Le MorvandiauPat | L'humour |
Ces quelques anecdotes donneront une idée de l'avarice, de la brutalité, mais aussi de l'esprit, de la malice, de la rouerie et de la simplicité des habitants des montages du Morvan.
Pendant les vacances en Morvan, trois petites filles sont en train de discuter sérieusement.
La première, une petite Parisienne, affirme que son dernier petit frère a été acheté au Palais de la Nouveauté. La deuxième, une petite Lyonnaise, affirme que ses parents étant très riches, avaient fait venir sa petite soeur d'Italie et qu'elle était arrivée dans un chou Milan.
La petite Morvandelle, qui écoute toute étonnée, prend à son tour la parole et dit à ses petites amies :
- Vé, nous, on n'est pas riches, on ne peut pas en acheter ; papa et maman les font eux-mêmes.
Dans une commune voisine de Moulins-Engilbert, le flux de sang venait de faire de cruels ravages.
Quand l'épidémie eut cessé de sévir, le bedeau de la paroisse s'empressa d'aller trouver le médecin qui avait soigné les victimes et de lui offrir un magnifique dindon.
« Mais, Monsieur, lui dit le docteur, je ne vous connais pas ! Qui êtes vous donc ?
- Monsieur je suis le sacristain de la paroisse de...
- Mais vous n'avez pas été malade, je ne vous ai pas donné mes soins !
- Oh ! non Monsieur! grâce à Dieu ! Mais vous m'avez fait gagner assez d'argent cette année ; ça vaut bien une petite honnêteté !
- Un bon Morvandeau s'en fut un jour chez le notaire de l'endroit pour avoir des papiers que le tabellion lui avait plusieurs fois refusés. Il portait à son bras un panier par le bouchon duquel on apercevait les pattes d'un lièvre. C'était un stratagème pour adoucir le notaire. Quand il eut ses papiers :
« Nout moncieu, vous prenrins t-il ben un yèvre ?
- Oh facilement et avec plaisir, mon ami.
- En ce cas nout moncieu v'êtes pu maling que mon cien ; al n'ost pai été foutu d'en prenre un c'mating. »
Là dessus il s'en fut.
- On disait un jour à un Morvandeau que la terre est ronde et qu'il y a des habitants juste à nos antipodes :
« Celle-là vous ne me la ferez pas gober, dit-il, leurs puits se renverseraient et ils n'auraient plus d'eau »
- Jadis presque toutes les jeunes femmes du Morvan, dès qu'elles avaient un enfant, partaient comme nourrices à Paris.
Un indigène de Villapourçon se décida un jour à aller voir sa femme qui faisait une « nourriture » dans la capitale. L'un de ses voisins le chargea d'une commission pour son fils, vendeur dans un magasin de nouveautés. Le jeune employé fut assez peu flatté de la visite de son compatriote et de la familiarité avec laquelle ce dernier lui parlait. Il voulut faire rire ses camarades aux dépens du paysan :
« Dites donc, père Jean, lui demande-t-il, y a-t-il toujours des ânes dans notre village ?
- Il y en a toujours, mon Pierre, mais pas autant que quand tu y étais. »
Les employés du magasin partirent tous d'un franc éclat de rire, mais vous devinez aux dépens de qui.
- Un rusé Morvandeau avait affermé le pacage d'un pré pour y mettre une vache toute la journée.
Chaque jour, à midi, il allait chercher sa vache, mais il en mettait une autre à la place.
Le propriétaire du pré s'aperçut de la manoeuvre et dit à notre homme :
« Que faites-vous donc ? Vous ne devez mettre qu'une vache dans mon pré, et vous en faites paître deux !
- Mais non ! répondit le rusé compère, je n'en mets qu'une à la fois, jamais deux. Je suis donc en règle avec notre sous-seing
- Un paysan venant de conduire au cimetière sa femme qu'il était loin de regretter. Il se rendit au presbytère pour payer les honoraires du prêtre. Il se récria contre le prix qu'on lui réclamait, le trouvant trop élevé ; il marchanda avec opiniâtreté. Le curé s'efforça de lui faire comprendre que c'était le tarif de la dernière classé qu'il n'y avait pas de prix plus bas.
« Ma foi, Monsieur le curé, s'écria le Morvandeau en colère, y'aimeros autant qu'il fusse pais meurte ! »
« j'aimerais autant qu'elle ne fût pas morte ! ».
- Un Morvandeau, qui était allé à Nevers pour plaider, faisait les cent pas devant le Palais de Justice, en attendant l'ouverture de l'audience ; il était inquiet et de mauvaise humeur. Il regardait la belle tour de la cathédrale, quand un gros chanoine l'aborda et lui dit :
« N'est-ce pas, mon brave homme, que voilà un beau chêne ? »
- Oui da, monsieur, c'en est un beau ! m'est avis qu'il doit nourrir bien des cochons, car il est de belle taille. »
Le chanoine, interdit, comprit que les vieux Morvandeaux ne sont pas tous sans malice.
- Un brave morvandeau, qui avait peut-être bu un peu plus qu'il ne convient, rencontra le curé de son village qui lui dit:
« Charly, c'est honteux de se mettre dans un pareil état, surtout un vendredi, le jour de la mort de Notre Seigneur ! »
L'autre, qui ne savait, quoi répondre pour s'excuser, prit un air peiné :
« Ah ! monsieur le curé, al ost donc mort, le poure houme ! y ne savot moinme pais qu'à fusse m'lède. »
- Un percepteur de Château-Chinon fart venir à son bureau un contribuable récalcitrant qui paye difficilement ses impôts ou qui ne les paye pas du tout.
« Dites donc, mon brave, vous me devez quatre francs d'impôts, je vous ferai des frais si vous ne me payez pas.
- Ah! monsieur, que vous tenez bien vos écritures ! c'est juste ce que je vous dois ; mais je n'ai pas le sou ; prêtez-moi donc vingt-sous, ça fera cinq francs ! »
Le percepteur, ébahi et en même temps charmé de cette réponse donne vingt sous au contribuable et lui remet en même temps un quittance de quatre francs. Il savait cependant que l'individu était un ivrogne notoire qui découvrait sa maison et vendait les tuiles pour boire.
- Un Morvandeau, quelque peu avare, avait loué un pré pour son cheval. Trouvant la dépense trop forte il coupa la queue du cheval, puis il alla trouver le propriétaire du pré et lui demanda une réduction sur le prix du fermage :
« Mon cheval, dit-il, a la queue coupée, et pendant qu'il chasse les mouches avec sa tête, il ne pousse pas tant à la consommation. »
- La femme d'un Morvandeau était gravement malade, et sa vache également. Notre homme se dit :
« Si je fais venir le médecin de Château-Chinon, il soignera bien ma femme, mais il ne voudra pas s'occuper de ma vache; par contre, si j'appelle le vétérinaire, il guérira ma vache et me donnera bien un bon conseil pour ma femme : de cette façon, je n'aurai qu'une consultation à payer. »
Il s'adressa donc au vétérinaire. L'homme de l'art, après avoir examiné la vache et, par surcroît, la femme, déclara à notre Morvandeau :
« Je pense tirer votre vache de là, mais votre femme me paraît bien en danger ! »
Très soucieux le Morvandeau dit à son jeune garçon :
« Y vai fai ène virée dans nos samps ; tu m'appellerai s'il arrivot queque chou. »
Une heure plus tard, le gamin accourt essoufflé :
« Oh p'pa ! Oh p'pa !
- Qououê qu'y ost?
- M'man il ost morte !
- Cré gaming quét'm'ai fait peu ! Y créyost que c'étôt noute vaice ! »
Le père Mathieu, qui a ses enfants à Paris, se décide à prendre ce nouveau moyen rapide de locomotion.
Le père Mathieu a pris rang devant le guichet de distribution des billets. Il se trouve derrière un soldat qui annonce :
« Une seconde militaire pour Paris.
- Por nouai, dit le père Mathieu qui suit, c'ost eune seconde cultivateur pô Paris ! »
« Vu les chaleurs calorifiques que nous traversons, les habitants de la commune devront nettoyer leurs devants de maisons et laver leurs derrières à grande eau, pour en chasser les émanations fiscales qui seraient de nature à engendrer des maladies pénitencielles dont auxquelles nous serions redevables d'une mortalité à laquelle sont pas habitués nos administrés. »
« Il a été trouvé, dans le bourg, une montre en or de femme, dont le derrière est abimé !!! »
Veillée conte, musique et chant à l'occasion de la sortie du disque "Pays de Saulieu"
Veillée organisée à l'occasion de la sortie du disque 33 tours "Chanteurs et musiciens de villages en Morvan, pays de Saulieu".
Les conteurs, musiciens et chanteurs sont ceux qui ont participé à l'élaboration du disque.
Intervenants :
Cultivateur et Garde-champêtre à Montot - Commune de Brazey-en-Morvan
Alligny-en-Morvan
Boulanger à Saulieu
Charpentier à Saulieu - Le Peupeuce
De Saulieu
Variétés de folklore Morvandeau - Revue de folklore français - M. A DESFORGES
Le Morvandiau de Paris - Journal Officiel de la Société "La Morvandelle"
Veillée conte, musique et chant à l'occasion de la sortie du disque "Pays de Saulieu" - Janvier 1977