quelqu'un l'a appelée,
Disant : — Ouvrez ! ouvrez !
Car voilà votre amant
Qui r'vient du régiment. 
Charmette qui s'habille, )
En s'habillant répond : ) bis
— Donnez-moi des remarques
De notr' première nuit ;
Et puis je pourrai croire
Qu' vous êtes mon mari.

— Te souviens-tu, la belle, )
Y a aujourd'hui sept ans, ) bis
En te serrant la main
Ton anneau s'est cassé :
Tu en as un' moitié,
Et l'autre, la voici. —

Charmette qui s'habille, )
En s'habillant répond : ) bis
Donnez-moi des remarques
De notr' seconde nuit ;
Et puis je pourrai croire
Qu' vous êtes mon mari.

— Te souviens-tu, la belle, )
Y aura demain sept ans, ) bis
Tu étais à cheval,
Dessur un cheval gris,
Entre deux de tes frères
Et puis moi, ton mari. —

Elle appell’ sa servante : )
— Marguerit’, levez-vous ! ) bis
Vit' du feu, de la flamme !
Préparez un bon r'pas :
Car voilà mon mari
Que je n'attendais pas...

Chantée par Mademoiselle P***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 51 - Coirault : 5303-


Ma p'tite Blondinette

J'ai bien fait mon tour de France ; )
J'ai jamais rien gagné, ) bis
J'ai jamais rien gagné qu'une blondinette :
Encor j' peux pas l'avoir dedans ma chambrette.

— Galant, si tu veux l'avoir (e), )
Il faudra demander, ) bis
Il faudra demander à monsieur son père
S'il veut la mari-er, ce qu'il en veut faire.

— Bonjour, monsi-eur son père. )
Je viens vous demander, ) bis
Je viens vous demander ma p'tit' blondinette ;
Mon cœur(e) l'aime tant : elle est si parfaite !
— Ma fille elle est trop jeunette ; )
J peux pas la mari-er. ) bis
J' peux pas la mari-er sans vous bien connaître ;
Retirez-vous, galant, ma réponse est faite.

— S'il faut que je me retire, )
Je me retirerai ; ) bis
Je me retirerai dedans ma chambrette ;
Jamais je n'oublierai ma p'tit' blondinette....

Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 52 - Coirault : 1534


Son pauvre homme

Tous les couplets sont bissées
Quand j'étais chez mon père,
(La vendange
Garçon à marier,
Vendangée !) 

Rien autre chose à faire
(La vendange 
Qu'une femme à chercher.
Vendangée !)

A présent qu' j'en ai une.
(La vendange
Ell' me fait enrager.
Vendangée !)

Quand j'arriv' de l'ouvrage.
(La vendange
Je n'ose pas entrer.
Vendangée !)
— Entre donc, mon pauvre homme,
(La vendange
Entre donc te chauffer.
Vendangée !)

Ta soupe est sous la table
(La vendange
Si tu veux la manger.
Vendangée !)

Il y a d' la viand' dans l'arche,
(La vendange
J' te défends d'y toucher.
Vendangée !)

Il y a des os par terre
(La vendange
Si tu veux les ronger.
Vendangée !)
En voulant les ronger,
(La vendange
Oh ! il s’est etranglé...
Vendangée !)

— Qui donc sonn'ra ton glas ?
(La vendange
Ce s'ront quatr' pois cassés.
Vendangée !)

Qui donc port'ra ton deuil ?
(La vendange
Ce s'ra monsieur l’ curé
Vendangée !)

Avec sa grand' rob' noire
(La vendange
Et son bonnet carré.
Vendangée !

Chantée par Mademoiselle F***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 53 - Coirault : 5803


La p'tite Louison

Là-bas, dans la prairie, )
Là-bas, j'aperçois Louise : ) bis
A l'ombre d'un buisson
Ma bonne amie ;
A l'ombre d'un buisson
Ma petite Louison.

Je m'suis approche d'elle , )
Pour lui conter mes peines, ) bis
Les peines, les tourments
De son ami,
Les peines, les tourments
De son fidèle amant.

— Qu'avez-vous donc, galant? )
Pourquoi donc tant de peines ? ) bis
— Je viens vous avertir,
Ma bonne amie,
Je viens vous avertir
Que je m'en vais partir.
La perdrix, la bécasse )
Qui couchent sur la glace ) bis
N'endur'nt pas tant de froid,
Ma bonne amie,
N'endur'nt pas tant de froid
Que j'ai d'amour pour toi.

L'oiseau qui, sur la branche, )
La nuit et le jour chante ) bis
N'a pas si joli chant,
Ma bonne amie,
N'a pas si joli chant
Que toi pour ton amant.

— Retirez-vous, galant : )
Je vois venir mon père, ) bis
Mon père, aussi ma mère.
Tous mes parents ;
Mon père, aussi ma mère
Ne seraient pas contents...

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 54 - Coirault : 1207


Quand les Conscrits partiront...

Quand les conscrits partiront, )
Tout' les fill' ell' pleureront. ) bis
Ell' diront : Les voilà qui s'en vont,
Les voilà qui s'en vont, les voilà qui s'en vont ;
Ell' diront : Les voilà qui s'en vont ;
Jamais plus nous les r'verrons !
Quand les conscrits reviendront, )
Tout' les flll' ell' chanteront. ) bis
Ell' diront : Les voilà qui r'venont,
Les voilà qui r'venont, les voilà qui r'venont ;
Ell' diront : Les voilà qui r'venont ;
Jamais plus i' r'partiront !

Chantée par Monsieur P***, en 1889, à Dornes
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 54 - Coirault : 6503


Adieu l'endroit où j'ai fait la folie...

Petit ruisseau de cett' claire fontaine,
Vous qui voyez mon amant tous les jours,
Apprenez-lui les tourments que j'endure :
Si je languis, c'est d'avois trop d'amour (bis).

Petit ruisseau do cett' claire fontaine,
Rossignolet, abaissez votre voix.
Oh ! faites-moi tous les doux cette grâce :
C'est mon amant que j'entends dans le bois (bis).

— Ma belle ami', vous m'aimez, je vous aime ;
Je vous en pri', ne m'aimez donc pas tant ;
Ou j' m'en irai dans un lieu solitaire
Finir mes jours, oublier mes amours (bis).
— Combien de fois j'ai fait la sourde oreille
Quand d'autr' amants désiraient me chérir !
J'ai fait cela dans le but de te plaire :
Et maintenant tu me laisses languir (bis).

Adieu ! Paris, adieu ! la joli' ville,
Adieu ! l'endroit où j'ai tant demeuré,
Adieu ! l'endroit où j'ai fait la folie...
Je m'en repens aujourd'hui : c' n'est plus temps (bis).

Chantée par Mademoiselle P*** et par Monsieur B***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 54 - Coirault : Sans


Le Galant qui a fait l'amour pour les autres

C'est les garçons de vers chez nous,
C'est les garçons de vers chez nous
Qui sont tous partis à la guerre,
Sans dire adieu z-à leur maîtresse.

Ne sont pas à moitié chemin
Que le plus jeun' s'en repent bien.
Il s'en retourne chez sa tante :
— C'est ma mignonn' que j'y demande.

— Oh ! ta mignonn', mon bel ami,
— Oh ! ta mignonn' n'est pas ici ;
Elle est là-haut, dedans sa chambre,
Qui s'y chagrin', qui s'y tourmente. —

Le beau galant monte là-haut,
Mais la bell' tir' ses blancs rideaux :
— Tir' donc pas tes rideaux, la belle ;
C'est ton amant resté fidèle. —
Le beau galant s'en est allé ;
Oh ! mais la bell' l'a rappelé :
— Reviens ! reviens ! Je te pardonne.
Et mon cœur je te le redonne.

— Oh ! des souliers que j'ai usés
Je n' serai pas récompensé.
J'aurai fait l'amour pour les autres ;
Et cette guerre en sera cause.

Faites-moi donc un beau mouchoir.
Faites-moi donc un beau mouchoir ;
Qu'il soit bien long, qu'il soit bien large :
Ce s'ra pour essuyer mes larmes !...

Chantée par Madame F***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 55 - Coirault : 2609


La Bergère consolée par son amant

Là-bas, dedans la plaine.
Oh ! j'entends une voix.
Oh ! c'est la voix de ma bergère ;
Je vais aller la consoler.

Qu'avez-vous donc, la belle,
Qu'avez-vous à pleurer ?
— Si je pleure, c'est de tendresse; 
Oh ! cher amant, c'est de t'aimer.

— Aimer n'est pas un crime ;
Dieu ne le défend pas.
Tu aurais donc le cœur bien dur (e),
La bell', si tu ne m'aimais pas.
Les moutons dans la plaine
Sont en danger du loup ;
Et vous et moi, joli' bergère,
Nous somm' on danger de l'amour.

Les moutons vivent d'herbe,
Les papillons de fleurs ;
Et vous et moi, joli' bergère,
Nous ne vivons que de langueur.

Trois choses dans ce monde,
La belle, il faut priser :
L'or ou l'argent en abondance,
Aussi l'amour et le bon vin...

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 55 - Coirault : 1516


Fin méritée

Belle, allons-y ; ma mignonne, allons donc :
Un doux plaisir nous prend (e) rons. —

Quand ils fur'nt à moitié du chemin,
La belle voulut boire.

— Dans un instant, bell', ton sang coulera :
Si tu as soif, tu le boiras. —

Quand ils fur'nt sur le bord d' la rivière,
La bell' s'assit par terre.

— S'il faut mourir, vite déchausse-moi,
Débill'-moi pour la dernièr' fois. —

Le beau galant se met à genoux
Pour déchausser la belle.

Oh ! mais la bell' lui lance un coup de pied,
Dans la rivièr' le fait tomber.
Le galant était fort bon nageur ;
Il s' rattrape à un' branche.

Oh ! mais la bell' saisit son blanc couteau,
Coupe la branch', le r'jette à l'eau.

— Ah ! la bell", que diront tes parents
En t' voyant r'v'nir seulette ?

— Je leur dirai qu'en voulant se baigner
Mon cher amant il s'est noyé.

— Ah ! la bell', qui te reconduira
Au château, chez ton père ?

— Ce ne sera pas toi, maudit garçon,
Car les poissons te mangeront !

Chantée par Mademoiselle R*** en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 56 - Coirault : 9811


L'Ouvrage des Filles

Allons ! partons, fillette,
Taderitaine!
Partons pour Besançon.
Taderiton !

— Pour qu'on ne nous arrête,
Taderitaine!
Quel chemin nous prendrons ?
Taderiton !

— Le chemin d'amourette
Taderitaine !
Jusqu'au bout nous suivrons.
Taderiton !

— Le chemin d'amourette...
Taderitaine !
Ah ! grand Dieu, qu'il est long !
Taderiton !

— Pour l' raccourcir, la belle,
Taderitaine !
Nous nous embrasserons.
Taderiton !
— C' n'est pas l'ouvrag' des filles,
Taderitaine!
D'embrasser les garçons.
Taderiton !

C'est l'ouvrage des filles
Taderitaine !
D' balayer la maison.
Taderiton !

Quand la maison est nette,
Taderitaine !
Tous les garçons y v'nont.
Taderiton !

Ils s'assoient sur le coffre,
Taderitaine !
Et frappent du talon.
Taderiton !

Le coffret il résonne,
Taderitaine !
Les garçons ils s'en vont.
Taderiton !
La mèr’ court au derrière :
Taderitaine !
— Garçons! revenez donc !
Taderiton !

Nous avons un' cassette ;
Taderitaine !
C'est dedans qu' nos louis sont.
Taderiton !

Si le coffre il est vide,
Taderitaine !
Oh ! nous le remplirons.
Taderiton !

A la foire prochaine
Taderitaine !
Sans manquer nous irons
Taderiton !

Pour ach'ter à nos filles
Taderitaine!
Devantiers et jupons.
Taderiton !

Chantée par Monsieur M***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 56 - Coirault : 714


Vive l'Amour !

Ah ! que l'amour est agréable !
Dans mon jardin j'en planterai ;
J'en planterai si long, si large
Qu'j'en ferai part aux camarades...
Au point du jour,
Vive l'amour !
Fais-moi mon lit, charmante amie ;
Fais-moi mon lit : je veux dormir.
Oh ! mais avant que je me couche,
Tir'-moi du vin pour que j'en goûte...
Vive l'amour
Au point du jour !

Chantée par Madame Ch***, en 1897, à Brassy.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 57 - Coirault : 119


Le Galant qui a oublié sa bourse

Allons, ma mi', nous promener
En attendant le déjeuner.
Allons, ma mie, à cette place :
Nous verrons le monde qui passe. —

Quand ils fur'nt las de s' promener :
— Allons donc, ma mi’, déjeuner...
Bien le bonjour, madam' l'hôtesse.
Qu'avez-vous donc pour ma maîtresse ?

— De la perdrix, aussi du veau ;
Voilà-t-il pas tout c' qu'il vous faut ?
De la perdrix, de la bécasse :
Est-ce qu'il vous faut davantage ? —

Tout à la fin du déjeuner
Madam' l'hôtess' vient pour compter.
Le beau galant change de mine :
— Prête-moi de l'argent, ma mie.
— Quell' sort' de monnai' vous faut-il ?
Est-ce d' l'argent ou bien des louis ?
— Oh ! ce n'est que d'la monnai' blanche :
C'est pour payer notre dépense.

Hélas ! ma mi', pardonne-moi !
Hélas ! ma mi', pardonne-moi !
Ce matin, changeant de culottes,
J'ai oublié d' prendr' mes pistoles.

— Jamais je ne conseillerai
Mes garçons, moi, quand j'en aurai,
D'aller boire avec une fille
Sans avoir l'argent d'un' chopine...

Oh va, va, va ! garçon trompeur !
Oh non, jamais, t'auras mon cœur !
Oh tout garçon qu'a du mérite
A bien l'argent d'une chopine...

Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 57 - Coirault : 2806


Les Bergers de notre Village

L'autre jour, en me promenant, )
J'aperçus un' — turlutulu, ) bis
J'aperçus un'— lonlalilonlaire,
J'aperçus un' bergère (bis).

Et je me suis approché d'elle ) .
Pour vouloir la — turlututu, ) bis
Pour vouloir la —lonlalilonlaire,
Pour vouloir l'embrasser (bis).

Mais elle a pris sa quenouillette )
Pour m'en vouloir—turlututu, ) bis
Pour m'en vouloir — lonlalilonlaire.
Pour m'en vouloir frapper (bis).
Ne m' frappez pas, belle bergère ; )
Je suis votre — turlututu, ) bis
Je suis votre — lonlalilonlaire,
Je suis votre berger {bis).

— Les bergers de notre village )
N'ont des chapeaux — turlututu, ) bis
N'ont des chapeaux — lonlalilonlaire,
N'ont des chapeaux pointus (bis).

Ils ont toujours, dans leur pochette, )
De quoi nous fair' — turlututu, ) bis
De quoi nous fair' — lonlalilonlaire,
De quoi nous fair' danser... (bis)

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 58 - Coirault : 4109


Les Adieux du Matelot

Virgini', les larm' aux yeux,
Je viens t'y fair' mes adieux.
Nous partons pour l'Amérique 
Nous allons droit au couchant.
Ma charmante Virginie,
Nous mettons les voil' au vent.

— Les voil' au vent, mon cher amant,
C'est, là c' qui fait mon tourment !
Qu'il survienne quelque orage :
Los récifs, aussi le vent
Te feront faire naufrage,
Et je n'aurai plus d'amant.
— Virgini', j' sais naviguer :
Je ne cour' aucun danger.
Je connais le pilolage ;
Je suis sûr de mon bateau.
On ne fait jamais naufrage
Quand on est bon matelot.

Virgini', ne crains donc rien ;
Nos amours seront certains.
Je reviendrai, ma mignonne,
Je reviendrai z-au pays.
Nous nous marierons ensemble,
Ma charmante Virginie.

Chantée par Madame veuve T***, en 1892, à Livry, et par Mademoiselle M***, en 1898, à Planchez-du-Morvand
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 58 - Coirault : 3206


En revenant des Noces

En revenant des noces, )
J'étais bien fatiguée. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala!

Au bord d'une fontaine )
Je me suis reposée. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

L'eau en était si claire )
Que je m'y suis baignée. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

A la feuille d'un chêne )
Je me suis essuyée. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !
Sur la plus haute branche )
Le rossignol chantait. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

Chante, beau rossignol, )
Si tu as le cœur gai. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

Pour moi je ne l'ai guère : )
Mon amant m'a quittée ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

Pour un bouton de rose )
Que j'lui ai refusé. )
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !
... Je voudrais que la rose )
Fût encore au rosier ; ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis)
Lala !

Et que le rosier même )
Fût encore à planter. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

Je voudrais que la terre )
Fût encore à bêcher ; ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis)
Lala !

Et que le bêcheur même )
Ne fût pas encor né. ) bis
Mon tri et mon tra,
Mon traderitri, mon traderitra (bis).
Lala !

Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 59 - Coirault : 3415


La petite Rosalie

C'est la p'tit' Rosalie
Qu'a perdu son amant,
(Ah ! grand Dieu, quel dommage !)
A l'âge de quinze ans.

— Rossignolet sauvage,
Rossignolet charmant,
Donne-moi des nouvelles
D' mon infidèle amant.

— Oh ! ton amant, la belle.
En Frique (1) il a été ;
Si tu veux le rejoindre
Tu as de quoi marcher.

Prends cette feuill' de route ;
Habill'-toi z-en guerrier.
Tu marcheras, sans doute,
Trente-six jours entiers.

— Trente-six jours de marche...
Ah! c'est bien trop marcher
Pour un galant que j'aime,
Dont je n' suis pas aimée. 
La belle arrive en Frique,
Aperçoit son amant
Qui faisait l'exercice
Par devant son lieut'nant.

— Te voilà donc, barbare,
Te voilà donc trouvé !
Depuis six six s'main's je marche
Sans pouvoir t' rencontrer.

— Puisque t’ voilà, la belle.
Puisque t' voilà z-ici,
Donne-moi des nouvelles
Des garçons d' mon pays.

— Les garçons d' ton village
Ils sont tous mari-és ;
Il n'y a plus qu' toi, barbare...
Mais tu m'as délaissée.

— Si j'avais su, la belle,
Qu'ici tu serais v'nue
J'aurais passé ces plaines :
Jamais tu n' m'aurais r'vu...

(1) En Afrique
Chantée par Monsieur D***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 59 - Coirault : 3503


La Publication de Mariage

Un beau jour je me suis levé )
Plus matin que la lune : ) bis
Voilà comm' je m' suis aperçu )
Que ma maitress' ne m'aimait plus. ) bis

J'ai mis la bride à mon cheval, )
(On lui a mis la selle) ) bis
Mon épé' claire à mon côté )
Pour aller voir ma bien-aimée. ) bis

Quand de tout loin me vit venir, )
Son petit cœur soupire. ) bis
— Qu'avez-vous donc à soupirer ? ; )
Ma mie, êtes-vous fi-ancée ? ) bis

— Fi-ancé' ? D'hi-er je le suis... )
Malheureuse journée ! ) bis
Et c'est dimanch' mes premiers bans : )
Mettez-y donc empêchement. — ) bis
Le dimanche vite arrivé )
Le curé monte en chaire. ) bis
— Ecoutez tous, petits et grands : )
Je m'en vais publier des bans. — ) bis

Le galant qui n'était pas loin )
Entendant cette annonce : ) bis
— Monsieur, ne vous pressez pas tant )
Je viens y mettre empêchement. ) bis

— Quel est donc cet insolent-là )
Qui me parl’ de la sorte ! ) bis
— Je ne suis pas un insolent ; )
Je suis l' premier de ses amants ; ) bis

Je suis l' premier de ses amants ; )
Voilà sept ans que j'l'aime... ) bis
— S'il y a sept ans que vous l'aimez, )
Eh bien ce s'ra vous qui l'aurez ! )bis

Chantée par Mademoiselle P***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 60 - Coirault : 1432


L’ingrate Amélie

Tendre Améli', que mon cœur vous désire !
Nuit et jour je ne pense qu'à vous.
A mes yeux qu' vous êtes gentille !
Votre cœur il ferait mon bonheur.

— Si vous m'aimez, moi, je ne vous aim' guère ;
Cherchez ailleurs à vous marï-er ;
Faites, fait' une autre maîtresse :
Quant à moi, il n'y faut plus songer.
— Combien de fois j'ai passé la rivière,
Bell', pour défendr' voir' troupeau du loup ?
A présent, pour ma récompense,
Je ne dois rien attendre de vous !

... Buvons un coup, caressons la bouteille ;
Il vaut cent fois mieux boire qu'aimer.
Verse, vers', mon cher camarade :
Le bon vin bannira mon chagrin...

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 61 - Coirault : 2701


Le pauvre soldat revenant de guerre

Un pauvr' soldat revenant de guerre, (bis).
Un des pieds chaussé, l'autre nu : 
Pauvre soldat, d'où reviens-tu ?

— Bien le bonjour, madame l'hôtesse ; (bis).
Servez-moi z-à boire, à manger ;
J'ai de l'argent pour vous payer. —

Le pauvr' soldat s'est pris à boire, (bis).
S'est pris à boire et à manger ;
Madam' l'hôtess' s' prend à pleurer.

— Ne pleurez pas, madame l'hôtesse ; (bis).
Le pauvr' soldat n' s'en ira pas
Sans vous payer ce qu'il vous doit.
— A mon vin blanc je ne pense guère ! (bis).
Je pense à mon premier amant
Qui m'a quitté voilà sept ans !

— Oh! c'est donc toi, malheureuse femme ! (bis).
J' t'ai laissée avec un enfant ;
Et t'en voilà quatr' maintenant...

— Oh ! j'ai reçu une fausse lettre (bis).
Te disant mort et enterré ;
Et je me suis remari-ée.

— Oh ! adieu donc, malheureuse femme ! (bis).
Oh ! adieu donc, p'tit innocent ! 
Je vais m' rengager pour sept ans...

Chantée par Madame B*** et Monsieur D*** en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 61 - Coirault : 5309


Le Garçon dont la Mie est morte

Je plains les jeun' garçons )
Qui n'ont pas de maîtresse. ) bis
J'en ai fait une à quelques lieu' d'ici :
Je vais la voir tout à loisir.

Valet, ô mon valet, )
Va-t'en seller mon ch'val(e). ) bis
Que mes ép'rons ils soient bien nettoyés,
Car vers ma mi' je veux aller.

En entrant dans la ville, )
J'ai rencontré son père.) bis
Il (e) m'a dit : « Où vas-tu mon ami ?
Que ton cœur s' prépare à souffri'... »

En entrant dans la chambre, )
Je trouv' ma mi' malade. ) bis
J'ai fait trois fois, trois fois le tour du lit
Sans pouvoir parler à ma mie.

— Ami, mon bel ami, )
Tu ne m'y parles guère : ) bis
Tu aim'rais mieux la fill' d'un rich' marchand
Qui port'rait d' l'or et des diamants.
— J'aimerais mieux ma mie )
Tout' nu' dans sa chemise ) bis
Qu'avec sa dot la fill' d'un rich' marchand
Qui port'rait d' l'or et des diamants.

— Ami, mon bel ami, )
Ecris-moi donc une lettre... ) bis
Place-la donc à la têt' de mon lit
Pour que j'la lis' tout à loisir.

Ami, mon bel ami, )
Allum' donc la chandelle. ) bis
Place-la donc à la têt' de mon lit
Pour que tu puiss' me voir mouri'...

La chandelle allumée, )
Ma mie s'est trouvé' morte ! ) bis
... Jusqu'au tombeau je la regretterai ;
Son deuil je veux toujours porter.

Chantée par an inconnu, en 1895, à Moulins-Engilbert.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 62 - Coirault : 1405


Les Réponses de la Bergère

C'était une bergère
Qui gardait ses moutons.
Un monsieur de la ville
Vint à passer par là.
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !

— Dis-moi donc, ma bergère,
A qui ces moutons-là ?
— Monsieur, lui répond-elle,
Ça n' vous regarde pas.
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !
— Dis-moi donc, ma bergère,
Où va ce chemin-là ?
— Monsieur, lui répond-elle,
Ce ch'min ne branle pas.
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !

— Dis-moi donc, ma bergère,
La rivière est profonde ?
— Monsieur, lui répond-elle,
Les cailloux sont au fond.
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !
— Si j' la pass', ma bergère,
Cent écus j' t'y donnerai,
Oui, cent écus, la belle,
Et je t'embrasserai.
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !

— Garçon, si tu es riche,
Garde donc ton argent ;
La bergère gentille
N' veut pas d' toi pour amant...
Hé ! tralala
Laderidera
Tralalalala !

Chantée par Madame B***, en 1889, à Dornes
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 63 - Coirault : 4105


Le Galant qui a trop causé

Par un beau clair de lune,
Tout en m'y promenant,
J' rencontr' trois demoiselles
De seize à dix-huit ans (bis).

— Où allez-vous, jeune homme.
Où allez-vous par là ?
Oh ! par un froid si rude
Vous risquez de geler ! (bis).

— N'ayez pas peur, les belles,
N'ayez pas peur pour moi ;
Je vais voir ma maîtresse
Que maman m'a donnée (bis).
Ah ! ma bell', dormez-vous ?
Ma bell', sommeillez-vous ?
Je suis nu, en chemise,
Je suis presque gelé (bis).

— Galant, tu peux mourir,
Galant, tu peux geler ;
Oh mais quant à ma porte
Je ne te l'ouvrirai (bis).
En traversant la ville.
Galant, tu t'es vanté
Que j'étais fille à faire
Toutes tes volontés (bis).

— Jamais ni homm' ni femmes
N’ sauront plus ma pensée ;
Pardonne-moi, ma mie...
— Non, je n' veux plus l'aimer. — bis.

J m'en vas toujours pleurant,
J' m'en vas toujours criant :
J'ai perdu ma maîtresse
Pour avoir trop causé... (bis).

Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 64 - Coirault : 2608


Le petit Frère de la Bergère

N’ dans' donc pas tant, bergère, )
Tes moutons vont au blé ; ) bis
N’ dans' donc pas tant, bergère.
Tes moutons vont— taladenette
Tes moutons vont — lonla ladenette
Tes moutons vont au blé.

— Oh ! mais mon petit frère )
Ira bien les virer ; ) bis
Oh ! mais mon petit frère
Ira bien les — taladenette
Ira bien les — lonla ladenette
Ira bien les virer.

Vas-y donc, petit frère, )
Et tu seras marié... ) bis
Vas-y donc, petit frère,
Et tu seras — taladenette
El tu seras — lonla ladenette
Et tu seras marié.

Avec la plus bell' fille )
Qu'il y a dans la contrée, ) bis
Avec la plus bell' fille
Qu'il y a dans la — taladenette
Qu'il y a dans la — lonla ladenette
Qu'il y a dans la contrée.
Elle aura les mains blanches )
Comme un' feuill' de papier ; ) bis
Elle aura les mains blanches
Comme un' feuill' de — taladenette
Comme un' feuill' de — lonla ladenette
Comme un' feuill' de papier ;

Elle aura les jou' roses )
Comme une feuill' de rose ; ) bis
Elle aura les joues roses
Comme une feuill' — taladenelte
Comme une feuill' — lonla ladenette
Comme un' feuill' de rose ;

Et puis les veux brillants )
Comm’ les étoil’ du temps... ) bis
Et puis les yeux brillants
Comm' les étoil' — taladenette
Comm' les étoil' — lonla ladenette
Comm' les éloil' du temps...

Chantée par Mademoiselle R***, en 1890, à Dornes
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 64 - Coirault : 4605


Le Tin en fleurs

Je me suis endormi — leri
A l'ombre, sous un tin. — lerin
Je me suis endormi, — leri
A l'om — leron
Bre sous — lerou
Un tin — lerin
Au bois, rossignolet, — larérette
Au bois, rossignolet !

Quand j' me suis éveillé — leré
Le tin était fleuri. — leri
Quand j’me suis éveillé — leré
Le tin — lerin
Etait — leré
Fleuri — leri
Au bois, rossignolet, — larérette
Au bois, rossignolet !
J'ai pris mon blanc couteau ; — lero
Le tin j'ai t-ébranché. — leré
J'ai pris mon blanc couteau ; lero
Le tin — lerin
J'ai t-a — lera
Branché — leré
Au bois, rossignolet — larérette
Au bois, rossignolet !

Et j'ai fait un flûteau, — lero
Aussi un flageolet. — leré
Et j'ai fait un flûteau — lero
Aussi — leri
Un fla — lera
Geolet — leré
Au bois, rossignolet — larérette
Au bois, rossignolet !
Garçons, entendez-vous — lerou
Ce que ma flûte dis ? — leri
Garçons, entendez-vous — lerou
Ce que — lere
Ma flû — leru
Te dis ? — leri
Au bois, rossignolet — larérette
Au bois, rossignolet !

EU' dit qu'il faut aimer — leré
La fill' de son voisin — lerin
Ell' dit qu'il faut aimer — leré
La fill' — leri
De son — leron
Voisin — lerin
Au bois, rossignolet — larérette
Au bois, rossignolet !

Tin : Plante du genre viorne, dite plus ordinairement viorne-tin ou laurier-tin.
Chantée par Monsieur M***, en 1895, à Biches.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 65 - Coirault : 118


Les Fendeurs

C'est trois jolis fendeurs, )
Fendeurs dessur l'herbette. ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

Le plus jeune des trois )
Avait un' belle rose. ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fondeurs, éveillez-vous !

Le roy vint à passer, )
Le roy avec sa fille. ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

— Fendeur, joli fendeur, )
Veux-tu me donner ta rose ? ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

— Pour que j' te donn' ma rose )
Il faut m' donner ta fille. ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

— Oh ! tu n'as pas vaillant )
La robe de ma fille ! ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !
— J'ai bien encor vaillant )
Sa robe et sa chemise. ) bis
Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

J'ai trois bateaux sur l'eau, )
Remplis de marchandises. ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous! 

J'en ai un chargé d'or, )
Et l'autr' de mousseline, ) bis
Fendeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

Et l'autr' qui n' contient rien, )
Rien que trois joli' filles. ) bis
Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

Y en a un' qu'est ma sœur, )
Et l'autre ma cousine, ) bis
Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

Et l'autr' qui ne m'est rien : )
J'en f’rai ma bonne amie... ) bis
Fondeurs jolis, gentils, dormez-vous ?
Fendeurs, jolis fendeurs, éveillez-vous !

Chantée par Madame G***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 66 - Coirault : 4702


Le joli Dragon

Trois beaux dragons )
Revenant de la guerre, ) bis
Trala lalalala
Revenant de la guerre.

L' plus jeun' des trois )
Avait un' belle rose, ) bis
Trala lalalala
Avait un' belle rose.

La fill' du roy )
Etait à sa fenêtre, ) bis
Trala lalalala
Etait à sa fenêtre.

— Joli dragon, )
Pour qui cett’ belle rose ? ) bis
Trala lalalala
Pour qui cett’ belle rose ?

— Pour toi, la belle, )
Si tu me la demandes, ) bis
Trala lalalala
Si tu me la demandes.

— Joli dragon, ) 
Oui ! je te la demande, ) bis
Trala lalalala
Oui ! je te la demande.

- Fille du roy. )
Mari-ons-nous ensemble. ) bis
Trala lalalala
Mari-ons-nous ensemble.
— Joli dragon, )
Va-t'en trouver mon père, ) bis
Trala lalalala
Va-t-en trouver mon père.

— Sire le roy, )
Donnez-m'y votre fille, ) bis
Trala lalalala
Donnez-m'y votre fille.

— Joli dragon, )
Tu n'es pas assez riche, ) ) bis
Trala lalalala
Tu n'es pas assez riche.

— Sire le roy, )
J'ai trois vaisseaux sur mer (e), ) bis
Trala lalalala
J'ai trois vaisseaux sur mer (e).

L'un port' de l'or )
Et l'autr' des pierreries, ) bis
Trala lalalala
Et l'autr' des pierreries.

Et le troisième )
Promènera ma mie, ) bis
Trala lalalala
Promènera ma mie.

— Joli dragon, )
Je te donne ma fille, ) bis
Trala lalalala
Je te donne ma fille.

— Sire le roy, )
Gardez-la pour un autre, ) bis
Trala lalalala
Gardez-la pour un autre.
— Joli dragon, )
Dis-moi qui est ton père, ) bis
Trala lalalala
Dis-moi qui est ton père.

— Apprenez-le : )
C'est le roy d'Angleterre, ) bis
Trala lalalala
C'est le roy d'Angleterre.

— Prends ton poignard ; )
J'ai là mon épé' claire, ) bis
Trala lalalala
J'ai là mon épé' claire. —

Le roy frappé )
Tombe aussitôt par terre, ) bis
Trala lalalala
Tombe aussitôt par terre.

— Roy, tu es mort : )
Nous n'aurons plus de guerre, ) bis
Trala lalalala
Nous n'aurons plus de guerre.

— Je n' suis pas mort )
Puisque je vis encore, ) bis 
Trala lalalala
Puisque je vis encore. —

Les trois dragons )
Se mir'nt à sa poursuite, bis)
Trala lalalala
Se mir'nt à sa poursuite...

Chantée par Mademoiselle P***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 66 - Coirault : 4701


La Fille trop jeune pour être épousée

Un beau matin, sitôt levé,
Vers ma blonde je suis allé.
Je lui ai dit : Bell', dormez-vous ?
C'est votre amant qui parle à vous !

Pour moi, je n' dors, je ne sommeille ;
Toute la nuit l'amour m'éveille ;
Toute la nuit je pense à vous ;
Ma charmante, mari-ons-nous.

Beau galant, va trouver mon père,
Beau galant, va trouver mon père.
Demande-lui son consentement ;
Tu as le mien depuis longtemps.
— Bon paysan, donn'-moi ta fille,
Bon paysan, donn'-moi ta fille ;
Donne-la-moi, si tu le veux :
Je lui ferai un sort heureux.

— Beau galant, ma tille est trop jeune,
Beau galant, ma fille est trop jeune ;
Elle est encor trop jeun' d'un an :
Fait's-y l'amour en attendant.

— J'y ai fait l'amour, j'veux pas l'y r'faire.
J'y ai fait l'amour, j' veux pas l'y r'faire :
Tout galant qu' fait l'amour longtemps
Court le risque de perdr' son temps...

Chantée par Monsieur D***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 67 - Coirault : 4710


La Demande en Mariage

Un beau sam'di, j' m'en vais voir ma maîtresse.
Au coin du feu nous étions tous les deux.
Je lui ai dit : Ma petite mignonne.
Quand s'ra le jour où j'aurai tes amours ?

Ell' me répond, de façon fort honnête :
— Dès aujourd'hui, Monsieur, si vous l' voulez.
Allez, allez donc là-haut, chez mon père ;
S'il le veut bien, moi, cela me convient. —

Sans plus tarder, je m'en vais chez son père ;
De cette affair' c'était pour lui parler.
Il me répond : — Ma fille est trop jeunette ;
Je puis me dispenser de la marier...

Chantée par Madame G***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 68 - Coirault : 4715


Le Capitaine et sa Blonde

Voici r'venu l' beau mois d'avril.
Allons, conscrits, il faut partir ;
Il faut partir pour la frontière,
Servir le roy, soldats de guerre. —

Là-bas, sitôt qu'ils ont été,
lis se sont tous pris à tirer ;
Ils ont tiré deux heur' entières ;
lis ont réduit tout en poussière.

Le commandant vient à passer :
— Quelqu'un est-il mort ou blessé ?
— Il n'y a que notr' capitaine
Qui a reçu le coup mortel (e).
— Capitaine, mon bel ami,
Ça t' fait-il d'la pein' de mourir ?
— Tout le regret que j'ai au monde,
C'est de mourir sans r'voir ma blonde

— Oh ! pour ta blond', mon bel ami,
Nous allons vit' l'envoyer qu'ri'
Par quatre z-officiers de guerre,
Par quatre braves militaires. —

En voyant son amant blessé-
La belle s'y prend à pleurer :
— Oh! ne pleure donc pas, ma blonde,
Car ma blessur' n'est pas profonde.
— Oh! va, galant, j'engagerai
Mon blanc jupon, mon fin bonnet,
Mon anneau d'or et ma ceinture
Pour bien guérir celte blessure.

— Il n'y a pas d' médicament
Qui puiss' guérir ton cher amant :
Oh ! n'engage donc rien, ma blonde,
Car ma blessure est trop profonde.

Reviens demain, sur le midi ;
Tu m' trouv'ras mort et ensev'li ;
Tu me verras porter en terre
Par quatre z-officiers de guerre...

Chantée par Monsieur D***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 68 - Coirault : 1411


La Bergère fidèle

Tout à la riv' du bois joli )
La bell' s'est endormie. ) bis
Par là z-il passe
Trois cavaliers du roy.
Le plus jeune lui dit :
— Oh! n'avez-vous pas froid ?

Si vous avez froid, ma bergère, )
Dites-le-moi, ma mie. ) bis
De mon manteau,
Bell', je vous couvrirai ;
Et j'ai encor mon cœur :
Bell', je vous l'offrirai.
— Mon beau monsieur, j' vous remercie )
De votre couverture. ) bis
Je n' suis point fille,
Fille z-à mari-er ;
J'ai bien encor mon cœur,
Mais je veux le garder.

— Pour qui l' gardez-vous ? ma bergère ; )
Dites-le-moi, ma mie. ) bis
— Oh ! je le garde
Pour mon mignon berger
Qui jou' de la musette
Pour m'apprendre à danser...

Chantée par Monsieur B***, en 1891, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 69 - Coirault : 3806


La fille qui suit son Amant au Régiment

Je viens te dire adieu, )
Ma charmante Julie. ) bis
Je dois partir demain : )
Belle, embrassons-nous bien. ) bis

— S'il faut qu' tu part's demain, )
Laiss'-moi fair' la folie ) bis
D'aller avecque toi )
Voir de jolis endroits. ) bis

— Si tu viens avec moi, )
Quitte l'habit de fille ; ) bis
Prends celui de garçon : )
Demain nous partirons. — ) bis

... La bell' servit sept ans, )
Sept ans sans se trahir(e). ) bis
Tous ceux qui la voyaient
Un garçon la croyaient.
Sauf son fidèle amant
Que son cœur aimait tant.
Mais au bout des sept ans )
Survint un' grande guerre. ) bis
Au milieu d'un combat
Ell’ fut blessée au bras.
Alors ell' déclara
Qu'ell' n'était pas soldat.

— Si vous n'êt's pas soldat, )
Fait's-le-moi reconnaître. — ) bis
Ell' montra ses blancs seins,
Sa peau comm' du satin :
— Voyez, monsieur l' docteur,
Cela n'est pas trompeur.

Fill’, j'ai servi sept ans )
Sous les habits d'un homme ; ) bis
N'ai-je pas bien gagné )
L' congé d' mon bien-aimé ? ) bis

Chantée par Monsieur M***, en 1895, à Biches.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 69 - Coirault : 6713


La Volonté des filles

Rossignolet sauvage, )
Facteur des amoureux, ) bis
Voudrais-tu bien aller trouver ma belle ;
Voudrais-tu bien lui porter cette lettre ? —

Rossignol prend la lettre, )
Chez la belle il s'en va : ) bis
— Ah ! dormez-vous, sommeillez-vous, la belle.
Ne pensez-vous à celui qui vous aime ? —

La bell' glissa par terre, )
La port' s'en fut ouvri'. ) bis
Ell' regarde du côté de la plaine,
Elle aperçoit celui que son cœur aime.
— La bell', je viens vous dire )
Que je suis mari-é... ) bis
— Je le sais bien, j'l'ai bien entendu dire
Que vous êtes un amuseur de filles (1).

— Un amuseur de filles, )
Oh! non, je ne suis pas... ) bis
Je suis ici (2), c'est pour chanter z-et rire,
C'est pour faire la volonté des filles,

La volonté des filles, )
Difficile à savoir. ) bis
Venez ce soir : ell' diront qu'ell' vous aiment ;
Venez demain : ce n' sera plus de même...

Chantée par Madame F***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 70 - Coirault : 408


L'Amant retenu en prison

Dans la ville de Nantes )
Une fille il y a. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

Son pêr' qui la regarde : )
— Ma fill’, qu'est-c' que tu as ? ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

Est-ce la têt', ma fille, )
Ou le cœur qui t' fait mal ? ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

— C'est la tête, mon père, )
La tête, aussi le cœur. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre.
Dessous un genévrier !
— Le médecin, ma fille, )
Nous irons consulter. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

— Pour me guérir, mon père, )
Il faut me mari-er. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

— Pour t' mari-er, ma fille, )
Quel amant te donner ? ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

Est-ce le fils du prince )
Ou monsieur le bourreau ? ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !
— Ce n’est pas l’ fils du prince )
Ni monsieur le bourreau. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

Mais c'est mon ami Pierre )
Qu' vous r'tenez en prison. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre.
Dessous un genévrier !

— Ton ami Pierr', ma fille, )
Domain nous le pendrons. ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

— Si vous l’ pendez à l'arbre, )
Au pied vous m'enterr'rez... ) bis
... Qu'on me mène à l'ombre,
Dessous un genévrier !

Chantée par Monsieur D***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 70 - Coirault : 1402


Le Bon Mari

Que les femmes sont donc sottes )
D’obéir à leurs maris ; ) bis
J'en ai un comme les autres :
Je m'en fais bien obéir.

Le soir, lorsque je me couche, )
Je l'attache au pied du lit ; ) bis
Le matin, quand je me lève,
Je le trouve où je l'ai mis.

Je m'en vais en promenade : )
Pierrot, tu viendras me qu'ri' ) bis
Mais avec une lanterne,
Mon manteau pour m'y couvri'. —

L' bon Pierrot n'a pas manqué : )
Chez l'hôtesse le voici. ) bis
— Oh ! bien le bonsoir, madame ;
Notre femme est-elle ici ?
— Oh! oui, oh ! oui, lui dit-elle ; )
Elle est assis' sur un lit ) bis
Avecque trois autres belles,
Toutes les trois ses amies... —

Tout' ces dam' se mett' à dire : )
— L'bon mari qu'vous avez pris ! ) bis
Qu'on nous apporte des verres
Pour trinquer avecque lui.

Il faut lui donner à boire, )
A ce mari comme il faut, ) bis
Dos liqueurs de cette armoire
Ou bien du vin de Bordeaux.

— Oh! non, oh! non, leur dit-elle, )
C'est trop bon pour mon mari ; ) bis
Quant à l'eau de la fontaine,
S'il a soif qu'il aille en qu'ri...

Chantée par Madame T***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 71 - Coirault : 5815


L'anneau d'or que je porte...

Du temps de mon jeune âge
Je n' voulais pas m'y mari-er ;
Mais maintenant je trouve sage
D'ali-éner ma liberté.

L'on m'y mène à l'autel (e)
En robe blanche de satin,
Un' bell' couronn' dessur ma tête,
Un romarin dedans ma main.

L'on m'y mène à l'auberge...
Ces filles à table en ce lieu,
Plus j'les regard', plus j'les trouv' belles :
Les larmes me coulent des yeux !
L'anneau d'or que je porte,
Qui fait si bien l' tour de mon doigt,
C'est mon amant qui me le donne
Pour finir ses jours avec moi.

Adieu, fleur du bel âge,
Puisque me voilà mari-ée ;
Il me faut donc mettre en ménage :
Le rang des fill' je dois quitter...

Chantée par Mademoiselle P*** et Monsieur B***, en 1898, à Planchez-du-Morvand.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 71 - Coirault : 5202

C'était la Fille d'un Prince...

C'était la fill’ d'un prince,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
C'était la fill’ d'un prince
Qui allait se baigner (bis).

Ell' voit venir un' barque,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Ell' voit venir un' barque
Chargé' de matelots, (bis).

Ils sont bien vingt à trente.
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Ils sont bien vingt à trente :
Tous de bons citoyens ! (bis).

Le plus jeune des trente,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Le plus jeune des trente
Disait une chanson (bis).
— La chanson que vous dites.
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
La chanson que vous dites,
J' voudrais bien la savoir (bis).

— Entrez dedans notr' barque :
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Entrez dedans notr' barque :
Nous vous l'apprend (e) rons. — (bis).

Quand ell' fut dans la barque,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Quand ell' fut dans la barque,
Ell' se prit à pleurer (bis).
— Que pleurez-vous, la belle,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Que pleurez-vous, la belle,
Qu'avez-vous à pleurer ? (bis).

— Je pleur' mon cœur volage,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Je pleur' mon cœur volage
Que vous m'avez ôté. (bis).

— Ne pleurez point, la belle :
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera !
Ne pleurez point, la belle :
Nous vous le rend (e) rons. (bis).

— C'est pas un' chose à rendre,
Dondou laïdaïdou
Lourlour laridera!
C'est pas un' chose à rendre
Comm' de l'argent prêté... (bis).

Chantée par Mademoiselle R**, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 72 - Coirault : 1317


La Belle qui n'a pas d'Amant

Nous étions trois jeunes filles,
Tout' les trois à mari-er ;
Nous nous disions l'une à l'autre :
Ma sœur, est-il bon d'aimer ?
Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ;
J'y passe mon temps désagréablement !

Je m'en vais chez ma voisine ;
Ma voisine était couchée.
Ell' me cri' par la fenêtre
Que j'aurai son fils ainé.
Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ;
J'y passe mon temps désagréablement !
— Mon fils est dans la cuisine
Qui souffre depuis longtemps
En me disant : « Ma voisine
 A un petit air charmant ».
Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ;
J'y passe mou temps désagréablement !

— Monsieur, entrez dans la danse ;
Je verrai si vous m'aimez.
... Voyez-vous ce malhonnête :
Il n'a pas su m'embrasser !
Ah ! maman, je n'ai pas d'amant ;
J'y passe mon temps désagréablement...

Chantée par Madame B***, en 1890, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 72 - Coirault : 7212


La Belle qui ressuscite

Sous un beau rosier blanc
Il y a-t-une princesse,
Blanche comme la neige,
Belle comme le jour.
Ce sont trois capitaines
Qui vienn'nl lui l'air' l'amour.

Le plus jeune des trois
La prend par sa main blanche
— Montez, montez, la belle,
Dessur mon cheval gris
Pour qu'à Paris j' vous mène
Dans un fort beau logis. —

Ne fur'nt pas arrivés,
L'hôtess' qui la regarde :
— Dites-moi donc, la belle,
Dites-moi, sans mentir.
Si vous êt’s là par force
Ou bien pour vos plaisirs.

— J'y suis pour mes plaisirs,
Madame, et non par force...
— Soupez, soupez, la belle ;
Perdez votre appétit :
Avec trois capitaines
Vous passerez la nuit. —
Ce discours-là cessé,
La belle est tombé' morte...
— Sonnez, sonnez les cloches.
Veillez-la doucement ;
Ma maîtresse elle est morte ;
J'en ai le cœur dolent.

— Où donc l'enterr'rons-nous
Cett' tant joli' princesse ?
— Dans le jardin d' son père,
Oh ! sans cérémonie ;
Prions donc pour qu'elle aille
Tout droit au Paradis. —

Tout au bout de trois jours,
Le père s'y promène :
— Venez, venez, cher père.
Venez me déterrer ;
J'ai fait trois jours la morte
Pour mon honneur garder...

Chantée par Mademoiselle R***, en 1889, à Dornes.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 73 - Coirault : 1307

Le Galant qui tue sa Mie

C'est un garçon qui veut s' défaire
De sa mie et s'y mari-er,
S'y mari-er sans r'tardement
Avec une autr' qu'a mais d'argent.

— Réveillez-vous, ma mi' Jeannette ;
Réveillez-vous, si vous dormez.
Prenez l’ plus beau de vos habits :
C'est pour aller voir nos amis. —

La belle, elle a glissé par terre ;
S'est habillé' bien promptement.
Elle a pris l’ plus beau d' ses habits,
Croyant aller voir ses amis.

Il l'a prise par sa main blanche ;
Sur son cheval il l'a montée,
En lui disant : « Bell', tenez bon :
Car je veux jouer de l'éperon. »
Le cheval allait comme un traitre,
Dans les vallons comme un larron.
Oh ! il allait et sans arrêt,
Mais du côté de la forêt.

Quand ils sont dans les verts bocages :
— Hélas ! la belle, il faut mourir !
— Hélas, grand Dieu ! si j'ai des torts,
Donnez-moi le coup de la mort. —

Il a tiré son épé' claire ;
Sur le sein d' sa mi' l'a posée,
Il l'a posé' si rudement
Qu' la belle a perdu tout son sang.

... Mais à la r'cherche de la belle
Ses trois frères ils s'étaient mis.
« Ah ! dit tout à coup l'un des trois,
Notr' sœur est peut-êtr' dans le bois ».
Dedans le bois ils sont entrés
Et le plus jeun' s' prend à crier :
— Ah ! la voilà ! Ah ! elle est morte !
Ah ! la voilà sous une coque ! — (i)

De la forêt comme ils en sortent
Font la rencontr' d'un cavalier :
— Galant, qu'as-tu fait de ta mie ?
Tu as du sang sur tes habits !

— Depuis le point du jour je chasse ;
Et seul ici je suis venu.
Si j'ai du sang sur mes habits,
C'est celui d'un p'tit lapin gris. —

Mais ils l'ont pris, l'ont emmené ;
Et pour le restant de ses jours,
Ils l'ont mis dans un' chambre brune
Où l'on n' voit ni soleil ni lune...

(i) Sous la souche d'un arbre arraché.
Chantée par Madame veuve T***, en 1892, à Livry.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Ballades et chansons populaires du Nivernais, 1902, page 73 - Coirault : 9804




La chanson populaire en Nivernais

La chanson populaire en Nivernais - 1905
Choix de quinze chansons orales
Recueillies et publiées par Jean STRAMOY

Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".

Liste alphabétique des chansons (avec lien)


Madelon

Dessur le pont de Nantes, )
Allant m'y promener, ) bis
J’ai rencontré ma belle. )
J'ai voulu l'enlever ; )
La justice de Nantes )
M'a fait emprisonner. ) bis.

Quand la belle entend dire )
Que son amant est pris, ) bis.
Elle s'habille en page, )
En postillon joli ; )
A la prison de Nantes ) 
La belle se rendit. ) bis.

Arrivée à la porte, )
 Trois petits coups frappés : ) bis.
-- Messieurs de la justice, )
Donnez-moi permission )
De parler à mon maître )
Qu'est ici en prison. ) bis.
-- Oui, par nos bonnes grâces, )
Vous pourrez lui parler... ) bis.
-- Quitte tes habits vite ; )
Mets les miens promptement ; ) 
Prends mon cheval de poste )
Qui va comme le vent. ) bis.

-- Où donc veux-tu que j'aille ? )
Je suis connu partout. ) bis.
-- Passant dedans la ville, )
N'y reste pas longtemps ; )
Marche en baissant la tête ; )
Tiens-toi modestement. ) bis.

Quarant'-huit.heur's se passent ; ) 
Cette affaire est jugée. ) bis.
On condamne la belle )
A êtr' pendu'-z-et rouée )
Sur la place de Nantes, )
Un beau jour de marché. ) bis.
Quand ell' fut sur l'échelle, )
Trois échelons montés : ) bis.
-- Messieurs de la justice, )
Auriez-vous permission )
De détruire une fille )
A la plac' d'un garçon ? ) bis.

-- Si vous êt' une fille )
Dites-nous votre nom ? ) bis.
-- Je m’appell’ Madeleine, )
Madelon, c'est mon nom )
Fille d'un gentilhomme, )
D'une bonne maison! ) bis

Je m' moqu' de la justice )
Et des chapeaux carrés. ) bis.
Oui ! malgré ma jeunesse, )
Je mourrai sans regret )
Puisque, par mon adresse, )
Mon amant j'ai sauvé... )bis.

Chantée par Monsieur G., à Avril-sur-Loire, en 1902.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 9 - Coirault : 1428


L'amant confiant

Jean, prends garde à toi ! )
On va te couper l'herbe ) bis.
Sous le pied, te prendre ta maîtresse,
Dondaine !
L'amour qui nous mène,
Dondon !

-- Laisse-la couper : )
Ell' repouss'ra plus belle. ) bis.
Pourquoi donc je me mettrais en peine ?
Dondaine !
L'amour qui nous mène,
Dondon !
... Pour me reposer )
Je dors à côté d'Elle, ) bis.
Dans un lit tout garni de dentelles,
Dondaine !
L'amour qui nous mène,
Dondon !

A chaqu' coin du lit )
Il y a un' pomm' d'orange. ) bis.
A la têt' le rossignol y chante,
Dondaine !
L'amour qui nous mène,
Dondon !
Trois enfants avons, )
Tous les trois capitaines, ) bis.
Au servie' de leur roy, de leur reine,
Dondaine !
L'amour qui nous mène,
Dondon !

L'un est à Bordeaux, )
L'autre est à La Rochelle, ) bis.
L'autre ici qui mani' la bouteille.
Dondaine !
L'amour qui nous mène.
Dondon !

Chantée par Mademoiselle R., à Dornes. en 1890.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 15 - Coirault : 2514


La future cantinière

Mon cher amant, si tu t'en vas, )
Au régiment tu m'oublieras. ) bis.
Et, tandis que d'autres belles
Auront tes amitiés.
Je serai, pauvre fillette, )
Tout à fait délaissée. ) bis.
-- Oh ! va, la bell', si tu voulais, )
Avecque moi tu viend(e)rais. ) bis.
Tu serais la cantinière
De mon beau régiment ;
Tu passerais ta jeunesse )
Auprès de ton amant. ) bis.
-- Mon cher amant, si je te suis )
Je n'reviendrai pas au pays. ) bis.
Car l'état de cantinière
Fait un mauvais renom
A toute jeun' demoiselle )
Qui r’vient dans son canton... ) bis.

Chantée par Monsieur J., à Saint-Léger-des-Vignes, en 1902.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 19 - Coirault : 3101


Ce sont les malheureux qui entrent en ménage

Sur les bords de la Loire )
Des oiseaux il y a, ) bis.
Des gros et des petits
Qui dis'nt, en leur langage :
« Ce sont les malheureux
Qui se mett'nt en mènage. »

De grand matin la belle, )
Ce jour-là. s'est levée : ) bis.
-- Bonjour, papa, maman.
Puisque j'entre en ménage
Qu'on me donne un mouchoir
Pour essuyer mes larmes ! –-
Le lendemain des noces : )
-- Mais de quoi vivrons-nous ? ) bis.
-- Nous vendrons ta bagu' d'or,
La plus bell' de tes robes.
Si ça ne suffit pas
Nous vendrons autre chose. –-

Le lendemain des noces : )
-- Quel habit mettons-nous ? ) bis.
-- Nous mettrons l'habit noir,
L'habit de pénitence,
Le chapeau galonné
Du cordon de souffrance. --
S'en retourn' chez son père )
Au bout d'sept ou huit jours : ) bis.
-- Bonjour, papa, maman.
Celui que j'ai pour homme,
Toujours au cabaret,
Ne fait point de besogne.

-- Endure ! endur' ! ma fille : )
Tu le feras changer. ) bis.
Montre-lui tes blancs seins,
Aussi ton beau visage :
Cela ramènera
La paix dans ton ménage.

-- Cet amant qui m'accable. )
Comment le supporter ? ) bis.
Grand Dieu ! si je pouvais
Envoyer l'mariage
Ainsi que mon mari
Plus loin qu'à tous les diables !

Chantée par Mademoiselle L., à Moux, en I899 et par Monsieur G., à Avril-sur-Loire, en I902.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 23 - Coirault : 5420


La batelière

C'est un monsieur des alentours )
Qui s'en allait faire l'amour, ) bis.
Qui s'en allait le long de la rivière
Pour voir passer la belle batelière.

-- Bell' batelièr', dans ton bateau, )
Voudrais-tu me fair' passer l'eau ? ) bis.
-- Oh ! oui, Monsieur. Entrez dans ma navière :
Nous passerons ensemble la rivière.

Ne fur'nt pas au milieu de l'eau )
Que l'monsieur voulut badiner : ) bis.
-- Non ! non ! Monsieur ; cessez ce badinage
Vous êt's ici avec un' fille sage.

-- Dis-moi, la belle : oh ! pour cent louis )
Ton petit cœur on l'aurait-il ? ) bis.
-- Oh ! pour cent louis, ce n's'rait pas pour grand' chose ;
Mais pour deux cents, Monsieur, il sera vôtre. –

Le monsieur quitt' ses beaux gants blancs ; )
Tir' de sa poch’ d’ l'or et d’ l’argent : ) bis.
-- Prends en donc, prends-en donc en suffisance,
Prends en donc de cet or en abondance. –-
L’agent n'fut pas à d'mi compté )
Que l'monsieur voulut badiner. ) bis.
-- Non ! non! Monsieur. Un peu de patience :
Sur l'eau nous ne somm' pas en assurance. --

-- Oh ! la rivièr' vite passons ; )
J’ai là-bas une bell' maison, ) bis.
Un' bell' maison avec de belles chambres.
De beaux lits blancs ... Nous y vivrons ensemble. –-

Le monsieur sur le bord de l'eau, )
La bell' repoussa son bateau. ) bis.
Ell' s'en alla chantant sa chansonnette
« Je tiens l'argent d'un joli capitaine. »

-- La bell', que diront mes parents )
M' voyant sans or et sans argent ? ) bis.
-- Tu leur diras qu'en passant la rivière
Tu as jouè z-avec la batelière. --

-- Bell' batelièr', j'me vengerai ! )
Dans ton bateau j 'te ferai noyer. ) bis.
-- Mon beau Monsieur, sur l'eau je n’vous crains guère :
J'ai les moyens de n'ètr' plus batelière...

Chantée par Monsieur D., à Dornes, en 1890.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 27 - Coirault : 1714


La Nannette et son vieux mari

Mon pèr' n'avait que moi de fille ;
Mais n'a voulu me marier
Qu'avec un homme de son âge
Qui n' connaît pas l' besoin d'aimer :
C'est bien la vérité !

Toute la nuit il dort, il ronfle :
Moi, je languis auprès de lui,
Le lendemain matin me dit :
-- Nannett', l'vez-vous, habillez-vous ;
Voilà le point du jour.
-- Pour obéir, ah ! comment faire ?
Malad' je suis auprès de vous !
-- Oh ! malade ou bien non malade,
Nannett', l'vez-vous, habillez-vous ;
Voilà le point du jour.

Oh ! la Nannette elle se lève ;
Mais chez son père elle s'en va,
Le long de son chemin rencontre
Son cher amant du temps passé
Qui l'avait tant aimée.
Il lui dit :-- Eh ! bonjour Nannette ;
Où vas-tu donc, bell', si matin ?
-- Je cherch' mon cœur volage à vendre ;
Je vous le donne pour cinq sous ;
Galant, le voulez-vous ?

Il lui prend les mains dans les siennes ;
Il l'embrasse bien tendrement
En lui disant : -- O ma Nannette,
Ton cher amant du temps passé
Veut faire ce marché...

Chantée par Monsieur D., à Dornes, en 1890.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 33 - Coirault : 5720
La Nannette et son vieux mari (proposition de correction de la notation de la mélodie) Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.


L'ivrogne et sa femme

Le matin, quand je me lève,
Je mets la main sur le cou,
Sur le cou de la bouteille ;
J' lui fais faire glouglouglou.

La bouteille, c'est ma femme ;
Et le verre, mon voisin.
Buvons-en, cher camarade,
Buvons-en de ce bon vin !

Lorsque je quitte la table
Je vois tourner mes amis,
Les bouteilles et les verres,
Les chais' et tout le logis.
Oh ! mais ma femme se fâche
Quand je r'viens du cabaret ;
Me dit : -- Fais voir ta besogne,
L'ouvrage que tu as fait.

-- Ma femme , quand tu te fâches,
Ne fais donc pas tant de bruit !
Ou sinon, dedans ma cave
Je vais descendre mon lit.
Quand je s'rai mort, qu'on m'enterre
Dans ma cave, auprès du vin,
Les deux pieds contr' la muraille
Et la têt' sous le robin.

Quatre de mes camarades
Tiendront les cornes du drap
Et quatre autr', des plus ivrognes,
Chanteront mes libera.

Ils s'diront les uns aux autres :
-- Il faut se mettre à genoux.
Fera-t-il, dans l'autre monde,
Ce qu'il faisait avec nous ?

Chantée par Monsieur G., à Dornes, en 1889.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 39 - Coirault : 11102


Le vigneron malade

Le vigneron malade
Écoutez, pauvres ivrognes,
Ecoutez votre chanson :

Là-haut, dessur la montagne,
Il n’y a pas de maison.

Nous en ferons bâtir une
Pour loger le vigneron.

L' vigneron est bien malade :
Il lui faut le médecin.
L’ médecin , dans sa visite,
Lui a défendu le vin.

-- Médecin, va-t'en au diable,
Si tu me défends le vin !

J'en ai bu toute ma vie ;
J'en boirai jusqu'à ma fin.
Mort, je veux que l'on m'enterre
Dans ma cave, auprès du vin.

Les pieds contre la muraille
Et le nez sous le robin.

S’il en tombe quelques gouttes
Je pourrai me rafraîchir.

Si le tonneau se défonce
Je pourrai boire à loisir.

Chantée par Monsieur P., à Dornes, en 1889.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 43 - Coirault : 11019


Les sabotiers

Hé ! bûchons dur !
Creusons fin !
Tard couchés,
Matin levés !

Les sabotiers sont pir' que des évêques (bis).

Oh! du lundi ils font un jour de fête (bis).

Et le mardi ils ont mal à la tête (bis).

Le mercredi ils ne peuvent rien faire (bis).
Mais le jeudi ils commenc'nt la semaine (bis).

Le vendredi ils travaill'nt comm' des bêtes (bis).

Le samedi ils le passent de même (bis).

Et le dimanche : -- Il nous faut compter, maître. (bis).

Chantée par Monsieur B., à Moulins-Engilbert, en 1896.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 55 - Coirault : 6414
Proposition de correction de la notation de la mélodie : b - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Proposition de correction de la notation de la mélodie : c - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.


Madame la mariée vous n'irez plus au bal

Je suis venu ce soir
Du fond de mon village
Pour partager la joie
De votre mariage.
Je vous souhaite à tous deux )
D'être toujours heureux. ) bis.

Madam' la mariée,
Que vous a dit le prêtre?
Il vous a r'commandé
De ne pas cesser d'être
Fidèle à votre époux, )
De l’aimer comme vous. ) bis.

Quand on dit son époux
On dit souvent son maître...
Il ne tient pas toujours
La promess' qu'il a faite ;
Car doux il a promis )
D'être toute sa vie. ) bis.
Madam' la mariée
Vous n’irez plus au bal(e) ;
Vous rest'rez au logis
Près de votre mari ;
Vous gard'rez la maison )
Pendant qu' les autr' iront. ) bis.

Prenez ce beau bouquet
Que ma main vous présente.
Madam' la mariée
C'est pour vous fair' comprendre
Que vos belles couleurs )
Passeront comm' ces fleurs. ) bis.

Acceptez ce gâteau
Que ma main vous présente.
Madam' la mariée
C'est pour vous fair' comprendre
Qu'il faut pour nous nourrir )
Travailler et souffrir. ) bis.
Si vous avez chez vous
Des bœufs, aussi des vaches,
Des moutons, des brebis,
Du lait et des fromages,
Faudra, soir et matin, )
S'occuper de ces biens. ) bis.

Si vous avez un jour
Des enfants à conduire,
Lorsque vous command'rez
Faites qu'ils obéissent
Car, plus tard, devant Dieu, )
Vous répond(e)rez d'eux. ) bis.

-- Adieu, château brillant,
Le logis de mon père,
Où j'ai si bien passé
Le temps de ma jeunesse ;
Adieu, plaisirs et joies
D'un' fille comme moi ;
Adieu ma liberté :
Il n'y faut plus songer...

Chantée par Mademoiselle M..., à Moux, et par Monsieur B..., à Planchez-du-Morvan, en 1898.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 61 - Coirault : 5210
Proposition de correction de la notation de la mélodie : b - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Proposition de correction de la notation de la mélodie : c - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.


Le mauvais riche

Le bon Dieu s’habille en pauvre,
L'aumône va demander (bis).

S'en va-t-à la port' du riche :
-- Faites-moi la charité (bis).

-- Que veux-tu que je t'y donne ?
Je n'ai rien à t'y donner (bis).

Les miettes de notre table,
J'ai des chiens pour les manger (bis).

Mes chiens m’y prendront des lièvres :
Toi, tu ne m'y prendras rien (bis).

-- Madam' qu’ êt’ à la fenêtre,
Faites-moi la charité (bis).
-- Entrez, entrez donc, le pauvre ;
Entrez donc vous reposer (bis).

Et voici la soupe qu'on trempe :
Vous aid'rez à la manger (bis).

Quand il a mangé la soupe
Le pauvre veut s'en aller (bis).

-- Restez, oh ! restez, le pauvre :
Un lit j'ai pour vous coucher (bis).

Quand elle entre dans la chambre,
Voit la chambr' tout éclairée (bis).

-- Oh ! dites-moi donc, le pauvre,
Si c'est la lun' qui paraît (bis) ?
-- Non, madam', ce sont des anges
Que vous voyez voltiger (bis).

Dans trois jours, non davantage,
Il faudra vous confesser (bis) ;

Avant qu'il ne s'en pass' quatre
Au paradis vous serez
Et votr' mari s'ra damné.

-- Oh ! dites-moi donc, le pauvre,
Ne s'ra-t-il point pardonné (bis) ?

-- Oh ! non, oh ! mais non, madame ;
En enfer ira brûler
Parc' qu’il m'a tout refusé...

Chantée par Mademoiselle M., à Moux, en 1898.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 69 - Coirault : 8510 et 8514


La fille muette

Un jour la fille muett' s'en va aux champs
Touchant devant elle ses moutons blancs.
A perçoit un' dam' blanch' dans son troupeau
Qui lui demande son plus bel agneau.

-- Va-t-en dire à ton pèr', ta mère aussi,
Va-t-en dire à ton pèr', ta mère aussi
Qu'il y a un' dame blanch' dans ton troupeau
Qui te demande ton plus bel agneau.
-- Bien le bonjour, mon pèr', ma mère aussi,
Bien le bonjour, mon pèr', ma mère aussi.
Il y a un' dame blanch' dans mon troupeau
Qui me demande mon plus bel agneau. –

Le père, aussi la mèr’, bien étonnés
D'entendr' leur fille muette ainsi parler :
--Va-t-en lui dir’, ma fille, que tes agneaux
Sont tous à son servic', jusqu'au plus beau...

Chantée par Madame B., à Dornes, en 1890.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 73 - Coirault : 8301
Proposition de correction de la notation de la mélodie : b - Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.


Le soldat renvoyé dans ses foyers

Adieu, cinquant'-sixième ;
Je m'en vais te quitter.
Ce n'est pas avec peine
Que j'ai r'çu mon congé.
Tout ce que je regrette
De mon beau régiment
C' n'est pas mon capitaine
Ni mon sous-lieutenant.

Ce sont les camarades
Qui étaient avec moi
Ils resteront, fidèles,
Au service du roy ;
Ils iront à la guerre
Combattre l'ennemi
Et gard'ront les frontières
De notre beau pays.
Tout le long de la route
Le sac dessur le dos,
On s'dit les uns aux autres :
Camarad', il fait chaud !
Entrons dans cette auberge ;
Nous nous rafraîchirons.
Nous boirons un' bouteille,
Nous chant'rons un' chanson.

Après avoir bien bu
Et aussi bien chanté
On appelle l'hôtesse,
L'hôtesse pour compter.
Chacun cherche en sa poche
Pour payer son écot ;
Et l'on s’remet en route,
Chantant comm' des oiseaux.
Tout le long de la route
On s'est bien amusé
Avec les demoiselles
En les faisant danser.
Et, sans une disgrâce,
Nous sommes arrivé.
Embrassons père et mère :
Notre cœur est charmé.

Plus de sall' de police,
De prison, de cachot.
Auprès de sa maîtresse
On oubli' tous ses maux ;
Auprès de sa maîtresse
Et de tous ses parents
On s' moqu' du capitaine
Et du sous-lieutenant.

Chantée par Madame B., à Dornes, en 1890, et par Monsieur M., à Saint-Pierre-le-Moutier, en 1892.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 75 - Coirault : 6906


Le revenant

A mon s'cours ! mes enfants,
Car il en est temps :
De frayeur m' voici morte.
C'est Simon, notr' grand gars,
Qui r'vient du trépas
En me tendant les bras.

C'est bien lui, voyez-vous :
Sauvons-nous tretous
Et vit' fermons la porte.
Et, pour le renvoyer,
Toi, prends ton psautier
Et donn'-moi l' bénitier.

-- Ouvrez donc, chers parents ;
C'est moi, votre enfant,
Qui reviens de la guerre.
J'étais si mal là-bas
Qu' j'en r'viens à grands pas :
N' m'y renvoyez donc pas.
Ah ! va-t-en, mon enfant ;
D'nous tu s'ras content,
Car demain, je le jure,
Pour adoucir ton sort
Nous te ferons dire
Un servic' de mort.

-- Un servic'... vous rêvez !
Oh ! vous me prenez
Pour un autre, ma mère.
Je n'suis pas un r'venant :
J' suis vraiment viquant
Et Simon, votre enfant.

-- J'ons d' l'écrit, bien signé,
Comm' quoi tu fus tué
Dans une grand' bataille.
Puisqu't'as perdu Ia vie,
Fini, c'est fini :
Bout'-toi ça dans l'esprit.
-- Je n'suis pas mort un brin,
Je ne suis enfin
Ni revenant ni diable ;
Je n' suis pas un r'venant ;
J' suis vraiment viquant
Et Simon, votre enfant.

-- Puisqu't'es vraiment viquant,
Entre, mon enfant ;
Et mets-toi donc à table :
Tu nous rassureras.
Je sais que, là-bas,
Les morts ne mangent pas.

C' qu’ m’arriv’-là, mon garçon,
M' servira d' leçon.
Je n' s'rai plus si bête.
J'écout'rai plus l' papier
Puisqu' dans notr' quartier
Te voilà tout entier.

Chantée par Monsieur B., à Moulins-Engilbert, en 1896.
Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M.
Source : Jean Stramoy - Choix de quinze chansons orales, page 79 - Coirault : 6907




Achille Millien

Achille Millien (1838-1927) et le folklore du Nivernais
Biographie et œuvre

Achille Millien entreprend dès 1877 la collecte systématique des contes, légendes et chansons populaires du Nivernais. Ce travail considérable, dont les résultats sont encore en grande partie inédits, fait d'Achille Millien « une référence exemplaire dans le monde de l'ethnologie contemporaine »

Volumes parus du vivant d'Achille Millien

TOME I - (1906) - Lien Gallica
Complaintes
    Sujets religieux. Les miracles. Le merveilleux Complaintes légendaires, tragiques et dramatiques Complaintes criminelles
Chansons historiques TOME II - (1908) - Lien Archive Internet Chansons anecdotiques
    Sujets imaginaires ou romanesques Guerre et garnison Sujets familiers, petites aventures Chansons plaisantes et facétieuses
TOME III - (1910) - Lien Gallica Chansons anecdotiques (suite)
    Chansons ironiques et satiriques

Volumes édités par Georges Delarue

TOME I - (1977)
    Bergères (BE) Chansons du désir d'amour (DA)
TOME II - (1992)
    L'amour heureux (AH) Infidélité, inconstance (IN) Le galant congédié (GC)
TOME III - (1998)
    Adieux-Départs (AD) Le mariage (MA)
TOME IV - (2000)
    Noces d'animaux (NA) Énumératives (NUM) Rondes (RD) Rondes-Jeux (JX) Couplets à danser (DS)
TOME V - (2000)
    Le manger et le boire (BO) Les métiers (MT) La galanterie (GAL)
TOME VI - (2001)
    Berceuses Rimes et jeux, de l'enfance à l'âge adulte dont Rondes-Jeux (JX) La vie pastorale Le folklore de la nature
TOME VII - (2002)
    Coutumes
      Noëls (NL) Coutumes (CT)
    Prières


Voici des liens directs vers les mélodies des 3 tomes d’Achille Millien (Littérature orale et traditions du Nivernais) ainsi que des 7 tomes de Achille Millien & Georges Delarue (Chansons populaires du Nivernais et du Morvan).

Achille Millien :
    Tome 1 256 mélodies - Tome 2 305 mélodies - Tome 3 235 mélodies

Achille Millien & Georges Delarue :
    Tome 1 313 mélodies - Tome 2 194 mélodies - Tome 3 215 mélodies - Tome 4 243 mélodies - Tome 5 212 mélodies - Tome 6 224 mélodies- Tome 7 21 mélodies


Retrouvez, également, d'autres mélodies de toute la France dans cette bibliothèque musicale.

A.E.P.E.M.

A.E.P.E.M.

L'AEPEM est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 ayant pour objet : L’Étude, la Promotion et l’Enseignement des Musiques Traditionnelles des Pays de France. Elle a été fondée en 2004 par Jacques Lanfranchi, Jean-Michel Péru et Philippe Suzanne.

Le trésor oublié des musiques traditionnelles de France

On a peine à imaginer, quand on ne sait pas, la richesse mélodique collectée aux XIX° et XX° siècles par ceux qu’on a appelés les « folkloristes », ethnomusicologues avant l’heure.
Richesse par le volume : 450 mélodies et variantes recueillies dans le seul département de l’Indre par Barbillat et Touraine, près de 2200 mélodies par Millien dans celui de la Nièvre…

Et ce trésor est là, il suffit d’y puiser

....Pour nous, toute utilisation bien faite est bonne à prendre, et il ne nous déplairait pas d’entendre en fond sonore de telle ou telle publicité ou dans tel ou tel magasin une de ces mélodies.
Mais s’il fallait prendre part à ce débat, nous serions tentés de dire que seule l’ignorance peut opposer « racines » et « échange ». En effet, comment peut-on prétendre à l’échange culturel sans rien apporter à l’autre, sans rien maîtriser de soi ? A moins de piller l’autre, ou de s’y soumettre… Reste à « retrouver ses racines », ou pour mieux dire à s’approprier cet héritage, pour mieux échanger et s’ouvrir à l’autre.

Ce qui suppose évidemment une connaissance de cet héritage. C’est ce à quoi notre association essaie de contribuer.



XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune

Livre : XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune
Site "A.E.P.E.M." : XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune - 1907
Maurice EMMANUEL

Toutes les mélodies et partitions sont en lien avec le site "A.E.P.E.M."
aussi je vous recommande de lire cette page qui vous explique "La bibliothèque musicale".

Liste alphabétique des chansons (avec lien)


Chez Jean Nicot

Chez Jean Nicot, pour le présent, y a trois jolies filles;
La plus jeune ne boude pas, (bis)
Ut, si, ut, la, ré, mi, fa , sol, la,
La plus jeune ne boude pas,
Quand on lui parl’ de ses appas.

Quand les Espagnols vont la voir, son petit cœur soupire.
-- Qu'avez -vous, belle, à soupirer ? (bis)
Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la,
Qu'avez- vous, belle, à soupirer ?
N'avez- vous pas mes amitiés ?

Monsieur, si j'ai vos amitiés, j'en suis fort bien la dupe :
Vous avez aussi mes appas ; (bis)
Ut , si, ut, la, ré, mi, fa , sol, la,
Vous avez aussi mes appas :
Pourquoi ne m’épousez-vous pas ?
Pour t'épouser, je ne puis pas, ma charmante brunette :
Mon capitain' ne le veut pas ! (bis)
Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la ,
Mon capitain’ ne le veut pas !
Je le jure et tu me croiras.

Je donnerai pour le présent, quatre aunes de dentelles,
Avec quoi tu en garniras, (bis)
Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la,
Avec quoi tu en garniras
Le petit poupon qui viendra.

Monsieur, gardez vos compliments, aussi votre dentelle !
La ville nous en fournira , (bis)
Ut, si, ut, la, ré, mi, fa, sol, la,
La ville nous en fournira,
Pour le p'tit poupon qui viendra !

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 2 - Coirault : 2318


Le veigneron

Dieu ! qué métey de galèère,
Que d'être veigneron !
Tôzeur a gretta lai tèère,
En teutes lai sayons !
J’airins de l'airgent
Qu’man dai noubles
Et qu'man dai barons ,
An ne dirôt pas qu’ç’ast un nouble,
Ma un veigneron :
Ç'ast un veigneron !

L'métin i peurnons nos oûtes
A pus teuts nos oustiaux,
Nos oustiaux à nos port'oûtes
A pus nos gros sébiaux.
A pus i ailons boère eun’ goutte,
Checun pour chi iards ,
C'qui nous fa casser eun' croûte,
C'qui chess' le brouillard.

A médi chécun appourte
Eun' pognée de paissiaux,
Fions du feu emmi deux mouttes,
A pus y on a ben chaud !
I entaumons lai polétique :
N' y é point d'avocat
Ni d'noutaire, qui vous explique
Mieux les loués d’l’Etat.

Le sar i rentrons des veignes,
Qu'man c’qui, pas trop tard ;
I aparsevons d'sus la veille
Un épaux brouillard :
C’ast les cheminées d'nos cambuses
Qui sont enflambées ,
Nos cambusières qui s'abusent
A far' nos soupées .

Ah ! quel eurpas délectable !
J'en loichons nos doegts ...
Pomm' de tiare d'sus la table,
Eun' bonne soupe es poès ;
Du picton dans eun’ cruche :
Teut ben préparat ;
Des paissias en guis’ de bûche,
Pour nous réchauffa.
Dieu ! quel métier de galère,
Que d'être vigneron !
Toujours à gratter la terre,
En toutes les saisons !
J'aurais de l'argent
Comm’ des nobles
Et comm’ des barons,
On ne dirait pas qu’ c’est un noble,
Mais un vigneron :
C'est un vigneron !

L'matin nous prenons nos hottes
Et puis tous nos outils,
Nos outils et nos port' hottes
Et puis nos gros sabots.
Et puis nous allons boire un’ goutte,
Chacun pour six liards,
C'qui nous fait casser un’ croûte,
C’qui chass' le brouillard.

A midi chacun apporte
Un' poignée de paisseaux,
Nous f’sons du feu entre deux mottes,
Et puis l'on a bien chaud !
Nous entamons la politique :
N'y a point d'avocat
Ni d’ notaire, qui vous explique
Mieux les lois d' l'État.

Le soir nous rentrons des vignes,
Comm’ ça, pas trop tard ;
J'apercevons d’sus la ville
Un épais brouillard :
C'est les cheminées d'nos cambuses
Qui sont enflambées,
Nos cambusières qui s’amusent
A fair’ nos soupées.

Ah ! quel repas délectable !
J'en léchons nos doigts...
Pomm' de terre d'sus la table,
Un’ bonn’ soupe aux pois ;
Du picton dans un' cruche :
Tout bien préparé ;
Des paisseaux en guise de bûche,
Pour nous réchauffer.

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 16 - Coirault : Sans


Quand j’éto chez mon peire

Quand j’éto chez mon peire,
P'tiot enfant paturiau,
On m'envoyo ben loin
Pou garder les igneaux, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De lai montaigne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !

On m'envoyo ben loin
Pou garder les igneaux.
Le loup qui a venu
M'é mingé le pu biau, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De lai montaigne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !

Le loup qui a venu
M'é mingé le pu biau.
S'al éto moins goulu
M'éro laichié lé piau, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De lai montaigne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !
Quand j'étais chez mon père,
P'tit enfant paturiau,
On m’envoyoit bien loin
Pour garder les agneaux, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De la montagne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !

On m'envoyait bien loin
Pour garder les agneaux.
Le loup qui est venu
M’a mangé le plus beau, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De la montagne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !

Le loup qui est venu
M'a mangé le plus beau.
S'il était moins goulu
M’aurait laissé la peau, oh !
Jean dégrignolle, Jean dégrignolle
De la montagne, Landuriau !
Dinn’ dainn' la faridondainn',
Dinn' don la faridondon !

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 24 - Coirault : 4602


Complainte de Notre-Dame

Messieurs, Mesdames, plaise à vous d'écouter
Une complaint' pieuse à vous conter
De Notre-Dame, qui eut l'cœur dolent,
Quand elle sçut que fut pris son Enfant.

O toi, faux juif, qu'avait donc mon Fils fait ?
Jamais en lui n'y eut aucun méfait !
Vous l'avez mis à mort cruellement ;
Vous en serez punis amèrement.

Traître Judas, qui fus bien inhumain
D'avoir trahi l'précieux sang divin !
Pour trente et un deniers tu l'as vendu !
Tu en seras puni et confondu.
O faux Pilat', toi qui l'as tant battu,
Tant flagellé, tant, qu'il était rompu...
Hélas ! pourquoi n'en avais-tu pitié ?
C'était Celui plein de toute amitié !

O laboureurs, ô gens de tous métiers,
Accourez tous, venez de tous côtés,
Venez pleurer avec compassion
La mort du Fils, aussi sa passion !

O fill's et femmes qui gardez la maison,
Donnez des œufs à ces petits garçons !
Nous vous dirons chacun : De profundis !
Amen ! Amen ! Miserere nobis ! 

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 30 - Coirault : 8816


Quand j'ai sôti de mon villaige

Quand j'ai sôti de mon villaige,
J'aivois quinze ans ;
J'étois hébillé d'pied qu'en caige,
Comme i galant.

J'aivois i bia chaipia de peille,
Long et pontiu ,
Que le curé de mon villaige
M'aivoit vendu.

J'aivois ine bell' craivette,
Longue et carrée,
Que Mairie, mai tante Guillmette
M'aivoit baillée.

J'aivois in’ bell' veste roaige,
Des pus joulies,
I ressembiô i capitiaine
D’ifanterie.

J'aivois ine bell' culieutte,
Teute de pia,
Que j'aivois treuvée teute neuve
Dans n'i terrià.

Quand j’étois vez man mie Diodègne,
Ran que non deux,
Ran que non deux,
Ma ran que non deux...
l li disois que non pillonnes
Fasint des œufs !
Quand j’ai sorti de mon village,
J’avais quinze ans :
J’étais habillé d’pied en cap,
Comme un galant.

J’avais un beau chapeau de paille,
Long et pointu,
Que le curé de mon village
M'avait vendu.

J'avais une bell' cravate,
Longue et carrée,
Que Marie, ma tante Guillmette,
M’avait achetée.

J'avais un' bell' veste rouge,
Des plus jolies,
Je ressemblais à un capitaine
D' infanterie.

J’avais une bell' culotte,
Toute de peau,
Que j'avais trouvée toute neuve
Dans un cuveau.

Quand j’étais vers ma mie Claudine,
Rien que nous deux,
Rien que nous deux,
Mais rien que nous deux...
Je lui disais que nos poulettes
Faisaient des œufs !

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 102 - Coirault : 2427


V'la que l'aloueute chante

V'la que l'aloueute chante
Et le ressigneuh.
Qu' on rise et piaisante,
Po ce biâ sereuh !
Lai târe a fieurie ;
Lai tôle a garnie ;
Et dison teurtheuh !
Vive Mâ, gachneuh !

Ran n'ai l'heumou noire ;
On voi teut poteuh
Aiboille, cancoire,
Boudon, parpoilleuh.
Teut y veuletonne,
Et teut y bredonne,
Quand lu le sereuh,
Au mô de Mâ, gachneuh !
V'la que l’alouette chante,
Et le rossignol
Qu'on rie et plaisante
Par ce beau soleil !
La terre est fleurie ;
La table est garnie ;
Et disons tous,
Vive Mai, garçons !

Rien n'ai l' l’humeur noire :
On voit tout partout
Abeille, hanneton,
Bourdon, papillon,
Tout y voltige,
Et tout y bourdonne,
Quand luit le soleil,
Au mois de Mai, garçons !

Sources : Mélodie & Partition sur le site de l' A.E.P.E.M. - Maurice Emmanuel, XXX chansons bourguignonnes du pays de Beaune., page 140 - Coirault : Sans




Les monologues

Rejetées par les folkloristes, ignorées par l'histoire littéraire, il existe toute une série d'oeuvres classées généralement dans la rubrique "néofolklorique". Ces oeuvres mériteraient une étude approfondie. Ces quelques lignes ne sont qu'un début d'inventaire des productions morvandelles de ce type et plus particulièrement des monologues et des monologues chantés.

Quelques généralités

    1 - La production de ces oeuvres se situe dans la 2e moitié du 19e et début du 20e siècle.
    2 - Les oeuvres ont un auteur local (connu ou non) qui n'est, semble-t-il, ni un paysan ni un érudit mais un "intellectuel local" aussi à l'aise dans la culture orale que dans la culture écrite.
    3 - Elles sont majoritairement écrite en morvandiau.
    4 - Elles sont nettement plus longues que les chansons traditionnelles. Il faut entre 10 à 15 mn pour les Chanté. Elles constituent une mise en valeur individuelle des interprètes capables de mémoriser et de restituer ces textes. lls sont connus à la ronde et invités dans les batteurs, les noces ...
    5 - Elles font généralement alterner une partie chantée et une partie déclamée ce qui suggère peut-être des influences de l'opérette.
    6 - Ce qui rend particulièrement intéressante ces oeuvres "néofolkloriques" (dont l'origine écrite tant des paroles que de la musique ne fait aucun doute) c'est qu'elles ont suivi le cheminement habituel des chansons traditionnelles : elles ont "folklorisé". Elles se sont transmises de bouche à oreille, de cahier de chanson à cahier de chanson et elles ont subi les mêmes distorsions que les oeuvres populaires plus anciennes. On a ainsi noté des versions mélodiques différentes du célèbre "José Frisanon" écrit en 1890.
    7 - Ces monologues sont également intéressants pour le regard qu'ils portent sur le milieu qu'ils expriment. A l'image de leurs auteurs à cheval entre deux cultures, ils se moquent d'un milieu qu'ils aiment Ils s'identifient à lui tout en prenant une certaine distance. Ils sont le reflet des mutations du monde rural d'une époque.
    8 - Revisiter ces productions un peu décalées (comme l'a fait avec brio Rémi Guillameau cette année 1991 avec José Frisanon) ne peut-il pas nous aider à mieux comprendre les mutations du présent ?

Pierre Léger - L'almanach du Morvan 1991 - Lai Pouèlée


Le Morvandiau

Le Morvandiau

Le Morvandeau en costume national, l'aiguillon à la main, entre en scène au son des musettes ; il fait un pas de danse et chante à pleine voix :

J'seu Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout c'qu'ai m'faut, ren n'me tente ;
Quand j'seus pas m'laid', y m'porte bin,
J'seus gai quand tout m'contente.
Vive la joie, io moun aiffére,
Vive le vin, io mon refrain,
J'trouv' qu'ai n'me manque pu rin
Quand j'peux çanter et boère !
Hi, hi, hi !
Hi !

Causé.
-- Ma foi ! i aime autant çanter çai que pairoler poulitique. -- Peu, j'sons chi loin d'Pairis. Peu, nos dapités embeurlificotont chi ben las aifféres, qu'on n'y vouait pas pu car que dans l'cu d'un for. -- Pas moins, y crayos portant ben fére fortune c't'année. On m'prometto le grand partaize das tarres et das porperiétés. -- I m'frottos déjai las mains par aivance : « V'lai l'sâtiau d' Monsieu Chose, qui m'disos en d'dans, çai m'convindro pardié bin. I roul'ros carrosse au lieu de m'ner las boeufs ai lai sarrue, çai s'ro ben pu zenti, ben pu âyé. Aiprée tout, qu'çai veune, que çai verne pas, y m'en moque pas mau. Yé mas boeufs qui neurris, mas boeufs m'neurissont, nous s'neurront l'un l'aute et tot vé ben. Bon garçon, bon Français, i traivaille bin, i bois bin auchi un p'tit coup, et ço justice. Moi, j’seus pour la justice. -- Ma mai fonne se fâce. Lée fonnes viée-vous, yo das ouïaux sans pieumes, d'lai raiche das aigaisses, çai piale tozo, -- Voyons, Fanchon, qui li dis coume çai, tée pas râyon. Chi bois un coup, qui que çai fé au monde ? Jar. Chi las plantes beuvint pas, aiti qu'ai pousserint ? Chi ai poussaint pas, aiti qu'o porterint du bon fritaize ? Chi tu l'vendos pas aitou quoi don qu'tu fros d'l'arzent. Eh ben, l'houme o sans comparayon coume las piantes, faut qu'o beuve du vin.., pas d’iau, tounarre. L'iau, ço lai pardition du genre humain. Çai vous doune lai coulique, lai zaunisse, lai fiéve quartaine, l'hypocrisie ; çai vous fé zasier totes las geurnouilles das geurnouillas dans l’vente ; o mas bons aimis, Dieu vous presarve de lai coulique et das gueurnouilles. Ma beuvez du bon vin et vous çantrez dru coume das jaux :

J'seu Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout c'qu'ai m'faut, ren n'me tente ;
Quand j'seus pas m'laid', y m'porte bin,
J'seus gai quand tout m'contente.
Vive la joie, io moun aiffére,
Vive le vin, io mon refrain,
J'trouv' qu'ai n'me manque pu rin
Quand j'peux çanter et boère !
Hi, hi, hi !
Hi !

-- J’vins d'lai fouaire de Satiau-Snon, ou qu'o m'o airrivé de drôles d'aiventures, crayez-moi. D'aibord yai vendu mas deux grands boeufs barrés, ceux qu'étint chi bin cornés pou d'vant et qu'aivint eune grande quoue pour darré. Vous saivez bin. Ço l'pé Charly qu'las ai aich'tés. D'in coup, v'lai qu'a s'en vint :
-- Eh ben, mon valot, combin tas boeufs ?
-- Cent pistoles, qui li dit coume çai.
-- Oh ! Louverrou de louverrou, qu'o me rapond, io trop char, mâtin. Y t'en beille vingt-cinq louis d'or tout comptant, mon Lazére, i n'o pas das boeufs, io das biques.
-- Das bigues none de dienne ! Mas boeufs, das bigues ! Mas vous las ée tu ergardés ? Mas vous n'y counassez don pu ran ? Vous ée don lai beurlue ? Vous ée don lai mauvue ?
-- Inno.
-- Icho ! Le diab' me sai ran, vou bin, faut qu'vous sins ensorcelé pou trouer ichi das bigûes. Ma boutez don vos lunettes ! Ma ouvrez don vos eillots ! Mas viée don mon zenti, io das boeufs de capaicité et de téte. O sont forts coume das sâgnes, o sont doux coume das moutons. Ol ont, sauf vout respect, autant de raïon qu' das houmes, et quand i lée meune ai lai sarrue, chi marce por darré, o vont toujou d'vant. Auchi, i las aime coume das enfants. Oh ço deux bounes bétes, aillez. Ço tozo zeux que preno monsieu Droguepetot pou ailler ai lai messe aitout sai fonne. O s'aitolont tot sens, o vous compeurnont sans ran dire. Ah ! vous peuvez bin leu zeter totes vos sottises ai lai téte, o vous rapondront pas chulement ine malhounèteté.
Jouant de l'aiguillon et s'adressant à ses bœufs :
Tia, Grivo ! Tins Corbin ! Ailons, mon valot, dresse-tai lai coume un capoureau en faction. Cholai ! Cholai ! Ch...
A Charly, en désignant ses bœufs :
-- Aga lu ! Aga los ! coume o s'tenont drait. Hein ! io ti das bigues ? Tounare d'un sien, moun houme, quand i vous dis. Ien ai point coume çai. Las vaisses n'en front pu d'pairais. Voui, tâtez-las, maniez-las, r'gardez-las d'chu, d'sos, ai draite, ai gouèce, pou d'vant, pou darré, r'luquez-las, tornez-las, virez las, boutez-las du cu conte in mur, chi o r'queulont, i vous las beille pou ran. Taipons en mains, peu aillons bouère ine chopine cée lai mére Michelle. I s'airangerons tozo ben, car :

J'seu Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout c'qu'ai m'faut, ren n'me tente ;
Quand j'seus pas m'laid', y m'porte bin,
J'seus gai quand tout m'contente.
Vive la joie, io moun aiffére,
Vive le vin, io mon refrain,
J'trouv' qu'ai n'me manque pu rin
Quand j'peux çanter et boère !
Hi, hi, hi !
Hi !

Le marcé conclu et trempé de quelques verres de vin, o faut tozo airrouser cées aifféres-laie, çai n' tindro pas. I sort por voui lai fouère, iaparçois un aittroupement chu lai piaice, y d'mande c'que yato. On m'rapond qu c' éto un escamouteu. I m'boute ai couri , i’airrive, c'éto coumencé. D'un coup, v'lai qu'cai part coume un coup de tounare, feu de Dieu !
-- Ohai ! y voudro entrer, qui crie coume çai, y voudro entrer.
-- Cé vingt sous, messié, que m’dis ine particuliére haibillée en sauvaize, ma qu'ato point sauvaize du tot.
-- O mai zentite, qui rapond, vous s'content'rez p'téte bin d'ine piéce de quinze, d'autant pu qu'ço coumencé.
-- Cé vingt sous.
-- Vingt sous !.,. vingt sous ! Ço ben char pour in houme tot fin chu. (Cherchant dans sa poche). Ma foi, on ne vend pas das boeufs tos las zors, lai fonne diré bin c'qu'elle voudré. Vingt sous... Las v'lai, mais piaicez-moi bin, vou ben vous m'rendrez moun arzent.
Au lieu de m'bouter pou d'vant, v'lai un p'tit monsieu tot frisotté que s'en vint :
-- M'sieu, voulez-ti m'préter vout chaipeu ?
Faisant le simulacre de cacher son chapeau derrière son dos.
-- Moi auchi ien ai besoin, qui li dis coument çai,
-- O m'sieu, j'veux pas amauj'ter vot chaipeu.
-- Tenez, le v'lai, qui li dis. Ma n'ailez pas fére de bétises dedans.
-- Ne craignez rien. A propos, M’sieu, vous aimez-ti l'omelette ?
-- Mai fois, j'lai zaïs point, ni l'grapiau non pu.
-- Eh bien, je vais vous en faire une dans vot'chaipeu.
-- Oh tounarre ! n'aillez pas lai fére au lard, çai grèchero lai coëffe.
O m'écouté pas, o prend mon saipiau, ol y met das oeufs, du beurre, du sé, du poive, d'lai moutarde et das tas d'aifféres que me fiaint marouner en d'dans qui m'dios : « Ah mon cadet, te me le payerai mon saipiau pu char quo n'conte ». D'in coup, v'lai qu'o bote le feu d'dans, i n'y tins pu, j'saute dechu en queuriant : « Coument escaimouteu de malheur, i n'o pas aissez d'memproter mon saipiau, faut qu'te m'fias payer vingt sous por v'ni voui breuler mas effets. Nié un juge de paix ou ol yen n'é point, nous voirons çai. »
I l'ai attaqué. -- Eh bin, viée lai justice, yai pardu. — O m'ont rendu mon saipiau qu'naivo point d'mau, faut l'dire, ma qu'sinto le roussi, tot coume un chat breulé. — Et quand l'juge de paix m'é dit : « Mais, imbécile, pourquoi li prêtais-tu ton çaipiau ? -- Ma fouai, Monsieur le juge de paix, i craiyos qu'o v'lo en fére un pairai.
Et v'lai tot l'monde du tribuniau que s'égueula de rire en queuriant : Oh le bon Morvandiau, aitout son çaipiau !
-- Eh bin voui, qui rapond coument çai :

J'seu Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout c'qu'ai m'faut, ren n'me tente ;
Quand j'seus pas m'laid', y m'porte bin,
J'seus gai quand tout m'contente.
Vive la joie, io moun aiffére,
Vive le vin, io mon refrain,
J'trouv' qu'ai n'me manque pu rin
Quand j'peux çanter et boère !
Hi, hi, hi !
Hi !

-- Satiau-Snion, Satiau-Snion ! Dieu lai boune ville. On parle d'Autingne ? Ah ouiche Autingne ! On parle de Nevars ? Ah ouiche Nevars ! Parlez-moi de Satiau-Snion. Ço por mouai lai pus béle de totes las villes ; io vrai qui n'en ai point vu d'aute. Çai fé ran. Chi âto le président d'lai Rapublique, i voudro en fére lai capitale d'lai France. Yé tot c'quai faut dans c'te ville lai : Un sâtiau, sans sâtiau ; ine grande fontaine, sans grande fontaine ; ine petite fontaine, qu'a lai picherotte ; in sampien qu'no jasmas pien que d'bétes las zors de fouaire. Oh las bétes, ço pas c'que manque : bétes ai pieumes, bétes ai poi, bétes ai cornes, totes sortes de bétes. On ne peut pas sorti sans en voui. On trouve auchi de quoi las neurri, Fanchi. Das choux, das raives, das treuffes, das faivioles, das carottes, trée bin d'carottes. Du vin, ai tire l'arico, dlai misse, du fricot, tot l'trembiement quoi, jusqu'au télégraiphe.

Interpellant le public : -- Vous saivez c'que yo qu'un télégraiphe -- Oui. -- Non. -- Yo ti vrai ? Eh bin, y vas vou li dire. Piantez das grands potiaux, aitou das tasses ai cafai, daboubinez d'chu dais fils de far depeu ichi, jusqu'au diabe. Vou pairolez d'un bout, çai rapond d'laute. -- Vous compeurnez bin ? -- Nenni. — Saqueurdié, yo portant bin simple. -- Eh bin, supposez Labri, nout'gros sien, que v'lai couissé devant nous, supposez-lu bin long, chi long que vous voudrez, aitou lai téte ai Pairis et lai quoue ichi. Vous li marcez chu lai quoue... ouap, ouap ! O zaippe ai Pairis. V’lai c'que yo qu'un télégraiphe. Eh bin yen é un ai Satiau-Snion.
Ai manque qu'un s’min d'far. Ma on vé en embarlificoter un du coutié d'Graivillot. Vous counassez bin çai un c'min d'far'? -- Oui, non. -- Pas possible ? Ma vous counassez don ran du tout ? V'lai c'que ço, âcoutez-mouai bin. Vous peurnez d'aibord ine assole, vous lai couissez d'son long chu lai route, ine grande route. -- Bon. Aiprée, aim'nez moi d'chu ine sarotte aitou sas roulottes. Deux sarottes, trois sarottes, quat' sarottes, cinq, dix, vingt sarottes, trente, quarante, cinquante, cent sarottes, deux cents sarottes. Tant pu yé d'sarottes, tant pu çai court vite, feu de Dieu ! Yé das sarottes qu'ont das semenées tot coume das maïons. Vous bricolez tot çai au bout l'un d'laute. D'in coup, çai coumence ai vioûner, ai grougner, sai souffle, sai poine, sai taine, sai pine, sai chile, sai chûle, sai sonne, sai toune, sai bouffe de lai feumée, sai craiche de l'âqueume, sai piche de iau boulante, sai cie du feu et sai fou l'camp coume chi l'diabe l'emporto. -- V'lai c'que yo qu'un s'min d'far. Quand Satiau-Snion airé l'sin, le gouvernement vindré por sûr y pianter sas choux. Et tos sas bedeaux de parisiens, coume on dit, aicourront tos las dimances por las voui pousser. -- Çot ailors, qu'aivec aimour et glouaire nous santerons nout' vieux refrain :

J'seu Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout c'qu'ai m'faut, ren n'me tente ;
Quand j'seus pas m'laid', y m'porte bin,
J'seus gai quand tout m'contente.
Vive la joie, io moun aiffére,
Vive le vin, io mon refrain,
J'trouv' qu'ai n'me manque pu rin
Quand j'peux çanter et boère !
Hi, hi, hi !
Hi !
Je suis Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout ce qu’il faut, rien ne me tente ;
Quand je suis pas malade, je me porte bien,
Je suis gai quand tout me contente.
Vive la joie, c’est mon affaire !
Vive le vin, c’est mon refrain !
Je trouve qu’il ne me manque plus rien
Quand je peux chanter et boire !
Hi, hi, hi !
Hi !

Parlé.
- Ma foi ! j'aime autant chanter ça que parler politique. - Puis, je suis si loin de Paris ! Puis, nos députés emberlificotent si bien les affaires, qu'on n'y voit pas plus clair que dans le cul d’un four.- Ben moins, je croyais pourtant bien faire fortune cette année ! On m’a promis le grand partage des terres et des propriétés.- Je me frottais déjà les mains par avance : « Voilà le château de Monsieur Chose, qui me disais, ça me conviendrait pardié bien ! Je roulerais carrosse au lieu de mener les bœufs à la charrue, cela serai bien plus gentil, bien plus aisé ! Après tout, que cela arrive, que cela n’arrive pas, je m'en moque pas mal ! J’ai mes bœufs que je nourris, mes bœufs me nourrissent, nous nous nourrissons l'un l'autre, et tout va bien ! Bon garçon, bon Français, je travaille bien, je bois bien aussi un petit coup, et ç’est justice. Moi je suis pour la justice. - Mais, ma femme se fâche. Les femmes, voyez-vous, sont des oiseaux sans plumes, de la race des pies, ça cause toujours ! – Voyons Fanchon, que je lui dis comme ça, tu n’as pas raison ! Si je bois un coup, qu’est-ce que ça fait au monde ? Ma foi. Si les plantes ne buvaient pas, est-ce qu’elles pousseraient ? Si elles ne poussaient pas, est-ce qu’elles porteraient des bons fruits ? Si tu ne les vendais pas aussi qu’est-ce que tu ferais de l’argent. Eh bien, l'homme est sans comparaison comme les plantes, faut qu'il boive du vin.., pas de l’eau, tonnerre. L’eau, ç’est la perdition du genre humain. Ça vous donne la colique, la jaunisse, la fièvre de cheval, l'indigestion ; ça vous fait gargouiller les grenouilles dans le ventre ; o mes bons amis, Dieu vous préserve de la colique et des grenouilles. Mais buvez du bon vin et vous sentirez dru comme des jars :

Je suis Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout ce qu’il faut, rien ne me tente ;
Quand je suis pas malade, je me porte bien,
Je suis gai quand tout me contente.
Vive la joie, c’est mon affaire !
Vive le vin, c’est mon refrain !
Je trouve qu’il ne me manque plus rien
Quand je peux chanter et boire !
Hi, hi, hi !
Hi !

— Je viens de la foire de Château-Chinon, où il m'est arrivé de drôles d'aventures, croyez-moi. D'abord j’ai vendu mes deux grands bœufs barrés, ceux qui étaient si bien cornés par devant et qui avaient une grande queue par derrière. Vous savez bien. Ç’est le père Charly qui les a achetés. D'un coup, voilà qu’il vient :
-- Eh bien, mon valet, combien tes bœufs ?
-- Cent pistoles, que je lui dis comme ça.
--- Oh ! Louverrou de louverrou, qu'il me répond, c’est trop cher, sapristi. Je t'en donne vingt-cinq louis d'or tout comptant, mon Lazére, ce n'est pas des bœufs, c’est des biques.
-- Des biques nom de Dieu ! Mes bœufs, des biques ! Mais vous les avez regardés ? Mais vous n'y connaissez donc plus rien ? Vous avez donc la berlue ? Vous êtes donc myope ?
-- Hé non.
-- Hé si ! Le diable me dit rien, ou bien, faut que vous soyez ensorcelé pour trouver ici des biques. Mais mettez donc vos lunettes ! Mais ouvrez donc vos yeux ! Mais voyez donc mon brave, ce sont des bœufs de capacité et de tête. Ils sont forts comme des chênes, ils sont doux comme des moutons. Ils ont, sauf votre respect, autant de raison que les hommes, et quand je les mène à la charrue, si je marche par derrière, ils vont toujours devant. Aussi, je les aime comme des enfants. Oh ce sont deux bonnes bêtes, allez. Ç’est toujours ceux que prends monsieur Droguepetot pour aller à la messe avec sa femme. Ils s'attèlent dans tous les sens, ils vous comprennent sans rien dire. Ah ! vous pouvez bien leur jeter toutes vos sottises à la tête, ils vous répondront pas seulement une malhonnêteté.
Jouant de l'aiguillon et s'adressant à ses bœufs :
Tia, Grivo ! Tins Corbin ! Allons, mon valet, dresse-toi là comme un caporal en faction. Cholai ! Cholai ! Ch...
A Charly, en désignant ses bœufs :
— Regardes le ! Regardes-les ! comme ils se tiennent droit. Hein ! c’est ti des biques ? Tonnerre de chien, mon homme, quand je vous dis. Il y en a point comme ça. Les vaches n'en font plus de pareils. Oui, tâtez-les, maniez-les, regardez-les dessus, dessous, à droite, à gauche, par devant, par derrière, regardez-les, tournez-les, virez-les, mettez-les le cul contre un mur, s’ils reculent, je vous les donne pour rien. Topons là, puis allons boire une chopine chez la mère Michelle. Cela s'arrangeras toujours bien, car :

Je suis Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout ce qu’il faut, rien ne me tente ;
Quand je suis pas malade, je me porte bien,
Je suis gai quand tout me contente.
Vive la joie, c’est mon affaire !
Vive le vin, c’est mon refrain !
Je trouve qu’il ne me manque plus rien
Quand je peux chanter et boire !
Hi, hi, hi !
Hi !

Le marché conclu et trempé de quelques verres de vin, il faut toujours arroser ces affaires-là, cela ne tiendrai pas. Je sors pour voir la foire, j’aperçois un attroupement sur la place, je demande ce que c’est. On me répond que c’est un saltimbanque. Je me mets à courir, j’arrive, c'était commencé. D'un coup, voilà que ça part comme un coup de tonnerre, feu de Dieu !
-- Ohai ! je voudrai entrer, que je crie comme ça, je voudrai entrer.
-- C’est vingt sous, monsieur, que me dis une particulière habillée en sauvage, mais qui n’est point sauvage du tout.
-- O ma belle, que je lui réponds, vous vous contenterez peut-être bien d'une pièce de quinze, d'autant plus que c’est commencé.
-- C’est vingt sous.
-- Vingt sous !... vingt sous ! Ç’est bien cher pour un homme tout seul. (Cherchant dans sa poche). Ma foi, on ne vend pas des bœufs tous les jours, la femme dira bien ce qu'elle voudra. Vingt sous... Les v’là, mais placez-moi bien, ou bien vous me rendrez mon argent.
Au lieu de me placer devant, voilà un petit monsieur tout frisotté que s'en vient :
-- M'sieur, voulez-vous me prêter votre chapeau ?
Faisant le simulacre de cacher son chapeau derrière son dos.
-- Moi aussi j’en ai besoin, que je lui dis comme ça,
-- O m'sieur, j'veux pas abimer votre chapeau.
-- Tenez, le voilà, que je lui dis. Mais n'allez pas faire des bêtises dedans.
-- Ne craignez rien. A propos, M’sieur, aimez- vous l'omelette ?
-- Mai fois, je ne déteste pas, ni le grapiau non plus.
-- Eh bien, je vais vous en faire une dans votre chapeau.
-- Oh tonnerre ! n'allez pas la faire au lard, ça va graisser la coiffe.
Il ne m’écoute pas, il prend mon chapeau, il y met des œufs, du beurre, du sel, du poivre, de la moutarde et des tas d'affaires qui me font marmonner intérieurement : « Ah mon cadet, te me le payera mon chapeau plus cher qu’il coute ». D'un coup, voilà qu'il met le feu dedans, je ne tiens plus, je lui saute dessus en criant : « Comment saltimbanque de malheur, ce n’est pas assez de me prendre mon chapeau, faut que tu me fasses payer vingt sous pour venir voire bruler mes effets. Il y a un juge de paix ou il y en n’a point, nous verrons ça. »
Je l'ai attaqué. -- Eh bien, voyez la justice, j’ai perdu. — On m'a rendu mon chapeau qui n’avais point de mal, faut le dire, mais qui sentait le roussi, tout comme un chat brulé. — Et quand le juge de paix m'a dit : « Mais, imbécile, pourquoi lui as-tu prêter ton chapeau ? -- Ma foi, Monsieur le juge de paix, je croyais qu'il voulait en faire un pareil.
Et voilà tout le monde du tribunal que s'écroule de rire en criant : Oh le bon Morvandiau, avec son chapeau !
— Eh bien oui, que je réponds comme ça :

Je suis Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout ce qu’il faut, rien ne me tente ;
Quand je suis pas malade, je me porte bien,
Je suis gai quand tout me contente.
Vive la joie, c’est mon affaire !
Vive le vin, c’est mon refrain !
Je trouve qu’il ne me manque plus rien
Quand je peux chanter et boire !
Hi, hi, hi !
Hi !

-- Château-Chinon, Château-Chinon ! Dieu la bonne ville. On parle d'Autun ? Ah oui Autun ! On parle de Nevers ? Ah oui Nevers ! Parlez-moi de Château-Chinon. Ç’est pour moi la plus belle de toutes les villes ; c’est vrai que je n'en ai point vu d'autre. Cela ne fait rien. Si j’étais le président de la République, je voudrais en faire la capitale de la France. Il y a tout ce qu’il faut dans cette ville là : Un château, sans château ; une grande fontaine, sans grande fontaine ; une petite fontaine, qui a un filet d'eau ; un champ de foire qui n’est jamais plein que de bêtes les jours de foire. Oh les bêtes, ce n’est pas ce qui manque : bêtes à plumes, bêtes à poils, bêtes à cornes, toutes sortes de bêtes. On ne peut pas sortir sans en voir. On trouve aussi de quoi les nourrir, Fanchi. Des choux, des navets, des pommes de terre, des haricots, des carottes, beaucoup de carottes. Du vin, à tire larigot, du pain, du ragoût, tout le tremblement quoi, jusqu'au télégraphe.

Interpellant le public : -- Vous savez ce que c’est qu'un télégraphe -- Oui. -- Non. — C’est vrai ? Eh bien, je vais vous le dire. Plantez des grands poteaux, avec des tasses à café, débobinez dessus des fils de fer depuis ici, jusqu'au diable. Vous parlez d'un bout, ça répond de l’autre. -- Vous comprenez bien ? -- Non. — Saqueurdié, c’est pourtant bien simple. --- Eh bien, supposez Labri, notre gros chien, que voilà coucher devant nous, supposez-le bien long, si long que vous voudrez, avec la tête à Paris et la queue ici. Vous lui marchez sur la queue... ouap, ouap ! Il jappe à Paris. Voilà ce que c’est qu'un télégraphe. Eh bien il y en a un à Château-Chinon.
Il ne manque qu'un chemin de fer. Mais on va en emberlificoter un du côté de « Le Gravillot ». Vous connaissez bien ça un chemin de fer ? — Oui, non. — Pas possible ? Mais vous connaissez donc rien du tout ? Voilà ce que c’est, écoutez-moi bien. Vous prenez d'abord une échelle, vous la couchez de son long sur la route, une grande route. -- Bon. Après, amenez-moi dessus une charrette avec ses roues. Deux charrettes, trois charrettes, quatre charrettes, cinq, dix, vingt charrettes, trente, quarante, cinquante, cent charrettes, deux cents charrettes. Plus il y a de charrettes, plus ça court vite, feu de Dieu ! Il y a des charrettes qui ont des cheminées tout comme des maisons. Vous bricolez tout ça au bout l'un de l’autre. D’un coup, ça commence à ronronner, à grogner, ça souffle, ça pène, ça gémit, ça cri, ça siffle, ça souffle, ça sonne, ça tonne, ça souffle de la fumée, ça crache de l'écume, ça pisse de l’eau bouillante, ça chie du feu et ça fou le camp comme si le diable l'emportait. -- Voilà ce que c’est qu'un chemin de fer. Quand Château-Chinon aura le sien, le gouvernement viendra pour sûr y planter ses choux. Et tous ces bedeaux de parisiens, comme on dit, accourront tous les dimanches pour les voir pousser.--- Ç’est alors, qu'avec amour et gloire nous chanterons notre vieux refrain :

Je suis Morvandiau le bon copain,
Quand j'ai tout ce qu’il faut, rien ne me tente ;
Quand je suis pas malade, je me porte bien,
Je suis gai quand tout me contente.
Vive la joie, c’est mon affaire !
Vive le vin, c’est mon refrain !
Je trouve qu’il ne me manque plus rien
Quand je peux chanter et boire !
Hi, hi, hi !
Hi !

Extrait de « Feuilles au Vent » par Louis de Courmont - 1828 à Blismes / 1900 à Blismes.

Version française effectuée, sous toutes réserves, par mes soins le 31/08/2021



Nicolle Brindouïon ou La Galipote de St Sarni

La Galipote de St Sarni

Y en é des quéllant dir ! Nicolle nous tire des colles
Ma les pus mélingns en rirant et n'en dirant ran ... ran.

1er couplet d'entrée
D'sus les pâtiés, loin des maïons,
Bergère sans péreille
I m'en vé guerdan les ouïons
En felant mé queuneille
In' mér' pou ses petiots enfants,
N'prenrot jar pas des soins pus grands
Qui les prends
D'éprès mé chi eure voûleilles.

Parlé -- Bî... Bî... Bî... venez mes cocos, venez venez, bî ... bî ... Mâ y n'lesvois pu! l'évou qu'sont péssés? vos n'les éraint pas vu, des coups ! bî ... bî ... bî ... Ah! ouéche! J't'entends ben : n'y é pas pu d'ouéllons que d'ssus mé main. Hé ! mé paure ! et peu lé Galipote que corre les ch'mis ! porvu qu'alle les ez pas troés ! Ah ! y les vois. Bî .. Bî .. saprées p'tiotes pauyons, qu'y é don jar zeux pou ... Mà y pourrot ben vos sinllier, p'tiote récailles ... Mà ... Et peu de vrâ, vos l'ez-ty vu vos aut's la Galipote ? Nanni ! Et ben moi non pus, jar. Mâ y n'fait ran : yot tot de moinme ine bète ben effrouse, éllez !

1er couplet.
On dit qu'alle é in' gueule de loup
Qu'eurle en tout temps fémine :
Des dents qu'y éllant jusque dans l'cou
I grand jécin d'vormine
Qu'dans lé tète elleé deux uillots
Qu'éberlutant k'ment deux fellots
Saint-Piotot
Yot in' bète phérémine.

Parlé -- Oh ! perdienne oué, yot ine phérémine : y en périrot mé quouneille cont'e ine pougnée d'grouzelles - Bî... Bî .. Bî ... Mà saprès p'tiots louvérous, vos n'ez dont ranque lé courrerie dans l'vente. Mà ! Oué c'que monteur ben qu'y en ot enne, yot qu'totes les autes bétes en ant ine pou terribe: S'tot qu'allé viant, mélheur, les ouées s'envoulant en couaillant k'ment si l'diable les t'not ; et les grosses bétes s'empourtant k'ment i coup de vent qu'âl en fiant du feu d'sus les grévoles, quoi ! Ah ! yot les boeufs qu'fiant pa biâ. -- Si vos aint vu mes paures émis du Bon Dieu k'ment qu'à s' governant, y enfait frémi.

2ème couplet
En boffant les v'lé tos pertis;
Hé que l'paure monde s'étonne
Yot qu'nyé pas i diable d'en chévis
A n'écoutant personne.
Lé quoue en l'ar à fiant les fous.
Bolant, jinguand, potant des coups
Louvérous
Qu'lé pâteure en résoune.

Parlé -- Oué, les paures animaux y compte que si évot pas des boucheures pou les rat'nis, qu'âl iraient jouper dans lé rivière, l'évou qu'à s'gniraint, chungez don ... -- Bi ... Bi ... Bi ... mà ! p'tiotes garnipilles, y vos tinré p'tète ben, ma ! ... Oué et peu n'yé pas ranque les bétes qu'en en pou. D'mandez voué à lé p'tiote Zérine si alle merchot ben l'aute des jors d'sus l'crépuchot d'lé Roche-ez-Renads : Ah ! les pauvres gueurline, yot lie qu'léchot ben corri ses oueilles ! Alle voûlot pus raide qu'i panpillon.

3ème couplet.
Ma v'lé qu'enjoupant les soillons
Sé beurtelle gauche se dôte ;
Alle s'empige dans ses cotillons,
Beurdaule si bien qu'ine
Tot d'moinne alle étot cheute si bas
Qu'lé béte en péssant, n'lé viyt pas;
En tot cas
E s'tollit ben les côtes.

Parlé -- Oué lé paure ch'tite drolèsse, alle évot son paure côuté tout vargenté, si ben qu'y follit l'y pousser i catapiasse de piarsil pour l'y tirer le ch'tit sang. Bi ... Bi ... Bi ... mâ t'nez vous don qui, p'tiotes piouneries ... Et peu dévou tot son mèlheur, allez é zeu enco ben d'lè sciance (chance) de cheure en bas ; si alle étot si ben cheute en n'haut-y n'l'éraint jamez r'vu, espa don. -- Et peu, d'mandez voir encore é lé mère Chouchoune ! Ah ! si élie é zeu ine pou d'sé vie, yot ben c'te fois qui : "Oué mè chieure" mie qu'alle dit :

4ème couplet
J'étot landlé dans les veurziaux
M'croyant be, guérantie
Qu'y réméssot pour nos pourciaux
I paur peuchot d'ourties
Sans qu'y l'eusse vu v'ni ce démon
Tot d'y coup m'empougny l'chignon
Hélas don !
Mé coiffe étot pertie.

Parlé -- Perdienne lé paure véille, iétot ben aille qu'alle ly peumeusse sé coiffe alle évot pris les corjons pou s'en fire des jarretéres -- Bi ... Bi ... Bi ... mà l' évou qu'vos corez don toujou ? vos n'otes pas ben iqui ? P'tiotes guéloupe ! ma ! Oué et peu si vos sévaint l'tor qu'alle é joué é not' p'tiot Jean, (y drôle de 17 ans qu'étot seu fouacher pou lé premére fois) ! Ah ! lé gueuse! y vos dit qu'alle ot pu ch'tite qu'lé grolle ... Alle l'y é ti pas mijé sé paure mérande ! Oué, i bon crépia d'quétres oeufs, d'évou ine bouteille de bonne boisson d'peumelles qu'mé mére l'y évot pourté et peu qu'alle évot pousé à l'éveriot d'sos i châgne pendiment qu'a finissot son eurdon -- Oué, le paure chien ; à finissit son paure eurdon mà quand qu'à croyit d'prenre son paure péné :

5ème couplet
Oué quand qu'à croyit d'mérander
Jamez d' effére péreille
Sé bète évot sans l'y d'mander
Liché tôte lé boteille
Et peu d'son mèlhureux crépia
Alle s'en évot fé i chépia
Des pus bias
Qu'ly pendot su 1'oreille.

Parlé -- Oué, vous compeurnez, alle étot daré l'châgne, si ben qu'à n'lé vyit ranque quand qu'à fut droine vez lie.-- Eh ! mes émis d'bon Dieu ! qu'enne frousse ! à grimpit d'sus l'châgne pu raide qu'in écourieu ... Bi ... Bi ... Bi ... que l'tonnille vous corre ... p'tiotes penayes, p'tiotes pouyons mà ! ... Oué l'paure gas à l'y eusse ben choché d'sus l'châgne ; Al y restit pu d'deux heures de r'loge é kiéquer des dents d'lé rège qu' él évot pou. Tot d'moinme al entendit qu'à n'entendot pu ran. A r'gardit en bas à n'vyt ran. A descendit ine branche, à r'gardit encore en bas, d'tot les coutés al écoutit : ran ; pu ran, ran du tout. Oh ! Ste Viarge ! kment qu'à joupot en bas ! kmen qu'a filot vez le maïon ! Al érive, al enteure, à frome lé porte i grop coup daré lu et peu al éppeule : " Mère ! Oh ! Mère ! Personne ! N'y évot personne et peu lu qu'étot enrégé d'lé faim ! Ah !!!

6ème couplet
Ne viant pas pu d'feu d'élleumé
Hélas ! que d'soupe de chaude
A corrit tot droit dans lé mé
L'évou qu'étaint les gaudes
Al'en boltit, d'i tour de main,
Sept écuell's sans compter l'levain.
Ah ! 1'vilain
On l'y eusse béillé l'é vlaude.

Parlé -- Oué ! iot tot kment qu'y vos y dit : Sept écuelles de boulie et peu ine écuelle de l'vain que fiant huit écuelles -- Ah ! l'annimau ! Al évot i vante tot kment i poinçon ; ine écuelle de d'pu et peu à tépot raide -- Bi ... Bi ... mà saprèes p'tiotes vormineries éty qu'vos ellez ben deurer ! tin, tin, tin, on, mà ... Oué et peu vos croyez qu'yot ben piaillant des éfféres péreilles ? Ah ! ma ! les enfants du Bon Dieu n'yot pas des pias d'treuffes. Ah ! nanni jar ! y éllons nos r'verper ; Y é des houmes à St Sarnin. Al éllant dékeurcher ieux feusils, et peu allé traquerant, et peu allé tirerant, allé tuerant, al l'exterminerant, qu'y en voirons jar pu frimence ... Oué !

7ème couplet
Hé qu'y ellons fère nos emberras
Si l'bon Dieu nous exauce
Y 1'y chanterons des libéras
En dansant d'sus sé fosse
Moi, en y en voux champier mon calot
Dévite mon guédian, mes sébots
To, lo, lo
Pou sauter su mes chausses.

Parlé -- Ellons n'yot pas l'tout d'jepiouner ; y faut qu'y chunge à é r'gagner lé maïon, voiqui, lé brondie d'lé neut
Bi, bi, bi, venez mes cocos, venez, venez. Mà ! p'totites cherougneries, merchez don ! Ellons, zou !!

Paroles de René Guyon (1846-1909) - Musique de X - Année : ???



Les saibouts d'ç'rier

Les sabots de cerisier du Père Charly - Récit d'un voyage à Bourges d'un plaideur Morvandeau

Les saibouts d'ç'rier

Ker moun houme ! v'lai coume las raitféres v'nont ! te n'diros pas c'que m'o airrivé, mon vieux : l'aut' das zors, yatos qu'y sarclos das treuffes, v'lai ti pas un ch'ti aivoucait qu'maiporte un trô d'papier. -- Quoi tounarre qu'yo çai ? Vous n'êtes pas l'diabe p'téte ! Yato, moun' houme, poor l'aiffére du ch'ti Botrong. Ol m'é ti pas aissigné poor témoing poor ailer ai Borzes. -- Éllons, v'lai qu'o bon. -- Enraizez, n'enraizez pas, vous n'frez pas l'diabe p'téte bin ; y n'iré tozoors pas d'vant qu'yai fé mai bue. Ker ! moun houme, n'en fâs pas ain pli, y m'fou chu mai bue, y lai fâs. Quant y l'ai reu fête, yaitraipe deux ch'tis souyers qu'yaivos... Ah moun'houm, yaivot au moing eune douzaine ou eune treizaine d'an-nées qui n'las r'aivos pas mettus. Y ai dit coument ch'ti : « Tins, Cherly, t'ée das saibouts d'ç'rier, prends r'en deux sous ton bras, quant t's'rez las d'porter tas souyers, t'prendrez tas saibouts. »

1er couplet
Me v'lai perti coume ain' vieil' béte,
Que n'sait laivout peurter sas pas,
De qué coutié piquer ain' tête,
Le por Charly ne le s ait pas.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Vouai, tounâre ! y n'seu pas été bin loing; quant y seu reu en airrivant'ai Moulaingne, y n'peuvas pu deurer ; y tombe chu mas deux saibouts d'çrier, y fout mas deux souyers dans eune traisse ; èllez donc por bétes ! Mc v'lai pairli aitout mas deux saibouts ; moun'aimi, y voûlo ; quant yai reu bin marçé, por lai grâce de Dieu, yairrivé ai Sâtillon.

2ème couplet
Qu'o ain' p'tiote ville bin zoulie,
Laivou qu'o yé eune gross' mayon,
Qu'o chi grande, chi z'élancie,
Qu'en l'ergardant çai fé frayon.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Ah moun' houm, y seu entré dans eune aubarze en m'diant : Tins ! Cherly ! t'bouairé bin eune goutte de brand'vingne, quoi ! -- Y fou deux ou trouais coups d'poing chu lai taibe por aip'ler las mondes ; v'lai qu'airrive une ch'tite gâtière : « Quoi q'vous v'lez » qu'elle dit en r'chignant sâs dents. « Tounâre, yo pas l'diabe, yo eune goutte, eune goutte d'iau-de-vie ». Sans dire un mout, elle m'aiporte ain'goutte ; aitout, mon vieux, elle m'é dit chi y v'lo m'zer. Yé râpounu : « Sâcrée aivoucaite, chi y veut m'zer, çai m'ergarde, yai das treuffes dans lai poche gouèce de mai veste ». Ker, moun'houmme, y en ai vos fé cuére das treuffes, tout coume on en doune as coiçots ; y en aivot bôrré mas poches , yen aivos forré jusque dans lai doubieure d'mai veste. Ol étaint çaudes, o m'réçauflaint. Ah ! bin, y n'aivot pas b'soin de m'zer. Quant yai reu flûté mai goutte, y douné mas deux sous, ai pis y fouté mon camp bin viâ, aitout mas deux saibouts d'çrier.

3ème couplet
Cherly, quant ol ai bu sai goutte,
En vaut z'in autre, o pas zador,
Quant o s'o foutu eune culotte,
O voit chi clar lai gnué que l'zor.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Y n'feu pas d'yors qu'y voit eune voiture que v'not ; y dié : Bonjou monsieu, o m'dié bonjou. -- Vous m'laichrain-t-y bin monter dans vout çarotte ; o m'dié qu'voui, lai boune âme du bon Dieu.

4ème couplet
Cherly monté dans lai sarotte,
Laivou qu'o s'o chitu bralement
Vé le bôrjouais en redingotte
Qu'étot zain grou z'assurément.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Nous v'lai pertis, mon vieux, tout l'long du s'mingne o m'fiot coser ; y ai dit : N'tâtonne pas, y côs'ré chi ben qu'touai. Aiprés qui n'eurent ben côsé, y n'airrivérent vée das maïons ; yai dit : Yo-t'y çai Borzes ? -- O m'ràpouné qu'yâtot Saint-Sôzes. -- Tounâre te breule, le gas ! Y n'vas pas ai Saint-Sôzes, y vas ai Borzes.

5ème couplet
Ah ! bin voui Charly de Franvache,
Aime bio mieux rester villaigeouais,
Que de paisser por eune gainache
En l'aippelant le Saint-Saugeouais.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Y n'en fas ni eune ni deux, y m'fout ai bas d'lai sarotte, y r'torne chu Sâtillon. Yairrive ai Sâtillon. -- T'boiré encore eune goutte. -- Pardié. -- Y r'torne bouaire mai goutte. Ah moun' boume c'te fois-laie l'aivoucaite ne m'dié ran ; y l'aivo chi erlancie l'aut'das fouais.

6ème couplet
Cherly n'veut pas qu'on l'mécanise,
Qu'on le traite d'vilain ouïau
Gare ai c'tilai que l'brutalise
O peu rot l'y pan-ner l'nasiau.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Y demandé lai route de N'vars.-- Yatos chi ben las qu'y n'peuvas pu porter mas deux saibouts d'ç'rier dans mas deux pieds ; y las bouté d'sôs mas deux bras.

7ème couplet
Me v'lai lancé chu lai grand'route,
Que meuue tout dret ai Nevars
Ah! que yot long! que çai dar.oute!
Yo don au fin fond d'l'Uni vars:

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Y marcé tant qu'y airrivé ai N'vars. On m'aivot dit d'eller ai l'embarcadare du ç'min d'far ; yaivos biau euvri las reuillots, y n'viâs pas pu d'embarcadare que d'ciens vorts. Y troué eune fone que m'dié : y va s ben vous y m'né. Y veux ben qu'y dié. Nous v'lai partis, y n'airrivéreni vé l'embarcadare du ç'min d'far, et lai, y m'bouté ai r'garder.

8ème couplet
Y viâs des meules de çarrottes,
Yato das çarrottes sam chouaux,
O v'lint me tirer das carottes
Por m'en fér' m'zer coum'âs bestiaux.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Yentendas das ch'tis flûtos ; y crayas q'yatot das gamingnes que s'aibeuyaint, y n'en fié point de compte. Tot dans n'ain coup, o yé ain aivoucait que m'dié d'monter en ç'min d'far. Y yai dit : Saicré aivoucait, te t'fous don d'mouai, nan-ni y n'montré pas, te vouais bin que las chouaux ne sont pas aittolés ! Çai chûlé encôr'un coup, ai piée o v'lai bin perti.

9ème couplet
O m'peurnont por un ébaicile,
O s'foutons d'mouais d'tout las coûtiés :
Y n'seu portant pas mau haibile,
Quant'y m'tint dret chu mas deux pieds

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Yé dit : n't'âtoune pas, y vas prendre das c'mins d'traivarse, y vas bin t'aitrèper : y fous mas deux saibouts d'c'rier sos mas deux bras : me v'lai perti au gailo ; y couras entremi las deux barres de far, v'lai qu'airrivé un ch'ti gas que m'dié d'sorti. « Y sortiré bin chi veux. Marde, saicré aivoucait ! » Ah ! moun'houme, o v'lo m'fére ain procès, y seu reu forcé d'sorti.

10ème couplet
Yenrèze au fin fond de moun'âme.
Ah ! qu'y seu pis ! Ah ! qu'y seu pis !
Mon coeur breule d'eune grande flamme
Çai vé tozor de mau en pis.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Pendiment c'temps-lai, le c'min de far parté, y ne l'viâ pu : o s'étot sauvé. O m'fiérent aittende encore eune demi-zornée ai l'embarcadare du c'min d'far. V'lai qu'airrivé ain aut'conroi. Ah ! moun'houme, o s'metté encôre ai chûler. Y m'sen dit: Cherly, n'fê pas lai béte, monte d'dans. Yâtas tout chu d'dans. O yaivo das futailles et un tas d'aut'denrées qu'y n'churos vous dire. Y m'sinté perti, y m'seu dit : Te v'lai portant perti ai Borzes. Y n'feurent ran loin qu'y sinté qu'y n'erqueulint. O m'entrérent bin dans nin hangar ! ran n'bougeot. Y s'ras bin reu resté lai toute lai zornée. Quaud yai vu çai, y sorté diors. O m'peurnére encôre por un vouleue ; o m'demandérent quoi qu'yétos reu fére lai d'dans. Y dié : Yo pas vos denrées qu'y sarce, y vas ai Borzes por l'Bôtrong, vous l'counaissez don pas, l'Bôtrong.

11ème couplet
Y m'fous pas mau de vos denrées,
Yont das peurbis, yont das coissots,
Yont das bounes vaisses barrées
Yont das treuffes dans nout'saiçot.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

O m'diére qu'o fèillo qu'yaittendeusse encôre. Y seu reu forcé d'aittende. Tout dans n'ain coup, y m'aichité chu eune borgne, y m'fouté aiprée mas treuffes, yen m'zé tant qu'yen m'zo tozors quand o m'diérent de monter. Y n'mezos pas las piaux ; yen aivas fé ain p'tiol meule qu'o m'fiérent bin pan-ner encore.

12ème couplet
Yécarquillas mas deux peurnéles,
Coum'deux marles dans deux saibouts
Y m'ersembiot vouair deux chandéles
Que tarluisint das deux bouts.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Èllons, portant, me v'lai parti. Vous sembiot que l'diabe vous emporto. Y n'èllint chi vite que l'vent. Yo trouâs bin drôle, jaimâs y n'aivo vu d'vouaitures sans chouaux. Yen é point ai Franvache. Enfeingne y n'airrivérent ai Borzes , y descendé. V'lai-t-y pas ain chti vauran que m'demandé mon paipier, pass'que yaivas aic'té ain paipié ai N'vars ; yé dit : Y n'lai pas aic'té por touai. Yé reu biau fére, y seu reu forcé d'ly douner pôr aivouair lai paix.

13ème couplet
Y vâs t'ly fout'aine calotte
En r'devolant du tribuniau,
Qu'l'en vé virer dans sai culotte,
Qu'l'en vé tortiller du musiau.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Me v'lai perti du coûté du tribuniau ; ol aip'laint Brossard partout, yé dit : « On ne m'counaît don pas ichi coum'ai Franvache, quoi qu'vous y v'lez au Brossard ? » O m'diérent qu'yairrivas trop tard. Y dié : « Chi vous n'étes vas gênés, y seu bin v'ni, y m'en r'lorneré bin. Yai reu portant aissée d'mau por veni. »

14ème couplet
Y me fous bin de vos reproches,
Chi vous m'peurnée por ain bétiau,
Yai das treuffes dans mas poches,
Y vous tire ain grand coup d'çaipiau.

Quoi don qu'yot qu'y vas leur z'y dire !
Tins bin ton bounot mon Fanchy,
De peur que chu tai tète ol vire,
Tée bin foutu mon por Cherly.
Heu ! Qué malheur !
Heu ! Qué malheur !

Ah! moun'houme, o n'diérent pu ran ; chi fait, o m'diérent de dire c'qu'y saivo d'l'èffére du Botrong, et piée de l'ver lai maingne qu'yèllo dire lai vèrité. Moun'houme, y n'fias pas aittention ai mas deux saibouts qu'âtint sos mâs deux bras. Y l'vé lai mingne, mou saibôut timbé : « Tounâre te breule ! qu'y dié, chi vous m'aivint fé casser mon saibout !... » Quand yai reu dit c'qu'y saivo, o s'piantérent por dire le jugement. -- L'Botrong âlo sorti ; o m'demandérent le Botrong. Mouai y l'viâ bin ton Botrong. Y ai dit : « Vous l'viez don pas ! Argardez-lu don qu'ai cie sous l'pont ! ». -- Ai s'boutérent ai rire. Yé dit : « Riez don bin, ricaissiés, vous n'ée don jaimas ran vu, tout coume chi yéto un ébècile que causeusse. »

15ème couplet
Enfants de l'heumaine nature,
Quand çai coummence ai vous pousser
Et que çai vint ai l'embouchure
En tout lieu vous peuvez poser

Me v'lai portant tiré d'èffére
Yo qu'y n'seu pas chi béte qu'on cret.
Y comprends bin coume o faut fére
Quand y seu d'yors de moun'endret.
Ah! qué bounheur !
Ah! qué bounheur !

Quand y vié ç'lai, y fauté mon camp, y r'torné ai l'cmbarcadare du c'min d'far, y peurné mas deux saihouts d'ç'ricr sos mas deux bras, y m'zé encore das treuffes. Las rautes de Franrache v'lint m'fére meuzer, mâ y m'seu dit : Garde toun' arzent, t'frée mieux, pendiment qu't'ée das treuffes, meuz'r'en. Y parté tout chu, y laiché las rautes. Quand yairrivé ai Moulingne, y r'torné cri mas deux souyés ; mon pore houme de gnieu, las ciens las aivint tout matouyés. Y las peurné tozors sos mas deux bras et y fouté mon camp por Prépourcé. Yairrivé vée Madame Sabre. O yairo das beuveux que beuvint du caifé. Ol ont v'lu m'en fére bouaire. Ah ! moun'houume, yen aivo bin vu, mâ y n'en aivo jaimas beuvu. O beuvint dans das p'tiots pots biancs, o m'en aipportérent : jaimas y n'l'é pu bouère. Yato ch'ti, yato ch'ti, y ai dit : « Saicré grigou !... » O beuvint çai coume las treues beuvont l'iau biance. Y n'churos en écaler, y fié tout mon saint poussible pour en bouère et y fouté mon camp ai Franvache.

16ème couplet
Tounâre ! y seue d'eune gaîté foûle
Mon pore Chcrly coum' çai vé bin
Te peuros bin meuzer tai poule
Et bouaire un verre de bon vin.

Me v'lai portant tiré d'èffére
Yo qu'y n'seu pas chi béte qu'on cret.
Y comprends bin coume o faut fére
Quand y seu d'yors de moun'endret.
Ah! qué bounheur !
Ah! qué bounheur !

Jaimas yétos reu chi loin : y d'mandé bin au bon Dieu et ai lai boune Vierge qu'à m'y fiaint jaimas ertorner ; yaime mieux rester chitu au coin d'mon feu et m'zer mas treutres que d'èller dans leues vouaitures sans chouaux.

17ème couplet
Et torner mai p'tiote manivéle,
Èllant de mas treuffes ai mon siau,
Yo tozors lai mouêm' ritournéle
Por mouai, por le pôre Morvandiau.
Ah ! qué bounheur !
Ah ! qué bounheur !

Voui, qué bounheur. De pas pros y r'bouge. Auchi, aivant d'fini, y tint ai vous dire, las mon-cieus, las dames et las d'mouèzéles :

18ème couplet
Si Cherly rous é fé tous rire.
Petits et grands, mâtres itou ;
Venez me vouair, yo pas por dire,
Yons çâtignes et froumèze mou.
Ah ! qué bounheur !
Ah ! qué bounheur !


José Frisânon ou le Creusot à vue de nez

1er côplai
Y’ot moi qu’ot José Frisânon
Bou n’enfant ben av’nant d’figure
Né natif de Villapourçon
Vos y viez ben è mè tornure
Jusqu’è trente ans, j’resty che nous
D’sos les cottillons de mè mère
Guerdant les ouées, piantant les choux,
Piquant les boeufs (ter) d'èvou mon père.

Débâiller -- Et peu, vos croyez p’tét que j’étot ben hûreux ! Héla non ! N’yèvot-ty don pas ce ch’tit gueurria d’èmour que m’trèkèssot ! Si ben jar que j’diay in jor è Fanchette (yot lè feille de lè grande Mérie Pichochey qu’tricote des bonnots d’lainne d’houmes, v’lé cougneucher ben). Si t’voulot, mè p’tiot mie du bon Dieu, y nos mèriol’riant ; dis, te veux ? Et ben, v’lè c’qu’elle m’é répounu :


2ème côplai Mon chieur José, j’dirot pas non Si toun’ avance étot ben grosse ; Mâ d’èvou pas l’sous, mon gaisson, N’yé pas trop moyen d’fè lè noce. Vé à Creusot, gagn’des ergent Et peu r’vint en lè goyotte plainne ; Pou y sarrer, en t’èttendant, J’vè tricoter (ter) in grand bas d’lainne.

Débâiller -- Que le tonille è tè chausse, vé Fanchette de moun âme ! V’lé not’ paur’ mèriège renenvié è quand èstur ? Et peu si yeux mèchines me mijaut qûqu’ tére don dis ? -- Pourtant, elle èvot raïon lè p’tiote, j’y compeurnot ben... -- T’ m’éttendré que j’ly d’jy. -- Oué, qu’elle me d’jy. -- Jeure mè tè foi, que j’ly r’disy. -- Oué, mé grand jeurée foi, qu’elle me r’disy. -- Et ben, yot ben, que j’ly d’jy jar. -- Et peu, j’ pèrty, mâ ben marri !... Ety qu’vos l’cougneuchez l’Creusot, vos aut’s ? Ah ! yot ben l’pèys du diable !

3ème côplai
Yot in grand beurdin d’crot tot noir,
Tot pien d’feursins et d’chevinées
Que sont si haut’s qu’on pou les voir
Tot d’moinme enteurmi les feumées.
Le soir yé des fèllots pèrtout.
Pèrtout y vos dis qu’y en èlleume
Des rouzes, des biancs, des jaun’s étout,
Si ben jar que (ter) pèrtout ça feume.

Débâiller -- Et peu, tote lè sainte jornée, on entend des pilons qu’tèpant, des mèchines que sûlant Tu, tu, tu, tu-u-u-u-ut, et peu, lè neut, les penâyes vos dévoirant. Si y cheut quèt’s gottes d’iâ, on è d'lè borbe pien ses sébots, si y fé ine rasée d’sulot, on è d’lè poussieure pien les uillots. Allons, yot ben, yelly m’enbaucher. On m’d'jy qu’yrot dans l’pouit, qu’âl avaint point d’aut’e trou pou m’mette. -- Yelly dans l’pouit !!!

4ème côplai
J’y descendis dans un grand siau
Pendu à bout d’un grosse ficelle ;
N’yeusse pas beillé deux sous d’mè piau
Quand qu’on virit lè mannivelle.
Yn’ viot seurment pas kiar mon saoul
D’èvou yeux fèllots des luyottes ;
Et peu, les coups d’min’ me fiant pou ;
Ah ! paur métier (ter) chienne de goyotte.

Débâiller -- Y m’y fyit poutant, follot ben. -- Ma yot qu’iot danjureux dans c’pouit. -- Moi, k’ment qu’vos m’viez, j’ot don pas seu fremé, huit jors deurant, daré in éboul’rie, sans voué kiar ! Eh ! mes paurs'émis du bon Dieu ! y croyit jar ben qu’yétot fini d’rir’ ce coup qui ! -- y pieurot, y brèmot, y tèpot des coups d’sèbots cont’e le meureille, y èppelot Fanchette, mâ ran n’y fit, folly deurer. De vrà si j’étot pris, j’étot pas ben pris ; j’évos, ves moi, trois dozainnes et d’mi de treuffes totes keutes, des bonnes bieues (yétot en èllant les sarrer qu’y étot zeu fremé). Pendiment qu’â m’charchaint, les aut’s, moi y boulotot mes treuffes. -- Ah ! y n’fè ran, quand qu’y seu yeux d’hior, y n’vouly pus y r’mette les pieds dans yeu saprée mine. -- Les mâtes me gardirainnent vez zeux, dans les bureaux, pour fére les coumissions. -- Ah ! c’coup qui, y étot raid’ben : y pannot, y tourchot et peu..... y m’preum’not d’tos les coûtés. Si ben qu’y’é jar vu totes les usines. -- T’n’y, v’lé c’qu’yot qu’in zaut forniau :

5ème côplai
Yot presque fé kment nout grand pot
L’èvou qu’mé mer’ fé fond’ sè grèche ;
Mâ nout’ clocher n’ot pas si gros,
Si haut non plus daivou sé flèche.
On bourr’ cé de bos, de cherbon,
De mine de far et de peu cé fiambe ;
S’tot qu’yot prou keut on perc’le fond,
Py ça rigoule (ter), mâ gar’ les jambes.

Débâiller -- Hé ! mes èmis ! si vous aint vu les jolies p’tiotes rivères roudzes que sortant d’ces forniâs ! Mâ qu’â sont chaudes, les gueuses ; y n’fèront pas bon s’y rincer les èrtots d’pieds, croyer-mé. -- Et peu yen coul’ty de c’te fonte ? (âl y èppèlant d’lè fonte c’te denrée qui), pien des tas de p’tiots soillons qu’débourdant les ungn’s dans les aut’s, et peu pien des grands pots qu’on emmene ben vite, de crainte qu’elle froidissà : yot pou fèr d’l’écier c’tiquite. Oué, on fait d’l’écier d’évou d’lè fonte ; et peu, on lè fait, en soffiant d’dans... -- Mâ on n’soffeuille pas d’évou sè boche, ben sûr. Non, on lè soffeuille d'évou un grand soffiu à vétèpeur que pousse le vent dans in gros tuyau, que l’mene dessos in gros chaudron, qu’ot fé kment une grosse poire fidor, l’èvou qu’on borge c’que yé dans l’grand pot, vos compeurnez ? et peu :

6ème côplai
S’tot qu’lé méchine à boffer l’vent
Vos soffie à fond de là fornée,
On croit voir le soleil levant
Que s’èllonge dans lè chevinée.
Yot bentot keut l’chaudron s’bèchant,
Y borje dans une grosse mermite :
Lie, è son tour, en virondant,
Vé y borger (ter) dans des pus ch’tites.

Débâiller -- Y m’trompe, nanny, n’yot pas dans des mermites qu’âl y borjant, yot dans des èffutiaux qu’à noumant des lingotères. Si ben qu’l’écier qu’ot d’dans on y èppele des lingots, quand qu’â sont froids, vos compreurnez ! Al en fiant des gros, des corts, des p’tiots, des longs, des pas tant corts, des pus longs, d’totes les ménières, quoi ! Tot c’qui vè dans les forges, ou ben dans les pilonneries. C’qu’â èppèlant lè forge, à Creusot, n’yot pas une forge l’èvou qu’on forge du far kment qu’les forgerons d’cheux nous en forgeant dans yeux forges... Non, yot ine forge l’èvou qu’â fiant l’far qu’les aut’s forgerons forgeront pus tard. -- Si ben jar qu’on voit, d’tos les coutés, dans c’te forge :

7ème côplai
Des grands coutiaux qu’minçant du far
Si ben que l’meinne coup’rot du beurre ;
Des p’tiots forniàs pus chauds l’enfar,
Ous qu’on l’fourr’ dedans pou’l’fer keure ;
Des gros mertiaux que l’tèboulant,
Des virvouchous ous qu’on l’enfile,
D’l’èvou qu’â r’sort en s’ellongeant
Kment d’lè vormin’ (ter), rie que s’faufile.

Débâiller -- Mâ, in’fait pas bon s’mette trop près, yé des fois qu’y poteille des cops, mèlheur !! Et peu y rouche des driclées d'étoiles de feu, âtant des quoues de comètes, quoi !... Lè pilonn’rie, lie, yot ine vrae forge : yot lè qu’â téboulant prèque tos les lingots : les gros, les p’tiots et peu enco les aut’s. Yot lè qu’ot le mâte des pilons. -- Ah ! y faut l’entenre tanner c’tiquite, yen rébole raide !! Si des fois, vos ellez l’voué c’tiquite :

8ème côplai
Crampez-vous ben d’sus vos tolons,
E chacungn’ de ses cops, tot tremble ; (bieu)
Yot qu’yot l’pus madré des pilons,
Pus fort que tos les aut’s ensemble. (bieu)
Yot lu qu’tèboule tos les pus gros,
Et pourtant c’te saprée mèchine
Vos écras'rot' in puc’su’ l’dos
Sans vous casser (ter) seulement l’échine.

Débâiller -- Oué, yot si vra qu’yot vra qu’y m’eppelle José. Si vos n’voulez pas y croire, et ben, ellez voir et vos voirez. Mâ, yot ben pus pire : â mèrche prèque tot sul, c’pilon qui... -- Yé ranque lé poinne de l’y keurier d’èprès : Aop, raop, traop, stoop… Al obéit tot kment y p’tiot poutiou, et peu à tèpe des cops, mes paur’s èmis, qu’y en feume. -- Estur y vourot ben vos dire quèques mots des atiers, ma yen é jar ben long. Chungez don : yé les moul’ries, les forgeries, les éjust’ries, les torneries, les mont’ries. Y tas d’mèchin’ries, quoi. -- Et peu les tébol’ries don. Yot ces quites qu’en fiant du reffut ! Yé d’quoi en prenre le lordot, vrâ. Hé ben, tot c’qui yot les âtiers, l’êvou qu'à fiant totes les méchines :

9ème côplai
Yot lé qu’à fiant ces grands chiens fous
Qu’trainnant tant d’sarrottes è yeux trousses,
Ces gros feusils qu’rèvèjant tout ;
Qu’ranqu’ d’y penser y en é lè frousse.
Et peu les mèchines des bètiaux
Que s’preum’nant ez quèts coins d’lè tarre ;
Yot ben lourd ma y vé d’su l’iau
Si ben qu’les ouées (ter) d’sus lè grand’ mare.

Débâiller -- Y vourot ben ètout vos causer des bureaux, l’èvou que j’trèvèillot moi. -- Ma, y faurot éte ben sèvant pou c’qui ; et peu, moi, y n’cougneu tant seurment pas mè croix d’part Dieu. Tot c’qu’y sait, yot qu’y en é tot pien des commis ; et peu qu’à sont tos pus mélingues les ungnes que les autes !

10ème côplai
Yé les génieurs que dessinant,
Les écrivains que fiant des lett’es,
Les carculeurs que carculant,
Tot ces mond’s lè trèvaillant d’tête,
Tot kment les boeufs d’Villâpourçon,
Yot zeux que tirant lè charrue.
A d’sus l’grand mâte tint l’ègûyon,
In signe de lu (ter) et peu tot r’mue.

Débâiller -- Hé ben ! yot jar tot c’cop qui... -- Si vos v’lez en sévoué pus long, fiez kment moi, ellez-y pèsser 207 s’mainnes, â Creusot. Si vos otes ben coréjux, kment moi, vos y gagn'erez tot pien d’ergent pou vos évoué ine fonne... Quand qu’è moi, yot fait :

11ème côplai
Sitôt qu’yé zeu mon borsicot
Tot pien d’ergent, et pas d’lè fausse,
Y quitty l’pays du Creusot
Pou rejoind’ Fanchette et sè chausse.
Bentot y vè ète son époux ;
Y l’ainm’rai ben pour qu’elle m’y rende
Si è m’trompot y en d’vinrot fou ;
Moi, lè tromper !! (ter) j’vous ben qu’on m’pende.
1er couplet
C'est moi José Frisânon
Bon enfant bien avenant de figure
Natif de Villapourçon
Vous le voyez bien à ma tournure
Jusqu'à trente ans, je suis resté chez nous
Dessous les cotillons de ma mère
Gardant les oies, plantant les choux,
Piquant les boeufs avec mon père.

Parlé -- Et puis, vous croyez peut être que j'étais bien heureux ! Hélas non ! N'y avait-il donc pas ce petit coquin d'amour qui me tracassait ! Si bien, ma foi, que je dis un jour à Fanchette (c'est la fille de la grande Marie Pichochey qui tricote des bonnets de laine d'hommes, vous la connaissez bien) si tu voulais, ma petite enfant du bon Dieu, nous nous marierions ; dis, veux tu ? Et bien voilà ce qu'elle me répondit :

2ème couplet
Mon cher José, je ne dirais pas non
Si ton avance était bien grosse
Mais sans le sou, mon garçon,
Il n'y a pas trop moyen de faire la noce.
Vas au Creusot, gagne de l'argent
Et puis reviens-t'en la bourse pleine
Pour le ranger, en t'attendant,
Je vais tricoter un grand bas de laine.

Parlé - Que le tonnerre soit de ton bas, vas Fanchette de mon âme ! Voilà notre mariage renvoyé à quand maintenant ? Et puis si leurs machines me mangeaient, que dirais tu donc, dis ? - Pourtant, elle avait raison la petite, je le comprenais bien - Tu m'attendras que je lui dis - oui, qu'elle me dit - Jure moi ta foi, que je lui redis - oui, ma grande foi jurée, qu'elle me redit. Eh bien, c'est bon, que je lui dis ma foi. - Et puis, je suis parti, mais bien désolé. - Est-ce que vous le connaissez, Le Creusot, vous autres ? Ah ! c'est bien le pays du diable !

3ème couplet
C'est un simple grand trou tout noir,
Tout plein de raffuts et de cheminées
Qui sont si hautes qu'on peut les voir
Tout de même au milieu des fumées.
Le soir, il y a des lanternes partout,
Partout je vous dis qu'il s'en allume
Des rouges, des blanches, des jaunes aussi,
Si bien, ma foi, que partout ça fume.

Parlé - Et puis, toute la sainte journée, on entend des pilons qui tapent, des machines qui sifflent "Tu, tu, tu-u-u-ut" et puis, la nuit, les punaises vous dévorent. S'il tombe quelques gouttes d'eau, on a de la boue plein ses sabots, s'il fait un rayon de soleil, on a de la poussière plein les yeux - Allons, c'est bon, je suis allé m'embaucher. On me dit que j'irai dans le puits, qu'ils n'avaient point d'autre trou pour me mettre - Je suis allé dans le puits !

4ème couplet
J'y descendis dans un grand seau
Pendu au bout d'une grosse ficelle ;
Je n'aurais pas donné deux sous de ma peau
Quand on tourna la manivelle.
Je ne voyais seulement pas clair du tout
Avec leurs lanternes, des veilleuses ;
Et puis, les coups de mine me faisaient peur :
Ah ! pauvre métier chienne de bourse.

Parlé - Je m'y suis fait pourtant, il le fallait bien - Mais c'est que c'est dangereux dans ce puits - Moi, comme vous me voyez, je suis resté enfermé huit jours durant derrière un éboulement, sans voir clair ! Eh ! mes pauvres amis du bon Dieu ! j'ai bien cru, ma foi, que c'était fini de rire ce coup là ! - Je pleurais, je criais, je tapais des coups de sabots contre la muraille, j'appelais Fanchette, mais rien n'y fit, fallait durer. En vérité, si j'étais pris, j'étais pas bien pris. J'avais près de moi trois douzaines et demie de pommes de terre toutes cuites, des bonnes bleues (c'était en allant les ranger que j'avais été enfermé). Pendant qu'ils me cherchaient, les autres, moi je mangeais mes pommes de terre. Ah ! çà ne fait rien, quand j'ai été dehors, je ne voulus plus y remettre les pieds dans leur sacrée mine.- Les maitres me garderont près d'eux, dans les bureaux, pour faire les commissions. Ah ! ce coup là, j'étais vraiement bien : je balayais, j'essuyais et puis... je me promenais de tous les côtés. Si bien qu'ainsi j'ai vu toutes les usines. - Tenez, voilà ce que c'est, qu'un haut-fourneau :

5ème couplet
C'est presque fait comme notre grand pot
Où que ma mère fait fondre sa graisse ;
Mais notre clocher n'est pas si gros,
Si haut non plus avec sa flèche.
On bourre ça de bois, de charbon,
De minerai de fer et puis ça flambe
Aussitôt que c'est assez cuit on perce le fond,
Puis ça coule, mais gare les jambes.

Parlé - Hé ! mes amis ! si vous aviez vu les jolies petites rivières rouges qui sortent de ces fourneaux ! Mais qu'elles sont chaudes, les gueuses ; il ne ferait pas bon s'y rincer les orteils, croyez-moi - Et puis, il en coule-t-il de cette fonte ? (ils l'appellent de la fonte, cette denrée là), puis il y a des tas de petits sillons qui débordent les uns dans les autres, et puis plein de grands pots qu'on emmène bien vite, de crainte qu'elle ne refroidisse : c'est pour faire de l'acier, ce coup ci. Oui, on fait de l'acier avec de la fonte ; et puis, on la fait, en soufflant dedans. - Mais on ne souffle pas avec sa bouche, bien sûr. Non, on la souffle avec un grand soufflet à vapeur qui pousse le vent dans un gros tuyau, qui le mène dessous un gros chaudron, qui est fait comme une grosse poire Fidor, là où l'on verse ce qu'il y a dans le grand pot, vous comprenez ? et puis :

6ème couplet
Aussitôt que la machine a soufflé le vent
Vous souffle à fond de la fournaise,
On croit voir le soleil levant,
Qui s'allonge dans la cheminée.
C'est bientôt cuit, le chaudron s'inclinant,
Y verse dans une grosse marmite
Laquelle, à son tour, en tournant,
Va y verser dans des plus petites.

Parlé - Je me trompe, non, ce n'est pas dans des marmites qu'ils y versent, c'est dans des outils qu'ils nomment des lingotières. Si bien que l'acier qui est dedans, on appelle cela des lingots, quand ils sont froids, vous comprenez ! Ils en font des gros, des courts, des petits, des longs, des pas si courts, des plus longs, de toutes les manières, quoi ! Tout ce qui va dans les forges, ou bien dans les pilonneries. Ce qu'ils appellent la forge, au Creusot, ce n'est pas une forge ou l'on forge du fer comme les forgerons de chez nous en forgent dans leurs forges... Non, c'est une forge où ils font le fer que les autres forgerons forgeront plus tard... - Si bien, par dit, qu'on voit, de tous les côtés, dans cette forge :

7ème couplet
Des grands couteaux qui émincent du fer
Tout aussi bien que le mien couperait du beurre
Des petits fourneaux plus chauds que l'enfer,
Où on le met dedans pour le faire cuire ;
Des gros marteaux qui le martèle
Des centrifugeuses où on l'enfile,
D'où il ressort en s'allongeant
Comme de la vermine qui se faufile.

Parlé - Mais il ne fait pas bon se mettre trop près, parfois ça pétille des coups, malheur !!! et puis il pleut des giclées d'étoiles de feu, autant des queues de comètes, quoi !!! La pilonnerie, elle, c'est une vraie forge : c'est là qu'ils martèlent presque tous les lingots : les gros, les petits et puis encore les autres. C'est là qu'est le maitre des pilons - Ah ! il faut l'entendre haleter, celui-là, ça gémit fort !! Si d'aventure, vous allez le voir celui-là :

8ème couplet
Tenez-vous bien sur vos talons,
A chacun de ses coups, tout tremble ;
C'est qu'il est le plus rusé des pilons,
Plus fort que tous les autres ensemble.
C'est lui qui martèle tous les plus gros.
Et pourtant cette sacrée machine
Vous écraserait une puce sur le dos
sans vous casser seulement l'échine.

Parlé - Oui, c'est aussi vrai que j'm'appelle José. Si vous ne voulez pas le croire et bien allez-y voir et vous verrez. Mais c'est bien pire : il marche presque tout seul, ce pilon là... Il y a rien que la peine de lui crier après : Aop, raop, trapp, stoop... Il obéit tout comme un petit chien, et puis il tape des coups, mes pauvres amis, que ça en fume - Maintenant je voudrais bien vous dire quelques mots des ateliers, mais il y en a, ma fois, bien long. Songez donc : il y a les moulages, les forgeages, les ajustages, les tournages, les montages - Un tas de machineries, quoi. Et puis les chaudronneries, donc. C'est celles-là qui en font du raffût ! Il y a de quoi avoir le vertige, vrai. Hé bien, tout celà c'est les ateliers, où ils font toutes les machines :

9ème couplet
C'est là qu'ils font ces locomotives
Qui trainent tant de charettes à leurs trousses,
Ces gros fusils qui ravagent tout ;
Que rien que d'y penser j'en ai la frousse.
Et puis les machines des bateaux
Qui se promènent aux quatre coins de la terre ;
C'est bien lourd, mais ça va sur l'eau
Aussi bien que les oies sur la grande mare.

Parlé - Je voudrais bien aussi vous parler des bureaux, là où je travaillais. Mais il faudrait être bien savant pour cela ; et puis, moi, je ne connais pas seulement mon alphabet. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a plein de commis ; et puis qu'ils sont tous plus malins les uns que les autres


10ème couplet Il y a les ingenieurs qui dessinent, Les écrivains qui font des lettres, Les calculeurs qui calculent, Tous ce monde là travaillent de tête, Tous comme les boeufs de Villapourçon, Ce sont eux qui tirent la charrue ; Au-dessus le grand maître tient l'aiguillon, Un signe de lui et puis tout remue.

Parlé - Hé bien ! c'est, ma foi, vraiment tout, ce coup-ci - Si vous voulez en savoir plus long, faites comme moi, allez-y passer 207 semaines au Creusot. Si vous êtes bien courageux, comme moi, vous y gagnerez tout plein d'argent pour vous avoir une femme... Quant à moi, c'est fait :

11ème couplet
Si tôt que j'ai eu ma bourse
Toute pleine d'argent, et pas de la fausse,
Je quittai le pays du Creusot
Pour rejoindre Fanchette et son bas de laine.
Bientôt je vais être son époux
Je l'aimerai bien pour qu'elle me le rende ;
Si elle me trompait j'en deviendrais fou ;
Moi, la tromper !!! Je veux bien qu'on me pende.

Source : Paroles de René Guyon (1846-1909)- Base inter-régionale - Patrimoine oral - Bourgogne - Spectacle du José Frisânon le 8 septembre 1990 - Livret technique



Les conscrits d'Saint Marciaux

La canne


Les conscrits d'St Marciaux, millard d'eune tepeune ! Elignez-vous tous d'vant l'femé d'Piarrot Guépat que j'vous comptusse ! Ettention ! Les St Marciaux les premés, les Eparvans pou l'mitan, a pe Coulombey pou daré, cré vingt dieux ! A pe qu'y barde ! Oh ! Canée vingt dieux, c'men t'o bal houme ! En érivant à Chalon, toutes les drôlasses o vant t'cori d'après ! T'm'en baieras p'tet'ben eune, sacré gueurlu ! Nan ? Ben t'o pas un frère ! Ettention ! A mon c'mand'ment ! Y o moé qui c'mande iqui ! Tambour ! Moune a pe rémoune ! Fas-y réboler c'men la batteuse à Jean Picot ! Ettention ! R'eveulez-vous ! En avant ! Marche ! Eune ! Deux ! Eune ! Deux ! Mâ y o sans rouler, tambour ! Bourriaude-z-y, cré vingt dieux !

	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner la canne
	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner l'bâton
	To brio to brio to, lo laire
	To brio to brio to lo lo.

Quand j'érivimes su la place St Piâre, millard d'eune tepeune, y en f'mot dans nos tiges de bottes, tall'ment qu'j'avins chaud es ourailles ! Vingt dieux ! J'entrimes chez la mar' Gounin, l'aubargistes, a pe su l'pouce, j'nous f'zin sarvi chacun pou un sou d'goutte dans un siau, vingt dieux. A pe, n'vous en fieutes pas pou l'payement, la mar' Gounin, y o moé qui régale. Ma y éto pas tout çan, vieux, fallot qu'j'allins tirer nout' numaro ! Y o bon, j'vins tirer nout' numaro ! Y z'y avot un grand gendârme qu'étot rade c'men la justice de Crissey, cré vingt dieux, a pe qu'o nous dit c'men çan : « N'fieutes pas d'potin, ou j'vous fore au clou, milliard d'eune tepeune ! » Mâ, o viot ben à qui qu'o l'avot à fâre, vieux ! O n's'y fiot point ! Enfin, y'étot dit ! Mossieu l'mâre fit l'eppeul. J'étins tous prasents moins un, cré vingt dieux,
- Jean PARNISSIER - qu'o l'eppeule c'men çan.
- J'seu t'iqui, mossieu !
- Rapondez prasant ! animau !
- Soi, pardié, o rapond : Prasent animau !
- Gendârme ! Forez-me c't'houme au clou !
- Piarrot LA MILLASSE !
- Prasent moussieu !
- Tirez vout'numaro !
- D'la qualle main, moussieu ?
- D'la c'tune que vous voudrins
- Ah ! J'me vois enco taujos pou tirer c'numaro, vingt dieux. J'savos pas d'la qualle main m'sarvi, a pe j'tremblos c'men eune feuille de trequi ! Enfin y o bon j'tire, j'rémoune 1. A ben enco un d'moins a pe j'rémounos ran du tout, cré vingt dieux !
- Jaquot LABEUILLE !
- O l'o pas là, o l'o dans l'bas avu sa blonde !
-Allez l'cri, cré vingt dieux !
- Oh ben le v'là qu'o s'émoune ! - Soi, o tire, o rémoune 7 ! Ah ! Ma pauv' mâtine ! Mâ t'sais, prie ! Mâ y n'fâs ran ! Je d'vance l'eppeul, a pe j'm'enguège dans l'corps des ch'vaux, cré vingt dieux ! O l'en rébolot c'men un viau d'sept moés ! Aussi, quand j'sin r'sorti a pe qu'o l'a r'trouvé sa blonde qui l'ettendot dans l'bas, o s'o érâté vé soi pe o l'y dit c'men çan : Ah ! Ma pauv' mâtine ! Mâ t'sais, prie ! Mâ y n'fâs ran ! Je d'vance l'eppeul, a pe j'm'enguège dans l'corps des ch'vaux, cré vingt dieux !

	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner la canne
	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner l'bâton
	To brio to brio to, lo laire
	To brio to brio to lo lo.

Quand j'érivimes à St Marciaux, millard d'eune tepeune, j'vimes juste d'vant chez Jousa MANSOT - t'sais ben lavous'qu'y o toé - eune grande pancârte lavous'qu'y avot écrit d'sus, - Dis donc Piarrot, toé qui cougneu l'orthingraphe, t'vas ben nous lire cinqui ! - Soi, pardié, o nous lit : " Be A Le" Bal ! Oh mâ y o t'iqui qu'an danse ! Enfin, y o bon, j'entrimes, j'nous bousculimes, j'nous battîmes, j'y démolissimes tout, si ben que l'gârde champatre o l'errivimes. J'le portimes entre quatre en triomphe, j'l'epp'limes mardou, blanc-bac, mâ, y étot pas trop ç'mot d'mardou qui l'emmardot, y étot putôt c'mot d'blanc-bac, pace qu'o l'avot pus d'barbe qu'nous. Quand o dégain-nime, j'l'y pissime dans son fourreau ! Quand o rengain-nime, y l'y giclime tout pou la gueule, vingt dieux. A fôrce d'fâre, j'l'ins mis en coulâre. Le v'là qu'o nous core après. Nous, pardié, j'nous sauvimes. J'montimes dans l'foineau. Soi, o monte atou. J'sautimes pou la flamanche. Soi, o saute atou. Mâ, va t'fâre foutre ! O chée, o s'tue rade. O se r'lève, point d'mau ! O corot c'men un yevre, cré vingt dieux !

	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner la canne
	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner l'bâton
	To brio to brio to, lo laire
	To brio to brio to lo lo.

Quand j'errivimes chez nous, millard d'eune tepeune, y avot ma pauv'mér' qui barlot c'men un chin enrégi, pe qu'il me dit c'men çan :

    "Ah mon pauv'drôle ! Mâ j'in donc ben du malheu ! Mâ toé qu'étot l'poulot du pays, mâ que ce que vant d'veni toutes les courosses : Mâ y o la béte féramine qui nous a maugé ! Mâ écoute me ben ! Si jama t't'en vas à la guarre, mâs-tu taujos du coutain du pus fort. Si o s'disputant, n't'en môle pas. Si o s'battant, sauve-tu, a pe si o t'tuant, a ben ne r'vins pas, pace que ton pére o t'migerot ben d'gueule c'coup-là, cré vingt dieux !

	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner la canne
	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner l'bâton
	To brio to brio to, lo laire
	To brio to brio to lo lo.

Y étot dit, millard d'eune tepeune ! Y z'y avot pas cinq jeurs qu'j'étins au ragiment, qu'les Anglas o nous déclarimes la guarre. Aussi, j'nous embarquimes pour I'Angletarre. J'montimes su un gros batiau qu'an epp'lot curassier, mâ j'en avos jamâs vu d'parail, moi, d'curassier, a pe j'avins un capitain-ne, o l'avot un ventre c'men un mât' d'hôtal. Aussi, qu'o l'étot rempli d'esprit ! "N'spétouillez, les gars, davu des farés c'men vous, j'les tiendrins ben ! - Ettention ! Piarrot ! O vant nous fâre un coup d'canon ! - Qu'est-ce qu'y o qu'çan ? - que j'ly dis – Mâ j'n'en sais ran ! qu'o m'dit. T'y verrâs ben ! - Ouah ! j'crérins ben qu'o sont en coulâre, cré vingt dieux ! O nous montrant yeut'dents. Ettendez-voir si j'prends eune trique tiens ! J'vous r'virerai ben, vingt dieux ! Que ce qu'o nous voulan ! O nous enviant des boulats gros c'men des côrdes ! O nous tirint d'ces coups d'feusil qu'en patot c’men des patards. Y en fiot des épreuilles c'men au feu d'ertifice ! Y en f’mot enco pire qu'eune bôrde, cré vingt dieux !

    - Dis'donc, Piarrot; I'Jaquot Labeuille o m'a dit cm'en çan, a ce qu'y t'fret d'la pouin-ne de meuri ? - Ben , que j'l'y dis, j'seus c'men toi, j'n'y tins pas ben ! - J'y avos pas s'tôt rapondu cinqui qu'a chée, rade, inanimé en coutain de moi !- J'sus blassé au coeur ! qu'a m'dit. - Ah ? P't'et' ben - que j'l'y dis. J'l'y r'torne sa vaste, o saignot c'men un cauchon ! O l'avot eun énorme trou d'balle dans l'dos ! Dis-donc, Piarrot, qu'a m'dit, si te r'torne à St Marciaux, t'errâs voir mes vèches, t'y eu z'y diras que j'seu mort en pardant la vie.
    A pe t'errâs voir ma mère, t'la consolerâs c'men t'pourras. A pe t'erras voir ma pauv'boun'amie qu'j'ain-me tant, mâ surtout, n'te marie pas davu soi, pace qu'y m'fret trop d'pouin-ne. Ah ! Y o t'y parmi ! J'le vois taujos quand o l'a voulu meuri ! O barlot c'men un viau, a pe les dents l'y gueurnotint dans la gueule c'men des côrdes d'violon !

	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner la canne
	Y en a point c'men nous (bis)
	Pou fâre torner l'bâton
	To brio to brio to, lo laire
	To brio to brio to lo lo.

Sources :
- Texte : L'Égarouillôt - Bulletin de l'Atelier Patois du Sud Chalonnais - Décembre 2012
- Partition : Page 119 du livre "Moi, je suis vigneron" André Lagrange




Comptines pour enfants, un double sens réservé aux adultes...

On s’en doutait un peu mais quand même ! "A la claire fontaine", "Une souris verte", "Il court il court le furet"...Toutes ces comptines qui ont bercé des générations d’enfants ont un sens caché, très loin de l’innocence et de la mièvrerie qu’on leur prête. Bienvenue dans un joli monde empreint de violence, d’érotisme et de politique ! "Une souris verte" ? Une horrible histoire de soldat torturé...
La question va désormais tarauder des milliers de parents et de grands-parents : puis-je chanter sans arrière-pensées "Une souris verte" ou "La Mère Michel" à mes enfants sans craindre un "dépucelage auditif " traumatisant ? En apprenant la véritable origine et signification de certaines comptines, difficile effectivement de faire comme si de rien n’était !

Scène de torture

    On apprend ainsi que - selon les historiens - la célèbre chanson "Une souris verte" ferait référence à un soldat vendéen (soldats qu’on appelait à l’époque "les souris ") qui aurait été traqué par les soldats républicains pendant la Guerre de Vendée (1793-1795) puis torturé de façon atroce puisqu’il fut plongé dans l’eau et l’huile bouillante....

Fin des maisons closes et libertinage

    Autre chanson aux origines "historiques" : "Nous n’irons plus aux bois" ("les lauriers sont coupés...").
    Elle date du XVIIe siècle quand Louis XIV décide de fermer les maisons closes pour éviter la propagation des maladies qui touchent les ouvriers travaillant dans le jardin de Versailles. On reconnaissait ces maisons aux lauriers accrochés à leurs façades.

Une gâterie refusée

    Et que dira cette maman en découvrant que "A la Claire fontaine", chanson traditionnelle du XVIIIe siècle, parle en fait de la colère d'un jeune homme repoussé par sa bien-aimée à qui il a refusé...un cunnilingus !
      "J'ai perdu mon amie
      Sans l'avoir mérité
      Pour un bouquet de roses
      Que je lui refusai..."

Un curé "olé olé"

    Ou encore "Il court il court le furet" : composée sous Louis XV, il s’agirait en fait d’une contrepèterie paillarde (Il fourre, il fourre le curé) et anticléricale (elle désigne le cardinal Dubois, principal ministre d'État, dont les mœurs étaient réputées très légères...)

C'est pas le chat qu'on a perdu...

    Et que dire de "Au clair de la lune", la berceuse qu’on a tous chantée au moins une fois à un enfant mais qui parle en fait des problèmes d’érection masculins avec cette "chandelle morte".... Même la "Mère Michel" ne résiste pas à ces analyses ! On compatissait sincèrement à la perte de son chat mais cette comptine popularisée en 1820 et qui serait à l’origine une chanson militaire, parlerait en fait de la virginité perdue ou supposée perdue (car sur cet aspect, plusieurs versions existent) d’une femme d’un certain âge.

Des chansons de veillée

Comment expliquer que de telles chansons aient traversé les siècles en étant présentées comme des comptines destinées aux enfants ?
Au moment de leur création, "ces chansons s'adressaient autant aux parents qu'aux enfants" explique Serge Hureau, auteur, avec Olivier Hussenet, d'un livre intitulé "Ce qu'on entend dans les chansons - Des berceuses aux grands succès du répertoire" (Ed. Points, Collection Le Goût des mots). "Elles se chantaient à la veillée quand tout la famille était réunie... Elles n'ont l'air de rien mais elles disent des choses terribles".

Article rédigé par Chrystel Chabert - France Télévisions - 17 févr. 2018